Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane a ordonné samedi le déploiement de l’armée dans les rues du petit royaume, nouvel épisode de la grave crise qui l’oppose à ses adversaires politiques depuis sa mise en cause dans le meurtre de son ex-femme.

Lors d’un discours surprise à la radio et à la télévision nationales, M. Thabane a annoncé l’intervention des militaires afin de « rétablir la paix et l’ordre ».

« Nous sommes surpris que certaines personnes et institutions (…) s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie dans le pays », a-t-il déclaré. « Nous avons donc déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation et prendre les mesures nécessaires contre ses éléments ».

Des soldats armés et équipes de casques et de gilets pare-balles patrouillaient samedi matin à pied ou à bord de véhicules blindés dans les rues de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le chef de la police et ses deux adjoints ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source officielle.

Aucun ministre, responsable du parti au pouvoir ou de l’opposition n’a pu être joint immédiatement.

– Démission attendue –

Ces mesures « ont été prises pour éviter de mettre la Nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d’endiguer l’épidémie de Covid-19 », a également justifié le Premier ministre.

Le Lesotho traverse une sérieuse crise politique depuis la mise en cause il y a plusieurs mois de M. Thabane, 80 ans, dans l’assassinat le 14 juin 2017 de son épouse de l’époque, Lipolelo Thabane, avec laquelle il était alors en instance de divorce.

A la tête du petit royaume depuis plus de deux ans, M. Thabane devrait être bientôt formellement inculpé pour sa participation à cette affaire.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a déjà été formellement accusée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution.

Privé du soutien de son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), depuis que l’affaire a éclaté sur la place publique, Thomas Thabane avait annoncé en février sa démission « d’ici à la fin juillet ».

Le Parlement a récemment adopté une loi interdisant à M. Thabane d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

– « Actes terroristes » –

Pour hâter le départ du chef du gouvernement, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

Le Premier ministre a alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été officiellement rapporté.

Dans le cadre de ces mesures, Thomas Thabane avait ordonné la suspension des travaux du Parlement pour trois mois.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane lors de l’audience, « le Parlement peut continuer ses travaux ».

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux du Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie pour les manifestations de 2019

La police de Hong Kong a mené samedi une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

– Mise en scène –

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».

Virus: Trump appelle à la révolte contre le confinement, 150.000 morts dans le monde

Le président américain Donald Trump a appelé à la rébellion contre les règles de confinement, semant la consternation alors que son pays est devenu le premier foyer mondial de la pandémie de coronavirus avec près du quart des 150.000 morts recensés sur la planète.

Pendant que plus de la moitié de l’humanité reste à domicile afin de limiter la propagation du covid-19, qui poursuit sa course mortelle à travers le monde, Donald Trump a ouvertement appelé à braver les règles de confinement.

« Libérez le Minnesota! », « Libérez le Michigan! », « Libérez la Virginie! », a-t-il tweeté alors que des militants parfois armés s’apprêtaient à défier samedi les autorités de ces Etats démocrates en se rassemblant dans la rue.

« Et sauvez votre formidable deuxième amendement. Il est assiégé! », a ajouté le bouillonnant milliardaire, en référence au droit des Américains à porter des armes.

M. Trump a par ailleurs renouvelé ses attaques contre la Chine, qu’il accuse d’avoir « dissimulé » la gravité de la pandémie. Le président français Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, ont eux aussi mis en doute la transparence de Pékin.

Moscou et Paris ont évoqué la possibilité d’un sommet en visioconférence des dirigeants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, lequel est paralysé par le différend sino-américain.

– Craintes de « violences » –

Avec près de 3.000 morts par jour et plus de 34.600 décès au total, les Etats-Unis sont devenus le pays le plus durement touché par la pandémie partie fin 2019 de Wuhan, en Chine.

Alors que la marque globale des 150.000 morts a été franchie, les dirigeants mondiaux font face à un double défi sanitaire et économique: une récession sans précédent depuis 1929 menace, a prévenu le Fonds monétaire international (FMI).

Touchés de plein fouet en l’absence de dispositif de protection sociale, des millions d’Américains sont contraints de se tourner vers les banques alimentaires, dont les salariés sont débordés face à l’explosion de la demande.

