Migrants: la Grèce accusée de recourir à la manière forte

Refoulement en Turquie, utilisation de gaz lacrymogènes, confiscation de biens: la Grèce est accusée de recourir à la manière forte avec les migrants qui tentent d’entrer en Europe, et Ankara lui attribue même la mort de trois personnes.

« Des soldats grecs (…) nous ont pris notre argent, nos téléphones. Il est arrivé la même chose à nos amis », raconte Resul,un jeune Afghan, rencontré par l’AFP le long de la longue frontière terrestre qui sépare la Turquie et la Grèce sur plus de 200 km.

D’autres candidats malheureux à l’exil rencontrés sur les routes affirment qu’ils ont été rossés par les forces de l’ordre grecques, déjà montrées du doigt pour avoir utilisé des gaz lacrymogènes aux ogives potentiellement mortelles en cas de tir tendu sur une personne.

Depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné l’ouverture des frontières pour laisser passer les migrants désireux de se rendre dans l’Union européenne, Athènes a complètement fermé sa frontière terrestre tout en déployant des forces le long du fleuve Evros.

Les pratiques présumées de « push-back », qui consistent à repousser les personnes qui voudraient entrer sur un territoire sont dénoncées par plusieurs organisations internationales et des ONG, qui reprochent également au gouvernement grec de contrevenir au droit international et européen en décidant de suspendre les demandes d’asile pendant un mois.

– Etat de siège –

De source gouvernementale grecque, on assure qu' »il n’y a pas de refoulements ». Le gouvernement « empêche l’entrée (sur son territoire ndlr), c’est tout à fait différent », a déclaré cette source à l’AFP.

Parmi les mesures décidées par le conseil gouvernemental de sécurité nationale détaillées dans un acte législatif, figurent « l’arrestation, le transfert dans des centres de détention et le retour immédiat, si c’est possible dans leur pays d’origine, de tous ceux qui entrent illégalement dans le territoire grec ».

« Le principe fondamental de non-refoulement » stipule que « personne ne peut être renvoyé dans un pays où sa vie ou sa liberté seraient en péril », a souligné mardi Stella Nanou, la responsable de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Grèce, lors d’une visite au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté turc).

L’ONG allemande de défense des droits des réfugiés Pro Asyl a elle aussi tancé les autorités grecques, jugeant « illégaux » les renvois vers la Turquie « sans que les procédures d’asile n’aient été enclenchées ».

A la frontière, la région reculée de terres agricoles et de villages assoupis offre le spectacle d’une zone en état de siège: camions militaires et véhicules de police quadrillent la zone du nord au sud et d’est en ouest.

La Turquie accuse aussi les gardes-frontières grecs d’avoir tué trois migrants lors de heurts à la frontière, ce qu’Athènes a fermement démenti, rejetant des « fausses informations ».

– Chaussures et téléphones portables –

Des journalistes de l’AFP ont vu le long de la frontière des soldats grecs cagoulés embarquant des migrants dans des véhicules militaires. Certains réfugiés se trouvaient aussi à bord de fourgonnettes sans plaques d’immatriculation.

Les policiers et les militaires ont systématiquement refusé d’indiquer la destination de ces personnes interpellées.

« On les livre à la justice pour entrée illégale sur le territoire », se contente d’indiquer à l’AFP un policier qui refuse de décliner son identité, à Tychero, un bourg collé à la frontière.

Des forces de l’ordre grecques sont également soupçonnées d’avoir dépouillé des réfugiés de leurs effets personnels.

A Tychero, des paires de chaussures souillées de boue sont entassées à côté de l’entrée du poste de police, ainsi que des téléphones portables. De l’autre côté de la frontière, des migrants marchent pieds nus et affirment que les policiers grecs leur ont pris leurs chaussures.

Quand ils parviennent à entrer en Grèce, les migrants sont livrés à eux-mêmes. A la différence des îles de la mer Egée, aucune organisation humanitaire n’est déployée dans cette vaste région.

