Primaire démocrate: Biden doublement requinqué avant le « Super Tuesday »

Requinqué par sa large victoire en Caroline du Sud et l’abandon surprise de son jeune rival modéré Pete Buttigieg, Joe Biden espère désormais émerger du « Super Tuesday » comme le seul candidat en mesure de faire barrage à Bernie Sanders dans la primaire démocrate pour la présidentielle.

Mais avant de réduire la course démocrate à la Maison Blanche à un duel entre deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis devra composer lors de la « super » journée électorale de mardi avec un troisième concurrent: Mike Bloomberg.

Ce dernier, qui compte parmi les dix hommes les plus riches de la planète, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud) à se prononcer dans la primaire.

L’homme d’affaires new-yorkais de 78 ans, qui a déjà dépensé en publicités politiques plus d’un demi-milliard de dollars, un record, joue gros, pour son entrée en lice, dans les 14 Etats appelés à voter mardi au cours du « Super Tuesday ».

Une contreperformance marquée tuerait quasiment sa campagne dans l’oeuf et laisserait Joe Biden comme seul rempart modéré à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », a d’ailleurs affirmé dimanche Joe Biden au lendemain de son large succès en Caroline du Sud, se posant une fois de plus, du haut de ses années d’expérience politique, comme le candidat le plus à même de déloger Donald Trump de la Maison Blanche.

« Le +Super Tuesday+ est une question de dynamique, et elle est avec nous », a insisté lundi sur CNN Kate Bedingfield, l’une des responsables de son équipe de campagne.

Revanchard — « Les médias et les analystes nous avaient enterrés » –, l’ancien bras droit de Barack Obama a aussi réservé une pique à Mike Bloomberg, un temps affilié au parti républicain avant de virer de bord: « Le parti démocrate veut un démocrate (…) pas un ancien républicain ».

– « Bon timing » –

Joe Biden, qui faisait campagne lundi au Texas, pourrait également profiter dans une certaine mesure du retrait de Pete Buttigieg, qui chassait sur les mêmes terres modérées que lui.

C’est en tout cas le constat fait dimanche soir à chaud par Donald Trump. « Pete Buttigieg arrête. Toutes ses voix du +Super Tuesday+ iront à Joe l’endormi. Bon timing », a écrit le président sur Twitter. « Les démocrates commencent pour de vrai à sortir Bernie du jeu ».

Encore inconnu il y a un an, « Mayor Pete », ancien maire d’une ville moyenne de l’Indiana, avait progressivement percé, au point de remporter début février le premier vote de la primaire, dans l’Iowa.

Mais ses mauvais résultats dans le Nevada et en Caroline du Sud ont mis en lumière sa difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir et hispanique, et le trentenaire homosexuel a déclaré se retirer au nom du « rassemblement » nécessaire pour battre Donald Trump dans les urnes le 3 novembre.

Selon la société d’analyse Morning Consult, le report de ses voix serait équivalent entre Bernie Sanders, Joe Biden et Mike Bloomberg.

A la veille du « Super Tuesday », les sondages étaient largement favorables au sénateur du Vermont. Le socialiste autoproclamé — un terme très marqué à gauche aux Etats-Unis — y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

Seule la Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden, globalement mieux placé dans les intentions de vote que Mike Bloomberg, lequel a dégainé lundi une nouvelle publicité de campagne visant ses rivaux démocrates, sans en nommer un en particulier.

« Aucun autre démocrate n’a créé plus de 450.000 emplois », y avance l’ancien maire de New York. « Aucun autre démocrate n’a montré autant de résistance au lobby des armes. Aucun autre démocrate n’a mon bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Aucun autre démocrate ne battra Donald Trump ».

Bissau: démission d’un des deux présidents rivaux après des « menaces de mort »

Le « président intérimaire » investi par le camp donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau, Cipriano Cassama, a renoncé dimanche à la fonction de chef d’Etat à la suite de « menaces de mort », moins de 48 heures après sa désignation, dans une déclaration à la presse.

« Compte tenu des menaces de mort sur ma personne et mes gardes de corps, j’ai décidé de renoncer à la charge de président intérimaire pour laquelle j’ai été nommé, pour éviter un bain de sang en Guinée-Bissau et la confrontation » entre des forces de sécurité, a déclaré dimanche Cipriano Cassama, un responsable du PAIGC, formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

« Je crains pour mon intégrité physique. Ma vie et celle de ma famille (sont) en danger. Je n’ai aucune condition de sécurité. Hier (vendredi) soir, ils (des soldats) sont venus chercher tous mes corps de sécurité », a-t-il ajouté, tout en affirmant conserver sa fonction de chef de l’Assemblée nationale.

La renonciation de M. Cassama n’est pas partagée par le PAIGC, selon une responsable de cette formation.

« Nous n’acceptons pas cette démission de Cipriano Cassama. C’est comme s’il a renoncé à son pays. Pour nous, le combat continue », a déclaré dimanche à la presse la ministre de l’Administration territoriale et deuxième vice-présidente du PAIGC, Mme Maria Odete, sans plus de précision.

La Guinée-Bissau avait depuis vendredi deux présidents rivaux, une situation née de la confrontation, toujours en cours, entre les deux candidats au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le candidat du PAIGC, l’ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, conteste toujours la victoire à la présidentielle attribuée par la Commission électorale à un autre ex-Premier ministre, l’opposant Umaro Sissoco Embalo.

Il avait refusé cette semaine d’accorder sa caution à l’investiture de M. Embalo, donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55%. M. Pereira, crédité de 46,45%, et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte les votes.

M. Cassama avait été désigné vendredi soir comme « président intérimaire » par 54 députés du PAIGC, sur un total de 102 à l’Assemblée nationale.

Sans attendre une décision de la Cour suprême, M. Embalo s’était fait quelques heures auparavant investi président de la République et s’est installé au palais présidentiel à Bissau.

M. Embalo a investi samedi le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam qu’il avait nommé vendredi, après avoir démis le même jour le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), reconnu par la communauté internationale. La formation du gouvernement de M. Nabiam était attendue dimanche.

La Guinée-Bissau est plongée depuis son indépendance dans une instabilité chronique dans laquelle l’armée joue un grand rôle.

Le pays est l’un des plus pauvres de la planète. Les narcotrafiquants utilisent son territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

Mali: six soldats tués à Mondoro, attaquée pour la troisième fois en 6 mois (nouveau bilan)

Six soldats maliens ont été tués et 10 blessés dimanche dans une attaque de présumés jihadistes à Mondoro, une localité du centre du Mali déjà visée en septembre et le mois dernier, a indiqué lundi l’armée malienne.

Les Forces armées maliennes (FAMa) « déplorent 6 morts, 10 blessés et des engins endommagés » lors de cette attaque, qui a eu lieu vers 22H00 (GMT et locales), a indiqué l’armée sur Twitter.

Lors de leur riposte, « les FAMa ont détruit deux colonnes de véhicules et de motos terroristes », ainsi que « deux sites de regroupement des terroristes ». « Les frappes aériennes déclenchées dans la nuit ont permis de vite infliger d’importantes pertes humaines et matérielles chez les GAT (groupe armé terroriste) », selon la même source.

Les assaillants ont « attaqué un check-point avant de le détruire » et ont « utilisé des lance-roquettes pour tirer sur les véhicules de l’armée garés », a indiqué à l’AFP un élu de Mondoro.

« Les échanges de tirs ont duré environ une heure », puis « l’aviation malienne est venue pour bombarder les positions des jihadistes. Je ne connais pas le nombre de jihadistes tués, mais il y a des victimes », a ajouté cet élu s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Une association locale s’est inquiétée lundi d’un possible départ des militaires de Mondoro, où un soldat avait été tué et trois blessés le 14 février. Le camp de Mondoro, ainsi que celui de Boulkessi, proches de la frontière avec le Burkina Faso, avaient déjà été frappés en septembre par une double attaque jihadiste durant laquelle au moins 40 soldats avaient été tués.

« Selon des informations, des militaires menacent de quitter Mondoro après l’attaque. S’ils mettent à exécution cette décision, les terroristes vont prendre le contrôle non seulement de Mondoro, mais de tout le cercle de Douentza », a déclaré à l’AFP Oumar Ongoïba, un responsable de l’Association pour le développement de Mondoro (ADM), en soulignant le caractère stratégique de la zone.

L’attaque de septembre contre Mondoro et Boulkessi, l’un des plus graves revers de l’armée malienne depuis des années, avait été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, avec lequel le président malien Ibrahim Boubacar Keïta envisage notamment de négocier.

Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

RDC: des bouchons dans la lutte anti-corruption

« Renouveau de la justice » ou impossible lutte anti-corruption ? Les autorités congolaises jurent qu’elles iront jusqu’au bout d’une enquête sur des « abus » dans le financement des grands travaux publics lancés par Félix Tshisekedi il y a un an jour pour jour.

Le 2 mars dernier, 36 jours après son investiture, le nouveau président de la République démocratique du Congo ouvrait une enveloppe de 300 millions de dollars pour construire ou réparer des routes, des maisons ou des ponts dans le cadre d’un « programme d’urgence des 100 jours ».

Un an après, aucun « saut-de-mouton » n’a été inauguré à Kinshasa.

Ces ponts par dessus la chaussée, mis en chantier pour aérer le trafic automobile, sont la vitrine des retards et des ratés du programme des « 100 jours », sur fond de détournements de fonds présumés.

A cause des travaux, la circulation est même pire qu’avant aux grands carrefours. Les automobilistes sont piégés dans des goulets d’étranglement à l’approche des palissades bleues occupant les deux-tiers de la chaussée.

C’est le cas sur la route de l’aéroport international de Ndjili, encombrée par trois chantiers de « sauts-de-mouton » dont certains ont à peine commencé.

« Des trajets de 30 minutes prennent maintenant une heure, voire une heure trente », tempête Junior Shaba, conducteur de mini-bus pris dans un embouteillage sur le boulevard du 30-juin.

« Ils ont bouffé l’argent! », s’énerve son collègue Bob Yundula.

Après une descente sur le terrain mi-février, le chef de l’État a demandé une information judiciaire.

– « Manipulations » –

En conseil des ministre le 20 février, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende a souhaité que cette enquête marque « le début du renouveau » de la justice en RDC, « pour un véritable État de droit ».

Le président Tshisekedi a fait de la lutte anti-corruption une priorité, à la demande pressante des bailleurs de fonds de la RDC, les États-Unis et le FMI en tête.

Les choses ne semblent pas aussi claires. Le chef de l’État a déploré que « certains magistrats en charge des dossiers soient l’objet de menaces et de manipulations » lors du dernier conseil des ministres vendredi.

Le parquet et la défense ne communiquent pas sur l’enquête en cours. Au moins trois patrons de société, un Congolais et deux étrangers implantés depuis très longtemps en RDC, sont en détention provisoire.

Le directeur général de l’Office des routes (OR, une entreprise publique), Mutima Sakrini, est soupçonné de mauvaise gestion dans l’attribution et le suivi des travaux des 100 jours.

Deux prestataires de service, l’Américain David Blattner et le Libanais Jamal Sammih, sont accusés d’avoir encaissé de l’argent public sans exécuter les travaux dans les délais contractuels de trois mois.

Leur défense est très discrète. Le dossier ne connaitra « aucune suite judiciaire », affirme un avocat qui se présente comme le conseil de M. Blattner.

Le chef de l’État a aussi déploré que « certaines personnes interpellées soient victimes de mauvais traitements dans l’unique but d’extorquer des aveux ».

Le parquet a aussi entendu les responsables de l’entreprise chinoise China Railways Engineering Company (CREC 7), qui construit au moins un « saut-de-mouton » à Kinshasa.

– Marché attribué « autour d’un verre » –

Là, c’est l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhu Jing, qui s’est lui-même chargé du plaidoyer de la défense sur Twitter: « L’entreprise chinoise a bien respecté les délais de construction fixés par les autorités congolaises. C’est à elles de choisir le moment opportun pour la mise en circulation ».

Les marchés ont été passés sans appel d’offre, de gré à gré, « autour d’un verre », déplore le député Claudel Lubaya. Cette procédure du gré à gré n’est cependant pas illégale en RDC.

Les volontés anti-corruption du chef de l’État n’ont pas que des soutiens au sein même de la présidence de la République et son cabinet pléthorique (plus de 100 conseillers).

L’attribution des marchés publics a été coordonnée par le propre cabinet du chef de l’État, dirigé par un allié du président, Vital Kamerhe.

Le nom de M. Kamerhe avait été cité par l’Inspection des Finances en septembre dans l’affaire dite des 15 millions de dollars, qui auraient disparus des caisses du Trésor public.

