Cameroun-Tchad : ce qui ressort des travaux sur l’interconnexion

Yaoundé a accueilli du 13 au 16 mai 2025 une importante délégation tchadienne en visite de travail dans le cadre de l’économie numérique.

 

La sécurisation et l’extension de la fibre optique entre le Cameroun et le Tchad ; le règlement des impayés entre CAMTEL (Cameroun) et SOTEL Tchad ; la révision tarifaire sur l’accès à la fibre et à l’internet, pour plus d’accessibilité et d’équité économique. La réduction des coûts de roaming international et lutte contre le roaming indésiré, conformément aux directives de la CEMAC. Voici les sujets qui ont réuni le Tchad et le Cameroun à Yaoundé du 13 au 16 mai 2025.

« Tout au long de ces deux jours, les travaux ont permis d’examiner avec lucidité et pragmatisme les principaux enjeux liés à l’interconnexion numérique entre le Cameroun et le Tchad », a souligné le ministre camerounais des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng.

En effet, ces assises ont permis des échanges approfondis sur des enjeux majeurs pour le renforcement de la coopération technologique entre les deux pays, dans une dynamique de concertation stratégique et de développement harmonisé des infrastructures numériques.

Concernant la sécurisation de la fibre optique et l’extension des infrastructures, Camtel a réaffirmé son engagement à poursuivre les efforts déjà engagés pour renforcer les redondances, corriger les points critiques du réseau, et accélérer la mise en œuvre des projets structurants en lien avec les autorités compétentes.

Pour ce qui est du traitement des impayés, les discussions ont permis d’aplanir les divergences liées aux obligations contractuelles et financières entre les opérateurs historiques, tout en réaffirmant l’importance de garantir la continuité du service Internet transfrontalier. Un consensus s’est dégagé en faveur d’un assainissement progressif des relations contractuelles, assorti de mécanismes de suivi adaptés.

En ce qui concerne la révision des tarifs de location de fibre optique et de services Internet, Minette Libom Li Likeng indique que, les parties prenantes ont reconnu la nécessité d’ajuster les structures tarifaires actuelles, jugées peu adaptées aux exigences d’accessibilité, de compétitivité et de viabilité économique.

En réponse à l’augmentation des besoins exprimés, notamment pour des capacités dépassant 100 Gbps, Camtel s’est montré favorable à une révision tarifaire adaptée. « Ce renforcement s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification des routes de transit et d’amélioration de la résilience du réseau, en vue de garantir un accès fiable et évolutif au bénéfice des opérateurs tchadiens », indique Minette Libom Li Likeng.

Cameroun-Tchad : 40 personnes enlevées, huit libérées

Des hommes armés non identifiés ont tendu une embuscade aux commerçants et étudiants dans la localité de Touboro à environ 25 km du Tchad voisin.

Le dimanche 22 octobre dernier, « des bandits présumés » ou des « présumés malfaiteurs » selon respectivement le maire de Touboro, Celestin Yandal, et le ministère tchadien de la Sécurité ont enlevé 40 Tchadiens et Camerounais. Le maire de Touboro a déclaré à la BBC que les victimes revenaient du marché à bétail de la localité qui se réunit chaque dimanche à une vingtaine de km du Tchad. Elles sont tombées dans une embuscade dans le village de Mba Lainde. Parmi elles, se trouvaient des étudiants tchadiens, a déclaré le ministère tchadien de la Sécurité dans un communiqué en date du lundi 23 octobre.

Le document précise que huit otages ont été libérés sous l’action des forces de sécurité tchadiennes et les concernés sont en sécurité. Sans donner plus de détails sur ces personnes, le ministère tchadien de la Sécurité et de l’Immigration assure que les autorités administratives des provinces frontalières du Cameroun travaillent en étroite collaboration pour « mettre la main sur ces braqueurs ». Du côté camerounais, les autorités administratives et sécuritaires ne se prononcent pas encore de manière officielle.

