Didier Raoult, le « pêcheur de microbes » à l’assaut du Covid-19

Spécialiste des maladies infectieuses, qui se dit « pêcheur de microbes » depuis plus de 30 ans à Marseille, le professeur Didier Raoult a défendu jeudi devant Emmanuel Macron son pari controversé de lutter contre le Covid-19 avec la chloroquine.

Derrière son apparence de druide fantasque, ce fils de médecin militaire né en 1952 à Dakar (Sénégal) est l’un des experts mondiaux des maladies infectieuses et tropicales, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, dans la deuxième ville de France.

Depuis le début de l’épidémie et des polémiques entourant la chloroquine, il s’amuse de ceux qui s’échinent à battre en brèche ses travaux. « De petits marquis parisiens », balaie d’un revers de main celui qui a préféré délaisser son fauteuil au sein du conseil scientifique Covid-19 chargé de conseiller le gouvernement.

Fin février, via une vidéo provocatrice, il annonce la « fin de partie » contre le nouveau coronavirus parti de Wuhan en Chine : associée à l’azithromycine, un antibiotique, l’hydroxychloroquine, un dérivé synthétique de la quinine prescrit depuis plusieurs décennies contre le paludisme, serait l’arme fatale pour inhiber le virus en quelques jours.

Trop facile pour être vrai ? Dans une de ses premières communications, Didier Raoult affirme que sur 24 patients traités à l’IHU Méditerranée Infection avec de l’hydroxychloroquine, 75% présentaient une charge virale négative au bout de six jours. Mais les critiques affluent, dénonçant le manque de rigueur dans ces études et le très faible nombre de patients concernés.

Pendant 48 heures, une vidéo virale l’accuse même de diffuser des fake news. Mais le professeur ne baisse pas la tête : « Elle a été vue 450.000 fois sur Facebook, ça m’a fait une publicité considérable, qu’ils continuent à dire des horreurs comme ça », se gaussait-il mi-mars.

– Collectionneur de virus –

L’intervention du président américain Donald Trump, le 19 mars, en soutien de ce traitement à la chloroquine, alimente définitivement la polémique. Même si la Food and Drug Administration (FDA), l’organisme fédéral qui supervise la commercialisation des médicaments aux Etats-Unis, tempère aussitôt l’enthousiasme présidentiel.

Et jeudi, c’est le président Emmanuel Macron, multipliant les consultations avant une prochaine allocution, qui est venu lui rendre visite dans son IHU, après avoir rencontré dans la matinée des chercheurs du Kremlin-Bicêtre.

Collectionneur de bactéries et de virus – il en a plus de 3.000 parmi les plus dangereux au monde – dans ses locaux de Marseille, au coeur de l’hôpital de la Timone, le Pr Didier Raoult s’était déjà fait remarquer par ses découvertes.

Spécialiste mondial des Rickettsies, ces bactéries intracellulaires à l’origine notamment du typhus, il a aussi décrypté le génome de la bactérie à l’origine de la maladie de Whipple, près d’un siècle après l’apparition de cette pathologie.

Dans ses laboratoires, il a multiplié les trouvailles. Comme Mimivirus, ce virus géant qu’il identifie en 1992 et baptise en l’honneur de « Mimi l’amibe », ce héros inventé par son père quand celui-ci lui racontait des histoires pour lui expliquer l’évolution. Puis c’est Spoutnik qu’il repère, grâce à Mimivirus : ce virus nain est exceptionnel car virophage, capable d’infecter un autre virus pour prospérer.

Avec ses équipes, il identifie des dizaines de nouvelles bactéries pathogènes, dont deux portent son nom aujourd’hui : Raoultella planticola et Rickettsia raoultii.

Pionnier de la paléomicrobiologie, Didier Raoult est d’abord un chercheur. Mais aussi un bâtisseur : c’est lui qui a proposé au ministre de la Santé Jean-François Mattei, au début des années 2000, de créer sept « infectiopôles », « des forteresses à la Vauban » contre les maladies infectieuses.

Dix ans plus tard, six IHU sont créés en France, chacun sur un thème différent : Imagine à Paris, sur les maladies génétiques ou Méditerranée Infection, à Marseille, qu’il dirige depuis 2011.

Arrivé à Marseille à l’âge de neuf ans avec ses parents, de retour d’Afrique, Didier Raoult est parti bourlinguer sur un navire de la marine marchande, à 18 ans. Il a passé son bac littéraire à 20 ans, en candidat libre, avant de faire médecine. Aujourd’hui marié à une psychiatre et père de deux enfants, il s’est fait un nom à force de travail et de prises de position tonitruantes, comme quand il a dénoncé l’interdiction du voile à l’université, en 2016. Ou quand il a exprimé ses doutes face au réchauffement climatique et à ces modèles mathématiques catastrophistes qui ne seraient qu’une forme moderne de « divination ».

Jacques Calvet, le patron médiatique qui a sauvé PSA de la faillite

Jacques Calvet, décédé jeudi à l’âge de 88 ans, a dirigé le constructeur automobile PSA (Peugeot, Citroën) durant 14 ans, sauvant le groupe de la faillite dans les annés 1980 au prix de dures restructurations qui ont forgé sa notoriété.

En 1985, Jacques Calvet, homme au caractère entier, réputé inflexible, est une star des médias. Arrivé à la tête de Peugeot et Citroën trois ans plus tôt, il a sauvé un pilier de l’industrie française que beaucoup pensaient condamnés, grâce à des voitures emblématiques.

Du côté de la marque au lion, la citadine 205 et bientôt la berline 405 sont des succès retentissants. Le logo aux chevrons renaît avec la BX.