« Nos employés sont à bout », décrit Dan Flowers, le responsable d’une banque alimentaire de l’Ohio. « Ils travaillent tellement dur. On aimerait bien en voir la fin. »

Dans ce contexte, le gouverneur démocrate de l’Etat de Washington, Jay Inslee, s’est indigné des tweets présidentiels car ils encouragent, selon lui, « des actes dangereux et illégaux ».

« Il met des millions de personnes en danger d’attraper le covid-19. Ses tirades déséquilibrées et ses appels à +libérer+ des Etats pourraient aussi mener à des violences », a-t-il tweeté.

Avec plus de 190 pays et territoires touchés, la pandémie a gagné l’ensemble de la planète.

La barre des 1.000 morts officiellement recensés a été franchie en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Egypte, au Maroc et en Afrique du Sud.

Or il manque toujours 44 milliards de dollars pour financer la lutte immédiate contre la crise sanitaire et économique en Afrique, ont estimé la Banque mondiale et le FMI.

– « Plus isolée sur Terre » –

Au Brésil, la situation sanitaire apparaît particulièrement préoccupante dans les favelas.

« Il y a de grands risques de propagation du virus dans la favela, environ 40 à 50% des tests qu’on fait ici sont positifs », s’alarme Tiago Vieira Koch, un directeur de clinique qui intervient à Rocinha, à Rio, la plus grande favela du Brésil.

C’est une planète en plein confinement qu’ont ainsi retrouvée vendredi deux astronautes américains et un cosmonaute russe, premiers à avoir quitté la Station spatiale internationale (ISS) depuis que l’OMS a déclaré en mars la pandémie.

« Je pense que je me sentirai plus isolée sur Terre qu’ici », a tweeté l’une des astronautes, Jessica Meir, avant de quitter l’ISS.

Une semaine après les catholiques et les protestants, le monde orthodoxe vit à son tour un week-end pascal confiné, les fidèles roumains étant par exemple appelés à le célébrer depuis leur balcon.

En Russie, encore au stade préliminaire de la pandémie avec seulement 32.000 cas recensés, le Patriarcat de Moscou a recommandé de célébrer Pâques à la maison, sans se rendre à l’église. Mais de nombreux lieux de culte resteront ouverts.

En Malaisie, un habitant a eu l’idée d’effectuer des rondes nocturnes, déguisé en fantôme, pour inciter ses concitoyens à rester confinés.

« Je regardais les infos et comme je voyais que de plus en plus de gens mouraient, j’ai décidé de faire peur aux habitants », a expliqué Muhammad Urabil à l’AFP.

– Les Stones en mondovision –

En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent déconfinement comme l’Autriche, où les commerces non-essentiels ont rouvert, ou le Danemark, où l’école a partiellement repris.

Berlin a pour sa part jugé la pandémie désormais « sous contrôle » en Allemagne, qui apparaît comme le grand Etat européen à avoir le mieux géré la crise (moins de 4.000 morts), grâce notamment à un large recours aux tests.

Le pays compte rouvrir prochainement ses magasins, et à partir du 4 mai écoles et lycées. Elle fabriquera à partir d’août quelque 50 millions de masques par semaine, selon les autorités.

Mais pour l’OMS, la pandémie est loin d’être jugulée, avec des « chiffres constants ou accrus » dans l’est du continent européen et au Royaume-Uni, où le gouvernement a décidé jeudi de prolonger le confinement « pour au moins trois semaines ».

Après les Etats-Unis, l’Italie (22.745 morts), l’Espagne (19.478), la France (18.681) et le Royaume-Uni (14.576) sont les pays les plus durement frappés.

En signe « d’unité mondiale dans la lutte contre le covid-19 », une brochette de stars mondiale, des Rolling Stones à Celine Dion en passant par Taylor Swift et Billie Eilish, devaient donner samedi un concert virtuel diffusé partout dans le monde.

Canada: tollé autour d’une maison de retraite décimée par le coronavirus

Soignants qui désertent, pensionnaires ni nourris ni changés, un patron ex-délinquant, 31 morts en quelques semaines: les révélations sur une maison de retraite près de Montréal, décimée par le coronavirus, ont provoqué un véritable électrochoc au Canada.

Cet établissement privé, la résidence Herron à Dorval, est devenu en quelques jours le symbole douloureux de l’hécatombe qui frappe les résidences pour aînés du pays. On y recense, comme dans de nombreux pays européens, la moitié des décès liés au Covid-19.

