Afghanistan: Washington « s’oppose fermement » à un « gouvernement parallèle »

Les Etats-Unis ont déclaré lundi « s’opposer fermement » à la formation d’un « gouvernement parallèle » en Afghanistan, où le chef de l’Etat officiellement réélu et son principal adversaire ont tous deux prêté serment comme président.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a toutefois salué les déclarations des deux rivaux, le président Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, en faveur du processus de paix. « Les Etats-Unis travaillent à la conclusion d’un accord entre les deux parties », a-t-il dit dans un communiqué.

« Il est capital pour l’avenir du pays et particulièrement pour la paix de faire de la formation d’un gouvernement inclusif et d’un Afghanistan uni une priorité », a-t-il ajouté.

« Nous nous opposons fermement à tout acte visant à former un gouvernement parallèle », a insisté le secrétaire d’Etat américain, sans nommer directement Abdullah Abdullah, qui a officiellement perdu la présidentielle afghane de septembre mais revendique la victoire.

Les Etats-Unis ont signé le 29 février à Doha un accord historique avec les talibans, qui prévoit un retrait des forces américaines et étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange de garanties des insurgés en matière de lutte antiterroriste et du lancement de négociations directes sans précédent entre le gouvernement afghan et les rebelles.

Mais si les soldats américains ont bien annoncé lundi avoir entamé la première phase de leur retrait graduel et conditionnel, la double cérémonie d’investiture de lundi à Kaboul a plongé le pays dans une crise institutionnelle qui se dresse comme un nouvel obstacle aux négociations de paix dont le début, prévu pour mardi, sera sans doute reporté.

En raison de ces rivalités Ghani-Abdullah, en effet, Kaboul n’a pas encore mis en place une équipe de négociateurs à dépêcher à ces pourparlers.

En outre, le président Ghani s’était opposé, ces derniers jours, à une des clauses négociées entre les Américains et les talibans, en l’absence du gouvernement afghan tenu jusqu’ici à l’écart: la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers insurgés en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes.

Mike Pompeo a « salué » lundi certaines déclarations apaisantes du chef de l’Etat afghan, à savoir que les négociations continueraient « au cours des deux prochaines semaines pour parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif » et qu’un décret statuerait mardi sur la libération de prisonniers talibans et la formation d’une équipe nationale pour les négociations interafghanes.

Il a également « accueilli avec satisfaction » des déclarations d’Abdullah Abdullah en faveur « de la paix ».

Aucune nouvelle date n’a toutefois été annoncée pour le début des négociations.

La menace du coronavirus se rapproche de la Maison Blanche

L’un vient de voyager à bord de l’avion de Donald Trump, l’autre l’avait accompagné lors d’une visite officielle avant le week-end: au moins deux élus proches du président américain étaient en quarantaine volontaire lundi après avoir été exposés au coronavirus, rapprochant d’un coup la menace de la Maison Blanche.

Un troisième élu en quarantaine volontaire, le sénateur Ted Cruz, aurait aussi rencontré le président américain jeudi dernier, après avoir été exposé au virus, selon plusieurs médias américains.

En tout, cinq élus du Congrès étaient lundi en isolement volontaire pour 14 jours, sans présenter de symptômes.

En partie responsable du plongeon des grandes places financières lundi, la crise mondiale du coronavirus a déjà de graves conséquences sur l’économie globale.

Donald Trump, 73 ans, a jusqu’ici eu tendance à dédramatiser, la Maison Blanche démentant lundi qu’il allait restreindre son programme officiel.

Mais en pleine année électorale, la crise pourrait profondément perturber l’agenda du républicain qui affectionne les grands meetings, alors même que l’un des ses grands arguments de campagne, la croissance américaine, pourrait être remise en cause par l’épidémie.

Wall Street a enregistré lundi sa plus lourde dégringolade sur une séance en plus de 11 ans, plombée par le krach pétrolier et la crise mondiale du coronavirus.

– Des élus en quarantaine –

L’élu de la Chambre des représentants Matt Gaetz voyageait lundi même à bord de l’avion présidentiel Air Force One qui ramenait Donald Trump vers Washington. Il a signalé un peu plus tard avoir été exposé « il y a onze jours » à une personne qui a depuis subi un test positif au coronavirus.

« Bien que l’élu ne ressente pas de symptômes, il a été testé aujourd’hui et attend des résultats bientôt », a écrit son équipe sur son compte Twitter.

Un autre élu républicain de la Chambre, Doug Collins, qui avait rencontré Donald Trump vendredi, a lui annoncé lundi qu’il se mettait volontairement en quarantaine bien qu’il n’ait « aucun symptôme », parce qu’il avait été exposé au coronavirus fin février.

