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Passeport numérique de santé africain : le défi de la protection des données personnelles

Dans une perspective de reprise des activités des transports aériens et du tourisme post-Covid, AfricanPerformance Institute (Api) s'est penchés, lors…

Dans une perspective de reprise des activités des transports aériens et du tourisme post-Covid, AfricanPerformance Institute (Api) s’est penchés, lors d’un webinair, sur la question de la protection des données à caractère personnel dans le cadre de l’institution éventuelle d’un passeport numérique de santéLa crise de la pandémie de la Covid-19 a entraîné des bouleversements dans toutes les activités économiques. À l’heure de la relance des économies, l’équation de la mobilité des personnes reste un sujet complexe sur lequel les États prennent des mesures certes concertées, mais pas toujours cohérentes. Le webinaire organisé par African Performance Institute (Api) était une occasion pour les experts de plancher sur les solutions innovantes avec le digital en vue d’offrir aux Africains la possibilité de circuler plus librement à l’intérieur du continent. C’est à ce titre que le projet d’institution d’un passeport numérique de santé a été au cœur des échanges de cette rencontre virtuelle qui a enregistré la participation d’Amira Elfadil Mohamed ElFadile, Commissaire aux affaires sociales de l’Union africaine, Lacina Koné, Directeur général de Smart Africa, Ibrahima Nour Eddine Diagne, président d’African Performance Institute (Api) et Administrateur Général de Gainde 2000, Dawitte Bekele, vice-président du bureau régional Afrique d’Internet Society (ISOC), Ibrahima Kane directeur général d’Air Sénégal et Oumar KhassimouDia, Directeur des transports aériens du Sénégal. La modération des débats a été assurée par Mme Léocadie Ebakisse de Talent’s Awake. Même si le projet a été jugé pertinent, des réserves ont été émises sur l’utilisation des données des voyageurs. 

 L’Ivoirien Lacina Koné, Directeur général de Smart Africa, soutient que ce projet numérique doit permettre aux touristes de voyager et de séjourner sans être inquiétés durant la pandémie. Il estime qu’avec ce passeport numérique de santé, les voyageurs et les compagnies aériennes auront l’assurance de transporter en toute sécurité des passagers sans Covid-19. Il note, cependant, des défis à relever pour réaliser cette ambition comme la protection des données personnelles sur les smartphones où seront stockées les informations sanitaires des voyageurs. Il regrette que sur les 55 pays du continent, seuls 12 pays ont signé la convention de l’Union africaine (Ua) sur la cyber sécurité et la protection des données à caractère personnel. Sur ce nombre, six ont ratifié ladite convention. A son avis, pour arriver à un système qui puisse protéger les données personnelles, forcément il faut un cadre réglementaire harmonisé au niveau des Communautés économiques régionales comme la CEDEAO ou la SADEC. « La mise en place d’un environnement réglementaire sous régional est d’autant plus importante pour régir cette initiative à travers l’Union africaine. Cela permettre d’agir avec les autres endroits du monde comme l’Europe ou les USA », a plaidé M. Koné. Intervenant sur la question, Amira ElfadilMohamed ElFadile, Commissaire aux affaires sociales de l’Union africaine, rappelle que l’institution d’un passeport numérique de santé n’est pas une nouvelle idée. Elle appelle, toutefois, à travailler à la mise en place d’une infrastructure robuste capable de supporter ce projet.

 Sur la question de la protection des données personnelles, l’initiateur du webinaire, le président d’African Performance Institute (Api), Ibrahima Nour Eddine Diagne, se montre mesuré. « Il faut avoir une bonne balance pour peser les coûts et les opportunités. Sur les questions de souveraineté numérique et de protection de données, nos États doivent être opportunistes. Ils doivent les mettre en avant quand il faut se protéger et les ignorer lorsqu’ils ont beaucoup à gagner », déclare M. Diagne. À son avis, le numérique a un grand rôle à jouer dans la sortie de cette crise. Il observe que partout où il y a eu continuité d’activités, celles-ci ont reposé totalement ou partiellement sur le numérique et le digital. Les questions que les Africains doivent se poser à ce stade, dit-il, c’est quel contrôle doivent-ils avoir sur ce digital. Le président d’Api relève que le secteur sanitaire, longtemps relégué au second plan dans les priorités des transports aériens, est devenu un nouvel enjeu pour le digital. Selon lui, l’institution d’un passeport numérique santé africain, qui va prendre en compte toutes les contraintes et intégrer les laboratoires agréés et non agréés, doit faire l’objet de réflexion pour les Africains afin de permettre au continent de se préparer aux prochaines crises.« Aujourd’hui, on a les capacités de construire, sur le plan technologique, des initiatives comme le passeport numérique de santé. Tout le monde sait qu’une crise sanitaire à portée internationale est possible. C’est un sujet sur lequel, nous Africains, nous devons y réfléchir pour construire quelque chose qui convienne à notre continent et soit interopérable avec ce qui se fait ailleurs dans le monde », a soutenu le président d’API. 

 A la question de savoir : dans le contexte actuel à qui pensez être capable d’apporter des solutions concrètes ? Les réponses coulent de source : 67% des auditeurs pensent que les solutions doivent venir aux Etats et aux gouvernements, 12% aux institutions, 18% aux acteurs privés et 3% aux associations. Dans sa synthèse sur ce point, la modératrice,Mme Léocadie Ebakisse trouve nécessaire d’avoir un mixte entre les gouvernements et les acteurs privés qui permettra de passer ce cap à condition que chacun de ses acteurs fasse une démarche de réflexion individuelle sur sa manière de collaborer avec les autres acteurs du marché et de trouver desalliances qui soient probantes. De son côté, Dawitte Bekele, vice-président du bureau régional Afrique d’Internet Society (ISOC), relève que les obligations de visa pour les Africains sont assez difficiles, et la crise a encore rendu la situationbeaucoup plus complexe. « Les vols se sont raréfiés, les consulats fermés, certains pays devenus inaccessibles. En plus, il y a des exigences sanitaires comme le certificat test coviddemandé par le pays destinataire et la compagnies aérienne », déplore M. Bekele. 

 Dans son intervention, Oumar Khassimou Dia, Directeur des transports aériens du Sénégal, confie que ses équipes se sont penchées sur la question du passeport numérique de santé qui, rappelle-t-il, vise deux objectifs : s’assurer que le passager voyage sans Covid et avoir une meilleure prise en charge par les médecins locaux. « Ce passeport pourrait avoir un intérêt certain si toutes les dispositions de protection de données personnelles sont prises en compte. Il permettra de redonner confiance aux voyageurs », a soutenu M. Dia. Son collègue, Ibrahima Kane directeur général d’Air Sénégal rassure qu’en dépit de cette situation sanitaire et les exigences des protocoles, la compagnie compagnie nationale sénégalaise reprend progressivement ses activités avec des vols Dakar-Paris, Dakar-Marseille, Dakar-Milan. Il s’est réjoui également de l’harmonisation de certains protocoles que partagent l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Association internationale du transport aérien (IATA).  

 

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