« Epouvantable », s’est ému le Premier ministre du Québec, François Legault, pointant une « grosse négligence » et ordonnant plusieurs enquêtes — dont une de la police criminelle — après les révélations du Montreal Gazette.

Selon le journal anglophone, des responsables des autorités sanitaires appelés à la rescousse dans cet établissement où une grande partie du personnel avait déserté, par peur de contracter le Covid-19, avaient découvert une scène de désolation: patients pas nourris depuis plusieurs jours, des couches qui débordent d’excréments, des malades gisant au sol après une chute. Et deux aînés retrouvés morts dans leur lit.

« Ca m’a vraiment donné la nausée, parce que j’ai soudain eu tout un tas de questions: qu’aurions-nous pu faire différemment? Pourquoi personne ne nous a rien dit? », se désole Moira Davis, après le décès de son père Stanley Pinnell au centre Herron, le 8 avril.

Jointe par l’AFP dans sa maison de Saskatchewan, dans l’ouest du pays, Mme Davis explique avoir été préoccupée par l’état de son père, âgé de 86 ans, persuadée qu’il était infecté depuis « au moins le 1er avril » au vu de la faiblesse de ses conversations au téléphone.

A la résidence Herron, au moins cinq des 31 décès ont été attribués directement au virus, les autres sont en cours d’analyse.

– « Traitement inhumain et dégradant »-

Cette affaire n’est pas « près d’être finie », affirme Mme Davis. D’autant que « les projecteurs du monde entier sont braqués sur Herron, l’exemple parfait de ce qui ne va pas dans nos soins de santé pour personnes âgées », dit-elle.

« Ca m’effraie, ça me terrifie de me dire qu’à 60 ans, je vais peut-être moi-même finir dans l’une de ces maisons », souligne Moira Davis, les larmes aux yeux.

Une procédure de demande d’action collective a été déposée, au nom des 130 résidents, contre le centre Herron, réclamant au total plus de 5 millions de dollars canadiens (3,4 millions d’euros) pour « traitement inhumain et dégradant ».

Le quotidien La Presse a aussi révélé depuis que le président du groupe qui possède le centre, Samir Chowiera, avait séjourné en prison pour trafic de drogue et fraude.

« Le 7 avril, ma mère a été laissée dans sa chaise roulante avec des couches pleines, souillées, pendant trois heures parce que personne n’a répondu » au bouton d’appel d’urgence, témoigne pour l’AFP Peter Wheeland.

« On n’était pas capables de communiquer avec qui que ce soit », assure M.Wheeland, se rappelant la « peur » que sa mère meurt soudainement.

Connie Wheeland, qui est à l’hôpital où elle a été diagnostiquée positive au coronavirus, ne retournera pas à Herron. Plutôt que de continuer de payer un loyer annuel de 45.000 dollars (29.000 euros) au centre, son fils envisage de louer un appartement privé, embaucher quelqu’un pour s’occuper d’elle.

-L’armée à la rescousse-

Maxime Jacques, 35 ans, accompagné de sa sœur, son épouse et ses enfants, fait de grands signes de la main à sa mère, Jacqueline, 86 ans, depuis le parking du centre Herron en direction de sa fenêtre. La chambre de la pensionnaire, située au 1er étage, lui permet d’apercevoir la pancarte « on t’aime mamie » que ses petits-enfants ont accrochée à une barrière.

Le trentenaire, qui a l’impression que le personnel l’a « laissé tomber », regrette le manque de communication sur l’état de santé de sa mère.

Cette hécatombe n’est pas une surprise pour les experts: le budget consacré aux soins de longue durée est le « parent pauvre » du système de santé au Canada, où il n’existe pas de financement spécifique contrairement à la France ou à l’Allemagne.

« On a négligé le secteur des personnes âgées depuis très longtemps », dit à l’AFP Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé au Québec, citant des « difficultés de main-d’œuvre » liés à des « emplois qui sont mal payés ».

Face au tollé, le Premier ministre du Québec a appelé les médecins à « venir faire le travail des infirmières » dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée, l’équivalent québécois des Ehpad. Il estime qu’environ 2.000 travailleurs de la santé manquent à l’appel.

Le Premier ministre, Justin Trudeau, a annoncé vendredi l’envoi de 125 membres des Forces armées pour aider le personnel des CHSLD de la province. Le Québec comptait vendredi soir 688 morts du coronavirus, soit la moitié du bilan national de 1.354 décès.