Doug Collins était juste derrière le président américain vendredi lors d’une visite officielle des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains à Atlanta, selon des images de l’AFP. Il aurait aussi serré la main de Donald Trump à l’occasion de ce déplacement, d’après certains médias.

Les deux élus ont été exposés au virus lors d’une grande conférence conservatrice (CPAC), organisée du 26 au 29 février près de Washington.

M. Trump et son vice-président Mike Pence avaient participé à cette conférence.

C’est aussi lors de ce grand rendez-vous annuel des conservateurs que Ted Cruz, ainsi qu’un autre élu, Paul Gosar, avaient serré la main d’une personne porteuse du virus. Ils ont annoncé dimanche soir se mettre en quarantaine volontaire, sans ressentir de symptômes.

Une élue démocrate de la Chambre, Julia Brownley, a elle décidé de travailler à distance après avoir rencontré une personne porteuse du virus « la semaine dernière ». Elle ne présente pas non plus de symptômes, a-t-elle indiqué.

Connu pour être « germophobe » bien avant l’épidémie, Donald Trump avait plaisanté la semaine dernière sur les grandes précautions qu’il prenait pour éviter d’être contaminé.

« Je n’ai pas touché mon visage depuis des semaines », avait-il alors lancé. « Cela me manque! ».

Mais le président américain a également assuré qu’il prenait l’épidémie très au sérieux.

Les autorités sanitaires américaines ont exhorté lundi les personnes les plus susceptibles de tomber gravement malade à cause du coronavirus, soit les personnes âgées de plus de 60 ans et les personnes souffrant de maladies chroniques, à faire des stocks de nourriture et de médicaments afin de se préparer à rester chez elles.

L’épidémie a touché plus de 600 personnes aux Etats-Unis et fait au moins 26 morts. Des établissements scolaires ont fermé et des grands rendez-vous ont été annulés, mais pour l’instant la campagne n’est pas affectée.

Jugé pour agressions sexuelles, l’ex-Premier ministre écossais face à une accusatrice

« Il était totalement sur moi »: l’ex-Premier ministre indépendantiste écossais Alex Salmond a été confronté à l’une de ses accusatrices lundi au premier jour de son procès pour agressions sexuelles devant la Haute cour d’Edimbourg.

Arrivé au tribunal sans un mot, enveloppé dans un manteau foncé, l’ex-ténor de la cause indépendantiste écossaise doit répondre en tout de 14 chefs d’inculpation lors de son procès qui doit durer quatre semaines.

Il s’agit de deux tentatives de viol, dix agressions sexuelles et deux attentats à la pudeur, qui auraient été commis entre juin 2008 et novembre 2014 dans sa résidence officielle, au Parlement écossais, un restaurant de Glasgow ou une boîte de nuit d’Edimbourg. L’ex-chef du gouvernement écossais de 2007 à 2014 rejette vigoureusement ces accusations.

Dès le premier jour du procès, une ancienne collaboratrice du gouvernement écossais, qui ne peut être identifiée pour des raisons légales, a affirmé avoir été embrassée de force et de manière répétée sur le visage et dans le cou par l’ex-homme politique à l’imposante carrure, après un dîner avec d’autres participants dans sa résidence de Bute House.

– « Humiliée » –

« J’ai essayé de l’arrêter », a-t-elle expliqué, cachée de la vue de l’accusé et du public par un panneau blanc. En vain. Quand elle essaye de quitter la pièce, il l’en empêche. « A ce moment, j’ai commencé à avoir peur ». Elle finit par se dégager, il la suit contre sa volonté.

Peu après « il était totalement sur moi, m’embrassant, arrachant mes vêtements. Tout s’est passé très vite », a-t-elle poursuivi, la voix émue. Lui-même se déshabille et la pousse sur un lit. « Je me souviens le sentir sur moi. Il était excité, ses parties intimes sur moi », détaille-t-elle. Elle réussit finalement à le repousser et il finit par s’endormir.

Aujourd’hui, cette femme regrette de ne pas avoir appelé à l’aide ou essayé de se défendre davantage. « J’étais si gênée que cela m’arrive, je me sentais humiliée, mais j’avais aussi peur », a-t-elle poursuivi.

Peu avant cette agression, en mai 2014, Alex Salmond l’avait déjà touchée de manière « inappropriée », a-t-elle dit: « Il m’a juste tripotée, je n’ai pas d’autre mot ».

