Lutte anti-terroriste : les soldats tchadiens quittent définitivement le Mali

Arrivés pour la première fois au Mali en avril 2013 pour combattre le terrorisme, les soldats tchadiens regagnent définitivement N’Djaména suite à des démêlés entre Paris et Bamako.

En janvier 2013, l’ancien président tchadien, Idriss Deby Itno annonçait officiellement à l’Assemblée nationale, l’envoi d’un contingent tchadien au Mali pour la lutte anti-djihadiste. Quelque 2 400 soldats, placés sous le commandement de l’actuel président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, étaient déployés pour combattre auprès de, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). En plus des hommes, deux cent quarante véhicules de transport de troupes et de ravitaillement avaient été mobilisés.

10 ans après, notamment après la prise de pouvoir au Mali depuis 2020 par des militaires, il est demandé aux forces françaises jugées hostiles de plier bagage. Ainsi les casques bleus tchadiens de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), doivent s’en aller.

Sauf que, les militaires tchadiens ont commencé à quitter les lieux par voie terrestre. Les autorisations de vols leurs ont été refusées par les nouveaux hommes forts du Mali. Pour cause, la MINUSMA, n’aurait pas respecté le les closes qui prévoient le retrait progressif jusqu’au 31 décembre. Elle a commencé à quitter ses installations le dimanche 22 octobre et lundi 23 octobre ses camps de Tessalit et Aguelhok.

Conséquence

« Les séparatistes touareg ont repris les hostilités contre l’Etat central et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda multiplie les attaques contre l’armée. » Dans une communication, l’armée malienne dit constater « avec beaucoup de regret» que la Minusma a quitté son camp d’Aguelhok sans attendre de le transférer aux autorités maliennes.

D’après un traitement fait par nos confrères de TV5 Monde, ce « départ précipité de la Minusma met en péril le processus entamé et menace la sécurité et la stabilité dans la localité d’Aguelhok.» Pour preuve, des « terroristes », ont profité de la situation pour s’introduire dans le camp et « détruire plusieurs installations ».

Cette suite d’évènements marque ainsi la fin de mission des soldats tchadiens auprès de la Minusma dans les combats au Mali.

Tchad : Mahamat Idriss Deby s’incline devant la mémoire des soldats morts au Mali

Le président de transition, Mahamat Idriss Deby a rendu hommage au quatre Casque bleu tchadien morts suite à l’explosion d’un engin explosif improvisé dans le nord du Mali.

Lundi dernier, trois Casque bleu de la mission de l’ONU au Mali ont été tués par l’explosion d’un engin explosif improvisé lors d’une patrouille de déminage à Tessalit dans le nord du Mali. L’information a été donnée par la Minusma. Hier la mission a annoncé qu’un quatrième soldat a été tué.

Mahamat Idriss Deby a laissé ce message sur sa page Facebook. « Je m’incline devant la mémoire de nos valeureux soldats tombés à Tessalit suite à l’explosion d’une mine télécommandée. Je souhaite un prompt rétablissement aux soldats blessés qui reçoivent actuellement les soins à Kidal et au Sénégal et dont nous suivons la situation de près. Le sang versé de nos soldats ne restera pas impuni. Cette triste circonstance nous rappelle l’ampleur de la menace qui pèse au quotidien sur nos pays. L’hydre terroriste doit impérativement être écrasée si l’on veut éviter la déchéance de nos Etats. »

L’ONU et quelques institutions internationales ont également condamnés cette ‘’lacheté’’. « Les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international », a indiqué le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Combats contre les djihadistes : l’engagement des militaires tchadiens divise l’opinion publique

Le président Idriss Déby Itno a donné son accord pour mettre le paquet sur le fuseau centre, accompagné des militaires de l’opération Barkhane.

Le Tchad a déployé 1.450 soldats au Mali sous le pavillon de la Mission de l’ONU (Minusma), 5.000 autres soldats font partie de la Force conjointe du G5 Sahel, active sur la frontière nigéro-tchadienne.

Une partie de la population tchadienne s’interroge sur le coût humain et financier de l’engagement militaire tchadien dans le Sahel.

Cette décision du chef de l’État tchadien divise la classe politique. Certains saluent cette action alors que pour d’autre c’est un sacrifice inutile.

Pour Abderamane Djasnabaye, le coordonnateur des partis alliés à la majorité présidentielle « le Président Déby a pris une bonne décision. C’est un panafricaniste confirmé. Nous devons réagir en solidarité et faire en sorte que ce fléau qui gangrène l’Afrique (l’extrémisme islamiste) soit combattu et complètement éliminé sur le terrain ».

« Nous ne pouvons pas développer l’Afrique avec des problèmes d’insécurité. Ensemble, nous allons faire en sorte que cette question soit enrayée dans notre zone pour nous permettre de nous développer et vivre en paix. », conclut Abderamane Djasnabaye.

Cependant, une partie de la population n’approuve pas l’engagement des militaires tchadiens sur des théâtres d’opération à l’étranger. « On a perdu beaucoup de nos jeunes, de nos enfants pour des choses inutiles. L’armée est faite pour la défense de la patrie. Même si c’est une mission onusienne, il faut des garanties pour qu’en cas de décès, les enfants de la victime soient dédommagés. Chaque jour, les radios annoncent qu’un tel a été tué, qu’un tel autre a été égorgé mais on est incapable d’assurer la sécurité chez nous. Est-ce que la sécurité des autres vaut plus que la sécurité des Tchadiens ? », s’interroge Rassou Gagué qui a perdu deux de ses frères, des militaires tués en opérations contre les djihadistes au Mali.

Succès Masra, leader du parti  « Les Transformateurs », un parti d’opposition, soupçonne le président Deby de faire de la lutte contre le terrorisme un moyen pour s’éterniser au pouvoir.

« Que notre pays contribue à la lutte contre le terrorisme en soit n’est pas une mauvaise chose, mais ça ne doit pas se faire en sacrifiant nos enfants qui sont pour certains très jeunes », insiste-t-il.

« Ce serait indécent de se faire une renommée politique sur la mort de ces enfants. Utiliser la question sécuritaire comme un argument pour rester éternellement au pouvoir c’est non seulement indécent mais c’est un piège dans lequel il est en train de plonger notre pays », soutient le jeune opposant.

Le Tchad est engagé dans la lutte contre le terrorisme en Afrique depuis 2013. Un engagement militaire qui aurait coûté au trésor public tchadien plus 300 milliards de francs