Virus: à La Mecque, le lieu le plus saint de l’islam déserté par les fidèles après sa fermeture

L’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée de La Mecque, était vide jeudi après avoir été désertée par les fidèles suite à la décision des autorités saoudiennes de la fermer « temporairement », une mesure inédite pour lutter contre le nouveau coranavirus.

Le royaume avait déjà décidé cette semaine de suspendre « temporairement » la Omra, le petit pèlerinage que les fidèles peuvent effectuer à tout moment de l’année, dans les villes saintes de La Mecque et Médine. Les fidèles étaient néanmoins toujours autorisés à s’y rendre pour leurs prières quotidiennes.

Ces décisions sont intervenues dans le cadre des mesures prises dans les pays du Golfe, qui ont annulé plusieurs rassemblements, festivals ou événements sportifs. Plus de 150 cas ont été enregistrés dans la région, dont cinq en Arabie saoudite.

« L’esplanade (de la Kaaba) est fermée temporairement par mesure de précaution afin d’empêcher la propagation du nouveau coronavirus », a déclaré à l’AFP un responsable au sein de l’organisme qui gère les lieux saints, qualifiant la décision de « sans précédent »

Les chaînes de télévision saoudiennes et des internautes ont diffusé des images d’un sol blanc immaculé autour de la Kaaba, structure cubique drapée dans une étoffe noire brodée d’or, un lieu généralement noir de fidèles.

« Il est étrange de voir l’esplanade de la Kaaba vide, mais l’islam a fait de l’auto-préservation l’un des objectifs de la charia », commente un internaute sur Twitter. Pour un autre, la décision des autorités est « triste mais nécessaire ».

Des millions de fidèles musulmans, venus du monde entier, se rendent à la Grande mosquée pour prier ou effectuer le pèlerinage, notamment en tournant autour de la Kaaba.

L’esplanade restera fermée pour les prières « durant tout le temps de la suspension de la Omra », a indiqué un autre responsable cité par l’agence officielle SPA.

Les autres parties de la Grande mosquée seront fermées « uniquement en dehors des heures de prière dans le but de mener des opérations de nettoyage et de stérilisation », a-t-il précisé.

Quelque 18,3 millions de personnes ont effectué le petit pèlerinage en 2018, selon les derniers chiffres officiels.

Le Hajj, ou le grand pèlerinage qui se déroule à une période déterminée, a attiré environ 2,5 millions de personnes en 2019.

Les autorités s’attendaient, avant la propagation du Covid-19, à accueillir 2,7 millions de fidèles en 2020, le Hajj devant se dérouler entre fin juillet et début août.

Un temps favorite, Elizabeth Warren abandonne la course à la Maison Blanche

Elle était la dernière femme pouvant encore peser dans la course à l’investiture démocrate. La sénatrice Elizabeth Warren a décidé d’abandonner la course à la Maison Blanche après une série de défaites cuisantes dans les premières étapes des primaires, confirmant le grand duel entre Bernie Sanders et Joe Biden.

« Je veux que vous l’entendiez de moi: je suspends aujourd’hui ma campagne présidentielle », a-t-elle indiqué jeudi par téléphone à son équipe de campagne selon un texte publié en ligne, sans indiquer si elle avait décidé de soutenir un autre candidat.

A 70 ans, la progressiste avait grimpé jusqu’au sommet des sondages à l’automne avant de retomber.

Elle n’a pas réussi à arriver en tête dans une seule de la vingtaine de primaires démocrates organisées à ce jour, essuyant des défaites particulièrement humiliantes dans l’Etat du Massachusetts qu’elle représente au Sénat et dans celui où elle a grandi, l’Oklahoma.

Elizabeth Warren doit s’exprimer devant la presse depuis le Massachusetts à 12H30 (17H30 GMT).

La sénatrice d’ordinaire combative était restée très silencieuse depuis la « super » journée électorale de mardi.

– Soutien courtisé –

« Le combat va peut-être prendre une nouvelle forme aujourd’hui, mais je ferai partie de ce combat, et je vous veux dans ce combat avec moi », a-t-elle indiqué jeudi à son équipe de campagne.

Le soutien de cette ancienne professeure en droit, pourfendeuse de Wall Street, qui dispose d’un grand réseau de volontaires et partisans très motivés, est désormais très courtisé.

La question est de savoir si elle donnera ou non ce soutien à l’un des deux candidats restants en mesure de remporter l’investiture: Bernie Sanders, avec lequel elle partage beaucoup d’idées marquées très à gauche, ou l’ex-président modéré Joe Biden, qui a récupéré sa position de favori ces derniers jours.

« La sénatrice Elizabeth Warren est la combattante la plus farouche pour les familles de la classe moyenne », a salué Joe Biden sur Twitter après l’annonce de son retrait. « Son travail à Washington, dans le Massachusetts, et sur le terrain de campagne a fait une réelle différence dans la vie des gens. Nous avions besoin de sa voix dans cette course. »

Elizabeth Warren avait été la première des grands candidats à entrer dans la course à la Maison Blanche, dès décembre 2018.

« Rêvons en grand, battons-nous fort, à nous de gagner! »: la foule, d’abord quelques centaines, puis des milliers, reprenait en coeur son cri de ralliement à travers les Etats-Unis.

Combative, très disciplinée dans sa campagne, elle se targuait d’avoir « un projet » pour toutes les grandes questions et espérait pouvoir rassembler les ailes gauche et plus centriste du parti.

Ancienne électrice républicaine, née de parents modestes, Elizabeth Warren a été visée sans relâche par les piques de républicains, Donald Trump en tête, sur les origines amérindiennes qu’elle a longtemps revendiquées et qui se sont révélées être en fait très diluées.

Le président républicain a d’ailleurs commenté rapidement son départ en employant de nouveau les sobriquets qu’il aime distribuer.

« Elizabeth +Pocahontas+ Warren, qui n’allait nulle part (…), vient juste de quitter la primaire démocrate… trois jours trop tard », a-t-il tweeté en affirmant qu’elle avait empêché ainsi Bernie Sanders de remporter plusieurs Etats.

Elle était la dernière femme figurant parmi les candidats favoris dans les primaires démocrates, dans une course qui avait pourtant débuté avec une diversité record chez les candidats.

-Sexisme? –

« Ce cycle électoral en particulier a soulevé des questions très légitimes sur les défis auxquels sont confrontés les femmes qui se présentent à la présidence des États-Unis », n’a pas manqué de pointer la sénatrice Kamala Harris, elle aussi ex-candidate à l’investiture démocrate.

Le sexisme a pesé sur la candidature de Mme Warren, estime aussi Jessica Valenti, une auteure féministe.

La première explication des commentateurs pour ses défaites va « probablement porter sur les craintes concernant sa capacité à être élue » face à M. Trump, écrivait-elle mercredi sur le site Medium. « Ne me dites pas que cela n’a rien à voir avec du sexisme. J’ai passé l’âge ».

D’autres affirment que ses attaques contre le milliardaire Michael Bloomberg lors des débats ont aussi pu lui coûter, certains la percevant comme « agressive » ou « méchante », ce qui n’aurait pas été le cas avec un homme.

« Je peux citer un milliardaire qui a été empêché d’acheter cette élection », s’est-elle pourtant targuée jeudi à ce sujet auprès de son équipe de campagne.

Afghanistan: Washington tente de maintenir le processus de paix sur les rails

Les Etats-Unis ont appelé jeudi à mettre fin « immédiatement » au « regain de violence » en Afghanistan qui a suivi la signature d’un accord historique avec les talibans, et à surmonter les obstacles pour l’ouverture de négociations de paix interafghanes.

