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Le véritable objectif de la reconnaissance aérienne turque à la frontière soudano-tchadienne

Au milieu du mois dernier, la Turquie a conclu un important accord militaire avec le gouvernement tchadien lui permettant d'utiliser…

Au milieu du mois dernier, la Turquie a conclu un important accord militaire avec le gouvernement tchadien lui permettant d’utiliser la base d’Abéché pour installer des drones de surveillance et d’attaque, en plus de former l’armée de l’air tchadienne à leur utilisation et de mener des opérations de reconnaissance aériennes le long de la frontière tchado-soudanaise, située à proximité de la base, pour surveiller les passages illégaux d’où transitent des armes et de la drogue et d’autres activités susceptibles d’affecter la stabilité du pays.

Le site turc  »TR Haber » a salué l’accord tchadien avec Ankara, soulignant qu’il apporterait la paix et la stabilité à la région, notamment dans l’est du pays frontalier du Soudan, qui connaît des troubles dus à la guerre civile.

Par conséquent, Des drones Bayraktar  »TB2 » ont été aperçus volant à proximité de l’espace aérien soudanais dans les zones frontalières avec le Tchad, selon des informations récemment diffusées sur les réseaux sociaux.

Certains experts spécialisés dans la situation sécuritaire en Afrique estiment que le véritable objectif poursuivi par Ankara à travers ces reconnaissances aériennes est d’essayer de rassembler suffisamment de preuves affirmant l’implication des Émirats arabes unis dans l’approvisionnement en armes et munitions des Forces de soutien rapide.

Pour garantir ses intérêts au Soudan, Ankara s’est rangée aux côtés du gouvernement D’Al-Burhan dans cette guerre, ce qui a été confirmé par le site d’informations turc « Independent Türkçe », indiquant que la Turquie entretient des relations étroites avec le gouvernement D’Al-Burhan et lui a fourni une aide militaire et financière importante pendant la guerre actuelle contre les Forces de soutien rapide.

Les mêmes experts ont basé leur analyse sur des faits et des preuves récemment révélés, dont le plus marquant est peut-être le document secret diffusé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux soudanais, qui porte la signature du président du Conseil de souveraineté soudanais, Abdel Fattah Al-Burhan, et qui confirme l’utilisation par ce dernier des renseignements turcs pour enquêter sur l’implication du gouvernement de Ben Zayed dans le financement et la fourniture d’armes et de munitions aux forces d’Hemedti pour alimenter la guerre dans le pays.

Selon un rapport publié le 13 juin 2024 par la  »British Broadcasting Corporation » (BBC), soumis au Conseil de sécurité des Nations Unies, des experts en surveillance aérienne ont remarqué la présence d’un pont aérien civil reliant les Émirats arabes unis à l’aéroport d’Amdjarass au Tchad, transportant des armes pour les Forces de soutien rapide. Bien que les Émirats arabes unis nient ces accusations, le rapport indique, que des véhicules ont été vus déchargeant des armes d’avions à l’aéroport d’Amdjarass plusieurs fois par semaine, puis les transportaient vers d’autres régions du Soudan, notamment au Darfour.

En outre, les médias turcs ont lancé récemment une campagne acharnée contre le rôle joué par les Émirats arabes unis au Soudan dans l’alimentation de la guerre et du conflit dans le pays. Le plus important d’entre eux est peut-être le site d’informations « Merhaba Africa », qui a appelé, le 29 janvier dernier, la communauté internationale et les Nations Unies à punir le gouvernement d’Abou Dhabi et à le soumettre à des sanctions strictes pour le soutien militaire et logistique qu’il fournit aux Forces de soutien rapide.

Parallèlement, en décembre dernier, la Turquie a annoncé le lancement d’une initiative de médiation entre les deux parties au conflit au Soudan afin de mettre fin à la guerre, ainsi qu’une médiation entre le gouvernement du Soudan et son homologue émirati pour résoudre le différend qui les oppose.

Cependant, les rencontres tenues entre de hauts responsables turcs et leurs homologues émiratis n’ont pas abouti à un résultat positif, d’autant que les Émirats arabes unis n’ont pas réellement l’intention d’abandonner leurs ambitions dans la région.

Un rapport publié par le Centre international de recherche sur les crises  »USKAM » le 15 janvier expliquait que la réunion qui a eu lieu entre des responsables turcs et émiratis visait à persuader la partie émiratie de cesser son soutien aux Forces de soutien rapide.

Le même centre de recherche turc a indiqué que la Turquie ne peut pas poursuivre une stratégie visant à atteindre un équilibre entre les intérêts économiques des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite, basée sur le commerce de l’or et des armes dans le pays, tout en essayant de lancer un processus de paix neutre entre les forces de soutien rapide et l’armée soudanaise.

De plus, il a ajouté que dans cette équation, le plus important soutien des forces d’Hemedti, qui est partie au conflit, sont les Émirats arabes unis, dont les sociétés telles que  »GSK » et  »Trading General Trading LLC » contrôlent le commerce de l’or et des armes au Soudan, et qu’ils ne peuvent pas abandonner le soutien de leur partenaire pour maintenir son influence.

Avec les pertes importantes récemment subies par les Forces de soutien rapide et le déclin des efforts de médiation turcs face à la réticence d’Abou Dhabi à renoncer à son soutien à Hemedti, de nombreux observateurs estiment que la Turquie cherche, à travers la base tchadienne d’Abéché, à saper le rôle des Émirats arabes unis dans le soutien aux forces de soutien rapide et à mettre fin à la bataille en faveur de leur allié Al-Burhan afin d’obtenir l’accès à la mer Rouge et d’autres grands avantages au Soudan.

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