En Afrique du Sud confinée, « c’est la guerre » pour se nourrir dans les banlieues pauvres

« M. le président, nous traversons une crise alimentaire. C’est la guerre ici », prévient Joanie Fredericks. Dans l’Afrique du Sud confinée, des heurts avec la police et des pillages éclatent dans des quartiers pauvres où les estomacs crient famine.

« Des personnes ont vandalisé des commerces. Ils ont attaqué des gens. La seule raison, c’est qu’ils ont faim », explique cette militante associative dans une vidéo coup de poing postée sur les réseaux sociaux.

Cette semaine, des habitants de sa banlieue de Mitchells Plain, près du Cap (sud-ouest), frustrés de ne pas recevoir de nourriture de la part du gouvernement, ont brûlé des pneus et lancé des pierres sur la police, qui a riposté par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.

A quelques kilomètres de là, des agents de sécurité privés, impuissants, n’ont pu que regarder des dizaines de jeunes gens dévaliser un supermarché.

En Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, 20% des foyers ont, en temps normal, un accès insuffisant à la nourriture, selon l’Office national des statistiques.

La situation s’est brusquement détériorée avec le confinement anti-coronavirus en vigueur depuis trois semaines, prolongé par le président Cyril Ramaphosa jusqu’à fin avril.

De nombreux habitants des townships et bidonvilles ont perdu du jour au lendemain emploi et revenu.

– Risques de flambée de violence –

Les autorités ont bien mis en place une distribution de nourriture pour les plus vulnérables, mais de nombreux Sud-Africains tardent à recevoir ces colis pourtant vitaux, comme dans la région du Cap.

« Quand on regarde les infos, on voit qu’on distribue des choses dans différentes zones de notre province, mais pas à Tafelsig », un quartier de Mitchells Plain, constate la présidente d’une association locale, Liezl Manual.

Dans ce contexte explosif, les experts mettent en garde contre le risque d’une flambée de violence.

« Comme certains ne reçoivent pas de colis alimentaires et entendent parler d’autres qui eux en reçoivent, ils commencent à réagir », constate Julian May, directeur du Centre d’excellence pour la sécurité alimentaire de l’université sud-africaine du Cap-Occidental.

« A moins d’une distribution rapide de nourriture pour les habitants des quartiers pauvres », la situation ne devrait pas s’améliorer, prévient-il.

Sans surprise, le confinement a une fois de plus mis en lumière les très fortes inégalités de la société sud-africaine. « Certains d’entre nous restent à la maison et engraissent pendant que d’autres n’ont vraiment rien », résume-t-il.

« Si des personnes ne peuvent pas avoir de nourriture, il y a une forte probabilité de conflits violents, y compris de pillages à grande échelle », prévient l’Institut sud-africain de la terre Plaas, qui s’inquiète de la répression des forces de sécurité.

– La piste des allocations –

« Si la police et l’armée décident d’user de la force pour faire appliquer le confinement (…) comme cela a été le cas ces derniers jours, la légitimité du confinement risque d’être remise en cause, avec des conséquences sanitaires désastreuses », ajoute Plaas.

Cette semaine, la ministre du Développement social Lindiwe Sisulu a promis d’améliorer la distribution alimentaire.

Au cours de la seule première semaine d’avril, un total de 48.441 colis de nourriture ont été livrés.

Mais pour Julian May, le gouvernement devrait préférer la distribution d’argent liquide à celle de nourriture, en utilisant le système, déjà bien rodé, des allocations.

Le gouvernement est « efficace quand il s’agit de donner du liquide », il « ne l’est pas quand il s’agit de distribuer de la nourriture », estime-t-il.

« Ils nous ont dit qu’on aurait des colis. Où sont les colis ? », s’interroge une mère de famille de Mitchells Plain, Nazlie Bobbs.

Joanie Fredericks partage sa colère. « On ne doit pas avoir à choisir entre mourir du Covid-19 ou mourir de faim ! ».

L’Afrique du Sud est le pays d’Afrique subsaharienne le plus touché par la pandémie de nouveau coronavirus, avec près de 2.800 cas d’infection dont 50 décès.