Ce diplômé de l’ENA, où il a côtoyé Jacques Chirac, devenu son ami, et Michel Rocard qu’il tutoie, est alors l’un des patrons les plus médiatiques du pays. Il est un des rares hommes d’affaires à être invité sur les plateaux des grandes émissions télévisées. Il aura même droit à sa marionnette dans l’émission des Guignols de Canal Plus.

L’homme qui a commencé sa carrière comme auditeur à la Cour des comptes en 1957 puis, deux ans plus tard, au cabinet de Valéry Giscard d’Estaing, alors secrétaire d’État aux Finances, est aussi un haut fonctionnaire et un politique qui a bataillé contre la gauche au pouvoir en France à partir de 1981.

Directeur général, puis PDG de la banque BNP à partir de 1979, après avoir quitté l’administration au moment de l’élection de Giscard d’Estaing comme président de la République, il est évincé en février 1982 par la gauche qui nationalise l’établissement financier.

Il est appelé par la famille Peugeot et arrive à la tête du constructeur au moment où celui-ci traverse la plus grave crise de son histoire.

Son passage se résume simplement, souligne Jean-Louis Loubet, historien et spécialiste de l’automobile: en 1982, le groupe a 30,5 milliards de francs de dettes, lorsque Jacques Calvet le quitte en 1997, elles ont été divisés par près de dix et PSA s’est imposé comme l’un des grands acteurs du marché européen.

« Il réussit à restructurer avec une politique efficace avant tout financière », résume M. Loubet.

– Adversaire des socialistes –

La potion est amère, tant pour la famille Peugeot qui voit son contrôle dilué après trois augmentations de capital, que pour les salariés, dont il réduira le nombre de plus de moitié, au terme de fermetures de sites accompagnées de grèves dures.

Il échoue cependant à faire de PSA le numéro un en Europe et laisse filer chez Renault un projet du constructeur Matra qui donnera naissance à l’Espace, un modèle qui fera pendant de longues années le bonheur de la marque au losange.

L’homme ne fait pas l’unanimité. Il est vu comme quelqu’un d’intransigeant. Roland Peugeot, alors président du conseil de surveillance, le décrit comme n’étant « pas souple de nature ».

Dans le sauvetage de PSA, il affronte le gouvernement socialiste de l’époque. « Vous êtes mon plus dangereux adversaire », lui glisse le président François Mitterrand.

Il se heurte aussi aux syndicats, notamment pendant les grèves de 1989 pour des augmentations de salaires. La publication de sa rémunération par Le Canard Enchaîné en pleine paralysie des usines n’arrange pas les choses.

« C’est bizarre, ce besoin de toujours gouverner avec la haine », dira de lui Raymond Lévy, alors PDG de Renault.

Dans les années 1990, il se lance dans une croisade politique contre la monnaie unique européenne. En 1995, celui qui se revendique conservateur évoque même la possibilité de se présenter pour devenir président de la République. Souvent tenté par la politique, il n’aura finalement jamais franchi le pas, ce qu’il regrettera plus tard.

Son engagement politique, assorti de propos très clivants contre les technocrates de Bruxelles, auront tout de même poussé la famille Peugeot à prendre ses distances et à bloquer son accession au conseil de surveillance du groupe en 1997.

« L’homme a trois facettes, à défaut d’avoir eu trois carrières: haut fonctionnaire, patron et homme politique », résume M. Loubet.

Issu d’une famille intellectuelle parisienne et protestante -son père normalien enseignait la philosophie au lycée Henri IV-, Jacques Calvet a eu trois enfants avec son épouse Françoise.

Le difficile comptage des morts du coronavirus

Le comptage quotidien des victimes du Covid-19, dont le nombre officiel a dépassé les 100.000 morts, est un exercice délicat, le recueil des données en temps réel n’étant que parcellaire et les méthodes variables selon les pays.

Lieu du décès, façon d’identifier les causes de la mort, délais différents de remontée des informations: plusieurs éléments peuvent avoir de l’impact sur ces décomptes, forcément sous-évalués mais essentiels pour surveiller l’évolution de la pandémie.

Il s’agit d’un vrai « défi statistique », souligne ainsi l’institut français des études démographiques, l’Ined.

– Hôpitaux et maisons de retraite –

Si l’Espagne et la Corée du Sud comptabilisent tous les décès de personnes testées positives au Covid-19, que ce soit à l’hôpital ou en-dehors, ce n’est pas le cas de tous les pays. Les chiffres iraniens, par exemple, ne semblent inclure que des décès à l’hôpital.

Jusqu’à récemment, les décès en maison de retraite ne figuraient pas non plus dans les chiffres officiels français et britanniques. Ils sont pourtant loin d’être marginaux, puisqu’ils représentent aujourd’hui plus du tiers du bilan en France.

Aux Etats-Unis, les décès pris en compte varient d’un Etat à l’autre: l’Etat de New York inclut les maisons de retraite, la Californie non.

Même en Italie, qui affiche officiellement le bilan le plus lourd dans le monde (plus de 18.000 morts), les décès en maison de retraite ne sont pas tous recensés. Si un gros foyer épidémique est détecté dans un établissement, des tests sont réalisés et les décès comptabilisés, mais si un établissement est moins touché, il est vraisemblable que ce ne sera pas le cas, explique la Protection civile.

– Covid-19 ou une autre maladie ? –

Si certains pays, comme la Corée du Sud, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, incluent dans leurs chiffres toutes les personnes ayant été testées positives au coronavirus, même celles décédées des complications d’une maladie préexistante, d’autres pays sont plus sélectifs.

En Iran, sont exclus des bilans les patients testés positifs mais décédant d’une autre « maladie respiratoire grave ».

Aux Etats-Unis se multiplient des témoignages de personnes dont les proches sont morts, officiellement de pneumonie, avant que les tests ne soient disponibles ou à un moment où ils étaient difficiles à obtenir.

