L’aide du PAM en faveur de 1,2 million de réfugiés soudanais et de personnes touchées par la crise, notamment les nouveaux réfugiés en provenance du Soudan, sera suspendue en avril 2024.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) dit être confronté à une crise financière sans précédent et a déjà procédé à des coupes budgétaires. Ainsi, le Tchad, pays regorgeant plus d’un million de réfugiés, soit l’une des populations de réfugiés les plus importantes et à la croissance la plus rapide d’Afrique, se verra coupé de l’aide aux réfugiés dès le mois prochain. En plus du déficit de financement, l’organisation onusienne alerte sur l’imminence des pluies.
Par ailleurs, la route transfrontalière d’approvisionnement en produits de première nécessité vers le Darfour – la seule fiable vers l’ouest du Soudan, en proie au conflit – est également menacée. Une situation qui intervient alors que, des milliers de réfugiés soudanais frappent à la porte.
Cependant, sans un financement suffisant, ces opérations s’avèrent impossibles, craint l’organisation. « Nous sommes engagés dans une course contre la montre. La petite fenêtre permettant de prépositionner des vivres se refermera rapidement et nos ressources s’amenuisent en cette période dramatique. Nous avons déjà réduit nos opérations dans des proportions qui auraient été impensables il y a seulement quelques années, plongeant des personnes affamées dans une situation beaucoup plus critique », a déclaré Pierre Honnorat, représentant et directeur pays du PAM au Tchad.
Depuis que le conflit au Soudan a éclaté l’année dernière, le financement irrégulier a forcé le PAM à se concentrer sur les besoins immédiats, déployant ses efforts sur les nouveaux réfugiés soudanais. Cette situation inquiète, car : « depuis des mois, la majorité des réfugiés en provenance du Cameroun, de la République centrafricaine et du Nigeria n’ont reçu aucune aide en raison du manque de fonds. La réduction des rations attise la concurrence entre les réfugiés, les rapatriés et les communautés d’accueil autour des ressources déjà limitées, semant ainsi les germes de tension et d’instabilité. »
« Le débordement de la crise soudanaise est en train de submerger la réponse humanitaire au Tchad, déjà sous-financée et surchargée. Nous avons besoin des donateurs pour éviter que la situation ne devienne une catastrophe totale », a alerté Honnorat.
Le Tchad est également confronté à sa cinquième année consécutive de crise alimentaire, avec une faim aiguë record qui devrait toucher 2,9 millions de personnes pendant la période de soudure de juin à août, coïncidant avec la saison des pluies. En février, « le gouvernement a déclaré un état d’urgence alimentaire et nutritionnelle, soulignant ainsi la gravité de la crise. »
Pour assurer un soutien continu aux personnes touchées par la crise au Tchad au cours des six prochains mois, le PAM a besoin d’urgence de 242 millions de dollars.