Durant la dernière décennie, les populations des régions de l’Extrême-Nord et depuis quelques années celles du Nord font face au phénomène d’enlèvements. Dans l’Extrême-Nord frontalière avec le Tchad et le Nigeria, Boko Haram est le principal groupe armé ayant mené des opérations de kidnapping avec demande de rançons. Dans la région du Nord, la localité de Touboro enregistre plusieurs dizaines de cas d’enlèvements. Le maire de Touboro décriait une trentaine d’enlèvements entre janvier et octobre 2022.

Un phénomène qui a exaspéré les populations de la localité le 28 octobre 2022. Elles sont sorties en masse pour dénoncer devant la sous-préfecture de Touboro l’inaction des autorités face aux malfaiteurs. La veille, des ravisseurs ont fait incursion dans le village Mayo Mbi, blessant des membres d’un comité de vigilance non sans enlever un nombre indéterminé de personnes. Dans un mémorandum adressé au président Paul Biya le 21 avril 2021, les habitants de Touboro ont dénombré 120 enlèvements et plusieurs assassinats entre début 2020 et fin premier trimestre 2021. Les cibles sont des éleveurs, agriculteurs, et opérateurs économiques divers. 

Cameroun-Tchad : la construction du pont sur le Logone accuse un retard

Selon le ministère camerounais des travaux publics, les travaux de construction du pont sur le fleuve Logone entre Yagoua au Cameroun et Bongor au Tchad sont réalisés à 31% en cette fin du mois de novembre 2022.

74 milliards de F vont permettre de construire un pont sur le Logone afin de relier le Cameroun et le Tchad. Le projet bénéficie des financements de la Banque Africaine de Développement (BAD), du Fonds africain de développement (FAD), de l’Union européenne (UE), du Fonds d’assistance technique des pays à revenu intermédiaire et de l’Etat du Cameroun, à hauteur de 74 Milliards F CFA.

Selon les prévisions de l’équipe en charge de la mise en œuvre du projet, il est prévu un taux de réalisation de 60% pour l’année 2023 et l’achèvement des travaux de construction du pont sur le Mayo Boneye.

 Le projet accuse plusieurs mois de retard lié à l’impact de la pandémie à Covid. Il fait partie de la phase 1 du projet régional intégrateur du réseau routier dans le bassin du lac Tchad qui prévoit à cet effet, la construction du pont sur la Logone entre Yagoua et Bongor et des aménagements connexes.

Dans ses composantes, le projet global comprend : les travaux de construction du pont entre Yagoua et Bongor ; les travaux de construction du pont transfrontalier entre Yagoua et Bongor et ses accès ; l’aménagement et l’équipement du poste frontalier et des bâtiments annexes: un bâtiment de services avec infirmerie incorporée; un bâtiment énergie; deux postes de police; deux postes de gendarmerie; un bâtiment pour pèse essieux  et l’aménagement d’un parking pour poids lourds ; la maîtrise d’œuvre complète dans le cadre des travaux d’aménagement et équipement du poste frontalier et des bâtiments annexes ; la formation des services, sensibilisation des acteurs et voyages d’études et l’élaboration d’un manuel de gestion du poste frontière et formation à son l’utilisation.

Les principaux résultats attendus de la mise en œuvre du projet rentrent en droite ligne avec les priorités des bailleurs à la sous-région, notamment à travers : le renforcement et l’accroissement de la libre circulation des biens et des personnes entre les deux Etats, vecteur de l’intégration régionale ; la réduction des durées et des coûts de voyage.

Aussi, l’amélioration des conditions de transport et de la sécurité des usagers et, le renforcement de la résilience des zones inondables avoisinantes face aux changements climatiques. A travers ce pont et ses voies de raccordement vers Bongor et Yagoua, il s’agira de l’ouverture d’un troisième point d’échanges officiels entre le Cameroun et le Tchad qui permettra de redynamiser les échanges commerciaux entre les deux pays.