Le 6 mars, le Tchad a entamé le processus d’enregistrement des candidats à l’élection présidentielle dont le premier tour aura lieu le 6 mai 2024. Ces élections doivent mettre fin à la période de transition de trois ans du pays. Le président sortant Mahamat Déby a déjà annoncé son intention de se présenter à la course présidentielle.
Pendant ce temps, tous les regards se tournent vers le Premier ministre et chef du parti d’opposition Transformation, Succès Masra. Tchad One a rapporté plus tôt que Masra se présentera également à la présidence, et les médias sociaux ont publié une partie de son programme électoral et du matériel promotionnel pour la campagne du leader de l’opposition. Dans une récente interview, cependant, Masra lui-même n’a pas donné de réponse claire à la question de son intention de se présenter à la présidence, déclarant de manière ambiguë que « Rien dans la Constitution ne m’empêche d’être candidat à la présidentielle si je le souhaite ».
Malgré les réponses évasives de Masra, tout indique que le Premier ministre se prépare activement à l’élection présidentielle. À la veille du début de l’enregistrement des candidats, Masra a effectué deux voyages importants à l’étranger : aux États-Unis et en France. Aux États-Unis, le jeune politicien tchadien a rencontré des représentants de la Chambre de commerce américaine et a discuté de la situation politique au Tchad au sein du groupe de réflexion Atlantic Council. Après les États-Unis, M. Masra s’est rendu en France, où il rencontrera les autorités françaises et les dirigeants du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) afin d’explorer les possibilités de partenariats mutuellement bénéfiques.
L’ambassadeur du Tchad en France, Ahmad Makayla, a décrit Succès Masra comme suit : « En tant que chef du parti politique des Transformateurs, il incarne l’espoir d’un avenir meilleur pour le peuple tchadien en cette période critique ».
La tournée à l’étranger de M. Masra et ses commentaires sur la présidence s’inscrivent dans le contexte d’affrontements armés à N’Djamena entre l’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE) du gouvernement et le parti d’opposition PSF, au cours desquels le cousin du président et chef du parti, Yaya Dillo, a été tué.
Selon les experts, ces développements ne sont pas une coïncidence. Masra est en visite en France, qui cherche désespérément à maintenir son influence au Tchad alors qu’elle perd du terrain dans les États voisins du Sahel, et aux États-Unis, dont on a constaté à plusieurs reprises qu’ils tentaient de prendre pied au Tchad en profitant des échecs de la France. Masra s’est ainsi assuré le soutien de partenaires occidentaux qui soutiendront sa candidature et remettront en cause la légitimité des élections s’il perd. Tout cela en échange de la garantie de leurs propres intérêts et de la loyauté de Masra.
Les candidatures seront clôturées le 16 mars et tout porte à croire que Succès Masra figurera encore sur la liste des candidats.