Malgré la détérioration de la situation, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé sa confiance dans les chefs du groupe islamiste chassé du pouvoir à Kaboul en 2001 par Washington pour avoir refusé de rompre avec Al-Qaïda après les attentats du 11-Septembre.

« Nous pensons toujours que les dirigeants des talibans travaillent pour tenir leurs engagements », a-t-il dit lors d’une conférence de presse au département d’Etat, quatre jours après avoir assisté à la signature de l’accord de Doha et à cinq jours du début théorique de négociations directes inédites entre les rebelles et le gouvernement afghan.

Ce texte prévoit que les forces américaines et étrangères entament immédiatement leur retrait progressif, et que le dernier soldat quitte l’Afghanistan dans les 14 mois — à condition que les talibans tiennent leurs engagements en matière contreterroriste et que le dialogue interafghan progresse.

Pour autant, Mike Pompeo n’a pas nié la multiplication des attaques talibanes, qui ont poussé les Etats-Unis à mener une frappe aérienne contre les insurgés.

« Le regain de violence dans certaines parties de l’Afghanistan ces derniers jours est inacceptable », a protesté le secrétaire d’Etat. « La violence doit être réduite immédiatement pour que le processus de paix puisse aller de l’avant », a-t-il martelé.

Après une semaine de « réduction de la violence » globalement respectée préalablement à l’accord finalement signé samedi, les talibans ont repris leurs attaques contre les forces afghanes.

Les diplomates américains espéraient pourtant que cette trêve partielle perdurerait dans l’attente de l’ouverture, prévue le 10 mars probablement à Oslo, des négociations interafghanes, censées permettre de la transformer en cessez-le-feu permanent.

– « Echanges de prisonniers » –

Entre la signature et le 10 mars, « la réduction de la violence reste en vigueur », assurait ainsi un haut responsable américain la semaine dernière.

Mais dès lundi, les talibans ont annoncé la reprise des offensives contre les forces afghanes, tout en confirmant la trêve partielle avec l’armée américaine. Kaboul a ainsi dénombré mercredi 30 attaques talibanes sur les 24 heures précédentes, qui ont tué quatre civils et onze membres de forces de sécurité.

Les Etats-Unis savaient à l’avance « que le chemin serait semé embûches », a tenté de relativiser Mike Pompeo. Il a fait écho au secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg qui avait prévenu mercredi dans un entretien avec l’AFP que le processus serait « long et difficile », ponctué par des « déceptions ».

Washington est donc à la manoeuvre pour lever les obstacles un à un et éviter que ce processus de paix déraille. Et pour cause: cela empêcherait à Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection à la présidentielle de novembre, de tenir une de ses promesses phares, le retrait des forces américaines et la fin de la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis après 18 ans de combats.

Fait exceptionnel, et impensable encore récemment, le président des Etats-Unis s’est personnellement entretenu mardi au téléphone avec le chef politique des talibans, Abdul Ghani Baradar, et a même vanté sa « bonne relation avec le mollah ».

Au-delà de la violence, le principal obstacle au dialogue interaghan est, dans l’immédiat, la libération de prisonniers prévue par l’accord entre les Américains et les talibans. Le texte prévoit, d’ici au 10 mars, un échange de prisonniers pouvant concerner jusqu’à 5.000 rebelles détenus par Kaboul et jusqu’à 1.000 détenus du camp adverse aux mains des insurgés.

Mais le président afghan Ashraf Ghani, dont le gouvernement a été tenu à l’écart des pourparlers de Doha, a rejeté dès dimanche toute libération de prisonniers avant même de s’asseoir à la table des négociations avec les talibans.

« Ce sont des documents âprement négociés: toutes les parties savent qu’il est temps de procéder aux échanges de prisonniers », a répondu le secrétaire d’Etat américain, appelant « toutes les parties à cesser de gesticuler ».

Il a précisé que son émissaire pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad était jeudi à Kaboul pour tenter de surmonter ces obstacles.

Un premier cas de coronavirus confirmé en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud a annoncé jeudi avoir identifié un premier cas du nouveau coronavirus sur son territoire, un homme de 38 ans qui a récemment séjourné en Italie.

Cet homme et son épouse faisaient partie d’un groupe de dix personnes qui est rentré en Afrique du Sud dimanche, a précisé le ministre de la Santé Zweli Mkhize.

A son arrivée sur le territoire sud-africain, cet individu, dont la nationalité n’a pas été précisée, ne présentait pas de symptômes, selon le ministre. Mais mardi, il a consulté un médecin généraliste dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est) à cause de fièvre, maux de tête, maux de gorge et toux.

Les tests ont révélé qu’il était porteur du nouveau coronavirus. Il s’agit du premier cas connu en Afrique australe. Après le Nigeria et le Sénégal, le pays est le troisième en Afrique subsaharienne à enregistrer un cas sur son sol.

Actuellement hospitalisé, « le patient est à l’isolement depuis le 3 mars », a ajouté le ministre en précisant que son médecin l’était également.

« Nous ne sommes qu’au début de tout ça », a prévenu le président Cyril Ramaphosa, appelant cependant la population à « ne pas paniquer ».

« Cela va se transformer en crise nationale et nous avons besoin de continuer d’informer la population. Cela va avoir un énorme impact sur de nombreuses choses », notamment les transports et l’économie qui est « dans une situation très précaire », a-t-il ajouté devant la presse.

L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, vient de replonger dans la récession, la deuxième depuis 2018.

Le pays doit évacuer dans les prochains jours quelque 180 de ses ressortissants de la ville chinoise de Wuhan, l’épicentre de l’épidémie de coronavirus.

Aucun d’entre eux n’a été officiellement contaminé mais ils seront placés en quarantaine pendant trois semaines à leur arrivée en Afrique du Sud, selon les autorités.

Avant l’annonce de ce premier cas local, seuls deux citoyens sud-africains, membres d’équipage du navire de croisière placés en quarantaine au Japon, ont été contaminés par le coronavirus, selon Pretoria. Ils sont désormais considérés comme guéris et doivent rentrer prochainement en Afrique du Sud.

A l’échelle mondiale, près de 100.000 cas connus ou avérés de nouveau coronavirus ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie, dont 3.300 décès, dans plus de 80 pays et territoires, selon un décompte de l’AFP.

Les principaux pays touchés sont la Chine continentale, la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran.

Algérie/corruption: peines sévères requises en appel contre d’ex- dirigeants

La justice algérienne a requis jeudi de lourdes peines de prison à l’encontre d’anciens hauts dirigeants politiques, dont deux ex-Premiers ministres, et d’hommes d’affaires jugés pour corruption par la cour d’appel d’Alger.

Au coeur de ce procès figurent un scandale majeur dans l’industrie du montage automobile et, au delà, le financement illégal de la campagne électorale pour le cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, poussé en avril 2019 à la démission sous la pression d’un mouvement de contestation inédit dans le pays.

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang. Il s’agit en outre du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.

Comme au procès en première instance en décembre, le procureur a réclamé 20 ans de prison ferme contre les deux principaux inculpés, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ex-chefs de gouvernement de M. Bouteflika, ainsi qu’une peine de 15 ans de prison ferme contre deux ex-ministres de l’Industrie, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Il a en outre requis 10 ans de prison ferme contre Ali Haddad, ex-président de la principale organisation patronale algérienne FCE et PDG du n°1 privé du BTP, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika.

Et 10 ans contre deux autres hommes d’affaires, Ahmed Mazouz et l’ex-vice-président du FCE, Mohamed Baïri, tous deux propriétaires d’usines de montage de véhicules.

Le procureur a réclamé la confiscation de l’ensemble des biens des accusés, qui étaient présents au tribunal.

Depuis dimanche, au total une vingtaine de personnalités -ex-responsables politiques, puissants patrons et hauts fonctionnaires- sont jugées en appel.