– Manque de tests et délais –

Pendant une épidémie, « la remontée et le traitement des informations, même accélérés, se font avec quelques jours de décalage et ne couvrent pas tous les décès. Il faut plusieurs semaines ou plusieurs mois pour pouvoir décompter précisément tous les morts », estiment Gilles Pison et France Meslé, démographes à l’Ined, sur le site The Conversation.

Aux Etats-Unis, même en l’absence de test, les certificats de décès doivent mentionner si le Covid-19 est la cause « probable » de la mort, mais ces certificats mettent du temps à remonter et ne peuvent être pris en compte pour les bilans en temps réel.

En Espagne, les registres d’état-civil et le nombre d’enterrements font apparaître une surmortalité bien supérieure à celle qui devrait découler du bilan officiel du Covid-19.

Par manque de tests, l’Espagne réalise très peu de dépistages post-mortem. Ainsi, si une personne n’a pas été dépistée avant de mourir, elle n’est pas comptabilisée par les autorités sanitaires. Les données judiciaires, moins restrictives, laissent entrevoir un bilan bien supérieur: par exemple, le tribunal supérieur de Castille-La Manche a enregistré en mars 1.921 actes de décès « dont la cause est due au Covid ou à une suspicion de Covid », soit près de trois fois plus que les 708 morts (positifs au Covid-19) recensés au 31 mars par les autorités sanitaires.

Autre illustration: à Bergame, en Lombardie, ont été recensés, au cours de la première quinzaine de mars, 108 morts de plus (+193%) qu’un an plus tôt… mais seulement 31 décès liés au Covid-19.

– Chine et Iran accusées de mentir –

Parfois, la sincérité même des chiffres publiés est remise en cause.

En Iran, les bilans officiels ont été contestés, notamment au début de l’épidémie, par des responsables provinciaux et des parlementaires. Même l’agence officielle Irna a parfois diffusé des chiffres plus élevés que ceux des autorités, bilans ensuite démentis par le gouvernement. A l’extérieur du pays, Washington, notamment, a reproché à Téhéran de maquiller ses chiffres.

Concernant la Chine, berceau de l’épidémie, un rapport confidentiel des renseignements américains, cité par l’agence Bloomberg, a accusé Pékin d’avoir intentionnellement sous-évalué son bilan. Ses chiffres ont également été mis en doute par plusieurs responsables iraniens, mais le porte-parole du ministère de la Santé a été contraint à corriger ses propos après avoir qualifié le bilan chinois de « plaisanterie de mauvais goût ».

burs-jah/ber/cds/mm

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 107.000 morts dans le monde.

– Etats-Unis: pays le plus touché –

Les Etats-Unis, qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus fin février, sont le pays le plus touché tant en nombre de décès que de cas recensés (527.111). Ils ont franchi le cap des 20.000 morts samedi, selon un bilan de l’université Johns Hopkins.

– Plus de 107.000 morts dans le monde –

La pandémie a fait au moins 107.064 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles samedi à 19H00 GMT.

Plus de 1.745.290 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 193 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.

Après les Etats-Unis (20.506), les pays les plus touchés sont l’Italie avec 19.468 morts, l’Espagne (16.353 morts), la France (13.832 morts) et le Royaume-Uni (9.875 morts).

– Discriminations –

Les Etats-Unis ont vivement dénoncé la « xénophobie des autorités chinoises à l’égard des Africains », qui se disent victimes de discriminations dans la ville de Canton (sud) après plusieurs cas positifs dans la communauté nigériane.

L’Union africaine a fait part à la Chine de son « extrême préoccupation », appelant à « des mesures rectificatives immédiates ».

– « Nouveau front » –

En Afrique, où près de 13.000 cas et environ 700 morts ont été enregistrés selon les chiffres officiels, « le virus se répand au-delà des grandes villes », selon la cheffe de l’Organisation mondiale de la Santé pour le continent.

– Iran: reprise progressive de l’activité –

Les autorités iraniennes ont décidé d’autoriser la reprise, à compter de samedi, des activités économiques « à faible risque » afin d’empêcher son économie de sombrer totalement.

La mesure, critiquée par des experts médicaux et même certains membres du gouvernement, s’applique à toutes les provinces à l’exception de celle de Téhéran, où elle doit entrer en vigueur à compter du 18 avril.

– Mesures anti-coronavirus –

Le gouvernement argentin a prolongé de deux semaines, jusqu’au 26 avril, le confinement obligatoire dans les grandes villes, tout en envisageant de l’assouplir dans les zones rurales.

Les autorités du Niger ont rendu le port du masque obligatoire à Niamey, capitale de l’un des pays les plus pauvres du monde.

Les contacts des personnes âgées avec leur environnement en Europe vont devoir rester limités jusqu’au moins à la fin de l’année en raison de l’épidémie de coronavirus « sans vaccin », a mis en garde la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

– Violation du confinement –

Quelque 200 fidèles ont participé à une cérémonie du Vendredi Saint dans les Pouilles (sud-est), au mépris des règles de confinement en Italie, provoquant une onde d’indignation et les excuses contrites du maire.

– Egypte: heurts lors d’un enterrement –

Douze villageois ont été arrêtés lors de heurts avec la police dans un village du nord-est de l’Egypte, où la population a refusé l’inhumation d’une femme morte du nouveau coronavirus, par crainte d’être contaminés.

La défunte a finalement été inhumée après l’intervention des forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes.

– Economie –

En France, le recours au chômage partiel a été demandé par 700.000 entreprises et associations pour un nombre record de 8 millions de salariés, soit 3 millions de plus en une semaine.

La Chambre des Communes canadienne a adopté samedi un programme de subvention des salaires, présenté comme la plus vaste mesure économique dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale, pour aider les entreprises et leurs employés à traverser la crise provoquée par le coronavirus.

Le gouvernement britannique a annoncé dimanche donner 200 millions de livres (227,6 millions d’euros) supplémentaires aux pays en développement pour combattre la pandémie de nouveau coronavirus, afin de « d’éviter qu’une deuxième vague mortelle ne touche le Royaume-Uni ».

– « Pas une guerre » –

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a pris le contre-pied du chef de l’Etat français Emmanuel Macron, assurant que la pandémie de Covid-19 « n’est pas une guerre » mais constitue un « test de notre humanité ».

– Pâques –

C’est devant télévisions, tablettes et ordinateurs que catholiques et protestants célèbrent ce week-end de Pâques, leur plus importante fête, la pandémie de coronavirus ayant conduit à l’annulation des processions et messes traditionnelles dans une grande partie du monde.

« L’obscurité et la mort n’ont pas le dernier mot », a assuré le pape François dans une homélie samedi soir, à la veille de Pâques, en soulignant que cette fête constituait « une annonce d’espérance ».

– Enquête –

Au Canada, une enquête policière a été ouverte concernant une résidence pour personnes âgées de la banlieue de Montréal où 31 personnes sont décédées depuis le 13 mars, a annoncé samedi le Premier ministre québécois François Legault, en jugeant la situation « épouvantable ».

– Report –

Le tournoi WTA de Montréal, initialement programmé entre le 10 et 16 août, a été reporté à 2021, ont annoncé samedi les responsables du circuit féminin de tennis.

burs-acm/elm/roc

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19.

– Plus de 112.000 morts dans le monde –

La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 112.510 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 19H00 GMT.

Plus de 1.824.950 cas d’infection ont été diagnostiqués dans 193 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.

Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts qu’en nombre de cas, avec 21.489 décès pour 546.874 cas.

Après les Etats-Unis, les pays les plus touchés sont l’Italie avec 19.899 morts, l’Espagne (16.972), la France (14.393 morts) et le Royaume-Uni (10.612).

– Italie: un dimanche de Pâques moins meurtrier –

L’Italie a annoncé sa journée la moins meurtrière depuis plus de trois semaines, avec 431 décès dans les dernières 24 heures. Jamais depuis le 19 mars, le pays n’avait déploré moins de 500 morts en une journée.

« La baisse de la pression sur nos structures hospitalières se poursuit », s’est félicité le patron de la protection civile, Angelo Borrelli.

– « Tout aurait pu basculer »-

Après une semaine d’hospitalisation –dont plusieurs jours en soins intensifs–, le Premier ministre britannique Boris Johnson est sorti dimanche de l’hôpital.

Désormais en convalescence, il a remercié les soignants qui lui ont « sauvé la vie » et notamment les infirmiers présents à ses côtés pendant les 48 heures où « tout aurait pu basculer ».

– « Contagion de l’espérance » –

Le pape François a proposé dans son message de Pâques « de réduire » voire « d’annuler » la dette des pays pauvres et appelé à un allègement des sanctions internationales et à « un cessez-le-feu mondial et immédiat ». Il a aussi souhaité que l’Europe retrouve « un esprit concret de solidarité ».

Dans un monde « opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine », il a appelé à répondre par « la contagion de l’espérance », dans ce message prononcé à l’intérieur d’une basilique Saint-Pierre désespérément vide.

A Jérusalem, un court chapelet de religieux a célébré le plus important moment liturgique de la tradition chrétienne dans le Saint-Sépulcre, fermé au public pour la première fois en plus d’un siècle lors d’un dimanche pascal.

– Etats-Unis: réouverture graduelle possible en mai –

L’expert en chef du gouvernement américain, le docteur Anthony Fauc, a estimé qu’une réouverture graduelle et localisée des activités économiques aux Etats-Unis pourrait intervenir en mai, tout en restant très prudent.

– Risque de récession historique –

L’Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Pakistan, Afghanistan …) risque de subir cette année sa pire performance économique en 40 ans, ce qui va nuire aux efforts de lutte contre la pauvreté dans la zone, a estimé la Banque mondiale.

– Retour du Charles-de-Gaulle –

L’armée française a entamé une opération inédite de débarquement et de placement en isolement sanitaire de 1.900 marins, après l’accostage à Toulon du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, de retour anticipé pour cause de coronavirus à bord.

– Baisse de la production de pétrole –

L’Opep et ses partenaires ont convenu de la « plus grande baisse de production de l’histoire », dans l’espoir de faire remonter les prix du pétrole en pleine pandémie et malgré les tensions entre Moscou et Ryad.

– Démission du ministre de l’Intérieur –

Le ministre turc de l’Intérieur a présenté sa démission au lendemain de l’annonce abrupte du confinement qui a poussé des foules de Turcs paniqués dans les commerces pour faire des provisions.

– 500 fois « pardon » –

La police indienne a sanctionné dix touristes étrangers, contraints d’écrire 500 fois « je suis désolé » pour avoir violé le confinement dans une ville du nord du pays.

burs-acm/mw/mig

Coronavirus : plus de 10.000 malades en Iran, qui exhorte le FMI à l’aider

L’Iran en a appelé jeudi à la responsabilité du Fonds monétaire international, à qui, de manière très exceptionnelle, Téhéran dit avoir demandé de l’aide face au Covid-19 qui touche désormais officiellement plus de 10.000 personnes dans le pays.

« Notre banque centrale a demandé un accès immédiat » à l’instrument de financement rapide (IFR) du FMI, a déclaré le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

M. Zarif, a fait référence à la promesse faite début mars par la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, d’utiliser « autant que possible […] les financements d’urgence » du Fonds pour aider les pays membres « à faire face aux tragédies humaines et aux difficultés économiques causées » par l’épidémie mondiale de nouveau coronavirus partie de Chine.

