Deux campements ont été visés par des hélicoptères de l’armée nationale dans cette localité le 13 septembre dernier.
Le bombardement aérien par deux hélicoptères de combat de l’armée a visé deux campements hébergeant des orpailleurs originaires du septentrion tchadien. Plusieurs éléments d’information nous permettent aujourd’hui de comprendre avec précision les tenants et aboutissants de ce bombardement. Les hélicoptères ont minutieusement choisi leur cible avec précision avant de larguer une dizaine de bombes sur deux campements dans la zone aurifère de Kouri Bougoudi, situé à 35 km de la frontière Libyenne, d’après plusieurs témoignages recueillis sur place.
Jeudi dernier, jour du bombardement, les hélicoptères survolaient à basse altitude deux campements suspectés d’héberger des orpailleurs. Le bombardement a été téléguidé grâce à la position GPS de la cible. Pendant quelques minutes, les hélicoptères ont largué des bombes puis ont actionné une arme de calibre 17. Le but était de neutraliser les individus se trouvant dans ces deux campements, d’après des sources concordantes.
En réalité, le tir des hélicoptères de combat de l’armée, guidé depuis le sol à l’aide d’une position GPS, visait à tuer l’ancien commandant d’escadron du mouvement rebelle de l’Union des Forces Démocratiques pour le Développement (UFDD), le colonel Dadi Kokei Chidi. Celui-ci qui a regagné la légalité après l’éclatement de ce mouvement rebelle en 2010, s’est depuis lancé dans les activités de recherche d’or dans la localité de Kouri Bougoudi.
Les autorités tchadiennes sont restées étrangement silencieuses après ce raid héliporté. Tout porte à croire qu’elles soupçonneraient ce dernier d’être en connivence avec un mouvement rebelle en recomposition au nord du Tchad, selon une source sécuritaire ayant requis l’anonymat. Cette attaque aérienne a provoqué la mort de 2 deux civils qui n’ont aucun lien avec une quelconque rébellion.
Au moment de l’attaque, plusieurs campements d’orpailleurs tchadiens étaient implantés dans les parages. Les deux hélicoptères ont restreint leur rayon de bombardement afin de ne pas provoquer des pertes en vies humaines conséquentes. Ils ont ciblé uniquement deux campements dont l’un hébergeait le colonel Dadi Chidi Kokei.
Celui-ci serait « redouté par l’armée pour sa combativité et sa témérité au combat, notamment lors des batailles entre 2007 et 2009 entre l’armée et l’UFDD », selon un témoignage ayant requis l’anonymat.
Des orpailleurs présents sur les lieux accusent l’armée de l’air d’avoir utilisé lors de ce tir héliporté des bombes à fragmentation et à sous-munitions contre les deux campements visés, afin de neutraliser leur cible. Cet ancien officier rebelle a été blessé dans le bombardement mais son pronostic vital n’est plus engagé, ont expliqué ses proches à AlWihda Info.
Pour des raisons purement stratégiques, l’armée s’est complètement retirée de la zone aurifère de Kouri Bougoudi pour laisser la possibilité à ses avions de guerre de contrôler cette localité par les airs, et surtout d’éviter une attaque rebelle dans une zone qu’elle juge très peu stratégique.
Une partie de l’armée Tchadienne s’est repositionnée entre la route de Wour et Zouarke pour contrer d’éventuelles attaques surprises contre la localité de Wour, lieu choisi pour abriter le commandement de la force du G5 sahel, explique une source militaire ayant requis l’anonymat.
Dans ce contexte de tension perceptible au nord du Tchad est intervenu le limogeage du directeur général du renseignement militaire, Ismael Chaibo, et du commandant de la zone de défense militaire n°3 de Faya Largeau, le général Abakar Choua Allahi, juste après l’attaque de Kouri Bougoudi le 11 août dernier. Il est reproché au premier de ne pas avoir transmis à temps les informations relatives à l’attaque de la localité de Kouri Bougoudi par les rebelles. Pour sa part, le second a refusé d’effectuer une mission dans la région du Tibesti sachant que la zone de défense n°3 abrite la logistique militaire et les avions de guerre qui seront déployés en cas d’intervention dans la région du Tibesti, selon certaines indiscrétions.
L’attaque du vendredi 11 août dernier perpétrée contre deux petits postes avancés de l’armée tchadienne par le Conseil du Commandement Militaire pour le Salut de la République (CCSMR) a été considéré par le président Déby comme un coup d’éclat. Cette attaque est minimisée par des officiers de l’armée régulière qui doutent de la capacité de ce mouvement rebelle à inquiéter le régime.
Certains officiers ayant requis l’anonymat prédisent une destruction complète du CCSMR à la première confrontation armée. Pour cause, son amateurisme dans le combat du désert et l’absence des combattants aguerris dans ses rangs joue en sa défaveur.
L’attaque rebelle de Kouri Bougoudi a été un élément déclencheur de la prise d’une panoplie de mesures par le gouvernement. Pour accentuer la pression sur les orpailleurs, le ministre en charge de la Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir avait annoncé le déclenchement d’une opération militaire terrestre et aérienne avec le bombardement de certaines localités aurifères du Tibesti afin de dissuader les orpailleurs d’être en connivence avec les rebelles.
La menace peut provenir de la recomposition d’un autre mouvement dans le sud libyen ou de la formation d’une alliance de plusieurs mouvements rebelles tchadiens basés en Libye. Une telle alliance viserait à mener une attaque de plus grande envergure contre des positions de l’armée à l’avenir.
Pour l’instant, le calme prévaut dans la région du Tibesti et les hommes en treillis de l’armée contrôlent effectivement toute la région du Tibesti.