Sans donner aucune explication, les autorités ont cessé de délivrer de passeports et les conséquences commencent à se faire ressentir.
Depuis fin du mois d’août aucun passeport biométrique n’a été délivré par les services de de l’immigration et de l’émigration du ministère de la sécurité publique.
Des étudiants pénalisés
Les conséquences sont nombreuses. Des étudiants ou des malades en état d’évacuation sanitaire ont dû reporter leur voyage, faute de passeport.
C’est le cas de Yessaigne Borkame qui devrait se rendre au Maroc pour poursuivre ses études depuis septembre mais qui est bloqué à N’Djamena.
« Quand je vais au commissariat central pour qu’on puisse me délivrer le passeport, ceux qui sont à la porte me disent que le passeport n’est pas disponible, qu’il y a un problème d’encre, qu’il n’y a pas d’imprimante », confirme Yessaigne Borkame.
Le retard pénalise l’étudiante « normalement je devrais voyager mais là je n’ai pas eu le passeport et le voyage est encore repoussé et je trouve que ce n’est pas bon. Ce n’est pas vraiment normal. Il faut que le gouvernement essaie de voir ça. »
Comme Yessaigne, Anges Ngomita est dans la même situation. Mais son cas est encore plus grave. Ses études au Ghana sont très sérieusement compromises.
« Je devrais passer un test à Accra depuis le 15 septembre et voilà que j’ai raté cette occasion simplement parce qu’on ne peut pas me délivrer un passeport. Je suis vraiment triste et je ne sais que faire. C’était la seule école qui me tenait à cœur », se désole Anges Ngomita.
Les livrets verts en rupture de stock ?
Nos tentatives pour avoir l’avis du Directeur national de la police sont restées sans suite. Mais selon un officier de la police qui requiert l’anonymat, cette situation est due au manque de livrets verts qui servent à l’impression des passeports.
Cet argument ne convainc pas Laring Baou, secrétaire national à la communication et aux nouvelles technologies de l’Union national pour le développement et le renouveau (UNDR), un parti d’opposition.
« On dit qu’il y’a rupture de stock mais ça a duré. Un gouvernement responsable ne peut pas laisser ces services comme ça et ne pas donner des documents officiels pour que les citoyens voyagent », s’indigne le secrétaire national à la communication de l’UNDR.
« Il y a même des familles qui ont envoyé de l’argent pour inscrire les enfants à l’extérieure, qui ont déjà payé … Donc cette année l’inscription va aller comme ça et ils vont passer une année blanche. Qui va payer tout ça ? Donc beaucoup de gens ont raison de dire que cela est fait sciemment. Est-ce pour brimer ou bien c’est pour faire quoi ? » C’est la question que pose Laring Baou.
Outre le passeport, il est également difficile pour les citoyens de se faire délivrer une carte d’identité nationale, un laissez-passer ou encore un acte de naissance pour les nouveaux nés au Tchad. Beaucoup d’usagers doivent patienter des semaines, voire des mois pour avoir accès à ces documents.