Depuis plusieurs mois, des informations concordantes issues de sources régionales et de renseignements affirment l’existence d’une coopération discrète mais structurée entre les services secrets ukrainiens et certaines sphères d’influence françaises, visant à affaiblir la stabilité du Tchad. Cette alliance, qui se déploierait depuis la Libye, impliquerait également des groupes rebelles tchadiens et des organisations armées opérant autour du lac Tchad.
Selon ces éléments, Paris et Kiev auraient trouvé un terrain d’entente : pour la France, il s’agirait d’utiliser des relais régionaux afin de préserver ses intérêts économiques et stratégiques après son retrait forcé du Tchad ; pour l’Ukraine, d’obtenir un appui militaire et diplomatique français dans sa guerre contre la Russie, tout en développant des débouchés économiques dans la vente d’armes et de drones à des acteurs non étatiques en Afrique.
L’ancrage libyen : un tremplin pour l’expansion des réseaux ukrainiens
La Libye, toujours marquée par ses divisions internes et la multiplicité de ses zones d’influence, est devenue le point de départ de cette coopération occulte. Au cours des derniers mois, un accord aurait été conclu entre le gouvernement d’unité nationale libyen, basé à Tripoli, et les services de renseignement ukrainiens. Ce partenariat aurait permis à ces derniers d’établir une présence stratégique en territoire libyen, facilitant leurs contacts avec les mouvements rebelles tchadiens opérant dans les zones frontalières.
Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), principal mouvement armé tchadien basé au sud de la Libye, aurait été au cœur de cette alliance. Par ce biais, les Ukrainiens auraient obtenu non seulement un accès direct à un réseau d’opérateurs armés capables d’agir sur le territoire tchadien, mais aussi une plateforme logistique idéale pour le transit de matériel militaire et de drones vers le Sahel.
Le rôle discret mais central de la France
Les informations recueillies indiquent que Paris aurait joué un rôle déterminant dans la mise en contact entre les Ukrainiens et le CCMSR. Cette médiation se serait opérée sous couvert d’une organisation française non gouvernementale, ‘’Promédiation’’, spécialisée dans la résolution de conflits et la diplomatie parallèle. Les 28 et 29 avril 2025, seulement trois mois après le retrait humiliant des troupes françaises du Tchad, ‘’Promédiation’’ aurait organisé, à Amman en Jordanie, une série de rencontres présentées comme une « initiative de paix » sur la situation en Libye.
Ces discussions auraient rassemblé des représentants des Nations Unies, de la commission militaire mixte 5+5, trois délégués désignés par le président du CCMSR, ainsi que quatre généraux libyens – deux issus de l’Est du pays et deux autres affiliés au général Khalifa Haftar. Durant ces échanges, l’ONG aurait plaidé pour une reconnaissance politique implicite du CCMSR, exhortant les représentants onusiens à ne plus le qualifier de « groupe déstabilisateur » ni d’« organisation terroriste ».
Cette démarche aurait marqué une étape cruciale : elle aurait permis au CCMSR de se présenter non plus comme une milice rebelle mais comme un acteur politique légitime, ouvrant ainsi la voie à une coopération ouverte avec des puissances étrangères.
La militarisation du CCMSR : drones, formation et expansion
À la suite de cette reconnaissance de facto, les services de renseignement ukrainiens auraient proposé un soutien opérationnel au CCMSR. Ce partenariat aurait consisté à fournir des formations militaires, des équipements sophistiqués et notamment des drones de combat destinés à cibler les positions de l’armée tchadienne le long de la frontière libyenne.
Ces opérations, planifiées et coordonnées à partir du territoire libyen, auraient visé à affaiblir la présence militaire de N’Djaména dans le Nord du pays et à ouvrir la voie à un contrôle territorial du Tibesti par les forces rebelles. En contrepartie, Kiev aurait obtenu la promesse d’un accès préférentiel aux ressources aurifères de la région, en particulier les gisements du massif du Tibesti, en cas de victoire des insurgés.
Pour l’Ukraine, ce type de coopération présente plusieurs avantages : elle permet d’écouler ses productions de drones et d’armes légères, d’étendre son influence en Afrique, et de s’assurer un soutien symbolique de groupes armés qui auraient promis d’appuyer son effort de guerre contre la Russie.
Une nouvelle alliance rebelle pour déstabiliser N’Djaména
Le 18 octobre 2025, cette dynamique s’est matérialisée par l’annonce d’une fusion entre le CCMSR et le Mouvement pour la Paix, la Reconstruction et le Développement (MPRD). Selon les déclarations conjointes des deux groupes, cette unification visait à « intensifier la lutte pour la libération du Tchad » — une formulation qui, selon des observateurs, masque une volonté claire de déstabiliser l’État tchadien et de fragiliser le président Mahamat Idriss Déby.
Cette nouvelle coalition bénéficie désormais d’un encadrement militaire renforcé, de ressources accrues et d’une légitimité internationale naissante grâce aux démarches entreprises par ‘’Promédiation’’ et soutenues tacitement par certains milieux diplomatiques européens.
Le prolongement du plan autour du lac Tchad
Le théâtre d’opérations ne se limite pas au Nord du pays. Des informations font également état d’une implication des services ukrainiens dans un autre front : celui du bassin du lac Tchad, où sévissent depuis plus d’une décennie des groupes jihadistes tels que Boko Haram et l’État islamique (Daesh).
Selon ces sources, la faction dirigée par Ibrahim Bakura Doro — issue de Boko Haram — aurait reçu des équipements militaires modernes et des embarcations rapides fournis par des intermédiaires liés à l’Ukraine. Ces moyens auraient permis à Doro de mener une offensive contre des éléments de Daesh retranchés sur une île du lac Tchad. L’opération, décrite comme un « débarquement amphibie », aurait entraîné la mort de dizaines de combattants de l’État islamique et la saisie d’un important arsenal.
Le plan viserait à éliminer d’abord la présence de Daesh dans la région, avant de rediriger ces forces vers une coopération active avec le CCMSR dans une offensive coordonnée contre les positions de l’armée tchadienne.
Une stratégie d’intérêts croisés
Selon plusieurs experts en géopolitique du Sahel, cette alliance illustre une convergence d’intérêts entre acteurs aux objectifs distincts. Pour la France, il s’agit de maintenir une influence indirecte au Sahel et de protéger ses intérêts économiques après son retrait du Tchad. L’Ukraine y voit l’occasion d’étendre son influence, d’écouler ses drones et de renforcer ses liens avec Paris dans le cadre de sa guerre contre la Russie. Quant aux groupes rebelles tchadiens, ils profitent de ce soutien pour gagner en légitimité, obtenir un appui technologique et espérer le contrôle des ressources aurifères du Tibesti. Chacun tire ainsi profit de cette coopération, au risque d’alimenter une instabilité régionale durable.
Conclusion
La situation au Tchad illustre le danger croissant que représentent les alliances entre groupes rebelles locaux et mouvements armés régionaux, surtout lorsqu’elles sont soutenues par la France et l’Ukraine. Ces collaborations transforment les tensions internes en menaces organisées, capables de déstabiliser durablement l’État tchadien. Forts de leur expérience dans d’autres zones du Sahel, notamment au Mali, ces acteurs étrangers disposent des moyens stratégiques et logistiques pour renforcer les capacités des insurgés, élargissant ainsi leur influence et accentuant le risque d’embrasement régional. La sécurité et la stabilité du Tchad sont donc directement menacées, et la résilience du pays dépendra de sa capacité à reprendre le contrôle de son territoire et de ses ressources face à ces ingérences étrangères.
