Tchad : le FPR dénonce le maintien en prison de Baba Laddé

Selon le premier vice-président du mouvement, l’ancien rebelle sera dans un état de santé dégradant et pourrait mourir.

 

Le premier vice-président du Front populaire pour le redressement (FPR), Ardo Baouro, a affirmé ce jeudi 22 novembre 2018 avoir rencontré Baba Laddé en prison. Dans une mise au point, Ardo Baouro affirme que « la santé du général Baba Laddé est très mauvaise et (que) le gouvernement lui refuse des soins. A tout moment il peut décéder par manque de soins ».

Baba Laddé est « injustement enfermé », souligne-t-il. Il ajoute que « les ex-combattants du FPR n’ont pas non plus pu suivre les programmes de réhabilitation prévus par l’accord de paix et sont persécutés au Tchad ». D’après lui, « la communauté internationale doit faire pression sur le gouvernement tchadien pour qu’il respecte ses engagements ».

Il déclare que : « Baba Laddé a apporté son soutien à nos frères du Tibesti (…) Nos frères de Miski ne se battent pas pour prendre le pouvoir, mais pour la démocratisation du pays, la justice et l’égalité entre tous les Tchadiens. Il est intolérable que le peuple souffre quand certains pillent les richesses du pays. Les dirigeants tchadiens mettent en danger le régime en refusant les revendications légitimes du peuple et en déclenchant une guerre au Tibesti ».

Le FPR demande à ce que l’ordonnance d’amnistie soit appliquée à tous les tchadiens concernés sans distinction. Le général Baba Laddé doit être présenté au tribunal le 3 décembre 2018.

Abderamane Djasnabaille : « l’amnistie générale doit bénéficier à tous »

Depuis quelques jours, de nombreuses personnes se prononcent contre l’application sélective de l’amnistie générale prononcée par le Président Deby.

 

Pour Abderamane Djasnabaille, ancien ministre des droits de l’homme du Tchad, « Faire la paix c’est aussi se pardonner, quelle qu’en soit la religion ». Mais la paix voulue par le président Déby se heurte à la bonne application de l’amnistie générale qui doit favoriser le retour au bercail des exilés politiques et la libération des détenus politiques pour la construction du Tchad.

Selon certaines associations de défense des droits humains telle que l’association citoyenne pour l’application intégrale de l’amnistie, cette volonté du chef de l’Etat tchadien se traduit en acte d’une manière sélective. La preuve en est que beaucoup de détenus politiques sont maintenus en prison jusque-là. « Le président de la République s’est élevé à ce niveau, il ne faut pas le rabaisser. Quel qu’en soit le crime, le délit, l’amnistie générale doit bénéficier à tous les concernés sans exception », affirme Abderamane Djasnabaille.

L’ambassadeur de la paix se félicite du sens d’ouverture vers la voie de la paix pour la construction du Tchad par le président de la République Idriss Deby Itno. Cette amnistie permettra à tous les fils du Tchad de rentrer pour participer à la construction de ce beau pays.

Toutefois, l’amnistie accordée n’inspire pas confiance à tous les exilés. Abderamane Djasnabaille de dire que « plusieurs exilés politiques sont réticents mais il faut des garanties, mettre en place une structure qui va s’approcher de ceux-là pour apporter les garanties de la paix. Il faut créer la dynamique pour la paix ».

« La guerre a détruit notre pays, le Tchad ne mérite plus la guerre » indique l’ambassadeur de la paix. Il appelle tous les fils du Tchad se trouvant dans la mauvaise posture à se manifester pour bénéficier de l’amnistie générale.

Le président Deby doit une fois de plus manifester sa bonne volonté en ordonnant l’application intégrale de cette amnistie tant pour les prisonniers politiques tant pour les exilés. C’est la seule manière de faire regagner la légalité et le bercail tous ceux qui se trouvent ailleurs.

Justice et Droits Humains : de mesures en vue

Deux projets d’ordonnance concernant ce secteur ont été discutés lors du conseil ordinaire des ministres qui a eu lieu le 31 mai dernier en Idriss Deby Itno.

 

La journée du 31 mai été une journée chargé pour les membres du gouvernement tchadien. Le conseil ordinaire des ministres a eu lieu ce jour. Et l’examen de quatre projets d’ordonnance était inscrit à l’ordre du jour. Deux d’entre eux portaient sur la justice et les droits humains.

Le premier à avoir requis l’attention des ministres portait sur les Attributions, organisation et fonctionnement du Corps de Police Judiciaire. Ce projet d’ordonnance est structuré sur quatre titres et treize articles.

Il « établit que les missions du Corps de Police Judiciaire sont de constater les infractions, rassembler les preuves, en rechercher les auteurs pour les mettre à la disposition des autorités judiciaires ; assurer le respect des lois et règlements et contribuer au maintien de l’ordre », peut-on lire dans le compte rendu de fin de travaux.

Le compte rendu de fin de travaux stipule que « le Corps de Police Judiciaire est mis à la disposition exclusive du Ministère en charge de la Justice. Coordonnée par une Direction Générale, le Corps de Police Judiciaire est dirigé par un officier de la Gendarmerie Nationale qui est assisté d’un officier supérieur de la Police Nationale ».

De l’amnistie

Le deuxième sujet à l’ordre du jour toujours en lien avec la justice et les droits de l’homme portait sur l’Amnistie des Atteintes à l’Intégrité de l’Etat. Ce projet d’ordonnance tire sa raison d’etre de la promesse du Chef de l’Etat d’amnistier les « tchadiens qui s’opposent par les armes aux institutions de l’Etat » lors du Forum National Inclusif.

Le projet bâtit sur six articles fixe « la période de l’amnistie de juin 1991 à la date de promulgation de la présente ordonnance, les infractions concernées sont celles prévues par le Titre I du Livre II de notre Code Pénal intitulé : les Atteintes à l’Intégrité de l’Etat ».

Il s’agit dont des infractions « de trahison, espionnage, atteinte à la Défense Nationale, présence irrégulière dans certains lieux, intelligence avec l’ennemi, d’autres actions nuisibles à la Défense Nationale, les atteintes à l’ordre constitutionnel, les atteintes contre les Institutions de l’Etat, des bandes armées, des mouvements insurrectionnels, du mercenariat ».

« Sont exclus du champ d’application du présent projet d’ordonnance : les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, le terrorisme, la torture et les traitements inhumains ou dégradants, les viols et autres violences sexuelles, l’utilisation, l’inscription ou l’enrôlement d’enfants et autres violences graves, massives et caractérisées des droits de l’Homme. Sont également exclus les infractions économiques et financières notamment les détournements de deniers publics, la corruption, la concussion et le blanchiment d’argent ».

Cette amnistie concerne tous les tchadiens résidents au Tchad ou à l’étranger ayant été condamnés ou non pour les infractions visées.