Le chef de l’État avait confirmé l’ouverture d’une enquête judiciaire. Une enquête dont plus personne n’a entendu parler depuis.

M. Tshisekedi gouverne aussi en coalition avec les forces de son prédécesseur Joseph Kabila, qui ont gardé la majorité au Parlement.

En septembre, le nouveau ministre des Finances José Sele (venu du camp pro-Kabila) avait déjà demandé des « audits » sur le financement du programme des 100 jours et des « sauts-de-mouton ».

Des « sauts-de-moutons » qui doivent désormais être livrés au 31 mai 2020 d’après le dernier Conseil des ministres. Ou peut-être pour les célébrations du 30-juin qui marqueront le 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.

Afrique du Sud: la police évacue des migrants qui veulent quitter le pays

La police sud-africaine a évacué dimanche plusieurs centaines de migrants au coeur d’un imbroglio juridique, qui campaient depuis quatre mois sur une place du centre de la très touristiques ville du Cap (sud-ouest).

Ces migrants venus d’autres pays africains sollicitent l’aide du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour quitter l’Afrique du Sud, où ils ne sentent pas en sécurité depuis une vague de violences xénophobes qui a fait au moins 12 morts et d’importants dégâts en septembre dernier.

Après avoir été expulsés des locaux du HCR au Cap, ils occupent depuis octobre une église et une place sur laquelle ils avaient installé un campement de tentes.

Sollicitée par la municipalité, la justice a ordonné le mois dernier leur expulsion.

Dimanche, la police a donc investi la place, procédé à l’expulsion des réfugiés et au démantèlement de leurs installations de fortune, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Nous ne sommes pas des animaux ! Nous ne sommes pas des cafards », « Dieu va vous punir pendant des générations », « où est la Nation arc-en-ciel ? », ont crié des migrants en colère.

Mais la plupart ont obtempéré sans incident majeur et évacué les lieux, au moins provisoirement.

« Nous n’avons aucun endroit où aller », s’est plainte Falone Manok, une mère de quatre enfants âgée de 28 ans venue de République démocratique du Congo (RDC).

« Je leur ai dit (au HCR) que je n’étais pas en sécurité ici en Afrique du Sud, que je voulais aller ailleurs », a-t-elle ajouté, « mais depuis j’attends ».

« On ne peut pas laisser la situation perdurer car elle a un impact sur le commerce local », a justifié l’élu du Cap chargé de la sécurité, JP Smith. « Et on ne peut pas fournir de logement d’urgence (aux migrants) eu égard aux besoins non satisfaits des Sud-Africains en la matière », a-t-il ajouté.

L’Afrique du Sud accueille 268.000 réfugiés et demandeurs d’asile, selon le gouvernement. Ils viennent pour la plupart de Somalie, d’Ethiopie, du Zimbabwe, du Nigeria et de RDC.

Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud, qui accueille des millions de migrants, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%), la pauvreté et des inégalités criantes.

Algérie/corruption: procès en appel d’ex-hauts dirigeants

Le procès en appel de plusieurs anciens hauts dirigeants politiques et grands patrons, condamnés pour corruption, s’est ouvert dimanche devant la Cour d’Alger, a indiqué l’agence officielle APS.

Une vingtaine d’accusés, ex-responsables politiques, riches patrons et hauts fonctionnaires, avaient été condamnés en décembre lors du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après le départ du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue.

Prévu initialement le 12 février, le procès avait été reporté une première fois au 26 février puis une seconde fois à la demande des avocats de la défense.

Il concerne diverses malversations dans le secteur de l’industrie algérienne de montage automobile dont l’octroi d’avantages à certains patrons et le financement électoral « occulte » de M. Bouteflika, chef de l’Etat durant 20 ans.

Candidat à un 5e mandat en avril 2019, M. Bouteflika a été contraint de démissionner le 2 avril face à un mouvement de contestation populaire inédit.

En première instance, Ahmed Ouyahia, 67 ans, quatre fois Premier ministre dont trois sous la présidence Bouteflika, a écopé de 15 ans de prison. Abdelmalek Sellal, 71 ans, qui dirigea le gouvernement de 2014 à 2017 et quatre campagnes électorales de M. Bouteflika, a été condamné à 12 ans de prison.

