Le nouveau coronavirus a entraîné trois nouveaux décès en Iran, portant à 15 le nombre de personnes ayant succombé dans le pays, où le président Hassan Rohani a appelé au calme alors que des équipes sanitaires étaient déployées pour désinfecter les espaces publics.
Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a affirmé mardi dans une vidéo diffusée par la télévision d’Etat avoir été infecté par le nouveau coronavirus.
« J’avais de la fièvre la nuit dernière et les tests préliminaires se sont révélés positifs vers minuit », affirme-t-il sans défaillir. « Je me suis isolé depuis (…) après mon dernier test, j’ai commencé un traitement », ajoute le vice-ministre qui semble avoir tourné lui-même la vidéo.
La veille, lors d’une conférence au cours de laquelle il avait toussé et paraissait transpirer, M. Harirchi avait démenti les propos d’un député de Qom faisant état de 50 morts des suites de l’épidémie de pneumonie virale dans sa ville du centre du pays d’où le virus est parti en Iran. Il avait promis de démissionner si ce chiffre était confirmé.
Le nombre de décès dus au nouveau coronavirus en Iran est le deuxième plus élevé après la Chine continentale, où plus de 2.600 personnes ont succombé au Covid-19.
Face à la propagation du virus, qui a contaminé 95 personnes en Iran selon un dernier bilan du ministère de la Santé, les voisins de la République islamique ont annoncé des mesures de restrictions des déplacements et de placement en quarantaine.
Dernière en date: les Emirats arabes unis, important partenaire commercial de Téhéran, ont suspendu les vols avec l’Iran, comme l’Arménie, le Koweït, l’Irak et la Turquie.
Depuis l’annonce le 19 février des deux premiers décès dus à la maladie, à Qom, ville sainte chiite qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan.
– Evénements suspendus –
Le ministère de la Santé a confirmé 34 nouveaux cas et trois décès mardi: deux femmes âgées, dont l’état de santé était déjà dégradé par différentes pathologies, de la province centrale de Markazi, et un malade de la province d’Alborz, dans le nord, selon l’agence officielle Irna.
« Trois cas d’infection au nouveau coronavirus ont été confirmés dans la ville de Saveh (province de Markazi), avec deux morts », a indiqué Abbas Nikravesh, qui dirige l’université médicale de la ville.
« Il y a à présent une femme afghane de 78 ans infectée et soumise à des soins spéciaux », selon Irna, qui n’a pas identifié la personne décédée à Alborz, indiquant seulement qu’elle était soumise à des « soins spéciaux » depuis quelques jours. Deux autres cas confirmés sont hospitalisés à Alborz, précise Irna.
Selon le ministère de la Santé, la plupart des cas concernent des personnes s’étant récemment rendues à Qom.
Le porte-parole du ministère Kianouche Jahanpour a indiqué que 16 des nouveaux cas avaient été confirmés à Qom, neuf à Téhéran et deux à Alborz, Gilan et Mazandaran.
Le virus semble se répandre dans plusieurs autre provinces, un cas ayant été identifié dans les provinces du Khorassan (nord-est), de Fars et sur l’île de Qeshm (sud).
Epicentre de l’épidémie, Qom n’a pas encore été mise en quarantaine mais des événements religieux y prévus notamment au mausolée de Masoumeh ont été suspendus le temps de désinfecter les lieux.
– « Un imprévu menaçant » –
Sur des photos publiées par des agences de presse locales, on pouvait voir des hommes en uniforme bleu portant des masques et aspergeant murs et objets avec du désinfectant dans le mausolée, tandis que des fidèles non protégés priaient et embrassaient la structure décorée entourant une tombe.
Dans d’autres provinces comme celle de Téhéran, le métro et les bus ont été désinfectés pendant la nuit.
M. Rohani a appelé au calme, affirmant que l’épidémie n’était pas pire que d’autres ayant déjà touché l’Iran.
« Un imprévu menaçant peut toujours s’inviter mais nous devons continuer à avancer », a déclaré le président à la télévision d’Etat.
Les ventes de masques, de gel désinfectant et de gants jetables ont explosé, de nombreux responsables promettant une augmentation de la production.
Nombre d’écoles, universités et centres culturels ont été fermés jusqu’à la fin de la semaine.
Le pays est encore à la recherche de l’origine du virus sur son territoire. Le ministre de la Santé, Saïd Namaki, a toutefois affirmé qu’une des personnes mortes à Qom était un commerçant local ayant effectué plusieurs voyages en Chine.
M. Namaki avait plaidé sans succès en janvier pour la suspension des vols entre l’Iran et la Chine. La suspension est aujourd’hui effective mais le commerçant de Qom n’avait selon lui pas pris de vol direct.