Encadré par deux gardes, vêtu d’un costume bleu foncé, l’accusé de 65 ans a écouté ce premier témoignage calmement, sans mot dire. Selon la version de ses avocats, il ne se trouvait pas dans sa résidence officielle lorsque les faits de mai 2014 se seraient déroulés.

Dans des documents déposés auprès de la cour, sa défense a aussi fait valoir que selon lui, trois autres des dix femmes qui l’accusent avaient consenti aux tentatives de baisers ou aux caresses de leurs cheveux.

– Combat pour l’indépendance –

Quelques mois avant son inculpation, l’ex-responsable politique au visage rond et à l’air bonhomme avait quitté en août 2018 le SNP, parti nationaliste au pouvoir en Écosse, afin de ne pas porter préjudice à une formation dont il était membre de longue date.

Reprenant le flambeau de la bataille indépendantiste, qui a gagné en vigueur depuis le Brexit, Nicola Sturgeon, la « First Minister » actuelle, avait alors exprimé son « énorme tristesse » de voir partir son « ami et mentor pendant trois décennies ». Celle qui lui a succédé à la tête du gouvernement écossais et du SNP avait ajouté que les plaintes à son encontre ne pouvaient pas être « mises sous le tapis ».

Après une enquête interne, c’est le gouvernement écossais qui avait rapporté les accusations à la police.

Ancien fonctionnaire et économiste de la Bank of Scotland, marié à une femme de 17 ans son aînée, Alex Salmond avait pris en 1990 les rênes du Scottish National Party, formation très hétérogène qu’il a contribué à recentrer.

Il en avait claqué la porte en 2000 après un revers électoral, avant de revenir à sa tête quatre ans plus tard.

En 2011, sous sa direction, le SNP avait raflé la majorité absolue au Parlement écossais de Holyrood, lui laissant espérer que l’indépendance de l’Écosse était à portée de main.

Le « non » l’avait finalement emporté lors du référendum sur l’indépendance de septembre 2014, provoquant quelques semaines plus tard la démission de M. Salmond de son poste de Premier ministre.

Depuis sa retraite politique, Alex Salmond anime un talk show controversé sur la chaîne de télévision d’information en anglais financée par l’Etat russe RT (ex-Russia Today).

La formation de Boeing pour les pilotes du 737 MAX jugée « inadéquate » par les enquêteurs éthiopiens

Les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes du crash du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines ont mis en cause notamment la formation « inadéquate » fournie par l’avionneur américain, dans un rapport d’étape publié lundi à la veille du premier anniversaire de la catastrophe.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le vol ET302 à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage.

Cet accident était survenu moins de cinq mois après celui d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui a fait 189 morts en s’écrasant quelques minutes après son décollage de Jakarta.

La succession des deux tragédies a plongé l’avionneur américain dans la pire crise de son histoire.

C’est principalement le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes.

Pour les enquêteurs du ministère éthiopien des Transports, « la différence de formation entre le B737 NG (qui précède le 737 MAX, NDLR) et le B737 MAX, fournie par le constructeur, apparaît inadéquate ».

Dans un rapport préliminaire en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing mais n’avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l’appareil.

Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS « le rend vulnérable à une activation indésirable ». Plus précisément, le rapport souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l’angle d’attaque de l’appareil.

Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent « peu après le décollage » une mesure « erronée » de l’angle d’attaque en provenance du capteur côté gauche.

Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l’appareil à piquer du nez et ce, à plusieurs reprises.

– ‘Tire avec moi!’ –

Ils soulignent également que les mesures de l’angle d’attaque de l’appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement des données de bord, c’est-à-dire jusqu’au crash.

« Nous avons hâte d’examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident », a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses « sincères condoléances » aux familles et aux proches des victimes de l’ET302.

Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. « Tire avec moi! » enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote Ahmednur Mohammed alors qu’il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l’appareil.

Les dernières mesures du vol indiquent que l’appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33.000 pieds par minute (10 km par minute).

L’avion s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis Abeba, provoquant un cratère de 10 mètres de profondeur, « 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur ». Des débris de l’appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d’impact.

Vendredi, la commission des Transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion « fondamentalement défectueux et dangereux ».

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019. Les autorités du monde entier avaient pris cette décision rarissime en raison des similitudes entre les catastrophes de Lion Air et d’Ethiopian Airlines.

Le géant de Seattle (nord-ouest) a suspendu les livraisons, arrêté la production et remplacé son directeur général. Cette crise est la plus grave en 104 ans d’histoire du célèbre avionneur.

Boeing travaille actuellement à un correctif du système MCAS pour obtenir la levée de l’interdiction de vol.