Quand le coronavirus ravive les querelles sur le statut de Jérusalem

L’arrestation récente à Jérusalem de hauts responsables palestiniens pour des activités « illégales » liées au nouveau coronavirus et la fermeture d’une clinique improvisée attisent les tensions entre Israéliens et Palestiniens sur le statut de la ville sainte.

Depuis le début de la crise sanitaire, des responsables palestiniens affirment que la population de Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par Israël, est négligée par les autorités israéliennes dans leurs efforts pour freiner la propagation du virus.

Si bien que Adnane Gheith, gouverneur palestinien de Jérusalem, et Fadi al-Hadmi, ministre palestinien des Affaires de Jérusalem, disent avoir tenté d’agir pour protéger ces habitants.

Or début avril, ils ont été arrêtés pour avoir, selon eux, tenté de prendre des mesures, en menant par exemple des opérations de désinfection. Et cette semaine, la police israélienne a fermé une clinique de dépistage de la maladie Covid-19 à Silwan, quartier populaire de Jérusalem-Est. En cause: les tests de dépistage ont été menés sous la supervision de l’Autorité palestinienne, selon la police.

Au coeur de cette polémique: le statut même de Jérusalem, l’une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien.

– Activités « illégales » –

Israël considère la ville comme sa capitale « indivisible » tandis que les Palestiniens espèrent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Israéliens et Palestiniens s’étaient engagés à continuer leurs négociations sur le statut de Jérusalem dans le cadre des accords d’Oslo qui ont aussi permis la mise en place de l’Autorité palestinienne.

Aujourd’hui, ces pourparlers sont au point mort et le gouvernement palestinien estime que MM. Gheith et Hadmi devraient être en mesure d’exercer leur autorité dans l’est de la ville. Mais les Israéliens considèrent Jérusalem comme étant entièrement sous leur juridiction.

« Toute activité par l’Autorité palestinienne en territoire israélien qui n’est pas coordonnée ou approuvée par les autorités (israéliennes, ndlr) est interdite par la loi et la police doit l’empêcher », a insisté cette semaine le ministère israélien de la Sécurité publique après la fermeture de la clinique à Silwan.

« Rencontrer des directeurs d’hôpitaux à Jérusalem, s’entretenir avec des médias, appeler les gens à rester chez eux pour lutter contre le virus: (pour la police israélienne) ce sont des infractions », déplore à l’AFP Fadi al-Hadmi. « Notre but est de fournir de l’aide à la population de Jérusalem-Est, négligée intentionnellement » par Israël, estime M. Gheith.

Au total, 81 cas de personnes contaminées ont été officiellement recensés dans cette partie de la ville, selon le ministère palestinien de la Santé. Israël a mis en place des centres de dépistage dans les quartiers palestiniens de Jérusalem après un ordre de la Cour suprême, qui avait été saisie par une ONG de défense des droits humains.

Covid-19 ou pas, MM. Gheith et Hadmi sont habitués des brèves arrestations. En deux ans, ils ont été respectivement arrêtés plusieurs fois pour activités politiques « illégales ».

– « Marcher » à Jérusalem –

Les deux hommes habitent à Jérusalem-Est mais en raison des restrictions israéliennes leurs bureaux sont situés à Al-Ram, de l’autre côté de la barrière de béton séparant la ville de la Cisjordanie occupée. « Pour chaque arrestation, (Israël) affirme que nous violons la loi. Si je marche dans la rue, les Israéliens considèrent que c’est un geste politique à cause de mon poste », estime M. Hadmi.

Israël conduit des arrestations pour « graver dans l’esprit de la population l’idée que la ville est soumise à son autorité », estime M. Gheith. Depuis 2001, Israël a fermé plus de 80 institutions palestiniennes à Jérusalem, dit-il.

Et depuis que les Etats-Unis ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017, rompant avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus international, Israël a accéléré ses efforts pour « empêcher toute visibilité des Palestiniens à Jérusalem », ajoute-t-il.

« D’un côté, Israël néglige la partie palestinienne de la ville et ne veut pas y investir. De l’autre, il veut que la population palestinienne lui soit loyale », estime de son côté Amal Jamal, professeur de sciences politiques à l’Université de Tel-Aviv.

Dans cette guerre des récits, le maire de Jérusalem, Moshe Lion, s’est félicité cette semaine de l’ouverture de nouveaux centres israéliens de dépistage à Jérusalem-Est. Et un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu a tenu à rappeler que les autorités israéliennes fournissaient des équipements et de la formation à l’Autorité palestinienne pour affronter la crise.