Dimanche, M. Ouyahia a rejeté toutes les charges retenues contre lui. « Je ne me suis rendu coupable d’aucun abus de fonction, je n’ai ni reçu de pots-de-vin ni blanchi de l’argent », a-t-il dit, ajoutant toutefois « avoir oublié de déclarer quelques biens », selon APS.

M. Sellal a également rejeté les charges à son encontre, appelant à faire comparaître M. Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013, comme témoin. Il a affirmé avoir mis en oeuvre « le programme du président, adopté par le Parlement, et dont le premier responsable est l’ancien président qui devrait comparaître comme témoin ».

Le procès en appel reprend lundi.

En première instance également, les ex-ministres de l’Industrie Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi ont écopé de 10 ans d’emprisonnement, l’ancienne préfète Nouria Yamina Zerhouni de cinq ans.

Ex-président du Forum des chefs d’entreprises, principale organisation patronale et PDG du n°1 privé du BTP algérien, Ali Haddad, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes de M. Bouteflika, a été condamné à sept ans de prison.

Trois autres riches hommes d’affaires, Ahmed Mazouz, Hassen Arbaoui et l’ancien vice-président du FCE Mohamed Bairi, tous propriétaires d’usines de montage de véhicules, ont écopé respectivement de sept, six et trois ans de prison.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés. Parmi eux l’ancien ministre de l’Industrie Bouchouareb Abdessalem (20 ans de prison).

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang.

Au Malawi, l’armée en dernier rempart de l’ordre constitutionnel

Ce fut l’une des images fortes de la longue crise politique qui a précédé l’annulation pour fraude de l’élection présidentielle de mai 2019 au Malawi: l’armée dans la rue pour assurer la protection de manifestants hostiles au gouvernement.

Pendant les six mois qui ont suivi le scrutin contesté, le pays a été le théâtre de violences entre la police et les partisans de l’opposition, qui dénonçaient la réélection à leurs yeux frauduleuse du président sortant Peter Mutharika.

La Cour constitutionnelle leur a donné raison début février en annulant, une décision historique, la présidentielle pour cause d' »anomalies systématiques et graves ».

Un nouveau scrutin est prévu le 19 mai prochain.

L’an dernier, les premières semaines de la contestation électorale ont été marquées par des heurts entre des manifestants et la police qui ont fait au moins 2 morts, dont un policier.

C’est dans ce contexte explosif que l’armée est sortie de ses casernes le 19 juillet 2019 pour apaiser les tensions, sans que l’on sache clairement qui le lui a ordonné.

« L’armée met son savoir-faire à la disposition des autorités civiles, que ce soit la police ou un autre service », avait justifié l’année dernière le chef d’état-major des Forces de défense du Malawi (MDF), le général Vincent Nundwe.

Son intervention avait été peu goûtée du président Mutharika, qui avait dans la foulée nommé trois nouveaux généraux à des postes-clés de l’état-major.

– ‘Respect constitutionnel’ –

Une forme de pression qui n’a guère ému le général Nundwe.

« Je me dois de faire respecter ce qui est inscrit dans la Constitution », avait-il expliqué. « Que le peuple manifeste, après tout c’est son droit le plus strict. Mais il ne doit pas empiéter sur les droits des autres ou détruire de biens ».

L’article 160 de la loi fondamentale malawite stipule que « les MDF doivent faire respecter et protéger l’ordre constitutionnel de la République et aider les autorités à accomplir leurs fonctions telles que définies par la Constitution ».

« Les MDF protégeront tout le monde, sans aucune considération tribale ou de quelque autre sorte », insiste l’officier supérieur.

Sur un continent où les hommes en treillis sont souvent associés aux coups d’Etat et à la répression, le rôle de tampon joué par ceux du Malawi a surpris à l’étranger.

« Les images récentes de soldats protégeant des manifestations de l’opposition sont contraires à l’image que beaucoup d’Africains se font de l’armée », note Nathan Chiume, un analyste politique établi aux Etats-Unis.

A l’inverse, l’armée malawite s’est déjà plusieurs fois distinguée dans un rôle de protection des institutions.

En 1993, un an avant l’avènement de la démocratie, ses soldats avaient démantelé l’aile paramilitaire du président de l’époque, Hastings Kamuzu Banda (1966-1994).

En 2012, ils étaient à nouveau intervenus à la mort brutale du président Bingu wa Mutharika. Le gouvernement de l’époque essayait alors d’empêcher la vice-présidente Joyce Banda de prendre le pouvoir, conformément à la Constitution. L’armée l’a vite contraint à obtempérer.

– ‘Confiance’ –

« Les MDF ont permis à la démocratie et à l’Etat de droit de s’imposer », se souvient Mme Banda. « Elles ont joué un rôle essentiel en apportant la justice au nom des pauvres et des sans-voix au Malawi », ajoute l’ex-cheffe de l’Etat.

Selon elle, les manifestations des derniers mois n’auraient pas eu lieu sans la confiance de l’opposition en « ses » militaires.

« Les MDF sont une institution sur laquelle le peuple du Malawi a toujours pu compter », confirme le principal adversaire du régime, Chakwera. « Ces derniers mois, les soldats ont maintes fois créé un environnement sûr qui a permis aux citoyens d’exercer leur droit à manifester pacifiquement ».

Officiellement, le camp de Peter Mutharika s’est réjouit du rôle joué par les militaires pendant la récente crise.

« (Ils) se sont toujours comportés de façon professionnelle », note le porte-parole du gouvernement Mark Botomani, « nous avons une des armées les plus disciplinées de la région ».

En coulisses toutefois, les partisans du président sortant ne cachent pas une certaine exaspération.

« Je ne pense pas que l’armée ait formellement outrepassé son rôle », juge l’un d’eux, Joshua Khan, mais « elle aurait dû empêcher les manifestations. Il y a eu des morts ! » « Les marches pacifiques sont devenues violentes et les MDF ont semblé d’accord avec ça », déplore-t-il.

Malgré ces critiques, les deux camps restent persuadés que l’armée saura garder sa neutralité lors du nouveau scrutin à venir, malgré les inévitables tensions.

« Les MDF resteront impartiales », assure le général à la retraite Marcel Chirwa. « Elles barreront la route du pouvoir à tout parti considéré comme un ennemi des citoyens », ajoute-t-il, « mais rentreront dans leurs casernes (…) sitôt la menace écartée ».

Nigeria: 50 personnes tuées dans une attaque de « bandits » dans le Nord

Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche lors d’une attaque de bandits armés dans trois villages de l’Etat de Kaduna, dans le Nord du Nigeria, ont indiqué lundi la police locale et des habitants.

Une centaine d’hommes armés, soupçonnés d’appartenir à un gang spécialisé dans le vol de bétail et les kidnappings, ont attaqué les villages de Kerawa, Zareyawa et Marina dans le district d’Igabi, tirant sur des habitants, pillant et incendiant des maisons, selon la police locale.

« Le commandement de la police a reçu un rapport sur ces attaques et nous avons envoyé des hommes dans la zone pour rassembler davantage d’informations », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat, Mohammed Jalige.

Un député de Kaduna et des habitants ont quant à eux fait état d’au moins 50 corps retrouvés, un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir.

« Jusqu’à présent, 50 corps ont été retrouvés mais le chiffre n’est pas définitif et devrait très probablement augmenter car les opérations de secours sont toujours en cours », a déclaré le député Zayyad Ibrahim.

Les bandits ont attaqué les villages au moment où les fidèles sortaient des mosquées après la prière, tirant au hasard sur la population, a déclaré M. Ibrahim, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de la région.

Un chef du village de Kerawa, Dayyabu Kerawa, a assuré que « 51 victimes » avaient été « enterrées » dimanche après-midi après l’attaque, la présentant comme des représailles aux opérations menées par l’armée dans la région.

« Les attaques étaient une réponse aux opérations militaires en cours contre les cachettes des bandits dans la forêt » voisine, a affirmé M. Kerawa. « Les bandits ont accusé les habitants des villages ciblés de fournir des informations sur leurs cachettes aux militaires ».

Le mois dernier, 21 personnes, dont 16 membres d’une famille, avaient été tuées lors d’une attaque similaire contre le village de Bakali, dans le district voisin de Giwa.

Cette partie de l’Etat de Kaduna est devenue ces dernières années un repaire de bandits spécialisés dans le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, qui ont forcé des milliers d’habitants à fuir leurs foyers.

En février, les autorités nigérianes ont affirmé avoir tué 250 bandits lors d’une opération visant leurs cachettes dans les forêts de l’Etat de Kaduna.

