Le Tchad est le 8ème pays le plus fragile du monde. Et pour sortir de cela, le Croset vient de mettre sur pied un document qui va guider les politiques publiques en matière d’économie, d’éducation et de santé.
Le cercle de réflexion et d’orientation sur la soutenabilité de l’Economie tchadienne (Croset) en partenariat avec le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a organisé ce mardi 18 décembre 2018, un atelier de dissémination des résultats de l’étude portant sur « la croissance dans les Etats fragiles et en post-conflit ».
Cet atelier qui a regroupé les chercheurs, académiciens et décideurs pour discuter des articles scientifiques en lien avec la croissance dans les pays fragiles et en post-conflit est le fruit de la coopération entre le Croset, le Laboratoire d’Etude et de Recherche en Economie Appliquée et de Gestion (Lareag) et le Consortium pour la Recherche Economie en Afrique (Crea).
Selon le Directeur scientifique, Dr Mabali Aristide, depuis que le Tchad traverse la crise, les économistes sont souvent interpellés afin de trouver des solutions appropriées. Certes « les défis sont énormes mais nous sommes disposés à travailler avec toutes les personnes et les institutions ayant pour vocation de combler la carence en termes de publications de qualité et de produire des recommandations de politique économique axée sur les résultats de la recherche », relève-t-il.
Selon les résultats, de 1972 à 2014, le Tchad a connu 31 ans de conflit armés. De 2005 à 2010, les conflits armés ont engendré de sévères conséquences humanitaires dont près de 7000 morts et blessés ainsi que 200 000 déplacés. En conséquence, le pays est classé 8ème sur 178 pays sur l’indice des Etats fragiles en 2017. Dans ce contexte les femmes sont les plus vulnérables et sont les victimes d’exclusion économique et politique.
Les résultats montrent que les ménages dirigés par les femmes réalisent en moyenne 127 745 francs Cfa de dépenses alimentaires de plus que ceux dirigés par les hommes. En 2014, la proportion d’enfants souffrant d’un retard de croissance est de 27% dans le Moyen Chari alors qu’au Kanem, elle est de 64%. De même, la mortalité infantile est de 99 décès pour 1000 naissances au Ouaddaï alors qu’elle se situe à 230 dans le Logone occidental. C’est dire que les femmes et les enfants sont les plus exposés en période de conflits et les disparités géographiques montrent que le conflit a été plus intense dans certaines parties du Tchad surtout la partie Est.
Le directeur général de l’enseignement supérieur, Dr Mahamat Borgou Hassane salue l’initiative du Croset qui a permis d’arriver à la réalisation d’un document qui va guider les politiques publiques en matière d’économie, d’éducation et de santé. « Même si les données récentes de la Banque mondiale nous laissent croire qu’il y a de l’espoir, nous devons beaucoup travailler pour trouver des solutions idoines et durables à cette crise. C’est pour cette raison que le ministère de la recherche et de l’innovation soutient toutes les recherches pouvant contribuer au développement du pays », affirme-t-il. Il reconnait que les Etats ne peuvent pas se développer sans la recherche scientifique. A ce titre « la recherche scientifique joue un rôle capital dans tout développement », déclare Dr Mahamat Borgou Hassane.