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Tchad : le musée de Gaoui menacé

Installé dans l'ancien palais du sultan de la localité, cette galerie représente la mémoire du peuple kotoko aujourd'hui menacée de…

Installé dans l’ancien palais du sultan de la localité, cette galerie représente la mémoire du peuple kotoko aujourd’hui menacée de disparaître.

 

C’est un petit bijou perdu, au cœur de Gaoui. Le palais historique du sultan du village, construit au 19ème siècle, et transformé, il y a bientôt 30 ans, en musée. La survie des lieux repose sur la bonne volonté de trois hommes, dont le directeur, Abakar Saleh, a 80 ans.

« Je suis vieux et je continue à travailler pour le musée, regrette le directeur. S’il y a des jeunes kotokos qui veulent me remplacer ici, je n’y vois aucun inconvénient! »

Mais personne, à Gaoui, et au sein des Kotokos – qui peuplent essentiellement le village – n’a envie de prendre la suite. Gérer ce musée est une gageure. L’argent manque. Les murs s’effritent et menacent de s’effondrer. Le toit d’une case en paille, par exemple, ne peut être refait. Trop cher. Le musée recèle pourtant des trésors. Des ustensiles, des sculptures plus que centenaires. Ce bâton de commandement, symbole du pouvoir du sultan.Tout comme ce boubou cousu de fils d’or, pièce phare des collections.

« C’est un grand boubou qui a été porté par quatre générations de sultans, explique Mahamat Djibrine, guide au musée. Le grand parent, le père, le fils et le petit-fils, ils l’ont tous porté, c’est un grand boubou qui doit avoir 150 ans ou 160 ans. » Ces vestiges d’un passé glorieux sont entreposés, là, sans protection.

Le guide du musée veut aussi passer la main. Mahamat Djibrine est la seule mémoire du peuple kotoko.Aucun écrit n’existe. Et Hassan Ardoulaye, l’actuel sultan de Gaoui, n’a pas de solution.

« Je crains que l’histoire des Kotokos ne disparaisse avec ce musée, même si j’ai transmis notre histoire à mes enfants, témoigne le sultan Hassan Ardoulaye. Le musée retrace la longue histoire des Kotokos pour nous, comme pour les visiteurs. Sans lui, il n’y a plus d’histoire. J’espère qu’on va le garder jusqu’à la fin des temps. »

L’année dernière, le ministère du Tourisme tchadien a été saisi par l’ensemble du village, pour faire inscrire le musée de Gaoui au patrimoine mondial de l’Unesco. Une demande laissée, pour l’instant, sans réponse.

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