De retour au pays après « trois ans d’exil », Noël Akossi Bendjo, l’ex-maire du Plateau, le centre des affaires d’Abidjan, a traduit samedi ses remerciements à Alassane Ouattara, tout en l’invitant à poursuivre le dialogue avec Henri Konan Bédié.
Devant des militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, ex-allié au pouvoir), Akossi Bendjo, vice-président de cette formation politique, visiblement heureux de retrouver les siens, a demandé à son mentor, M. Bédié de transmettre ses remerciements au chef de l’Etat.
Arrivé autour de 20h (GMT, heure locale) à l’aéroport d’Abidjan, Akossi Bendjo, est apparu dans la mythique salle Félix Houphouët-Boigny du siège du Pdci à Cocody (Est Abidjan) à 20h42, sous des salves d’applaudissements, des danses et des chants aux rythmes de la fanfare.
Certains cherchaient à le voir, mais n’y arrivaient pas à cause de la foule compacte. Sur des T-shirts à son effigie ou des pancartes, l’on pouvait lire: « gloire à Dieu », « bienvenue au loyal et fidèle serviteur de Bédié ».
Vêtu d’un blazer bleu et d’un pantalon tirant sur le blanc, Akossi Bendjo, vice-président du Pdci, qui avait en charge l’organisation et la mobilisation au sein du Pdci, gardait toujours ses traits de visage et avait bonne mine.
À l’entame de ses propos, il a manifesté sa reconnaissance à M. Basile Yao qui fut son tuteur durant son séjour à Paris, d’où il a regagné la capitale économique ivoirienne avec son épouse, Lydie Bendjo.
« Éloignés, mon épouse et moi de notre pays, de notre famille politique, mais surtout de notre maison commune, la Maison du parti qui nous ouvre aujourd’hui grandement les portes avec tant de chaleurs », a déclaré M. Bendjo qui a exprimé sa joie et ses émotions, dans un discours, au siège du parti.
« Croyants que nous sommes, nous savons que le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes, et que les épreuves que Dieu dresse sur notre chemin, servent à sa gloire et que toute la gloire soit rendue à Dieu », a-t-il ajouté.
Il a en outre exprimé toute sa reconnaissance à Henri Konan Bédié, président du Pdci, et adressé ses « sincères remerciements » au président Alassane Ouattara pour avoir engagé le dialogue qui permet la libération des prisonniers dans le cadre de la crise socio-politique.
L’ex-maire du Plateau, le Centre des Affaires d’Abidjan, a invité MM. Bédié et Ouattara à « poursuivre le processus de décrispation qu’ils ont engagé en vue de la réconciliation totale des fils et des filles » du pays.
Cette mobilisation à son endroit, dira-t-il, montre que « le Pdci est debout ». Les membres du parti, durant ces trois années d’exil, lui ont apporté leur soutien à divers niveaux. Il a prié que Dieu le leur rende cela en grâces.
Pour lui, « la Côte d’Ivoire a besoin de réconciliation et de paix définitive » au regard de nombreux morts que le pays a enregistré pendant les précédentes crises, qui ont arraché à l’affection des siens certaines personnes.
« Je suis rentré d’exil sans haine, sans vengeance, je suis rentré avec amour, tolérance, esprit de paix et de réconciliation », a lancé l’ex-maire du Plateau, estimant que « nous devons tous à présent mettre de côté nos velléités partisanes qui ne servent que nos intérêts égoïstes ».
Et ce, « en désarmant nos plumes, nos langues, en désarmant nos coeurs, (car) aujourd’hui face au défi sanitaire de la Covid-19 et les défis sécuritaires, nous avons une seule et une seule arme, notre unité ».
Selon M. Bendjo, les populations ont besoin de cohésion et de paix pour espérer vivre dignement, et cela ne peut se faire si les Ivoiriens ne sont pas tolérants et ne savent pas pardonner ou encore n’apprennent pas à s’aimer et respecter leurs différences.
« Rien ne peut se faire sans sacrifices, et moi-même j’ai fait le sacrifice pour notre pays, surtout pour notre parti. Oui, nous devons relever ce défi, accepter de faire des sacrifices individuellement et collectivement afin de réussir cette réconciliation », a-t-il insisté.
Dans cet élan, il a relevé qu' »il faut saluer et soutenir la volonté de nos leaders et les encourager à poser chaque jour davantage des actes concrets » en termes de cohésion sociale. Et « c’est à juste titre que M. Bédié ne cesse d’appeler au dialogue inclusif qui aura l’avantage de traiter en profondeur tous les maux » de la société ivoirienne.
« Cette unité nationale recherchée commence par l’unité au sein de tous les partis » politiques, qu’ ils soient de gauche, de droite ou centristes et cela doit être la « priorité » du Pdci actuellement, a fait remarquer M. Akossi Bendjo.
Son retour à Abidjan intervient près de deux semaines après l’arrivée en Côte d’Ivoire de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) suite à un procès à La Haye.
L’ancien maire du Plateau, Akossi Bendjo avait quitté la Côte d’Ivoire en juillet 2018 à la suite de poursuites judiciaires le visant pour détournement de deniers publics. Il n’avait plus regagné son pays jusqu’à ce jour.