Le parquet du Tribunal criminel d’Abidjan a requis mercredi la prison à vie et le paiement d’une amende de 100 millions FCFA contre l’ex-chef de milice Amadé Ouérémi accusé de crime contre l’humanité commis au quartier carrefour de Duékoué ( Ouest d’Abidjan) pendant la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011.
« M. Le président, il (Amadé Ouéremi) est coupable des faits qui lui sont reprochés. Qu’il vous plaise de le condamner à la prison à vie et de payer 100 millions FCFA d’amende », a requis le procureur au terme de sa réquisition.
Auparavant, il a rappelé les « témoignages emblématiques » de plusieurs victimes qui ont accablé M. Ouérémi lors de leurs dépositions. Avant lui, des avocats représentant des organisations de défense des droits de l’homme ont abondé dans le même sens, appelant le tribunal à condamner M. Ouérémi pour les faits qui lui sont reprochés.
En retour, dans sa plaidoirie, Me Roseline Aka, l’avocate d’Amadé Ouérémi a tenté de démontrer l’innocence de son client à qui « on veut faire porter le chapeau d’un massacre ».
« M. Le président, il y a eu une rébellion armée en Côte d’Ivoire soutenue par des hommes politiques qui sont encore là. Mon client n’était pas le chef d’une bande armée », a-t-elle expliqué.
« M. Le président, que le procureur souffre que M. Amadé était bel et bien un élément des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ( FRCI) », a soutenu Me Aka, brandissant des photos où son client arborait au moment des faits des tenues militaires estampillées FRCI.
« M. Amadé recevait bel et bien des ordres de ses supérieurs. Il a cité nommément des autorités militaires encore en fonction dont le Lieutenant-colonel Losseni Fofana. M. le président, des zones d’ombres demeurent sur ce qui s’est réellement passé à Duékoué », a-t-elle, estimé relevant la responsabilité de l’Onu, de la France et de la Côte d’Ivoire dans ce Massacre de Duékoué.
« Ce procès a fini par montrer la face hideuse des hommes de race noire et des hommes de race blanche. Ouérémi Amadé n’est pas un politicien », a insisté Me Aka.
«Je vous remercie. Depuis 2013, je ne dis que la vérité. Je n’étais pas un chef. Je n’étais pas un commandant de troupe. Je n’ai pas donné l’ordre d’aller attaquer. Je n’ai tué personne », s’est défendu à son tour, M. Ouérémi devant le Tribunal qui prononcera, mercredi le verdict de ce procès.
Ex-seigneur de la forêt du mont Péko dans l’ouest ivoirien, Amadé Ouérémi est accusé de crimes contre l’humanité, génocide, meurtres, vol en réunion, viols, etc, commis le 28 mars 2011 pendant la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 au quartier carrefour de Duékoué où il y a eu plus de 800 morts.
Son Procès s’est ouvert devant le Tribunal criminel d’Abidjan depuis le 24 mars dernier après près de huit années de détention.