Le président de transition, Mahamat Idriss Deby Itno, a dédicacé le 04 avril 2024 son livre « DE BEDOUIN A PRESIDENT ». Après avoir refusé l’invitation à la cérémonie de dédicace, Sosthène Mbernodji fait une critique littéraire.
« Nous n’étions pas présent à la cérémonie de dédicace du livre de Mahamat Idriss Déby. Notre invitation a été déposée à l’espace Talino Manu sur le coup de 15h,puis on nous demande d’aller chercher. J’ai pris le téléphone pour appeler le service du protocole d’État qui m’a contacté la veille pour poser quelques questions dont les réponses ne m’ont donné aucune satisfaction. J’ai préféré traverser le pont et rentrer.
Quelques remarques sur la forme en tant qu’acteur du livre. D’abord le lieu choisi n’est pas idéal. Car,la présidence n’est pas un lieu indiqué pour une telle cérémonie. Mahamat Idriss Déby et son service de protocole doivent comprendre que quand on est auteur ou écrivain, cela veut dire qu’on est artiste. On doit, pour ce faire, sortir de sa zone de confort. Je me rappelle Hinda alors première dame du Tchad,a présenté son livre dans un hôtel ( on peut accepter). Dès lors qu’on se jette sur le chemin d’écriture,on est obligé de suivre les codes.
Deuxièmement,en littérature,il n’ya pas d’ostracisme. Or,on a mis les gens dans la salle selon l’ordre de préséance et les titres. Ils sont tellement accrochés à leurs honneurs qu’ils oublient que c’est le livre qui les réunit. Et les valeurs intrinsèques du livre donc de la littérature sont l’humanité,le brassage et le rapprochement. Ensuite, la cérémonie de dédicace a été caporalisée par le service de communication de la présidence. On aurait dû faire venir un maître de cérémonie,qui maîtrise le jargon littéraire et bien plus celui d’une dédicace( Ousman Thiam,,Ricardo, …).
On a trié sur le volet des écrivains vers la fin pour recevoir les autographes alors que ça doit être eux à l’honneur…
Dans tout cela, personne n’a soulevé la contribution des écrivains dans une nation. Tellement qu’ils sont imbus de leur ego et versés dans le folklore,le livre a été rangé de côté : il n’est plus un objet d’éducation et d’ancrage social.
De toute façon, nous attendons l’adhésion du nouvel auteur à l’ASEAT. Nous espérons que la situation des écrivains va s’améliorer, qu’on ne remettra plus 30.000 FCFA comme redevance en termes de droits d’auteur aux écrivains.
Sosthène MBERNODJI
Président de l’Association des Écrivains et Auteurs du Tchad (ASEAT)
Commissaire général du festival international Le Souffle de l’Harmattan
Directeur de l’agence littéraire Le souffle
Écrivain
Prix Mila du Meilleur Promoteur du livre africain 2021 à Abidjan
Prix Ambassadeur FILIGA 2023 à Libreville »