Un village de pêcheurs a été pris pour cible près de Baga Sola dans la province du Lac (ouest), dans la nuit de mardi à mercredi. Le bilan est d’au moins 14 morts et de plusieurs blessés.
Au moins 14 personnes ont été tuées mardi dans l’ouest du Tchad, par des membres présumés du groupe jihadiste Boko Haram, qui ont attaqué un village de pêcheurs au bord du lac Tchad, a annoncé mercredi à l’AFP le préfet de la région concernée.
Cette vaste étendue d’eau et de marécages est truffée d’îlots servant de repaires et de camps d’entraînement à Boko Haram, qui multiplie attaques meurtrières et enlèvements dans les quatre pays riverains : Tchad, Niger, Nigeria et Cameroun.
« Ce sont des éléments de Boko Haram qui sont présents dans cette zone », a affirmé à l’AFP le porte-parole de l’armée tchadienne, le colonel Azem Bermandoa, lequel confirme l’attaque mais ne livre aucun bilan.
Des portés disparus…
« Hier [mardi 17 décembre2019], des personnes sont venues attaquer des pêcheurs non loin du village de Kaiga, il y a eu 14 morts, 5 blessés et 13 personnes portées disparues, dont on ne sait pas si elles ont été enlevées par les assaillants », a expliqué Imouya Souabebe, le préfet du département de Kaya, où se situe Kaiga.
Kaiga est situé à une soixantaine de kilomètres de la frontière nigériane. « Nous savons que ce sont toujours les éléments de Boko Haram qui écument cette zone, ils sont donc à l’origine de cette attaque », a ajouté le préfet. « Les assaillants sont venus en petit groupe dans un premier temps avant d’être renforcés pour attaquer les pêcheurs dans une zone appelée zone rouge, difficile d’accès. »
« Des pêcheurs ont été attaqués hier dans une zone rouge où la pêche est interdite », a confirmé le gouverneur de la région du Lac, Noki Charfadine, qui parle, lui, d’au moins neuf morts. Mais « les pêcheurs connaissent des chemins dérobés. Ils s’arrangent à contourner les check-point posés le long de la frontière pour arriver sur les parties du Lac riches en poisson et se font attaquer », explique une source locale contactée par RFI.
Les îles flottantes du lac Tchad: des cachettes pour les djihadistes
L’attaque du campement de pêcheurs montre que les djihadistes ont repris l’initiative des offensives. Il y a deux semaines, ils ont attaqué des positions de l’armée tchadienne dans le même secteur.
Fin octobre, c’est un médecin, un infirmier et leur chauffeur qui ont été kidnappés dans le même secteur sur une route pourtant très fréquentée.
Difficilement accessibles, les nombreuses iles flottantes du Lac Tchad favorisent l’organisation des incursions accompagnés des rapts de personnes et du bétail qui alimentent l’organisation islamiste qui, selon les spécialistes, s’est reconstituée surtout après l’allégeance à l’état islamique de l’aile de Boko Haram dirigée par Abu Maoussa El-Barnawi.