Auparavant, la mairie venait en aide à ces jeunes enfants de la rue pour les accompagner à traverser leurs différentes difficultés.
A Abéché, les enfants de la rue ont accepté de s’exprimer. Ils ont entre 8 et 24 ans. Ce soir-là, ils sont près de la rue principale du grand marché. Ils trainent dans les rues en groupe, une vingtaine, arpentent les marchés et marchent jusqu’à tard le soir. Ils ne sont pas considérés par la société et délaissés par leurs parents. Leurs parents refusent catégoriquement de les prendre en charge et de les accepter au sein du domicile, car ils consomment des substances prohibées par la société.
Abdelmountalib Abdelrassoul Abdoulaye explique ne pas avoir rencontré de difficultés particulières au sein de son domicile, mais que ça fait sept ans qu’il n’a pas vu sa famille. « Ca fait aujourd’hui presque 7 ans que je n’ai pas vu ma famille. J’ai laissé, je suis parti. Ma mère est là, mais pas ici. Mon père est mort. Moi je fume, eux ne veulent pas que je fume. C’est à cause de ça qu’ils se sont fâchés de moi et ils m’ont laissé. Moi aussi je l’ai abandonnés et je suis venu rester ici », explique-t-il d’un ton sec.
Pourtant, Abdelmountalib a des remords. Il a envie d’abandonner la cigarette et de retourner auprès des siens vivre comme auparavant. « J’ai cette envie, j’en ai envie », assure-t-il.
Hassan Hissein, un autre jeune du même groupe, tente d’expliquer les raisons de son départ. « Moi je suis parti comme ça seulement et je suis tombé malade. J’ai fait un accident et je ne pouvais rien faire ». Ses parents sont là, mais le rejettent à cause de la cigarette. « Ils m’ont oublié et moi aussi je les ai abandonnés ».
Pour se nourrir, ces jeunes restent parfois près des vendeuses dans les marchés. Lorsqu’un voyageur s’arrête pour s’alimenter, les jeunes sont aux aguets et espèrent récupérer de la nourriture restante, par exemple du riz, de la boule, de la bouillie, et bien d’autres choses à manger.
Au cours de la journée, le groupe se disperse, avant de se retrouver le soir. Certains admettent survivre grâce au vol, d’autres peinent à cacher leur addiction pour l’alcool.
Auparavant, la mairie venait en aide à ces jeunes enfants de la rue pour les accompagner à traverser leurs différentes difficultés. L’un d’entre eux nous explique qu’aucune aide de l’Etat ne leur parvient aujourd’hui. Ils se débrouillent pour se mettre à manger sous la dent. L’enfant de la rue ne doit pas être considéré comme un raté éducatif, il mérite des conseils et un encadrement qui vont le guider dans sa vie.