Téhéran n’a plus reçu d’aide du FMI depuis un crédit dont l’Iran a bénéficié entre 1960 et 1962, soit avant la fondation de la République islamique en 1979.

Avec 75 nouveaux décès annoncés jeudi et un bilan officiel de 429 personnes tuées par la maladie Covid-19, l’Iran est l’un des pays les plus touchés par cette pneumonie virale, après la Chine et l’Italie.

« Au cours des dernières 24 heures, 1.075 personnes ont été infectées » par le virus, ce qui porte « le nombre total des infections à 10.075 », a annoncé jeudi le ministère de la Santé.

Dans un message publié sur son compte Instagram et repris par l’agence officielle Irna, le gouverneur de la banque centrale iranienne, Abdolnasser Hemmati, affirme avoir demandé formellement, par lettre, le 6 mars, un accès à l’IFR.

– « 5 milliards de dollars » –

« Compte tenu de la prévalence généralisée du coronavirus dans notre pays et de la nécessité de continuer à prendre des mesures fortes afin de prévenir et guérir (cette maladie) et pour faire face à ses impacts économiques », l’Iran demande au FMI une aide d' »environ 5 milliards de dollars » au FMI, écrit M. Hemmati.

Selon le site internet du Fonds, l’IFR « offre une assistance financière rapide à tous les pays membres qui (en) ont un besoin urgent ».

M. Hemmati n’a pas publié la copie de la lettre qu’il dit avoir adressée au Fonds.

Les différents prêts que peut accorder le FMI doivent être approuvés par le Conseil d’administration de l’institution, où, dans la pratique, aucune décision ne peut être prise contre la volonté des Etats-Unis.

Ceux-ci mènent actuellement une politique de « pression maximale » destinée à assécher les finances de l’Etat iranien, et le président américain Donald Trump n’a jusqu’à présent montré aucune volonté de l’infléchir.

Sur Twitter, M. Zarif a exhorté « le Conseil d’administration du FMI [à] coller au mandat du Fonds, être du bon côté de l’histoire et agir de façon responsable ».

– « Grandes pénuries » –

M. Zarif, qui dénonce régulièrement les sanctions économiques américaines visant son pays comme du « terrorisme économique » a accusé ces derniers jours Washington de se livrer à du « terrorisme médical » contre le peuple iranien.

La mission iranienne au siège des Nations unies à New York a diffusé jeudi une lettre de M. Zarif au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans laquelle le ministre iranien dénonce la « punition collective » imposée par les Etats-Unis à son pays par le biais des sanctions qui « sapent [les] efforts pour combattre l’épidémie de Covid-19 en Iran ».

Washington a annoncé en 2018 le rétablissement de lourdes sanctions économiques contre Téhéran à la suite du retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre la République islamique et la communauté internationale.

Sur le papier, les médicaments et les équipements médicaux échappent aux sanctions de Washington mais, en réalité, ceux-ci sont soumis au blocus américain, les banques internationales préférant généralement refuser une transaction impliquant l’Iran plutôt que de courir le risque de s’exposer à des représailles aux Etats-Unis.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé mercredi que l’Iran faisait « de son mieux » pour contenir l’épidémie de Covid-19 mais que le pays manquait cruellement d’équipements. « Nous essayons de mobiliser davantage de soutien pour l’Iran », a ajouté l’agence onusienne.

« Le personnel soignant iranien se bat courageusement en première ligne contre le Covid-19 », mais « leurs efforts sont contrecarrés par de grandes pénuries causées par les restrictions sur l’accès aux médicaments [et] équipements [médicaux] imposés à notre peuple, a renchéri M. Zarif sur Twitter en déroulant une liste de « besoins urgents » de son pays.

Coronavirus: la contagion se mondialise dans le sport

La vague d’annulations et de reports d’événements sportifs a continué de se propager dans le monde entier jeudi en même temps que la pandémie de coronavirus: le basket en NBA et en Europe ainsi que le circuit de tennis ont été mis à l’arrêt et toutes les grandes compétitions sont désormais en suspens, y compris l’Euro de football.

L’UEFA a convoqué pour mardi une visioconférence avec les fédérations européennes pour décider de sa tenue et de la poursuite ou non de la Ligue des champions. L’Euro est censé débuter dans trois mois jour pour jour (12 juin-12 juillet) dans un format exceptionnel qui pose d’autant plus de questions. Il mobilise douze pays et le match d’ouverture Italie-Turquie est prévu à Rome, capitale du pays le plus touché d’Europe par le Covid-19 avec 827 morts sur près de 12.500 cas recensés.

Déjà frappé de plein fouet, le football européen a encore enregistré des nouvelles inquiétantes jeudi: la contamination de deux joueurs de Serie A italienne, Daniele Rugani, de la Juventus Turin, et Manolo Gabbiadini de la Sampdoria de Gênes. La Juve s’est placée en quarantaine, y compris Cristiano Ronaldo, qui est en isolement depuis plusieurs jours sur son île natale de Madère mais ne présente aucun symptôme de la maladie. L’Inter Milan a fait de même.

En Espagne, un cas a été détecté chez un basketteur du Real Madrid, provoquant la mise en quarantaine de l’équipe mais aussi celle des footballeurs qui utilisent les mêmes infrastructures.

– Rudy Gobert et la NBA touchés –

Aux États-Unis, la NBA a été suspendue mercredi « jusqu’à nouvel ordre » après l’annonce d’un premier cas de contamination dans l’équipe du Utah Jazz, juste avant le coup d’envoi de son match à Oklahoma City. Le joueur concerné est l’une des stars du basket français, Rudy Gobert. Un point d’interrogation est placé sur la fin de la saison régulière qui devait se poursuivre jusqu’au 15 avril avant le début des play-offs. Jeudi, la Fiba et l’Euroligue ont emboîté le pas à la grande ligue américaine en arrêtant toutes les compétitions européennes de clubs.