Dans une déclaration lundi, le sénateur de l’Etat de Kaduna, Shehu Sani, a dénoncé le « silence » et l' »inaction » des autorités face à l’insécurité qui ravage le nord du pays, région la plus pauvre et la moins éduquée, soulignant le sentiment d’abandon des populations.

« Les homicides et les enlèvements sont devenus monnaie courante dans les états de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger », a déclaré Shehu Sani. « Les gouverneurs du Nord continuent de faire l’autruche, craignant de s’opposer au gouvernement fédéral et de prendre des mesures indépendantes pour protéger leur peuple ».

« Le Nord est devenu une région d’enterrements sans fin et de deuil perpétuel », a-t-il dit. « Les bandits du Nord sont devenus l’Etat, ils imposent des amendes et des taxes, envoient des avis, contrôlent les territoires ».

Le sénateur assure que « l’insécurité omniprésente dans le Nord est renforcée et entretenue par le silence (…) de ses élites autant que par l’inaction du Gouvernement ».

Au Texas, les jeunes Latinos courtisés par les candidats démocrates

Dans la permanence d’Elizabeth Warren à Houston, des volontaires texans s’empressent de coller au mur les dernières pancartes en espagnol et de mettre des chaises en cercle.

Ils attendent l’arrivée d’une dizaine d’électeurs latinos venus discuter du programme de la candidate aux primaires démocrates.

Au Texas, le nerf de la guerre dans la course à l’investiture démocrate est la participation de l’électorat hispanique lors du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats se rendront aux urnes pour choisir quel candidat ils veulent voir défier Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« Très souvent, nous sommes ignorés en tant que communauté », déplore auprès de l’AFP la romancière Ariane Navarro, venue avec son mari et ses deux enfants à ce forum.

Pendant une heure et demie, des personnes âgées, de jeunes adultes et même quelques familles discutent d’immigration, de santé et de leurs ressentis d’Américains latinos.

« Je suis entourée par des Latinos éduqués et nous pensons tous avoir une voix et être capables de transformer le Texas », ajoute l’ancienne professeure qui veut aider les jeunes de sa famille à s’inscrire sur les listes électorales.

L’équipe de campagne d’Elizabeth Warren se vante d’avoir organisé une tournée dédiée spécifiquement à la communauté hispanique à travers le Texas.

« Beaucoup de gens disent que le Texas est un Etat rouge (républicain, ndlr), mais c’est faux: c’est un Etat où les gens ne votent pas », affirme Maria Martinez, chargée d’établir des passerelles avec la communauté hispanique au niveau national.

Lors des primaires démocrates de mars 2016, seuls 7.44% de la population texane en âge de voter avait mis un bulletin dans l’urne: c’est environ 20% de moins qu’au niveau national. Pendant l’élection présidentielle de novembre 2016, la participation texane était également près de 10% sous la moyenne nationale.

– Quinceaneras –

Les prétendants démocrates se disputent ardemment le soutien de cette base qui ne cesse de croître: en 2020, les électeurs originaires d’Amérique centrale ou méridionale sont 1.4 million de plus qu’en 2012 à pouvoir voter au Texas.

« 56% du total des électeurs hispaniques vivent dans un Etat qui vote avant ou pendant le Super Tuesday, dont fait partie le Texas cette année », explique Mark Hugo Lopez du Pew Research Center. Un nombre plus important de Latinos a donc l’occasion de participer aux primaires qu’en 2012 ou en 2016.

Les publicités en espagnol et le porte-à-porte électoral ne suffisent plus, estime Antonio Arellano, directeur exécutif de l’organisation Jolt, qui encourage les jeunes latinos à se saisir du problème eux-mêmes.

Le collectif a notamment lancé l’initiative Poder Quince (« Pouvoir quinze »), qui offre d’inscrire sur les listes électorales les convives pendant les quinceaneras, la fête traditionnelle des jeunes filles mexicaines qui marque leur anniversaire de 15 ans. Une « nouvelle tradition d’engagement civique » qui « exploite la puissance de la culture latino », estime le militant sans-papiers de 29 ans.

Autre idée pour toucher les jeunes, un débat organisé à Houston en février entre étudiants et candidats à la primaire démocrate. Le super-favori de la course Bernie Sanders a accepté d’être présent par vidéoconférence.

Le socialiste revendiqué qui mène les sondages avec 30% d’intention de vote chez les Latinos est particulièrement populaire chez les jeunes et a été longuement applaudi par la foule.

