Visite du facilitateur de la Ceeac au Tchad : Que Faut-il en attendre ?

L’imposture est en marche au Tchad. Nous en avons confirmation avec la première journée de la visite du facilitateur de la CEEAC, le président Félix Tchishekedi.

 

La rencontre avec la société civile a été une véritable farce. La salle de réunion avait été remplie d’organisations fictives. En dehors de WAKIT TAMMA, la salle était entièrement noyautée par les affidés de la junte militaire ; aucune des organisations de la société civile classique n’était conviée.

Et comme on devait s’y attendre, la parole a été distribuée à des individus identifiés d’avance. Dès épuisement de cette liste, la fin de l’entrevue a été sonnée. Les représentants de la Coordination des Actions Citoyennes WAKIT TAMMA ont dû manifester bruyamment leur désaccord, répétant à tue-tête : Vous ne pouvez inviter WAKIT TAMMA et lui refuser la parole. Cette opiniâtreté a décidé le président Tchishekedi à les recevoir en aparté, après ses autres rencontres. Ce qui fut fait et ce n’est qu’aux environs de 22 h qu’ils ont regagné leurs domiciles.

Nous savions que cette visite n’apportera rien car obéissant aux desiderata des lobbies étrangers, mais nous étions décidés à nous faire entendre.

Le moins que l’on puisse dire, cette visite procède d’un agenda qui ne sert pas la cause du Tchad éternel. Il apparaît que la réconciliation annoncée par certaines personnes avant cette visite ne servait que de paravent à un projet bien mûri : amener l’opposition à entrer dans les rangs. Le facilitateur n’a eu de cesse de le répéter à souhait. Il faut intégrer le processus et se garder de toute exigence qui constituerait un point de blocage inutile. Que l’opposition ne devrait pas courir le risque de se priver des alliés à sa cause.

En clair, le but inavoué de cette balade est d’apaiser le climat politique intérieur afin d’amoindrir la réticence des partenaires internationaux à soutenir le processus devenu morbide et répulsif depuis la répression sanglante du 20 octobre 22 et l’expulsion de l’ambassadeur d’Allemagne au Tchad.

Malheureusement certaines structures n’ont pas compris cela. Il faut s’attendre à ce que quelques personnes par ignorance ou par naïveté politique se prêtent à ce jeu. La junte sous prétexte d’ouverture politique, procédera à un remaniement du gouvernement pour permettre leurs entrées. Les jours du gouvernement SK sont donc comptés. Un autre gouvernement piloté par une autre figure de l’opposition sera mis en place avec pour conséquence immédiat le sacrifice des aspirations du peuple sur l’autel de la cupidité et des intérêts obscurs, néo-colonialistes.

Quoiqu’il en soit, les forces vives plus aguerries doivent se tenir à la brèche et refuser d’accompagner cette macabre machination, à moins que les cartes ne soient rabattues dans le sens de redonner au peuple sa souveraineté. Il est logiquement permis d’en douter si l’on en juge aux considérations réelles qui sous-tendent les multiples élévations des militaires du clan aux grades de généraux, ces derniers temps. Surtout, avec des institutions complètement travesties ; un CNT, un gouvernement et une Conorec aux ordres.

Accepteront-ils une relecture de la fameuse charte de la transition pour remettre en cause les pouvoirs du PT, recomposer le CNT et le Conorec sur une base qui tienne compte du poids démographique des régions et des différentes forces sociales en présence ? Nous diraient-ils enfin combien des fils du Tchad ont été sacrifiés le 20 octobre 22 et quels en sont les auteurs ? Cela n’est pourtant pas impossible, si l’on voudrait engager de véritables négociations de paix et donner au Tchad une chance de sortir de l’impasse.

En effet, ce n’est pas par une opération cosmétique que l’on pourrait sauver la République. Oui, une dictature ne se reforme pas. Aussi, est-il temps que cette transition prenne fin, les militaires devant passer la main à un régime civil pour engager des réformes institutionnelles salutaires, faire la paix avec les politico-militaires et organiser des élections libres et transparentes permettant aux populations de choisir la forme de l’Etat de leurs vœux et de mettre en place un nouveau régime légitime.

Il va de soi que l’inéligibilité des membres de cette transition ainsi que la non prolongation de celle-ci, aujourd’hui mises en avant par la Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine soient scrupuleusement observées.

En définitive, la lutte Citoyenne doit se poursuivre. Le régime n’admettant aucune concession que l’achat des consciences, il n’y a pas d’autre choix que celui de son boycotte et du boycotte de tout le processus en cours. Nos populations doivent être sensibilisées à cela. Et, nous devons nous préparer à combattre le système et ceux qui iront à la soupe. Il n’y a d’opposition que le peuple. Peuple tchadien, ta liberté naîtra de ton courage !