En tennis, ce sont d’abord les autorités locales qui ont pris les devants en annulant le tournoi de Miami, l’un des plus prestigieux de l’année après les Grands Chelems, chez les femmes comme chez les hommes. Peu de temps après, l’ATP a annoncé que l’ensemble des compétitions étaient stoppées pendant six semaines.

En Formule 1, le lancement de la saison est toujours prévu ce week-end à Melbourne, en Australie, mais l’écurie McLaren s’est retirée après qu’un membre de l’équipe britannique a été testé positif au Covid-19.

Au-delà, c’est l’ensemble des disciplines sportives qui voient leurs calendriers bouleversés par le coronavirus.

En football, le cas de Rugani risque de compliquer encore un peu plus l’organisation du huitième de finale retour de la Ligue des champions entre la Juve et Lyon, prévu normalement mardi prochain et déjà annoncé à huis clos.

Quatre équipes ont pour l’instant pu rallier les quarts de finale de la C1, le Paris SG et l’Atalanta Bergame – après des matches retour joués à huis clos – et l’Atletico Madrid et Leipzig, eux dans des conditions normales. Mais l’incertitude plane également sur le huitième de finale retour entre Barcelone et Naples programmé mercredi prochain, l’Espagne ayant interdit les liaisons aériennes directes avec l’Italie jusqu’au 25 mars.

Après avoir mis un terme prématuré à la saison dames mercredi soir, le ski mondial a annulé jeudi matin les deux dernières courses masculines (géant et slalom), qui devaient se courir à Kranjska Gora, en Slovénie mais à proximité de l’Italie, ce week-end. Un couperet qui offre le gros globe de cristal au Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, aux dépens du Français Alexis Pinturault.

– La flamme allumée quand même –

Les Championnats du monde de patinage artistique, prévus à partir de mercredi prochain à Montréal, au Canada, n’ont pas non plus résisté. Pas plus que l’Euroligue de basket, messieurs comme dames, ainsi que les compétitions européennes de niveau inférieur, toutes suspendues jeudi matin.

Pendant ce temps-là, sur le site antique grec d’Olympie recouvert de pâquerettes et autres fleurs printanières, sous un ciel sans nuage et le chant des oiseaux, la flamme olympique a été allumée, certes sans spectateurs, mais comme si de rien n’était ou presque, à un peu plus de quatre mois des JO-2020, dont la cérémonie d’ouverture est prévue le 24 juillet à Tokyo. Seule une centaine d’invités a été réunie.

Alors que les interrogations sur leur tenue se multiplient, « une annulation est impensable », a estimé la gouverneure de la capitale japonaise Yuriko Koike jeudi, au lendemain du passage au stade de pandémie annoncé par l’Organisation mondiale de la santé.

Rare rescapée, la course Paris-Nice, elle, se poursuit sur les routes de France, jusqu’à dimanche. Seule précaution visible, des zones de départ et d’arrivées dont les spectateurs sont tenus éloignés.

« Ne paniquez pas »: l’appel d’une Américaine rétablie du coronavirus

Elizabeth Schneider, une Américaine de 37 ans qui s’est remise de son infection au nouveau coronavirus en se soignant chez elle, veut partager ce message: ne paniquez pas, mais pensez aux personnes à risque et restez à la maison si vous vous sentez malade.

Elle vit dans l’Etat de Washington, épicentre américain du virus comptant plus de 260 cas et au moins deux douzaines de décès, le plus lourd bilan enregistré aux Etats-Unis.

La femme détentrice d’un doctorat en bio-ingénierie a envie de « donner un peu d’espoir aux gens » avec l’histoire de son infection relativement bénigne, probablement typique de la grande majorité des cas.

« Evidemment, il ne faut pas être trop nonchalants, car il y a beaucoup de personnes âgées ou qui ont des problèmes de santé qui restent vulnérables », tempère-t-elle. « Nous devons être extrêmement vigilants et penser à nous isoler des autres ».

Cette semaine, les autorités sanitaires américaines ont déclaré, citant des données chinoises, que 80% des cas de la maladie étaient bénins, alors que les cas graves nécessitant une hospitalisation affectaient principalement les personnes de plus de 60 ans et celles souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires.

– Jour de fête –

Mme Schneider a commencé à ressentir des symptômes s’apparentant à ceux d’une grippe le 25 février, trois jours après être allée à une fête qui a ensuite été identifiée comme le lieu d’infection d’au moins cinq autres personnes.

« Je me suis réveillée fatiguée, mais ce n’était rien de plus que ce que je ressens habituellement le matin quand je dois aller travailler », raconte-t-elle à l’AFP.

À midi, elle éprouve cependant un mal de tête, de la fièvre et des courbatures. Elle décide de quitter le bureau de l’entreprise de biotechnologie où elle travaille comme gestionnaire du marketing et rentre chez elle. Elle constate plus tard souffrir d’une fièvre élevée.

« À ce moment-là, j’ai commencé à trembler de façon incontrôlable, et j’ai senti des picotements dans mes extrémités… c’était un peu inquiétant ».

Elle se tourne vers les médicaments contre la grippe en vente libre pour traiter ses symptômes. La fièvre diminue au fil des jours.

« Je pensais que je n’avais certainement pas le coronavirus », assure Mme Schneider, qui n’a jamais éprouvé la toux ou les essoufflements associés à la maladie.

– « Curiosité scientifique » –

Quelques jours plus tard, elle découvre cependant sur la page Facebook d’un ami que plusieurs invités qu’elle avait côtoyés à la fête avaient développé des symptômes similaires.

Plusieurs de ces personnes s’étaient vu refuser le test pour le coronavirus, car elles ne présentaient pas de problèmes respiratoires.