La nouvelle querelle n’a pas mené à d’affrontements entre Palestiniens et la police israélienne qui a plutôt été prise à partie dans le secteur juif ultra-orthodoxe de Mea Sharim, un des épicentres de la crise du coronavirus où trois policiers ont été blessés.

Face à une demande inédite, les banques alimentaires américaines sur tous les fronts

De longues heures d’attente dans un véhicule: à cause du coronavirus, des millions d’Américains, exsangues, se tournent vers les banques alimentaires, qui multiplient les distributions avec la crainte de ne bientôt plus pouvoir faire face.

Ils étaient 1.000 véhicules à se présenter mardi à une distribution organisée par la banque alimentaire de Pittsburgh (Pennsylvanie), dont les besoins ont augmenté de 38% en mars.

En huit opérations exceptionnelles comme celle-ci, quelque 227 tonnes de nourriture ont été enfournées dans des coffres de voitures, explique Brian Gulish, le vice-président.

« Beaucoup de gens ont recours à nos services pour la première fois », dit-il. « C’est pour ça que ces files sont si longues. Ils ne connaissent pas notre réseau » de plus de 350 points de collecte dans le Sud-Ouest de l’Etat.

Partout, de La Nouvelle-Orléans à Detroit, les mêmes scènes se reproduisent, signes d’une population en détresse, privée de ressources, dans l’attente des chèques promis par le gouvernement fédéral qui commencent à arriver.

Un sommet a sans doute été atteint le 9 avril à San Antonio, au Texas, où environ 10.000 véhicules se sont présentés, certains dès la veille au soir.

« Cela fait des mois que nous n’avons plus de boulot », raconte Alana, lors d’une distribution à Chelsea, dans la banlieue de Boston. « Hier, j’ai vu une femme avec un bébé de 15 jours, deux autres enfants, un mari au chômage, et plus rien dans les placards », dit cette femme qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Les besoins des banques alimentaires n’ont plus rien à voir avec ceux d’avant la crise, en hausse de 30%, par exemple, à Akron, près de Cleveland dans l’Ohio.

« On a construit, sur des années, une chaîne d’approvisionnement qui pouvait répondre à certains besoins », explique Dan Flowers, directeur général de l’Akron-Canton Regional Foodbank. « L’augmenter de 30% du jour au lendemain, c’est quasiment impossible ».

D’autant que les banques alimentaires font également face aux perturbations majeures qui secoue tout le secteur agroalimentaire aux Etats-Unis.

Les consommateurs dévalisent les supermarchés, qui n’ont plus autant d’invendus à donner, tout comme les restaurants, fermés ou tournant au ralenti.

Heureusement, l’industrie agroalimentaire répond globalement présent et continue d’assurer des dons.

Les banques alimentaires, dont les 200 filiales locales du réseau Feeding America, reçoivent même quantité de livraisons exceptionnelles.

Déjà contributeur ordinaire, le géant J.M. Smucker a acheminé des palettes supplémentaires dans l’Ohio, et la distillerie Ugly Dog, du Michigan, un camion entier de gel hydroalcoolique dans des bouteilles de spiritueux, explique Dan Flowers.

– « A bout » –

Les dons affluent aussi en numéraire, de foyers anonymes ou de Jeff Bezos, première fortune mondiale, qui a offert 100 millions de dollars à Feeding America.

Sans ces dons, « ces banques alimentaires ne pourraient pas faire face à la demande », dit Dan Flowers, qui achète actuellement 35% de ses approvisionnements, contre 5% ordinairement, le reste provenant de dons en nature.

Et il ne suffit pas de s’assurer des quantités nécessaires, encore faut-il être livré, alors que les besoins de la grande distribution explosent.

Il n’est plus rare d’attendre six, voire huit semaines, pour voir arriver un camion.

La Food Bank de New York, une des grandes organisations de la métropole, n’hésite plus à augmenter les volumes commandés, explique Zanita Tisdale, « parce que si nous revenons dans une semaine, les prix pourraient avoir monté de manière significative et le délai de livraison s’allonger de façon exponentielle ».

Entre l’approvisionnement, qui s’est complexifié, et les familles, dont le nombre augmente, il y a les équipes des banques alimentaires, qui commencent à tirer la langue, après des semaines à flux tendu.

