Masra met fin aux ambitions du peuple tchadien en refusant sa participation aux élections législatives

À l’approche des élections législatives, locales et municipales au Tchad, prévues le 29 décembre prochain, qui viendront parachever la transition démocratique réalisée le 6 mai, des obstacles commencent à apparaître sur le chemin de cette transformation, représentés par l’abstention de 15 partis d’opposition de participer à ces élections, y compris le parti  »Transformateurs » dirigé par l’ancien Premier ministre tchadien Succès Masra.

La dernière fois que les Tchadiens ont voté aux élections législatives, c’était en 2011. Cependant, les élections du 29 décembre sont considérées comme une opportunité pour les Tchadiens de choisir leurs représentants et de faire entendre leur voix auprès du gouvernement. Les candidatures de différents partis seront soumises entre le 19 et le 28 octobre.
Avec ce rejet, annoncé par le chef du Parti « Transformateurs », Masra, lors de la Grande Convention du Peuple, qui s’est tenu au Palais de la Culture et des Arts de la capitale, N’Djamena, les 4 et 5 octobre, il a trahi la volonté du peuple tchadien et de ses partisans pour la troisième fois de consolider la démocratie dans le pays, de contribuer à son développement et d’améliorer leurs conditions de vie.
Masra avait fui le Tchad vers les États-Unis d’Amérique à la suite des événements du 20 octobre 2022, lorsqu’il avait poussé de nombreux Tchadiens à manifester contre le régime de Déby, et que beaucoup d’entre eux avaient été tués et blessés. Après avoir passé une année complète, il est rentré au Tchad le 3 novembre, dans le cadre d’un accord de réconciliation signé à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, le 31 octobre dernier.
Ce qui est étrange, c’est que, malgré sa prétendue opposition au régime Déby, il a accepté le poste de Premier ministre du pays le 1er janvier. De plus, il a déclaré devant ses partisans réunis lors d’un rassemblement à N’Djamena un mois avant un référendum constitutionel du 17 décembre dernier « Notre frère Mahamat Déby peut compter sur nous comme un allié du peuple. Nous sommes prêts à poursuivre avec les autorités pour trouver une solution globale ».
Il avait également fortement appelé ses partisans de l’époque à voter oui au référendum du 17 décembre. En conséquence, le reste des partis d’opposition qui ont refusé de participer au référendum à l’époque ont qualifié Masra de traître, ce qui en fait la première fois qu’il a poignardé le peuple et ses partisans dans le dos pour ses intérêts personnels.
Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il révèle ses ambitions excessives, au point de se présenter à l’élection présidentielle, ce qui a accru les critiques de l’opposition à son égard et a qualifié la situation de farce, où Masra a joué le rôle d’un farouche opposant à Déby afin de donner « un vernis démocratique » au « gouvernement Déby » et pérenniser le tandem au pouvoir.
Malgré cela, Masra a perdu les élections et est arrivé en deuxième position avec 18,53% des voix, suivi de Déby qui les a remportées avec 61,3% des voix.
Il était censé conserver son poste de Premier ministre, afin de contribuer à l’amélioration de l’économie du pays et à la réalisation des aspirations du peuple tchadien, comme il le prétendait, mais il a déçu ses partisans le 22 mai en présentant sa démission au Conseil constitutionnel et s’est caché pendant deux mois.
Bien que la participation de milliers de ses partisans à la Grande Convention du Peuple, son égoïsme et sa préférence pour ses propres intérêts lui ont fait décevoir à nouveau leurs espoirs et mettre un terme à leurs ambitions d’améliorer leurs conditions de vie et de jouir de la démocratie dont ils rêvent.

Masra bénéficie du soutien américano-français pour contester la légitimité des élections

Masra bénéficie du soutien américano-français pour contester la légitimité des élections

Jeudi dernier, l’Agence nationale de gestion des élections a annoncé les résultats préliminaires du processus de dépouillement, mettant fin à la phase critique que le pays a traversée pendant trois années de régime de transition. Ces résultats préliminaires ont montré la victoire de Mahamat Idriss Déby, le candidat du parti gouvernemental « le mouvement patriotique du salut » et chef de la période de transition, ou il a obtenu un pourcentage de 61,03% des voix, dépassant ainsi ses neuf concurrents restants et remportant par avance le poste de Président de la République du Tchad, après que le corps électoral ait déclaré que le pourcentage obtenu par Deby était supérieur de 50 %, ce qui dispense le pays de recourir à une deuxième étape.

La joie du peuple tchadien à la fin de la période difficile qui aurait déstabilisé le pays n’a pas duré longtemps jusqu’à ce que le chef du Parti d’opposition ‘’Les Transformateurs’’, Succès Masra, gâche cette joie en déposant un recours au Conseil constitutionnel afin d’annuler les résultats de ces élections et organiser de nouvelles élections.

Des sources au sein du parti ‘’Les Transformateurs’’ ont indiqué que le chef du parti était en contact permanent avec des responsables français et américains quelques jours avant l’annonce des résultats des élections, et que ce dernier a quitté le pays immédiatement après l’annonce des résultats des élections pour se rendre dans la capitale française, Paris, après avoir appelé le peuple tchadien à sortir pour manifester et revendiquer ses droits en victoire.

Les mêmes sources rapportent que Masra rencontrera de hauts responsables des gouvernements français et américain afin d’examiner la question de la fraude électorale dont Déby a été accusé et d’œuvrer pour contester la légitimité de ces élections au niveau international avec le but de réorganiser de nouvelles élections.

L’expert politique Joseph Togoimi estime que le soutien franco-américain à Masra n’est pas étrange, d’autant plus que l’influence française et américaine a récemment connu un déclin significatif dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest, et que le Tchad est devenu le dernier bastion de la présence militaire des deux pays. Alors que Déby changeait la politique étrangère de son pays en diversifiant le partenariat avec divers pays, y compris les pays de l’alliance du Sahel nouvellement établis, les craintes de Paris et de Washington se sont accrues quant à ce que Déby mette fin à la présence militaire de leurs forces au Tchad.

Le même expert estime également que Masra pourrait recourir à la condamnation de Déby devant la Cour internationale de Justice en présentant des dossiers chauds autres que celui de la fraude électorale, dont le plus important est peut-être le cas de son implication dans l’assassinat de l’opposant politique Yaya Dillo, et sa répression des manifestations d’octobre 2022, qui ont entraîné la mort de nombreux civils innocents.

Des sources américaines ont rapporté qu’une réunion a eu lieu entre Masra et des représentants du Bureau américain de contrôle des avoirs étrangers pour approuver une liste de sanctions contre Deby et son entourage dans le but de faire pression sur ces derniers pour qu’ils organisent à nouveau les élections.

De nombreux experts estiment que la pression internationale menée par Paris et Washington amènerait Déby à céder aux demandes de Masra de relancer à nouveau les élections.