Ces personnalités sont poursuivies pour le financement « occulte » de la dernière campagne électorale de M. Bouteflika, début 2019, et pour favoritisme dans l’industrie automobile via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de l’ex-président.

Les groupes agréés par les autorités ont bénéficié d’importantes subventions et de substantiels avantages fiscaux, malgré un cahier des charges rarement respecté.

« Les usines de montage sont des ateliers de gonflage de pneus tandis que de simples commerçants sont devenus des industriels », a accusé le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

En première instance, M. Ouyahia, 67 ans avait écopé de 15 ans de prison, et M. Sellal, 71 ans, de 12 ans. Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi avaient été condamnés à 10 ans d’emprisonnement et l’industriel Ali Haddad à sept ans.

Les principaux accusés ont rejeté les charge retenues contre eux.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés.

Nouveau coronavirus: trois morts en Irak, école à distance et prière du vendredi annulée

Au lendemain de l’annonce des trois premiers morts du nouveau coronavirus en Irak, Bagdad a annoncé le lancement de l’école en ligne et la suspension du commerce avec l’Iran voisin, son deuxième exportateur où l’épidémie a officiellement fait plus de 100 morts.

Le ministère de la Santé irakien affirme avoir recensé 35 cas de contamination, quasiment tous des Irakiens de retour d’Iran, un des plus importants foyers de la maladie après la Chine.

En Irak, écoles, universités, salles de cinéma et autres lieux publics sont officiellement fermés depuis une semaine, même si de nombreux restaurants, centres commerciaux et cafés sont toujours bondés.

Alors que le retour sur les bancs de l’école –prévu normalement dimanche, premier jour de la semaine en Irak– semble de plus en plus compromis, le ministère de l’Education a appelé instituteurs et enseignants du secondaire à dispenser les cours en ligne.

Au même moment, l’autorité en charge des postes-frontières annonçait que le commerce avec l’Iran –qui exporte vers l’Irak chaque année pour neuf milliards de dollars de biens, allant des voitures aux tomates en passant par l’électroménager– était interrompu pour une semaine au moins.

Les deux voisins entretiennent des liens économiques, commerciaux, politiques et religieux très étroits. Mais l’Irak n’autorise plus depuis le mois dernier le passage des personnes –à l’exception des Irakiens rentrant au pays– via la frontière avec l’Iran, ainsi qu’avec le Koweït.

– Lieux saints chiites –

L’Irak redoute particulièrement une épidémie dans les lieux saints chiites, où des pèlerinages réunissent des millions de fidèles venus notamment d’Iran.

Si plusieurs mausolées ont ainsi fermé leurs portes, les dignitaires religieux s’invectivent mutuellement sur le droit ou pas de fermer des lieux de culte.

Le leader chiite Moqtada Sadr a ainsi personnellement poussé à rouvrir le mausolée de l’imam Ali à Najaf, alors que les autorités religieuses de Kerbala ont annoncé une mesure inédite: l’annulation de la prière collective du vendredi dans ce haut lieu saint du chiisme mondial, pour éviter un rassemblement trop important et le risque de contagion.

Les voyages en Iran sont déjà interdits, de même que désormais vers huit autres Etats –dont la Chine, le Koweït, le Bahreïn ou l’Italie par exemple.

Chaque année, des millions d’Irakiens se rendent en Iran pour du tourisme ou se faire soigner, tant le système de santé irakien est indigent –le pays compte, selon l’OMS, moins de 10 médecins pour 10.000 habitants.

Bagdad a annoncé jusqu’ici trois morts, toutes survenues mercredi. Deux décès dans la capitale: une personne qui souffrait de « déficiences immunitaires » et une autre, « âgée de 65 ans et souffrant de diverses pathologies ». Et un troisième à Souleimaniyeh, au Kurdistan autonome.

Un imam de 70 ans qui souffrait de problèmes cardiaques et respiratoires y est mort en quarantaine, selon des sources médicales.