« Nos employés sont à bout », décrit Dan Flowers. « Ils travaillent tellement dur. On aimerait bien en voir la fin ».

Comme beaucoup d’autres, son organisation n’accepte plus les bénévoles, pour éviter la propagation du virus, ce qui les prive de dizaines de bras.

Pour soutenir cet effort, la Garde Nationale a envoyé des soldats dans beaucoup de points chauds.

« L’approvisionnement est encore suffisant, mais dans un mois, nous ne savons pas », prévient Brian Gulish.

Le plan de soutien exceptionnel à l’économie, voté fin mars par le Congrès, prévoit 850 millions de dollars de nourriture pour les banques alimentaires, rappelle Dan Flowers, qui espère en récolter les premiers bénéfices en juin.

« Ça nous remettra en selle », dit-il. Mais le tout est de tenir jusque-là. « Ce qui m’inquiète, ce sont les six à huit prochaines semaines ».

Confinement: Trump appelle à « libérer » des Etats gouvernés par des démocrates

Le président américain Donald Trump a semblé soutenir vendredi des manifestants qui protestent contre les consignes de confinement visant à lutter contre la propagation du coronavirus, en appelant à « libérer » trois Etats gouvernés par des démocrates.

En majuscules, et à une poignée de minutes d’intervalle, le milliardaire a écrit sur son compte aux près de 80 millions d’abonnés: « Libérez le Minnesota! », « Libérez le Michigan! » et « Libérez la Virginie ».

Pour ce dernier Etat, il a ajouté, en référence au droit des Américains à porter des armes: « Et sauvez votre formidable deuxième amendement. Il est assiégé! »

Ces trois Etats sont dirigés par des gouverneurs démocrates qui ont ordonné à leurs habitants de rester chez eux. La pandémie a fait plus de 30.000 morts aux Etats-Unis, qui recensaient vendredi près de 700.000 cas de coronavirus, selon l’université Johns Hopkins.

Le Michigan compte près de 2.000 morts, la Virginie 208 et le Minnesota 87 décès.

Dans ces Etats, des manifestants ont enfreint cette semaine l’ordre de rester chez eux pour protester contre le confinement et appeler leurs gouverneurs à rouvrir l’économie.

Dans le Minnesota, à St Paul, ils étaient justement plusieurs centaines vendredi rassemblés sous le mot d’ordre « Libérer le Minnesota » devant la résidence du gouverneur Tim Walz, d’après la presse locale.

A Lansing, capitale du Michigan, ils étaient environ 3.000 mercredi, parfois armés, à dénoncer la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer, certains portant des banderoles en faveur de Donald Trump.

Pressentie parmi les choix de colistières du candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden, la gouverneure a dit espérer que les tweets de Donald Trump n’allaient « pas encourager plus de manifestations ».

« Il y a beaucoup d’angoisse et je pense que la chose la plus importante que quelqu’un disposant d’une plateforme » comme Twitter puisse faire serait de l’utiliser « pour dire aux gens +Nous allons nous en sortir+ », a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse.

Le gouverneur de Virginie, Ralph Northam a lui affirmé qu’il n’avait « pas le temps de (s’)engager dans des guerres sur Twitter. « Mon équipe et moi sommes en train de mener une guerre biologique » contre le virus, a-t-il asséné devant les journalistes.

M. Northam a promulgué récemment plusieurs lois pour limiter les ventes d’armes et augmenter les contrôles sur les acheteurs (« background checks »), ce qui pourrait expliquer le tweet de Donald Trump.

Quant au dirigeant du Minnesota, Tim Walz, il a rétorqué que sa « première responsabilité » était de protéger la population. « Si je pensais que nous pouvions retourner travailler dès demain, c’est exactement ce que nous ferions ».

Le gouverneur démocrate de l’Etat de Washington, Jay Inslee, s’est indigné des tweets présidentiels car ils encouragent, selon lui, « des actes dangereux et illégaux ».

« Il met des millions de personnes en danger d’attraper le Covid-19. Ses tirades déséquilibrées et ses appels à +libérer+ des Etats pourraient aussi mener à des violences », a-t-il tweeté.

Selon un porte-parole de Twitter, ces tweets de Donad Trump sont trop « vagues et ambigus » pour que le réseau social puisse en « déduire une intention de nuire » et les effacer.