Supposant qu’elle n’aurait pas non plus accès au test, elle décide de s’inscrire au Seattle Flu Study, un programme de recherche sur la grippe qui lui envoie un kit d’échantillonnage nasal à renvoyer par la poste.

« J’ai finalement reçu un appel me disant que j’avais le Covid-19 ».

Sa mère pleure en apprenant ce diagnostic, mais Mme Schneider reste positive.

« Je n’aurais probablement pas ressenti ça si j’avais été gravement malade », avoue-t-elle, « mais du point de vue de la curiosité scientifique, j’ai trouvé que c’était très intéressant ».

Au moment d’être diagnostiquée, ses symptômes avaient déjà disparu, mais les autorités sanitaires locales lui demandent de rester à la maison encore 72 heures.

Cela fait maintenant une semaine qu’elle se sent mieux. Elle a recommencé à faire ses courses, mais évite les grands rassemblements et continue de travailler depuis son domicile.

« Si vous pensez que vous l’avez, vous devriez vous faire tester », conseille l’Américaine.

« Et si vos symptômes ne mettent pas votre vie en danger, restez simplement chez vous, prenez des médicaments en vente libre, buvez beaucoup d’eau, et regardez les émissions que vous voulez voir ».

Donald Trump sème la confusion

Donald Trump voulait rassurer, fixer un cap, démontrer sa capacité à diriger. Il a échoué.

Messages contradictoires, approximations, vantardises, contre-vérités: depuis plusieurs semaines, le président des Etats-Unis sème la confusion sur le coronavirus. Sa prise de parole, mercredi soir depuis le Bureau ovale, n’a fait qu’alimenter un peu plus les inquiétudes, des investisseurs comme des autres.

Lors d’une allocution décousue de dix minutes, oscillant entre la reconnaissance de la gravité de la crise et sa volonté d’en minimiser la portée, le dirigeant de la première puissance mondiale a mis en avant des initiatives économiques inabouties. Et annoncé, avec plusieurs erreurs qui ont du être rectifiées par ses équipes a posteriori, des restrictions de voyage.

Le principale mesure, la fermeture pour 30 jours des frontières des Etats-Unis à tous les voyageurs en provenance d’Europe (à l’exception des Américains), a suscité de vives interrogations sur son efficacité face une pandémie qui a fait plus de 4.600 morts à travers le monde et affolé les marchés financiers.

Les critiques sont venues de ses adversaires démocrates, mais aussi de la communauté scientifique et même de son propre camp.

Thomas Bossert, son ancien conseiller à la sécurité intérieure, n’a pas caché ses réserves. « Dans deux semaines, nous regretterons d’avoir perdu du temps et de l’énergie sur ses restrictions de voyage », a-t-il tweeté, estimant qu’il aurait été infiniment préférable de se concentrer sur la « préparation des hôpitaux » et des communautés particulièrement touchées.

Le Royaume-Uni, épargné par la décision présidentielle, a également critiqué la mesure visant les ressortissants de l’espace Schengen. « Nous ne pensons pas que c’est ce qu’il faut faire », a lâché, laconique, le ministre britannique des Finances Rishi Sunak sur la BBC.

– « Dangereusement court-termiste » –

« +L’Amérique d’abord+ est une réponse dangereusement court-termiste face à une crise mondiale de cette ampleur », a réagi Iann Bremmer, fondateur du think tank Eurasia Group.

Au-delà de ses décisions, le choix des mots a aussi fait grincer des dents. Dès le début de son allocution, Donald Trump a parlé, à dessein, du « virus étranger ».

Or ce président qui, en, campagne, stigmatisait les Mexicains « violeurs », n’en est pas, loin s’en faut, à son coup d’essai sur ce thème.

« Construction en cours. Nous avons plus que jamais besoin d’un mur! », tweetait-il 10 mars en réponse à un autre tweet mettant en garde contre la propagation du « virus de Chine »

Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, le discours de mercredi soir était d’abord remarquable par sa « xénophobie ».

L’appel au rassemblement formulé par l’ancien homme d’affaires de New York n’aura par ailleurs duré que quelques heures. « Nous avons un ennemi commun, l’ennemi du monde, c’est le coronavirus », tweetait-il mercredi, appelant les médias, qu’il attaque sans relâche, à l’unité.

Dès jeudi matin, il replongeait dans son exercice favori: citer sur Twitter des présentateurs de sa chaine préférée, Fox News, critiquant ses adversaires, en l’occurrence Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants.

– « Virus et leadership » –

Quelques heures avant l’allocution présidentielle, Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses et figure emblématique de la recherche aux Etats-Unis, avait, devant le Congrès, fait une série de mises en point.

Ses réponses précises, simples, directes – « basées sur la science », a-t-il insisté – ont sonné comme autant de rectifications aux approximations présidentielles sur le virus qui fait trembler la planète.

Interrogé en particulier sur les affirmations du tempétueux locataire de la Maison Blanche selon lesquelles l’arrivé du printemps signerait probablement la fin du virus, il a remis les choses calmement en perspective.

« Nous ne savons pas ce que ce virus va faire », a-t-il martelé. « Nous espérerons qu’avec un temps plus chaud il ira en diminuant. Mais nous ne pouvons travailler sur la base de cette hypothèse. Nous nous devons de prendre comme hypothèse de travail que cela va devenir de pire en pire ».

Dans un éditorial intitulé « Virus et leadership », le Wall Street Journal, peu suspect d’anti-trumpisme primaire, s’inquiétait lui de l’incapacité du milliardaire républicain à relever le défi de cette crise sanitaire mondiale.

« Lorsque le président Trump identifie une menace, son instinct est de la nier, de s’arc-bouter et de riposter. Cela souvent été efficace politiquement, mais dans le cas du nouveau coronavirus, cela a nui à sa capacité à diriger ».

