Depuis ce 24 juillet les prix pratiqués à la pompe ont légèrement baissés dans les différentes stations-services du Tchad.
Dans les différentes stations-services de N’Djaména, capitale du Tchad, les nouveaux prix sont affichés sur les panneaux : 518 francs CFA pour l’essence et 548 francs CFA pour le gasoil contre 570 et 590 francs CFA précédemment, conformément à un arrêté interministériel entré en vigueur le 24 juillet. Le jet A1 est vendu 550 francs CFA et le pétrole lampant à 392 francs CFA dans la capitale. Les prix dans les autres localités du pays sont ceux à la pompe, majorés des frais de transport en valeur absolue.
Le gouvernement a réitéré l’interdiction de la vente de produits inflammables en dehors des structures autorisées.
Ces nouveaux prix restent légèrement inférieurs à ceux imposés depuis le début de l’année par le gouvernement. La loi de finances 2018 du Tchad a institué une redevance plafonnée à 47 francs CFA par litre de super, 22 francs par litre de gasoil, 20 francs par litre de jet A1 et 5 francs par litre de pétrole lampant. Le 4 janvier 2018, une circulaire du ministère du Pétrole avait relevé les prix pratiqués sur les hydrocarbures : le super et le gasoil, alors vendus respectivement à 523 francs et 568 francs le litre, avaient subi une hausse de 8,9% et 3,8%.
Le gouvernement précise que cette nouvelle structure vise à rendre les prix des carburants de la Société de raffinage de N’Djaména (SRN) compétitifs, en réduisant un certain nombre de rubriques relatives au transport, aux différentes redevances, aux marges et charges des distributeurs et revendeurs. Il entend également lutter contre la contrebande.
Mais pour les pétroliers, cette nouvelle structure ne reflète pas les réalités du secteur. Dans une correspondance conjointe adressée au ministère des Mines, du Développement industriel, commercial et de la Promotion du secteur privé, les syndicats pétroliers, tout en saluant l’initiative de baisser les prix pour lutter contre la contrebande, soutiennent que la nouvelle tarification comporte de graves erreurs et ne permet pas aux transporteurs, revendeurs et distributeurs d’essence de couvrir leurs charges.
S’ils se sont résolus à l’appliquer, les pétroliers dénoncent l’unilatéralisme du gouvernement qui a décidé seul, sans consulter les acteurs de la filière, grignotant de fait leurs marges de bénéfice. Ils mettent en garde contre une éventuelle rupture de l’approvisionnement si le gouvernement ne revoit pas les nouveaux tarifs.
Si cette menace venait à être appliquée, elle ferait le lit de la contrebande. Depuis quatre mois, la vente d’essence importée frauduleusement des pays voisins a en effet envahi la capitale tchadienne. Sur les principales artères, autour des marchés, ou devant les institutions publiques, des vendeurs à la sauvette proposent aux motocyclistes et automobilistes de l’essence à 500 francs CFA le litre (contre 590 francs dans les stations-services).
Cette vente a prospéré, au grand dam des stations-services, contraintes de se concentrer sur le gasoil. Les pouvoirs publics, malgré quelques opérations musclées, n’ont pas réussi à endiguer le phénomène.