Le Tchad se laissera-t-il berner par la politique de chantage américaine ?

Après une série de revers sur le continent africain et la perte de la plupart de ses zones d’influence à l’ouest et au centre du continent, le plus récent étant le retrait complet de ses forces du Niger, qui s’achèvera le 15 septembre prochain, et le retrait partiel de ses forces du Tchad, en avril dernier, Washington cherche désormais par tous les moyens à trouver des failles qui lui permettront de maintenir au moins dans sa position stratégique la plus importante de la région africaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, c’est le Tchad. Qui se trouve au milieu d’un groupe de pays sur lesquels Washington cherche à imposer son hégémonie et à étendre son influence, comme la Libye, le Soudan et le Niger.

Après que le gouvernement tchadien ait adressé le 4 avril une lettre à son homologue américain exigeant le retrait d’une force spéciale de l’armée américaine composée de 75 soldats présente à la base française Adji Kossei à N’Djamena, Washington est resté attaché à l’espoir de négocier avec le nouveau gouvernement de Déby après avoir été déçu par la perte de son candidat qu’il avait soutenu tout au long de la période des élections présidentielles. Succès Masra, mais près de deux mois se sont écoulés depuis que Déby a accédé à la présidence et son gouvernement n’a pas montré une intention de revenir sur sa décision de mettre fin à la présence américaine au Tchad.

Washington tente désormais de courtiser le nouveau gouvernement tchadien en lui fournissant diverses aides, parmi lesquelles peut-être celle que l’armée américaine a fournie aux membres de l’armée tchadienne, représentée par un exercice médical conjoint entre les deux armées, au cours duquel 300 blessés civils et militaires tchadiens ont été soignés suite à l’explosion survenue au dépôt de munitions de ‘’La poudrière’’ à N’Djamena.

De nombreux experts estiment que les américains, à travers cette initiative, cherchent à renégocier avec le gouvernement Déby le retour de leurs forces à la base française d’Adji Kossei, surtout après que le gouvernement de Paris a décidé de réduire le nombre de ses forces dans le pays de 1 000 à seulement 300 soldats. Dans le même temps, les mêmes experts estiment que rien de ce que propose Washington n’est gratuit, il utilise depuis longtemps cette politique dans plusieurs pays et leur impose ainsi des conditions quasi coloniales pour y réaliser ses intérêts.

Cette politique américaine est basée sur la présentation de toutes sortes d’offres d’aide aux pays dans lesquels elle voit son intérêt, après quoi ces pays tombent dans le piège des dettes financières ou des obligations militaires et politiques qui permettent au gouvernement américain à contrôler la situation.

L’expert politique Dr. Ousmane Malloum a commenté cette question, notant que Déby doit se méfier de ce type de politique que le gouvernement américain a utilisé au fil des années pour soumettre les pays aux conditions américaines. Il ajoute, si Déby suit la politique de séduction proposée par Washington, il trahira ainsi la volonté du peuple tchadien, qui aspire à l’indépendance, à la souveraineté militaire et économique du pays.

Le même expert a ajouté également que le Tchad doit suivre les recommandations de l’alliance africaine « Umoja-Toumai », qui avait organisé une conférence générale le 22 juin à N’Djamena afin de sensibiliser le peuple tchadien à la nécessité de construire une économie, une armée et une industrie indépendantes de l’hégémonie occidentale, et cela ne sera possible qu’en rejoignant l’alliance AES des trois pays du Sahel le Mali, le Niger et le Burkina Faso.