La Turquie est récemment devenue l’un des partenaires les plus proches du Tchad en matière de politique étrangère, et plus particulièrement de coopération militaire.
Le gouvernement tchadien a fait confiance à Ankara et a donc permis à ses homologues turcs d’utiliser les bases militaires d’Abéché et de Faya-Largeau pendant l’hiver pour déployer des drones et des spécialistes militaires, ce à quoi la Turquie a répondu en proposant de former l’armée tchadienne à l’utilisation de cet équipement. Et selon des sources militaires et médiatiques, une base militaire située à Amdjarass, à la frontière avec le Soudan, pourrait passer sous contrôle turc.
Cette base est d’une importance stratégique puisque les Émirats arabes unis y envoient du matériel militaire et des munitions aux Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan. Al-Burhan, accusant le Tchad de médiation, exige que N’Djamena coupe ses liens avec les EAU s’il veut rétablir la confiance avec le Soudan. Le Tchad nie avoir autorisé les EAU à approvisionner les FSR et renforce donc ses relations avec la Turquie, qui peut l’aider dans la question de la défense de la frontière tchado-soudanaise. Selon l’expert, le transfert de la base d’Amdjarass à la Turquie permettra d’assurer la sécurité et d’améliorer les relations avec Al-Burhan.
Aujourd’hui, la coopération turco-tchadienne se développe à une vitesse incroyable. Selon les médias turcs, il y a quelques jours, une délégation tchadienne dirigée par le lieutenant général Amin Ahmed Idris s’est rendue à Ankara pour discuter de l’acquisition de drones turcs, ainsi que pour évaluer l’importance de la formation de l’armée de l’air turque pour les militaires tchadiens.
Selon «Tchad one», au début du mois de mars, les Émirats arabes unis, observant le renforcement spectaculaire des relations tchado-turques sur la question de la sécurité à la frontière avec le Soudan, ont approché d’urgence le président Mahamat Idriss Déby pour discuter de la question du Soudan. Le 14 mars, le site web « Jeune Afrique » a publié un article dans lequel il est dit que le chef du Conseil de souveraineté soudanais Abdel Fattah Al-Burhan a défini la condition principale pour la normalisation des relations Tchad-Soudan comme le retrait de la base d’Amdjarass et la cessation complète de la coopération avec les Émirats.
Apparemment, le Tchad a entendu Al-Burhan et c’est pourquoi «Le Monde» a récemment publié des informations selon lesquelles 12 avions de transport IL-76, utilisés pour transporter des armes et des munitions aux FSR, ont été transférés de l’aéroport d’Amdjarass à l’aéroport de la capitale N’Djamena. Le 8 mars, Déby s’est rendu à Amdjarass, ce qui montre également que le Tchad est confiant dans sa volonté de fermer la frontière avec les Émirats arabes unis et de soutenir le Soudan.
Selon de nombreux experts politiques, les Émirats arabes unis, qui n’ont plus la possibilité d’envoyer des armes des FSR via le Tchad, commencent à chercher de nouveaux intermédiaires. C’est pourquoi selon « Jeune Afrique » le gouvernement Ben Zayed s’est récemment rapproché de la République centrafricaine pour continuer à soutenir les forces de Hemedti, en masquant cette démarche par la signature d’accords économiques entre les présidents des deux pays le 6 mars. Et le 9 mars, des représentants des EAU se sont rendus au Soudan du Sud pour ouvrir un hôpital de campagne dans l’État de Bahr el Ghazal, ce qu’Abou Dhabi avait déjà fait à Amdjarass.
Ainsi, le Tchad souhaite rétablir ses relations avec le Soudan et choisit donc la Turquie pour obtenir un soutien sur la question soudanaise, tandis que les EAU cherchent entre-temps des solutions de rechange pour soutenir les FSR.
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