– Prime aux soignants –

Les autorités religieuses de Souleimaniyeh ont interdit jusqu’à nouvel ordre les prières collectives, dont celle du vendredi. Le gouverneur de la ville, Haval Abou Bakr, a annoncé l’interdiction de tout rassemblement dans la province.

Le Salon du livre de Bagdad, très fréquenté chaque année, a été reporté sine die, tandis que les visites aux détenus ne sont plus autorisées à leurs familles.

En outre, de nombreuses administrations –comme celle en charge des permis de conduire ou des titres de séjour– sont quasiment totalement fermées au public et les tribunaux ont annulé de nombreuses audiences, selon l’agence officielle irakienne.

Et la Banque centrale a appelé la population à utiliser des moyens de paiement électroniques plutôt que les billets pouvant être vecteurs d’infection, une consigne qui risque d’être très peu suivi dans un pays où seuls 10% de la population possèdent un compte bancaire.

Dans ce pays de 40 millions d’habitants en pénurie chronique de médecins, de médicaments et d’hôpitaux, la polémique enfle avec de nombreux Irakiens partageant des récits d’hôpitaux ayant refusé des patients disant présenter des symptômes similaires à ceux du nouveau coronavirus.

Jeudi, le ministère de la Santé a annoncé des primes mensuelles de 500.000 dinars irakiens, soient 375 euros, pour le personnel s’occupant de personnes ayant contracté le Covid-19.

Coronavirus: le monde sportif de plus en plus inquiet

Le monde du sport dans l’incertitude. Plusieurs nouvelles annulations, reports et autres forfaits par précaution, causés par l’épidémie de nouveau coronavirus, sont à nouveau venus perturber jeudi le calendrier sportif, faisant craindre pour la tenue des prochains grands rendez-vous internationaux.

Jeudi en début d’après-midi, le match du Tournoi des six nations Italie-Angleterre, prévu à Rome le 14 mars, a été reporté à une date indéterminée.

C’est la deuxième rencontre du Tournoi reportée, après celle prévue initialement samedi 7 mars à Dublin entre l’Irlande et l’Italie, où se trouve le premier foyer européen de l’épidémie de Covid-19, qui a fait dans ce pays 107 morts pour plus de 3.000 cas.

Cette annonce a été faite au lendemain des mesures décidées par le gouvernement italien pour lutter contre l’extension de l’épidémie dans la péninsule. Afin d’éviter au maximum rassemblements et foules, les autorités ont publié mercredi un décret selon lequel toutes les compétitions sportives, notamment les matches de Serie A de football, devront se tenir à huis clos jusqu’au 3 avril.

– Principe de précaution –

Mais plusieurs organisateurs d’évènements sportifs ont pris l’initiative d’aller encore plus loin, au nom du principe de précaution.

La course cycliste des Strade Bianche, prévue samedi à Sienne, a ainsi été purement et simplement annulée après une réunion entre les organisateurs et les autorités locales.

Cette décision intervient également après le forfait ces deux derniers jours de plusieurs équipes, comme Mitchelton, EF, Jumbo, et Groupama-FDJ, souhaitant protéger leurs cyclistes de possibles risques de contamination.

Jeudi, d’autres formations cyclistes ont elles étendu ces retrait à l’ensemble des courses italiennes.

C’est le cas de l’équipe françaises AG2R La Mondiale, qui ne concourra pas sur l’ensemble des compétitions de la péninsule jusqu’à Milan-Sanremo le 21 mars.

« En tant que chef d’entreprise, je ne peux pas engager la santé et l’intégrité de notre personnel alors que la situation sanitaire est instable en Italie et que de nombreuses interrogations, légitimes, se sont exprimées au sein de l’équipe », a déclaré Vincent Lavenu, le patron d’AG2R.

L’équipe kazakhe Astana a elle carrément décidé de renoncer à l’ensemble des courses jusqu’au 20 mars. Cela inclut donc aussi Tirreno-Adriatico (11-17 mars en Italie) et Paris-Nice (8-15 mars en France).