De nouvelles manifestations sont prévues samedi, notamment à Concord dans le New Hampshire, Annapolis dans le Maryland, Austin au Texas et dans le Colorado.

La pandémie galope en Afrique mais peut encore être contenue (OMS)

L’OMS s’est alarmée vendredi de la progression rapide de la pandémie de coronavirus en Afrique, tout en estimant qu’à ce stade elle pouvait encore être contenue.

« Au cours de la semaine écoulée, il y a eu une hausse de 51% du nombre de cas recensés sur mon propre continent, l’Afrique, et une hausse de 60% du nombre de décès recensés », a constaté le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Compte tenu de la difficulté d’obtenir des kits de diagnostic, il est probable que les nombres réels soient plus élevés », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Selon l’OMS, les pays d’Afrique ont besoin de soutien, de ressources, d’équipements, de transfert de technologies.

« Nous ne pensons pas aujourd’hui que la maladie a passé le stade de ne pouvoir être contenue. Nous pensons que beaucoup peut être fait pour limiter l’impact du virus. Et nous pensons que nous devons accélérer nos efforts alors que le nombre de cas augmente chaque jour », a estimé Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.

L’Afrique peut se prévaloir de « réelles capacités » pour y parvenir avec une « longue histoire de lutte contre les épidémies, un solide programme contre la polio », a-t-il souligné tout en reconnaissant des « contraintes », liées notamment à l’habitat, souvent dense et dans des conditions d’hygiène précaires ou d’accès l’eau limité.

« Nous ne voulons pas que vous perdiez espoir. Contenir (le virus] est possible. Ca va être un combat difficile. Le monde entier veut aider. Nous devons faire plus, nous devons permettre à plus de personnes de tester et d’identifier les cas, d’établir des centres de traitement, de nous assurer que nous puissions observer la distanciation physique, avoir des points d’eau pour se laver les mains là où il n’existe pas d’eau courante », a détaillé une autre responsable de la gestion de la pandémie à l’OMS, Maria Van Kerkhove.

Simultanément à Washington, la banque mondiale et le FMI ont indiqué qu’il manquait 44 milliards de dollars au continent pour lutter contre la pandémie.

Créanciers officiels et privés ont mobilisé ou pourraient mobiliser jusqu’à 70 milliards de dollars, mais l’Afrique a besoin de 114 milliards, selon ces institutions.

A Doha, des musiciens donnent des concerts depuis leurs balcons

Pour lutter contre le blues du nouveau coronavirus, des membres de l’Orchestre philharmonique du Qatar organisent des concerts depuis leurs balcons, faisant résonner l’opéra « Carmen » de Bizet jusque sur une île artificielle construite au large de Doha.

Habitués à jouer devant des salles pleines, les quatre musiciens ravissent depuis trois semaines chaque vendredi les oreilles d’un public plus clairsemé, des Qataris confinés chez eux qui se sont pressés aux fenêtres pour les applaudir.

Outre des airs d’opéra, ils interprètent aussi des chansons plus connues, comme « Can You Feel the Love Tonight » d’Elton John.

« Chacun joue un peu », raconte à l’AFP Nicole Pressler, flûtiste principale de l’Orchestre philharmonique du Qatar. Tout est « très spontané », précise-t-elle.

Une harpiste, une violoniste et un trompettiste — tous de proches voisins– alignent leurs notes avec elle pendant une trentaine de minutes.

Aussi loin que portent leurs instruments, les habitants de the Pearl (La Perle), une île artificielle aux résidences chics, applaudissent les musiciens.

Et parfois, les auditeurs se mettent à danser sur les balcons non loin.

« Cela nous rend heureux de jouer. Nous sommes des amis et des collègues séparés par la distance mais unis. Et l’orchestre me manque encore plus », confie Nicole Pressler.

Fondé en 2007, l’Orchestre philharmonique du Qatar a vu ses représentations annulées dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus. Les autorités qataries ont aussi fermé les bars, restaurants, cinémas et mosquées.

Mais rien ne peut empêcher la musique d’adoucir les moeurs, comme le prouve le concert des quatre musiciens.

« C’était bien, il n’y avait pas beaucoup d’écho et le public est de plus en plus nombreux », salue en fin connaisseur Kurt Meister, directeur de l’orchestre.

Le Qatar a dit avoir enregistré 4.663 cas de maladie Covid-19, dont sept décès.