Mardi, des proches des 157 victimes, originaires de plus de 30 pays différents, sont attendus sur le site du crash pour une cérémonie dans l’intimité.

Dimanche, des centaines d’Ethiopiens, essentiellement des villageois vivant aux alentours, ont rendu un émouvant hommage aux victimes, des femmes revêtant des vêtements blancs sur leurs tenues noires pour symboliser la fin de la période de deuil.

Burkina: nouvelles violences anti-Peul dans le sillage des attaques jihadistes

Au moins 43 civils ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques contre des villages peul par des groupes d’autodéfense dans le nord du Burkina Faso, où les attaques jihadistes récurrentes ont fait des centaines de morts.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes (…) et 6 blessés », a déclaré lundi le ministre burkinabè de la Communication Remis Fulgance Dandjinou, dans un communiqué.

Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré a décrété « un deuil national de 48 heures (…) en mémoire aux victimes de l’attaque perpétrée par des individus armés non identifiés dans les des villages de Dinguila Peul, Barga Peul, Ramdola Peul ».

« Ce sont des groupes d’autodéfense qui agissent en représailles aux attaques jihadistes », a indiqué une source locale à l’AFP, confirmant la version donnée par d’autres sources locales.

« Les Forces de défense et de sécurité ont été immédiatement déployées sur les lieux pour sécuriser les villages attaqués », a précisé le ministre de la Communication.

« Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté cette attaque odieuse. Tout est mis en œuvre pour ramener le calme et la sérénité dans les villages touchés », a-t-il poursuivi, précisant que le procureur du tribunal de la ville de Ouahigouya avait été saisi.

– Amalgame entre jihadistes et Peul –

De plus, les ministres de la Défense et de l’Administration territoriale ont été envoyés « sur les lieux pour apporter le réconfort du gouvernement aux populations meurtries et faire le point de la situation », a ajouté M. Dandjinou.

Le nord du Burkina est en proie à de fréquentes attaques jihadistes. A l’instar du Mali, du Niger, du Nigeria et même de la Côte d’Ivoire, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peul éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Certains Peul ayant rejoint les groupes jihadistes, qui ont tué plus de 800 personnes depuis 2015 au Burkina, il est fréquent d’entendre des Burkinabè faire l’amalgame entre jihadistes et Peul.

Selon des experts, les groupes jihadistes attisent ces tensions, et les représailles contre les Peul se sont multipliées en 2019.

En janvier 2019, des individus armés non identifiés avaient attaqué le village de Yirgou et tué six personnes, dont le chef du village. Cette attaque avait été suivie de représailles intercommunautaires faisant 46 morts, selon un bilan officiel. Beaucoup plus, selon des ONG.

Les violences jihadistes, souvent entremêlées à ces conflits intercommunautaires, ont fait quelque 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon l’ONU.

– Recrutement de volontaires –

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

En janvier, après une annonce du président en novembre, le Parlement burkinabé a adopté une loi permettant le recrutement de « volontaires » dans la lutte antijihadiste.

Ceux-ci doivent être recrutés dans leurs zones de résidence, après approbation des populations locales, en assemblée générale, et seront placés sous la tutelle du ministre de la Défense nationale. Ils exerceront des missions de surveillance, d’information et de protection, après une formation militaire initiale de 14 jours sur le maniement des armes, de la discipline et des droits humains.

Leur tâche sera de fournir des informations et de défendre le territoire sur leur lieu de résidence en cas d’attaque, en attendant que les forces de défense et de sécurité s’y déploient, selon le ministre de la Défense Moumina Cheriff Sy.

Certains observateurs avaient émis des réserves sur cette mesure, craignant justement des débordements dans un pays où il existe déjà des milices rurales dans certaines régions.

Les « koglewéogo » (gardiens de la brousse, en langue locale), ces milices rurales de défense, se targuent de remplacer les forces de sécurité et la justice, arrêtant voleurs et assassins. Mais leurs méthodes – ils sont accusés d’avoir recours à la torture – sont controversées.

La formation de Boeing pour les pilotes du 737 MAX jugée « inadéquate » par les enquêteurs éthiopiens

Les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes du crash du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines ont mis en cause notamment la formation « inadéquate » fournie par l’avionneur américain, dans un rapport d’étape publié lundi à la veille du premier anniversaire de la catastrophe.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le vol ET302 à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage.

Cet accident était survenu moins de cinq mois après celui d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui a fait 189 morts en s’écrasant quelques minutes après son décollage de Jakarta.

La succession des deux tragédies a plongé l’avionneur américain dans la pire crise de son histoire.

C’est principalement le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes.