– « Un poids sur mes épaules » –

Au milieu des galettes de riz et beurre de cacahuète, bougies électriques et franges découpées dans du papier mâché rose ou jaune, la permanence de Jolt est investie tous les jeudis par des bénévoles comme Victor Ibarra, qui veut « faire en sorte que la jeunesse latino ait une voix dans le futur ».

« Cela compte beaucoup pour moi que (les candidats, ndlr) aient pris le temps de nous parler et de répondre à nos questions », apprécie le physicien de 23 ans, dans une petite salle couverte de pancartes multicolores dans l’est de Houston.

« On se concentre sur les jeunes parce qu’on veut leur faire comprendre que c’est leur responsabilité d’aller informer leur famille », explique Leslie Hernandez, responsable du recensement pour Jolt qui encadre les volontaires.

Pour eux, le vote aux primaires démocrates n’est qu’une goutte dans l’océan des combats politiques à mener: écologie, recensement, antiracisme.

Avant de dresser des listes de politiciens à contacter avant leur prochain événement civique, et d’enregistrer une petite vidéo promotionnelle à destination de leurs réseaux sociaux, la demi-douzaine de lycéens et de jeunes adultes ferme les yeux et s’accorde cinq minutes de méditation sur fond de musique relaxante.

« En tant que Latina, j’ai l’impression de porter un poids sur mes épaules en permanence », commence Leslie Hernandez, qui exhorte les volontaires à respirer et à prendre soin d’eux. « Vous êtes en sécurité maintenant. »

Elections générales au Guyana à l’ombre de la future richesse pétrolière

Les électeurs se rendent aux urnes lundi au Guyana pour les élections générales dans ce pays pauvre d’Amérique du sud, où la découverte de nouvelles réserves de pétrole pourrait rebattre les cartes du paysage politique marqué par des divisions communautaires.

L’élection s’annonce serrée entre la coalition au pouvoir formée par le Partenariat pour l’Unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), dirigée par le président sortant David Granger et l’opposition du Parti progressiste du peuple (PPP) d’Irfaan Ali.

Jusque-là, la coalition n’avait qu’un siège d’avance sur l’opposition à l’Assemblée nationale, où les 65 sièges doivent être renouvelés.

Le chef du parti qui aura remporté le plus de sièges devrait être désigné président de cette république indépendante depuis 1966.

La production de pétrole actuelle d’environ 52.000 barils par jour pourrait atteindre 750.000 barils/jours en 2025, après la mise en service de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit ainsi une croissance économique record de 85% pour 2020.

« C’est une élection très importante car une énorme richesse est sur le point d’arriver », estime Henry Jeffrey, un ancien professeur de relations internationales à l’Université du Guyana.

Mais l’ancienne colonie britannique, frontalière avec le Brésil, le Venezuela et le Suriname, n’est guère préparée à l’arrivée d’une telle manne : l’Etat manque cruellement d’experts pétroliers et aucun cadre législatif n’a été voté pour en assurer la bonne gestion.

Le vote devrait être conforme à la division politique de ce pays de 750.000 habitants – même si des observateurs estiment qu’au moins un tiers de la population a émigré aux Etats-Unis et dans les Caraïbes – calquée sur une ligne de partage communautaire.

La coalition est principalement soutenue par la communauté afro-guyanaise, descendante d’esclaves, et le PPP par la communauté indo-guyannaise, formée de descendants de migrants venus d’Inde.

« Le problème du Guyana est ethnique et aucun de ces partis ne propose quoi que ce soit de nouveau », selon Henry Jeffrey.

Après avoir perdu un vote de confiance fin 2018, dont il a contesté les résultats, le président Granger, 74 ans, a convoqué de nouvelles élections.

Le président sortant et son challenger de 39 ans ont tenté de séduire les électeurs en promettant l’éducation gratuite, des emplois, une augmentation des salaires et des retraites, grâce aux revenus pétroliers.

Mais selon l’ONG britannique Global Witness, le Guyana a d’ores et déjà perdu 55 milliards de dollars à cause d’un contrat d’exploration mal négocié avec ExxonMobil en 2016.

Les résultats du scrutin sont attendus après plusieurs jours. De nombreux bureaux de vote parmi les 2.000 dispersés dans tout le pays, sont situés dans des zones reculées de montagnes forestières.