Tchad : le gouvernement prend acte de la demande d’une enquête sur les évènements du 27 et 28 février

Dans un communiqué du 03 mars 2023, le gouvernement tchadien se dit favorable à l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les événements du 27 et 28 février 2024.

 

« Le Tchad est déterminé à faire toute la lumière sur les événements du 28 février qui ont conduit des citoyens à prendre les armes et à menacer les institutions de la République », indique le porte-parole du gouvernement. Une réaction qui fait suite la demande d’une enquête indépendante sollicitée par Human Rights Watch concernant les circonstances entourant tous les décès consécutifs à ces événements. « Nous souhaitons souligner notre volonté de coopérer pleinement avec toute enquête indépendante visant à établir la vérité », déclare le ministre de la Communication, Abderaman Koulamallah.

Il invite toutes les parties concernées à participer à cette enquête de manière constructive, dans le but de garantir la transparence.

Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement, appelle les organisations internationales à éviter toute préoccupation sélective des événements et à favoriser une approche équitable et impartiale dans leur action.

Pour mémoire, les évènements du 27 et 28 février, suite à l’assaut militaire au siège du Parti Socialiste sans Frontières (PSF) a causé la mort de plusieurs personnes, dont Yaya Dillo, l’opposant politique.

Tchad : Human Rights Watch demande une enquête sur le comportement des forces de sécurité

Suite à la répression des manifestations du jeudi 20 octobre 2022, sur le comportement des forces de sécurité, HRW demande d’ouvrir sans tarder des enquêtes impartiales sur le comportement des forces de sécurité.

Les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants dans plusieurs villes du Tchad, y compris à N’Djamena, la capitale, le 20 octobre 2022, tuant au moins 50 personnes et en blessant des dizaines d’autres, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les forces de sécurité – des membres de l’armée, de la gendarmerie et de la police – ont également passé à tabac des manifestants et arrêté des centaines de personnes, apparemment de manière arbitraire dans de nombreux cas, pendant et après les manifestations. Le porte-parole du gouvernement a affirmé à des médias internationaux qu’au moins 15 membres des services de sécurité avaient été tués. Human Rights Watch n’a pas été en mesure de confirmer ces chiffres de source indépendante.

 « Les autorités tchadiennes devraient immédiatement faire en sorte qu’une enquête indépendante et effective détermine si le recours à la force létale par les services de sécurité était une réponse justifiée et proportionnelle à toute prétendue violence », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les gens devraient pouvoir manifester pacifiquement contre la politique du gouvernement sans se faire tirer dessus ou se faire tuer. »

Ces manifestations, qui se sont déroulées dans tout le pays et ont mobilisé des milliers de participants, marquaient la date à laquelle l’administration militaire, au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby le 20 avril 2021, avait promis de restituer le pouvoir à un gouvernement civil. Le Conseil militaire de transition – présidé par le fils de Déby, Mahamat Idriss Déby – a pris le pouvoir après qu’Idriss Déby a été tué. Ce conseil a récemment repoussé la date des prochaines élections à octobre 2024. Les manifestations ont eu lieu en dépit d’une interdiction du gouvernement, décrétée le 19 octobre.

 Human Rights Watch a reçu des témoignages de manifestants et de témoins selon lesquels certains manifestants ont lancé des pierres, et a vu des photos non authentifiées qui montrent une poignée de manifestants armés de couteaux, mais n’a pas trouvé de preuves que des manifestants avaient des armes à feu. Les médias ont signalé des cas de pillage dans certaines villes lors de périodes de désordre ayant suivi l’intervention des forces de sécurité, y compris à N’Djamena, où le bureau du Premier ministre a été saccagé.

 Des membres de la société civile, des opposants politiques et des témoins ont affirmé que les forces de sécurité avaient tiré sur la foule sans discernement. Un membre des Transformateurs, le principal parti d’opposition, a affirmé à Human Rights Watch : « nous n’étions pas armés. Nous avons lancé des pierres, oui, mais même avant que des pierres ne soient lancées, on [les forces de sécurité] nous avait tiré dessus. »

Une des victimes, Orédjé Narcisse, un journaliste, aurait été tué par balles devant son domicile par des hommes en uniforme militaire.