Pour les enquêteurs du ministère éthiopien des Transports, « la différence de formation entre le B737 NG (qui précède le 737 MAX, NDLR) et le B737 MAX, fournie par le constructeur, apparaît inadéquate ».

Dans un rapport préliminaire en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing mais n’avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l’appareil.

Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS « le rend vulnérable à une activation indésirable ». Plus précisément, le rapport souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l’angle d’attaque de l’appareil.

Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent « peu après le décollage » une mesure « erronée » de l’angle d’attaque en provenance du capteur côté gauche.

Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l’appareil à piquer du nez et ce, à plusieurs reprises.

– ‘Tire avec moi!’ –

Ils soulignent également que les mesures de l’angle d’attaque de l’appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement des données de bord, c’est-à-dire jusqu’au crash.

« Nous avons hâte d’examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident », a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses « sincères condoléances » aux familles et aux proches des victimes de l’ET302.

Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. « Tire avec moi! » enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote Ahmednur Mohammed alors qu’il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l’appareil.

Les dernières mesures du vol indiquent que l’appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33.000 pieds par minute (10 km par minute).

L’avion s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis Abeba, provoquant un cratère de 10 mètres de profondeur, « 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur ». Des débris de l’appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d’impact.

Vendredi, la commission des Transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion « fondamentalement défectueux et dangereux ».

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019. Les autorités du monde entier avaient pris cette décision rarissime en raison des similitudes entre les catastrophes de Lion Air et d’Ethiopian Airlines.

Le géant de Seattle (nord-ouest) a suspendu les livraisons, arrêté la production et remplacé son directeur général. Cette crise est la plus grave en 104 ans d’histoire du célèbre avionneur.

Boeing travaille actuellement à un correctif du système MCAS pour obtenir la levée de l’interdiction de vol.

Mardi, des proches des 157 victimes, originaires de plus de 30 pays différents, sont attendus sur le site du crash pour une cérémonie dans l’intimité.

Dimanche, des centaines d’Ethiopiens, essentiellement des villageois vivant aux alentours, ont rendu un émouvant hommage aux victimes, des femmes revêtant des vêtements blancs sur leurs tenues noires pour symboliser la fin de la période de deuil.

L’émir de Kano « détrôné », une guerre au sein du pouvoir traditionnel dans le nord du Nigeria

Les autorités locales ont « détrôné » lundi l’émir de Kano, l’une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria, et l’ont conduit sous escorte policière, dans un autre Etat du pays : un geste rare qui marque le dernier épisode d’une guerre ouverte avec le pouvoir politique.

« Le conseil exécutif de l’Etat de Kano (nord) a donné son accord à l’unanimité pour détrôner l’émir Muhammadu Sanusi II et le relever de ses fonctions », selon un communiqué signé du porte-parole du gouvernement de l’Etat, Alhaji Usman Alhaji, lui reprochant d’avoir « manqué de respect aux institutions » et d’avoir refusé de participer à des réunions « sans justification légale ».

Aussitôt décidé au Parlement, son renvoi a été effectif: des membres des forces de sécurité accompagnés d’agent des services de renseignements (DSS) sont allés le chercher dans son palais pour le conduire dans l’Etat voisin de Nasawara « où il restera en exil », a confié une source gouvernementale à l’AFP.

Le gouverneur de l’Etat de Kano, Abdullahi Umar Ganduje, a presque aussitôt annoncé la nomination d’Alhaji Aminu Ado Bayero pour lui succéder.

M. Ganduje, membre du parti au pouvoir, le Congrès des Progressistes (APC), est en guerre contre Sanusi II, qu’il considère soutenir l’opposition politique.

Déjà en mai, profitant d’un déplacement de l’émir à la Mecque, les autorités ont décidé de diviser l’émirat en quatre territoires pour réduire son influence.

L’émir est aussi régulièrement convoqué par l’Agence anti-corruption pour répondre d’accusations de détournements de fonds ou d’appropriation de terres, et des pétitions circulent pour demander son renvoi.

Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique sous la colonisation britannique, mais leur influence est énorme dans la société nigériane, certains considérant les plus grands chefs comme des demi-dieux.

C’est le cas de Muhammadu Sanusi II, 58 ans, qui exerce son pouvoir dans le Nord musulman, où il partage son influence avec le sultan de Sokoto.

– Franc-parler –

Les émirs se succèdent de génération en génération depuis le 10e siècle, et Sanusi Lamido Sanusi, son nom à l’état-civil, fait partie de la nouvelle génération de chefs traditionnels modernes et très éduqués, qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la chose publique.