Ces retraits en série pourraient entraîner l’annulation pure et simple de ces épreuves, non pas en raison de l’épidémie ou des mesures prises par les autorités, mais tout simplement faute d’un nombre de concurrents suffisants.

Astana est ainsi la troisième équipe à annoncer qu’elle ne participera pas à Paris-Nice, une course dont la ministre des Sports française Roxana Maracineanu avait pourtant confirmé le maintien mardi, l’épreuve ne passant pas par des zones à risques et ne devant pas attirer plus de 3000 personnes en même temps au même endroit.

– l’Afrique en alerte –

En Afrique, zone pour le moment relativement épargnée par l’épidémie, les autorités prennent les devants.

Le Maroc a notamment restreint les rassemblements culturels et sportifs, interdisant toutes les manifestations « avec une participation de personnes venant de l’étranger » et celles rassemblant plus de 1.000 personnes. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a déjà imposé le huis clos pour tous les matches de football, toutes compétitions et toutes catégories, pour « la sécurité des joueurs, des entraîneurs et des supporteurs ».

Pour beaucoup d’épreuves sportives prévues dans le monde dans les prochaines semaines, c’est désormais l’incertitude qui règne.

Ainsi, le 8e de finale retour de Ligue des champions Juventus – Olympique lyonnais, programmé le 17 mars, aura-t-il lieu et dans quelles conditions ? Pour le moment, personne ne sait, pas même les principaux concernés.

Logiquement, en vertu du décret pris mercredi par les autorités italiennes, il devrait se dérouler à huis clos, mais mercredi, l’OL a annoncé que pour le moment, l’information n’avait pas été confirmée « ni par l’UEFA, ni par la Juventus ».

Les prochains matches de qualification au Mondial-2022 de la zone Asie pourraient eux se voir reportés, après une proposition faite en ce sens jeudi par la Fifa.

Et qu’en sera-t-il pour les classiques cyclistes belges qui débutent à la fin du mois ? Jeudi, 27 nouveaux cas de patients positifs au Covid-19 ont été détectés en Belgique, portant le nombre de cas à 50.

Le président ivoirien Alassane Ouattara va passer la main

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Elus et observateurs attendaient une annonce sur la révision constitutionnelle promise depuis des mois et qui générait rumeurs et fantasmes. Finalement, cette révision ne comporte que des points mineurs (nomination du vice-président après l’élection et non un ticket pour le scrutin, aménagements juridiques…).

Mais le président a profité du cadre symbolique de Yamoussoukro et de la réunion de deux chambres pour une annonce qui a pris tout le monde de court, dans un continent où de nombreux présidents s’accrochent au pouvoir le plus longtemps possible.

La Guinée, pays voisin, est ainsi secouée par des violences, autour de la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Le débat est désormais clos. L’annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

L’annonce d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

Depuis la mort du « père fondateur » de la Côte d’Ivoire Felix Houphouet Boigny en 1993, la vie politique était dominé par le trio de rivaux: Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié (président 1993-1999) et Laurent Gbagbo (2000-2010).

Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

– « Entre tristesse et respect » –

Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) de Konan Bédié on se dit aussi satisfait: « Le président a libéré toute le monde. Il faut savoir faire la passe », a affirmé la députée Véronique Aka.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat pleuraient ouvertement dans l’immense hall de la Fondation Houphouet-Boigny.

Le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement s’est dit « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain ».

Le président ivoirien Alassane Ouattara ne briguera pas un troisième mandat

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a annoncé jeudi à Yamoussoukro qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Cette annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans. Je suis fier qu’on fasse confiance à la jeunesse », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

La décision d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

L’ancien président Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

– « Entre tristesse et respect » –

Les élections municipales et régionales de 2018 ont été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat ont fait part d’une certaine déception, comme le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement, « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il ainsi estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain », a-t-il conclu.