Inquiets après l’annonce de Trump, des touristes américains veulent rentrer d’Europe

Fin de vacances dans la confusion: de nombreux touristes américains qui craignent d’être bloqués en Europe se sont précipités jeudi dans plusieurs aéroports européens pour rentrer au pays, après l’annonce surprise de Donald Trump d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux Européens pour endiguer le coronavirus.

« C’est confirmé, on a des sièges ? », s’enquiert à Roissy auprès de sa mère Kate Mendhan, une Américaine de 22 ans venue passer une semaine de vacances à Paris pendant le « spring break ». Cette étudiante en droit devait initialement regagner Minneapolis dimanche, mais elle a avancé son départ à vendredi matin.

Aux yeux de Carole Mendhan, la mère de Kate, « si Donald Trump fait ça, c’est juste pour être réélu » en 2020. « C’est politique, c’est tout », dit-elle à l’AFP, dépitée de raccourcir son voyage sans avoir eu le temps de « voir Versailles ».

En cause: l’annonce surprise de Donald Trump d’une suspension pour trente jours de l’entrée aux Etats-Unis des voyageurs ayant récemment séjourné en Europe, afin d’endiguer la pandémie de coronavirus que le président américain a qualifié de « virus étranger ».

La mesure entrera en vigueur vendredi à minuit heure de Washington (04H00 GMT samedi).

Elle s’appliquera à toute personne ayant séjourné dans l’espace Schengen au cours des 14 jours précédant leur arrivée prévue aux Etats-Unis, mais fait une exception pour les Américains et les résidents permanents.

Cela a pourtant semé la confusion parmi les touristes américains, dont des dizaines ont afflué quelques heures après l’annonce dans plusieurs aéroports européens.

« C’est un peu décevant. Il y a plusieurs personnes ici pour qui c’est la première visite à Paris, ça va être triste », déplore ainsi Michelle, touriste originaire de Salt Lake City, qui devait séjourner à Paris et Londres.

– « Repartir tout de suite » –

A l’aéroport londonien d’Heathrow, de longues files d’attente s’étaient formées devant les comptoirs des compagnies American Airlines, Virgin et Delta – qui ont toutes plusieurs vols par jour en direction de villes américaines.

« On vient de sortir de l’avion et on va repartir tout de suite, c’est pas croyable ! », lance Tiara Streng, 29 ans, originaire du Colorado, qui fait la queue pour réserver un vol avec trois amis. « C’est vraiment ridicule », peste-t-elle à propos de l’annonce de Trump.

Son groupe d’amis a voyagé depuis le Colorado dans la nuit pour un séjour de dix jours en Europe, notamment une excursion en Irlande à l’occasion de la Saint Patrick et qui a été annulée.

« On a reçu tous ces messages seulement lorsqu’on a atterri… », témoigne une autre touriste, Brooke Ward, 32 ans. « On s’est demandés si on devait rester. Evidemment, on n’a aucune envie de repartir, mais on s’est dit que c’était préférable… ».

Son compagnon de voyage Deepi, 28 ans, ajoute: « notre famille, British airways, en fait tout le monde nous a conseillé de rentrer; ils disent que c’est mieux », soulignant qu’il craignait aussi que les Etats-Unis « annoncent demain qu’il faut qu’on rentre tous à la maison ».

– « Le plus vite possible » –

« Nos employeurs nous ont déjà dit que l’on devrait être en quarantaine en rentrant », confie Streng, qui voyage avec ses amis Brooke et Deepi. Ils travaillent tous les trois dans un hôpital.

Ils espèrent que la compagnie British Airways échangera leurs billets sans frais.

A l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, des passagers tentaient aussi jeudi de trouver un vol pour les Etats-Unis – certains portant des masques -, faisant notamment la queue devant le comptoir de la compagnie néerlandaise KLM.

« Je devais aller voir ma famille à New York lundi, mais maintenant, je ne sais pas ce que je vais faire… », lâche Morena, 30 ans, qui vit à Rotterdam.

De son côté, Tristan Jensen, 20 ans, originaire de Detroit, explique qu’il essaie de « rentrer chez lui « le plus vite possible ». « Nous devions rester (aux Pays-Bas, NDLR) jusque dimanche, mais il nous faut rentrer ».

A Roissy Charles-de-Gaulle, la fréquentation a déjà chuté à environ 100.000 passagers contre 200.000 à 260.000 habituellement, selon une source aéroportuaire. L’annonce de Trump impacte en particulier quatre compagnies aériennes: Delta, American Airlines, Air France et Norwegian, a précisé cette source.

Plus de 20.000 personnes ont été contaminées par le coronavirus en Europe, et 930 en sont mortes, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mercredi à 17H00 GMT.

Les Etats-Unis sont aussi touchés avec plus de 900 cas recensés et au moins 28 morts.

Des touristes français, qui devaient se rendre prochainement aux Etats-Unis, se renseignaient aussi à Roissy, décontenancés. « On avait prévu de partir sur New York et voilà (…) On va se renseigner là pour avoir plus d’informations », lance Didier, touriste français, dont le fils étudie à New York.

« Le monde ne va pas s’arrêter de tourner à cause d’une maladie », soupire de son côté à Roissy Melvin Taylor, guitariste de blues renommé qui se produit régulièrement en Europe. Assis face à un tableau d’affichage des vols, guitare à ses pieds, il attend des amis de Chicago. Lui-même a prévu de rester en France jusqu’au 29 mars.

« On ne va pas changer nos plans », assure-t-il, estimant que Donald Trump fait « semblant d’agir » mais qu’il n’a pas de réelle stratégie. Un de ses amis, également musicien, ironise: « Qu’est ce qui peut se passer ? Rester en France ? C’est bien la pire chose qui puisse nous arriver ! ».

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