Réputé pour son franc-parler, il fut gouverneur de la Banque centrale, dont il avait été écarté en 2014 après avoir dénoncé des détournements de fonds massifs sous le précédent gouvernement fédéral.

Il fut ensuite choisi pour succéder à son grand-oncle à cette prestigieuse fonction, lui conférant ainsi d’immenses pouvoirs sur une population d’environ 10 millions d’habitants.

En février, l’émir avait déclaré qu' »aucun leader dans le nord du Nigeria ne peut s’estimer heureux ».

« Personne ne peut se réjouir d’avoir 87% de la pauvreté du pays dans le Nord et des millions et des millions d’enfants qui ne vont pas à l’école », avait-il lancé à la suite de la publication d’un rapport édifiant de la Banque mondiale sur les taux de pauvreté dans le nord de ce pays de 200 millions d’habitants.

Il s’était également mis à dos nombre de religieux, dans cette région d’un islam très conservateur, en dénonçant certaines pratiques traditionnelles comme la polygamie et le fait d’avoir des familles très nombreuses si les chefs de famille n’ont pas les moyens de les assumer financièrement.

Le gouvernement de l’Etat de Kano a ainsi accusé l’émir de « détruire l’image » de l’émirat, assurant prendre cette décision très rare et historique pour « défendre le prestige, la religion, la culture et la tradition », valeurs bâties « depuis un millénaire ».

Dans les heures qui ont suivi cette annonce, les rues de la grande ville du Nord sont restées calmes, malgré la forte popularité de Sanusi II.

En 1963, des milliers de personnes avaient protesté contre le renvoi de l’émir de l’époque (le grand-père de Sanusi II) par les autorités, puis en 1981, les manifestations avaient tourné au bain de sang lorsque le gouvernement avait tenté de détrôner Ado Bayero, son prédécesseur.

Dans le Michigan, les démocrates face au dur choix du meilleur candidat pour battre Trump

Une vision plus modérée comme celle de Joe Biden ou un pari à gauche toute avec Bernie Sanders: les démocrates du Michigan se demandent, avant un scrutin crucial, quel candidat aux primaires serait le mieux placé pour battre Donald Trump en novembre.

Ancien bastion démocrate abritant le berceau de l’automobile Detroit, le Michigan avait donné en 2016 une victoire surprise au républicain Trump face à Hillary Clinton.

Frappés par les effets de la mondialisation, de nombreux ouvriers de l’automobile séduits par son programme protectionniste avaient contribué ici à porter Donald Trump jusqu’à la Maison Blanche. Ils devraient encore jouer cette fois un rôle crucial lors de la présidentielle.

Espérant chacun démontrer, lors de la primaire du Michigan mardi, qu’ils comptent aussi sur le soutien des ouvriers pour pouvoir battre, cette fois, Donald Trump, les deux favoris pour l’investiture démocrate sillonnaient lundi cet Etat.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders, 78 ans, joue gros: le Michigan lui avait donné un grand élan en 2016 face à Hillary Clinton mais pourrait cette fois adouber l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, fort d’une large avance dans les sondages.

Or un échec du « socialiste » autoproclamé Sanders dans le premier Etat industriel du « Midwest » à s’exprimer dans les primaires démocrates risquerait de signaler la fin à ses ambitions présidentielles.

Pour la gouverneure démocrate du Michigan Gretchen Whitmer, cela ne fait aucun doute: l’ancien bras droit de Barack Obama, Joe Biden, est le mieux placé pour remporter leurs suffrages, puisqu’il avait oeuvré au gigantesque plan de sauvetage destiné au secteur automobile frappé par la crise en 2008.

« Tout ceux qui travaillent pour ou sont proches du secteur –c’est à dire tout le monde dans cet Etat– doivent réfléchir à la direction que nous prenons et à qui nous a soutenu, surtout pendant le sauvetage de l’automobile », a-t-elle déclaré à l’AFP à Detroit dimanche.

– « Trahis » –

En 2016, Bernie Sanders avait su séduire les ouvriers blancs qui se sentaient ignorés par Washington.

Mais Joe Biden, déjà très populaire chez les démocrates noirs, vient de remporter 10 des 14 Etats qui ont voté mardi dernier lors du « Super Tuesday ». Une spectaculaire « remontada » opérée notamment grâce à des victoires dans des Etats où les électeurs sont, justement, en vaste majorité blancs.

Signe de l’importance du Michigan parmi les six Etats qui votent mardi: M. Sanders a annulé des discours prévus ailleurs pour en ajouter dans cet Etat, dont un meeting dimanche sur un campus universitaire à Ann Arbor.

« Je soutiens Bernie en partie parce j’ai l’impression qu’il pourra attirer beaucoup d’électeurs qui avaient voté pour Trump en 2016 », a expliqué Alvin Hermans, un étudiant en informatique de 19 ans.

Le sénateur tente de renforcer son soutien chez les grands syndicats, comme United Auto Workers (UAW) qui était parvenu l’an dernier à un accord avec le géant américain de l’automobile General Motors après une longue grève historique, motivée notamment par le coût de l’assurance santé.

Pour Tony Totty, un membre d’UAW âgé de 44 ans, ce bras de fer a éloigné nombre de ses collègues de Donald Trump pour les rapprocher de Bernie Sanders, qui propose une profonde réforme vers un système de couverture universelle.

La fermeture en 2019 d’une usine de General Motors a aussi mis à mal la promesse du président républicain de ramener les emplois industriels dans la région.

« Beaucoup de membres de notre usine se sentent trahis, et lorsqu’il sera temps de voter, ils vont se faire entendre », a prédit Tony Totty.

– « Un juste milieu » –

Il était venu de l’Ohio voisin pour soutenir des membres du syndicat Teamsters en grève.

Pour James Focht, un camionneur en grève, un candidat plus modéré serait pourtant préférable.

« Je pense qu’on peut trouver un juste milieu », explique-t-il. « Peut-être que Joe Biden pourrait réussir ».

Mais pour Eric Read, un assistant social âgé de 34 ans venu voir Bernie Sanders à Flint, opter pour le compromis serait une erreur.

« Quand les démocrates se présentent en modérés, ils n’obtiennent pas une participation aussi élevée que quand ils ont des candidats plus à gauche », affirme-t-il. Sanders est « celui qui peut battre Trump ».

Craig Walker, un camionneur de Dundee, dans le Michigan, explique qu’il soutient Donald Trump et qu’une victoire de Bernier Sanders pourrait aider le républicain à être réélu.

Car le président brandira sans relâche la menace du « socialisme », un terme qui évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.

« Je pense encore que Trump va remporter le Michigan, mais cela va vraiment dépendre de qui gagne l’investiture démocrate », avance-t-il. « Cela va vraiment être serré ».

Venise confinée: aubaine pour certains, catastrophe pour d’autres

Venise, haut-lieu du tourisme mondial, est quasi déserte après la décision du gouvernement italien dimanche de confiner plusieurs régions du nord touchées par le coronavirus. Une bonne nouvelle pour certains touristes, une catastrophe pour le commerce.

Depuis quelques jours, et plus encore depuis dimanche, les gondoles flottent tristement le long des quais de la Cité des Doges et la célèbre Place Saint-Marc est étonnement calme, tout comme le pont Rialto où d’ordinaire les visiteurs se bousculent.

Une aubaine pour certains touristes qui peuvent déambuler dans les ruelles de la Sérénissime sans avoir à se frayer un passage au milieu de la foule.

« Je n’aurais pas pu rêver meilleure occasion que celle que m’a donnée le coronavirus, il n’y a personne dans les rues », a déclaré à l’AFP Fabrizio Netti, touriste vivant à Düsseldorf.

Mais pour les commerçants et les entrepreneurs locaux, dont l’activité dépend essentiellement du tourisme, la situation est synonyme de « désastre ».

C’est un nouveau coup dur pour la ville qui, en novembre avait déjà dû faire face à une inondation historique, une de ses célèbres « acqua alta », qui avait dévasté de nombreuses maisons, hôtels et églises.

« Pour les gondoliers c’est catastrophique car il n’y a pas de travail. C’est le cas non seulement pour nous, mais aussi pour les autres activités économiques », a témoigné au micro de l’AFPTV le gondolier Furio Zennaro.

Benedetta Pesce est employée dans l’une des rares boutiques de la place Saint-Marc à être restée ouverte. Face à la menace du virus, elle ne se dit pas particulièrement courageuse: « Nous essayons de l’être, mais c’est aussi pour éviter de perdre mon emploi que j’ai décidé de sortir et de venir travailler ».

« Le problème le plus grave en ce moment ici à Venise est d’ordre économique. Nous espérons que l’Italie pourra faire quelque chose pour tous ceux qui risquent de se retrouver sans emploi », confie Mino Biasin, opérateur touristique.

L’Italie, deuxième pays le plus touché par l’épidémie derrière la Chine avec plus de 7.000 cas dont 366 décès, a placé dimanche un quart de sa population en quarantaine.

