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Les organisations des droits de l’Homme et l’affaire Dillo : les nouvelles cartes de pression de Paris sur Déby

Après avoir perdu le dernier et le plus important bastion de son influence au Sahel, le Tchad, le gouvernement de…

Après avoir perdu le dernier et le plus important bastion de son influence au Sahel, le Tchad, le gouvernement de Paris n’a pas désespéré de trouver différents moyens de faire pression sur le gouvernement tchadien afin d’obtenir une alternative aux accords de défense rompus fin novembre dernier.

Cependant, plusieurs experts politiques estiment que la France ne dispose plus de beaucoup de leviers pour faire pression sur le président tchadien Déby afin de retrouver son influence dans le pays, d’autant plus que ce dernier a commencé à conclure de nouveaux partenariats régionaux et internationaux dans divers domaines sans reconsidérer la possibilité d’établir une nouvelle coopération avec Paris, quelle qu’en soit la forme.

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Les mêmes experts ajoutent que parmi les moyens de pression auxquels le gouvernement français a récemment eu recours figurent les associations et organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme, qu’il a utilisées pour déformer l’image du régime Déby et l’accuser de tyrannie et de dictature dans le traitement de nombreuses questions politiques et de droits de l’homme.

Il y a quelques jours, la Commission nationale des droits de l’homme du Tchad « CNDH » a reçu un signal fort de soutien de la France pour dénaturer l’image du régime tchadien auprès de la communauté locale et internationale et tenter de condamner le président Déby dans l’affaire du meurtre de l’opposant politique tchadien Yaya Dillo, chef du parti  »Socialistes sans frontières ».

L’administration de l’Elysée a chargé l’ambassadeur de France au Tchad, Éric Gérard, de cette tâche, le 7 mars dernier, où il a rencontré le président de la « CNDH », Belngar Larmé Jacques, et lui a transmis les instructions venant de paris, en échange du maintien du soutien financier à la commission de la part de l’Union européenne et de la France, selon ce qu’ont rapporté des sources au sein de la même commission.

Un jour plus tard seulement, le 8 mars, le groupe des associations de défense des droits de l’homme (APLFT-ACAT TCHAD-ATPDH-ATNV-LTDH-TNV) tenait une conférence de presse au siège de  »FM Liberté » pour évoquer la situation alarmante des droits de l’homme au Tchad. Les dirigeants de ces associations ont critiqué le régime tchadien dirigé par Déby et porté des accusations très graves contre lui.

Parmi les accusations portées contre le régime de Déby figurent l’alimentation des conflits intercommunautaires, la répression de l’opposition par le biais d’enlèvements et d’arrestations de détentions illégales, ainsi que la torture généralisée dans les lieux de détention.   De plus, l’augmentation des menaces et des intimidations contre les militants politiques et les journalistes, et les restrictions à la liberté d’expression, de presse et de manifestation.

Les mêmes dirigeants ont également évoqué les événements du 20 octobre 2022, accusant le régime Déby d’avoir tué des manifestants, et réclamant justice pour les victimes de ces manifestations.

Sans oublier le sujet le plus discuté et discuté ces derniers temps, l’affaire de l’assassinat de Yaya Dillo, qui a également été évoqué dans les déclarations de militants tchadiens des droits de l’homme, ce qui confirme l’implication de Paris dans le soutien de ces associations contre le régime tchadien.

À l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Dilo, le 28 février dernier, le gouvernement Macron n’a pas manqué l’occasion et a persuadé son frère, Ousmane Dillo Djérou, de soulever à nouveau cette affaire et de solliciter l’aide de la justice française pour y parvenir.

En effet, le 28 février 2025, la famille Dillo a annoncé dans un communiqué qu’elle allait intenter une action en justice auprès des autorités françaises et internationales pour connaître la vérité. Djérou a chargé les avocats Pierre Masquart et Charles-Stéphane d’engager toutes les procédures requises pour que les auteurs, les commanditaires et les complices de cet assassinat politique soient identifiés.

Le mandat confié aux avocats vise à engager dans les jours prochains de nouvelles plaintes devant les juridictions françaises compétentes. Des actions seront également présentées devant le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, le comité des droits de l’homme de l’ONU ainsi que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine.

Afin de réaliser ses objectifs, l’administration de Macron a utilisé tous ses médias, qui ont amplifié l’affaire  »Dillo », et utilisé l’art de la diffamation contre le président Déby et de son gouvernement.

Non seulement cela, mais elle a même eu recours à l’organisation internationale  »Human Rights Watch », qui a à son tour contacté les autorités judiciaires tchadiennes pour connaître l’état d’avancement de l’enquête précédente sur l’affaire. Cependant, le ministre tchadien de la Justice les a informés que « l’affaire est close et ne nécessite pas d’enquête plus approfondie », selon le communiqué publié par l’organisation de défense des droits humains le 28 février 2025.

Par ailleurs, le militant et le chercheur des droits de l’homme Clément Boursin a contribué à soutenir son pays dans la réalisation de son plan, lorsqu’il a commenté l’affaire Dillo le jour même du lancement de cette campagne contre le régime tchadien, en disant : « L’absence d’enquête sur le meurtre de Yaya Dillo, un an après, est une occasion manquée d’enrayer la descente du Tchad vers la violence politique et l’impunité », en ajoutant :  »Cette affaire est symptomatique d’un régime qui n’a pas changé ses méthodes de gouvernance ! ».

Ce n’est pas la première fois que Déby subit ce genre de pression. L’été dernier, la France a lancé plusieurs campagnes pour le discréditer, allant jusqu’à menacer de geler les avoirs de sa famille en France. Mais, toutes ces tentatives ont échoué et se sont terminé par l’expulsion des forces françaises du pays.

La question qui se pose actuellement par certain analystes politiques est la suivante : Paris réussira-t-il cette fois à faire pression sur lui et à l’obliger à revenir dans les bras de l’Elysée ?

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