Malgré l’interpellation de certains leaders, les manifestations contre la politique française au Tchad se poursuivent. Certaines rues sont encore barricadées ce 16 mai à N’Djamena.
A la suite des Maliens, des Burkinabés ou des Nigériens qui ont tourné le dos à la France, les populations du Tchad prennent le relais depuis le 14 mai 2022. Des mouvements d’humeur sont organisés dans plusieurs parties du pays pour exiger le départ de la France. Les manifestations initiées par la plateforme de revendication Wakit Tamma ont connu la participation de plusieurs leaders de partis politiques et des acteurs de la société civile. Une forte présence de la jeunesse est également remarquée sur les sites de manifestations.
Samedi dernier, après avoir saccagé les stations-services Total, appartenant à la multinationale française, d’autres manifestations se sont poursuivies hier dimanche 15 mai. Ce lundi 16 mai, des pneus sont brulés sur les artères des quartiers de N’Djamena par des élèves. Ce qui rend la circulation difficile dans les grands axes de la cité capitale. Les manifestants de ce jour sont pour la plupart des élèves des établissements arabophones, situés dans les quartiers nord de N’Djamena. Le ton est donné par les élèves du lycée koweïtien. Les gaz lacrymogènes sont utilisés pour disperser ces derniers.
La position du gouvernement tchadien
« La liberté d’expression et le droit de manifester sont des droits constitutionnels mais il faut en faire un bon usage», a déclaré le porte-parole du gouvernement, invité à la télévision nationale. La déclaration d’Abderaman Koulamallah, fait suite aux manifestations du samedi 13 mai. « Ce qui s’est passé hier est extrêmement grave», ajoute le ministre de la Communication. Pour lui, il ne revient pas à certaines entités de demander la substitution d’une puissance contre une autre. «Vous avez le droit de manifester, de dire que vous n’aimez pas la France, mais pourquoi vouloir substituer une puissance à une autre ? Est-ce qu’ils sont allés demander l’avis à la Russie ? » Le porte-parole du gouvernement a terminé ses propos par des injonctions : « Les gens vont répondre de leurs actes. Maintenant, ce n’est pas la peine de pleurnicher sur les réseaux sociaux en disant qu’il faut libérer X ou Y».
Pour le ministre de la sécurité, il a été bien spécifié selon les termes de l’autorisation de la marche, « qu’en cas de casse, de vol, toute autre infraction ou débordements, les organisateurs de cette manifestation seront tenus pour responsables devant les juridictions de la république. »
Les représailles
Le porte-parole de la Coordination des Actions Citoyennes Wakit-tama, Me Max Loalangar est convoqué par le Directeur de la Police Judiciaire. Il doit se présenter aux Renseignements Généraux ce lundi 16 mai 2022. Avant lui, quelques leaders de l’opposition ont été arrêtés. Parmi lesquels, Hissein Massar Hissein, ancien conseiller à la présidence de la République, interpellé à son domicile. Il était également, président du Conseil d’administration de l’Université Roi Fayçal, sous l’ancien président, Idriss Deby Itno.