Soudan: le Premier ministre de transition échappe à un attentat

Le Premier ministre de transition au Soudan, Abdallah Hamdok, a échappé lundi à un attentat « terroriste » à Khartoum, décrit comme une tentative de faire dérailler le processus politique engagé dans ce pays après 30 ans de dictature militaro-islamiste du président Omar el-Béchir.

Le convoi de M. Hamdok a été visé par une explosion et des tirs d’armes automatiques au moment où il ralentissait pour s’engager dans un pont sur le Nil menant aux bureaux du Premier ministre.

Ali Bakhit, le chef de cabinet du chef du gouvernement a été le premier a annoncer sur Facebook qu' »une explosion s’est produite au passage de la voiture du Premier ministre mais que grâce à dieu personne n’a été touché ».

« Le Premier ministre a été visé par une tentative d’assassinat mais il se porte bien et a été transporté dans un lieu sûr », a ensuite annoncé la télévision d’Etat, évoquant un « attentat terroriste ».

Radio Omdourman, une station d’Etat, a indiqué que le convoi du Premier ministre avait été visé par des tirs d’armes automatiques.

Le lieu de l’explosion, survenue à Kober, un quartier du nord-est de Khartoum, a été bouclé par les forces de l’ordre, qui ont immédiatement lancé une enquête.

Les images de deux véhicules endommagés par l’explosion ont été diffusées par la télévision d’Etat.

Dans un communiqué lu par le ministre de la Culture et de l’information, Fayçal Mohammed Saleh, le Conseil des ministres a qualifié l’attaque de « terroriste » sans en désigner les responsables.

– Attentat contre « la révolution » –

L’attentat, qui n’a pas été revendiqué dans l’immédiat, a fait un blessé léger parmi les membres du protocole accompagnant M. Hamdok, a précisé le Conseil des ministres en promettant de « faire face avec détermination à toutes les attaques terroristes ».

C’est la « révolution soudanaise qui a été visée par cette attaque (…) mais nous ferons en sorte que cette révolution poursuive sa marche », a souligné le Conseil des ministres.

« Je veux rassurer le peuple soudanais que je me porte bien et que ce qui s’est passé n’arrêtera pas la marche (du Soudan) sur la voie du changement », a écrit le Premier ministre sur Twitter.

A la mi-journée, M. Hamdok a présidé une réunion des dirigeants des Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance de la contestation qui a conduit au départ de l’ancien président Béchir en avril 2019. Il a ensuite réuni ses ministres pour une réunion extraordinaire.

Dans des images de la télévision d’Etat, M. Hamdok est apparu souriant pendant ces réunions et donnant l’accolade aux personnalités venues montrer leur soutien après l’échec de la tentative d’assassinat.

Plusieurs cortèges de manifestants soutenant M. Hamdok ensuite sillonné Khartoum, selon des témoins.

Ce sont les FLC qui ont proposé M. Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, au poste de Premier ministre.

Conformément à un accord avec les militaires en août 2019, M. Hamdok a pris la tête d’un gouvernement de transition, aux côtés d’un Conseil souverain composé de civils et de militaires. Ces deux instances sont chargées de conduire une transition de trois ans, avec des élections libres à la clé.

– indignation générale –

Depuis son investiture, le Premier ministre s’emploie à relancer une économie en berne, à négocier la paix avec des mouvements rebelles de l’ouest et du sud du pays et à réformer un système politique hérité du pouvoir islamiste d’Omar el-Béchir, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans.

Des Etats-Unis au Golfe, en passant par l’Ethiopie, les réactions à l’attentat ont été nombreuses et indignées

Un haut responsable du département d’Etat en charge de l’Afrique, Tibor Nagy, a condamné l’attentat, réaffirmant le soutien des Etats-Unis au « gouvernement de transition dirigé par des civils au Soduan et au peuple soudanais ».

Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell a condamné l’attentat et souligné que les « idéaux de la révolution (soudanaise) doivent être préservés ».

La mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) a condamné, dans un communiqué, l’attaque, estimant qu’elle visait « à faire dérailler le processus de transition au Soudan ».

Ryad a rejeté « cet acte terroriste et lâche dirigé contre la sécurité et la stabilité du Soudan » alors que le Emirats arabes unis ont dit « soutenir la période de transition » au Soudan.

Le ministre d’Etat aux Affaires étrangères des Emirats Anwar Gargash a estimé que l’attentat était destiné à « porter un coup à la transition et aux espoirs et aux aspirations du peuple soudanais ».

Le Qatar a condamné l’attentat avec « force », tandis que le Premier ministre d’Ethiopie Abiy Ahmed a souligné qu’un « tel incident ne doit pas faire dérailler le processus (politique) et la marche pour assurer la stabilité du Soudan ».