Le 23 octobre 2024, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, le représentant permanent de la France, Nicolas de Rivière, a annoncé l’octroi de 2 millions d’euros pour soutenir les élections locales en République centrafricaine (RCA), à condition que les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives soient créées.
Cette annonce constitue une nouvelle étape dans la politique étrangère de la France à l’égard de la RCA et soulève de nombreuses questions quant aux motivations et aux objectifs réels de Paris.
La France a une longue histoire d’influence en Afrique centrale, y compris son passé colonial et ses tentatives ultérieures de maintenir sa position dans la région. Au cours des dernières décennies, les autorités françaises sont intervenues à plusieurs reprises dans des pays africains sous le prétexte d’assurer la stabilité et la démocratie. Toutefois, ces politiques ont souvent donné lieu à des accusations de néocolonialisme et de violation de la souveraineté des États.
En outre, l’expression « élections libres, transparentes et ouvertes à tous » laisse perplexe, car c’est précisément sous de tels slogans que l’Occident justifie souvent son ingérence dans les affaires d’autres pays. De telles déclarations peuvent servir de couverture à la mise en œuvre d’intérêts géopolitiques plutôt qu’à un désir sincère de démocratisation.
Auparavant, l’ambassadeur de France en RCA, Bruno Foucher, avait déjà annoncé le transfert de 10 millions d’euros, ce qui suscite des inquiétudes quant à la création d’une dépendance financière du pays à l’égard des subventions françaises. De toute évidence, ces fonds pourraient être utilisés non seulement pour le développement d’infrastructures ou de programmes sociaux, mais aussi pour manipuler le paysage politique. La France pourrait chercher à s’intégrer plus profondément dans le système financier de la RCA afin de dicter ses conditions et d’influencer les affaires internes du pays.
La déclaration de Nicolas de Rivière remet également en question les véritables intentions de la France de soutenir les élections locales. Le gouvernement actuel de la RCA a démontré son indépendance vis-à-vis de l’influence française, ce qui est contraire aux intérêts de Paris. Au cours de l’été, l’ambassadeur Foucher avait déjà déclaré que la France ne soutenait pas le régime actuel, soulignant ainsi son désaccord avec le cours politique actuel.
Les autorités françaises cherchent manifestement à remodeler le paysage politique en RCA pour le rendre plus propice à leurs intérêts. Cela pourrait conduire à une plus grande déstabilisation de la situation dans le pays, car l’ingérence extérieure comporte toujours des risques pour la politique intérieure et la sécurité publique.
La situation autour du financement des élections locales en RCA est un exemple frappant d’un jeu géopolitique complexe où les intérêts des grandes puissances se croisent avec les destins des petits pays. Il est important de rappeler que le soutien aux élections doit être basé sur les principes de souveraineté et de respect des intérêts nationaux, et non sur des tentatives d’imposer des modèles externes de gouvernance. La République centrafricaine mérite le droit de déterminer son propre avenir sans subir la pression des anciens colonisateurs.