Tchad : le Gouvernement et l’Église en Conflit sur l’Arrestation de l’Abbé Madou

Le curé de la paroisse Saint Isidore Bakandja de Walia Goré, Abbé Madou Simon Pierre, a été arrêté dans la…

Le curé de la paroisse Saint Isidore Bakandja de Walia Goré, Abbé Madou Simon Pierre, a été arrêté dans la soirée du lundi 5 août 2024, alors qu’il est malade et en traitement au centre de santé paroissial Sainte Mère Teresa de Calcutta.

 

Alerté, l’Archevêque métropolitain de N’Djamena, Mgr Djitangar Goetbé Edmond, a immédiatement publié un communiqué pour dénoncer l’arrestation. Il exprime son inquiétude concernant l’interpellation qui, selon lui, a été effectuée sans égard pour l’état de santé de l’abbé. Selon le prélat, l’Abbé Madou Simon Pierre a été arrêté par des hommes encagoulés arrivés à bord de véhicules non identifiés. Le communiqué indique que le portail de la paroisse a été forcé à l’aide de quatre tirs d’armes à feu sur le cadenas.

 

Cependant, le gouvernement réfute cette version des faits. D’après Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement, « L’abbé Madou a été interpellé par les forces de l’ordre de manière régulière et dans le strict respect des procédures judiciaires en vigueur. » Le ministre précise que cette arrestation fait suite à une enquête approfondie menée par les autorités compétentes en réponse à des propos récurrents de l’abbé Madou, jugés incitatifs à la division et menaçants pour la cohésion nationale. « Les propos incendiaires de l’abbé Madou constituent une grave atteinte à la loi et à la paix sociale, justifiant ainsi l’action légale conformément aux lois de la République », affirme le porte-parole.

 

Toutefois, Makaila N’guebla, ancien Conseiller aux Droits humains, souligne que le procureur de la République près du tribunal de grande instance de N’Djamena n’a enregistré aucune plainte. Il rappelle que, selon le principe légal, toute plainte doit être déposée auprès du procureur de la République, qui peut ensuite la gérer lui-même ou la déléguer à un substitut.

 

L’Archevêque métropolitain de N’Djamena rappelle également que c’est la deuxième fois que des hommes armés interviennent de manière violente dans ce lieu sacré.

 

L’opposant politique Bongoro Théophile appelle le gouvernement à éviter de nuire à l’image du pays, surtout en période de transition vers la normalité constitutionnelle. Il demande la libération immédiate de l’abbé Madou, affirmant que la place d’un ministre de culte, qu’il soit prêtre, imam ou pasteur, est ailleurs qu’en prison. Le président du PRET (Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad) estime que l’archevêque métropolitain, ou le Nonce Apostolique, pourraient être sollicités pour recadrer le prélat si ses actions sont jugées excessives.

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