L’hebdomadaire tchadien a été suspendu le 30 aout dernier par la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel pour trois mois.
Dans un communiqué de presse ce mercredi 05 septembre 2018, Reporters sans frontières (Rsf) demande à la haute autorité des médias et de audiovisuel (Hama), l’organe de régulation des médias tchadiens de revenir sur sa décision de suspendre pour trois mois l’hebdomadaire Al-Chahed pour “divulgation de fausses nouvelles”.
Le jeudi 30 août dernier, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), après saisine du ministère des Affaires étrangères, suspend pour trois mois, le journal Al-Chahed pour “plagiat” et “divulgation de fausses nouvelles” suite à un article établissant un lien entre le Qatar, le Soudan et la rébellion au Nord du pays.
Dans une analyse intitulée : “Qui est derrière les forces rebelles tchadiennes dans le nord?”, le journal évoque les contradictions de la politique de coopération du Soudan avec le Tchad et cite aussi le Qatar, pointé régulièrement du doigt, mêmes par les autorités tchadiennes pour “tentatives de déstabilisation” au point de rompre les relations diplomatiques il y a un an avant de reprendre en février 2018.
Pour suspendre cet hebdomadaire, la Hama a estimé que les liens établis n’étaient justifiées par “aucun fait ou élément matériel”.
Reporters Sans Frontières condamne cette sanction qu’il qualifie de disproportionnée et demande la levée de cette suspension. « La Hama a pour rôle de veiller à la déontologie et à l’éthique et non de s’ériger en tribunal des opinions. Si des personnes ou des Etats s’estiment être mis en cause, il existe des recours légaux comme la possibilité de faire publier un droit de réponse », déclare Arnaud Forger, responsable du bureau Afrique de RSF qui précise que, « l’analyse politique fait partie du champ applicable de plein droit à l’exercice du journalisme ».
Reporters sans frontières (RSF) est une organisation non gouvernementale internationale reconnue d’utilité publique en France se donnant pour objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes. Fondée à Montpellier par quatre journalistes (Robert Ménard, Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau) en 1985, sa devise est : « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu ».