La BCE prête à sortir l’arsenal monétaire face au coronavirus

Seule grande banque centrale à n’avoir pas encore réagi à l’épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait sortir jeudi un nouvel arsenal monétaire face à cette menace aussi inédite que difficile à évaluer.

« Chacun espère que la banque centrale ramènera le calme », alors que la panique des marchés a atteint des niveaux rappelant la crise financière de 2008-2009, souligne Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Seydler.

En perturbant la vie quotidienne et l’économie avant de se muer « en choc financier majeur », aux conséquences imprévisibles, cette épidémie constitue « le premier vrai test pour Christine Lagarde », aux manettes de la depuis novembre, observe M. Cavalier.

D’autant que la Réserve fédérale américaine a baissé ses taux de 0,5 point dès le 3 mars, sans attendre sa réunion mi-mars ni une quelconque action coordonnée. Et qu’elle a été imitée mercredi par la Banque d’Angleterre.

Si les banquiers centraux avaient répondu de concert à la crise des « subprime », à l’été 2008, cette fois chacun a agi « dans son coin » et mis les autres « sous pression, voire en difficulté », estime Eric Dor, directeur de recherche à l’Institut d’économie scientifique et de gestion (IESEG).

– Prêts aux PME –

Ainsi, la Fed n’a guère apaisé les marchés et a de surcroît renchéri l’euro face au dollar. Cela complique la tâche de la BCE: un euro fort nuit à la compétitivité de la zone euro et réduit les pressions inflationnistes. Or l’institut est depuis 2013 en-dessous de son objectif, soit une inflation tendant vers 2%.

Personne ne doute donc que la BCE délivre jeudi son ordonnance anti-coronavirus, malgré des marges de manœuvre réduites puisque son principal taux, permettant aux banques de se refinancer, est déjà à zéro depuis 2016.

Dans un communiqué laconique la semaine dernière, l’institution a promis des mesures « appropriées », et surtout « ciblées », face à l’épidémie.

Jeudi, elle pourrait donc innover avec un programme de prêts bancaires ciblant les PME en difficulté, pour aider les entreprises perturbées par l’épidémie à boucler leurs fins de mois, indique à l’AFP une source proche de la BCE.

Côté taux, l’institut pourrait descendre à -0,60%, contre -0,50% jusque-là, celui appliqué aux liquidités que les banques laissent à la banque centrale au lieu de les prêter aux ménages et aux entreprises.

Destinée à stimuler l’offre de crédits, cette politique de taux bas vaut déjà à la BCE de vives critiques, en particulier en Allemagne, où on l’accuse de spolier les épargnants.

Autre piste: augmenter le rythme des rachats de dette sur le marché, réactivés depuis novembre 2019 à raison de 20 milliards d’euros par mois, « aussi longtemps que nécessaire ».

– Aux Etats d’agir –

Mais pour que la politique monétaire ne soit pas seule à la manœuvre, Mme Lagarde a interpellé mardi les chefs de gouvernement européens en faisant « référence à (la crise financière de) 2008 » lors d’une conférence téléphonique, a indiqué à l’AFP une source européenne.

Elle souhaitait mettre les décideurs devant leurs responsabilités, quand bien même les effets du virus sur l’économie restent « très difficiles à prévoir », a ajouté Mme Lagarde, selon la même source.

L’Allemagne, déjà critiquée par la BCE pour sa réticence à recourir à la dépense publique, a cette fois promis de faire « ce qui est nécessaire », a indiqué mercredi la chancelière, Angela Merkel, quitte à revenir sur son dogme du zéro déficit.

Pays européen le plus touché par l’épidémie du Covid-19, alors même qu’elle est déjà fragilisée par son énorme dette publique, l’Italie a débloqué mercredi une enveloppe d’aides de 25 milliards d’euros.

Enfin, l’UE a fait miroiter mardi un « fonds d’investissement en réponse » à l’épidémie allant jusqu’à 25 milliards d’euros. Le lendemain, elle précisait cependant qu’il s’agirait d’enveloppes déjà existantes.

Quant aux mesures attendues jeudi de la BCE, elles peuvent au moins « contribuer à stopper la déroute des marchés », souligne Florian Hense, économiste chez Berenberg. Un enjeu crucial pour maintenir un bon niveau de « liquidité » et éviter d’asphyxier un peu plus les entreprises.

Taux, prêts aux PME, QE: la potion anti-coronavirus attendue de la BCE

Pressée d’agir face à l’épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait dégainer jeudi une série de mesures pour calmer les marchés financiers et soutenir les secteurs les plus touchés.

Voici les principales actions envisagées.

– Baisser un taux

Comme la BCE maintient son principal taux à zéro depuis mars 2016, elle ne dispose pas des marges de manoeuvre de la Réserve fédérale américaine, qui vient de descendre le sien de 0,5 point pour le porter dans une fourchette de 1% à 1,25%.

Mais les gardiens de l’euro pourraient abaisser leur « taux de dépôt », qui s’applique aux liquidités que les banques choisissent de leur confier faute de les distribuer sous forme de crédits.

Déjà négatif, à -0,50%, ce taux pourrait être porté à -0,60%, tout en laissant la possibilité de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques à prêter aux ménages et aux entreprises.

– Soulager les banques

Consciente que ce taux négatif rogne les marges des banques, la BCE exonère une partie des liquidités en excès, selon un système dit « two-tier » inauguré en septembre et élargi en novembre.

Selon Eric Dor, de l’Institut d’économie scientifique et de gestion, l’institut pourrait encore relever la proportion des dépôts dispensés de ce prélèvement: il pourrait désormais représenter « dix » fois les réserves obligatoires constituées par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients, contre « six » actuellement.

La mesure profiterait principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd’hui les plus pénalisées par les taux négatifs.

– Soutenir les PME

Depuis octobre, la BCE mène sa troisième campagne de prêts géants aux banques (dits TLTRO), à des taux très avantageux, à condition que les banques prêtent à leur tour aux ménages ou aux entreprises.

Comme elles empruntent au niveau du taux de dépôt, soit -0,50%, les banques recourant au TLTRO sont de fait rémunérées par la BCE quand elles prêtent de l’argent.

Il semble difficile d’assouplir encore ces conditions à quelques jours d’une nouvelle vague, mais la BCE pourrait concevoir un nouveau type de prêts ciblant « les entreprises non financières les plus touchées par la crise », en particulier les PME, selon Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.

La Banque d’Angleterre vient d’ailleurs de faire de même mercredi, en même temps qu’elle abaissait son principal taux.

– Augmenter les rachats de dette

La BCE a réactivé depuis novembre ses rachats de dette publique et privée, sa puissante arme anti-crise baptisée « QE » (« Quantitative Easing », « Assouplissement quantitatif »), déjà déployée entre mars 2015 et fin 2018.

L’institution détenait fin février 2.623 milliards d’euros de dette à son bilan, afin de maintenir de bonnes conditions financières sur les marchés.

Mais le conseil des gouverneurs de la BCE était apparu divisé comme jamais en septembre, au moment de décider la reprise de ces rachats de dette à raison de 20 milliards d’euros par mois.

La BCE pourrait toutefois augmenter le rythme de ses achats, à 30 milliards par mois selon les observateurs, en accentuant par exemple la part de la dette d’entreprise rachetée.

Elle pourrait aussi modifier les règles qui limitent le rachat de dette souveraine, voire envisager le rachat de dette ou d’actions de banques si la crise s’aggrave, avance Florian Hense, analyste chez Berenberg.

Mais la contestation n’est pas près de s’éteindre en Allemagne, où la Cour constitutionnelle doit se prononcer le 24 mars sur la validité du « QE ». Des eurosceptiques veulent faire établir qu’à travers cet outil, la BCE viole l’interdiction de financer directement les Etats.

Italie: le blocus de Codogno est levé, les habitants restent inquiets

Cette petite ville lombarde était devenue le symbole de l’arrivée du coronavirus en Italie: placés 15 jours en stricte quarantaine les habitants de Codogno (nord) ont été autorisés à ressortir cette semaine et sont désormais logés à la même enseigne que les autres Italiens, mais l’angoisse est toujours là.

Dans les rues, peu de voitures; les bars et les restaurants restent pour la plupart fermés et au MacDonald, les clients se font rares; pour entrer dans les supermarchés, il faut patienter une demi-heure dans une file où les clients se tiennent à distance réglementaire, masque sur la bouche, les entrées se faisant au rythme des sorties.

« La situation ne s’est pas améliorée. Les gens sortent, mais ont toujours peur », dit Roberta Franceschini, 30 ans, employée du bar Mania. « A mes yeux, la situation reste la même qu’il y a quelques jours. Personne ne sort, c’est un désastre », dit Marino Boccardi, 67 ans.

Ces deux semaines de quarantaine entamées le 23 février, entourés d’un cordon étanche surveillé par la police, « ont été difficiles, cela a dicté les vies de chacun d’entre nous », raconte Antonio Zetti, un retraité de 58 ans. « L’avenir m’inquiète. Nous ne savons pas si la période nécessaire pour surmonter l’impact social » de cet isolement « relève du très long terme ou du long terme », poursuit-il.

La décision de rouvrir le périmètre étanche autour de Codogno avait été commentée comme une bonne nouvelle dans le pays, bien vite éclipsée par l’interdiction de rassemblement et la restriction des déplacements dans toute l’Italie décidées le lendemain par les autorités.

« Nous avons besoin d’exporter le modèle Codogno à toute la Lombardie parce qu’il a démontré qu’il fonctionne. Codogno est l’unique endroit de Lombardie où la contagion s’est réduite », s’est félicité mercredi le président de la région Lombardie, Attilio Fontana.

Des voix s’étaient toutefois très vite élevées contre cette levée de la quarantaine, mettant en garde contre tout optimisme démesuré. C’est vrai que Codogno est l’endroit « où les contagions diminuent, contrairement au reste de l’Italie », dit à l’AFP Roberto Burioni, professeur de virologie à l’université Vita-Salute San Raffaelle de Milan.

« Mais cela n’a pas de sens à l’heure actuelle de parler d’immunité de groupe, parce qu’on ne sait pas encore si un individu qui a contracté le virus, et qui a guéri, est définitivement protégé contre une infection ultérieure », poursuit le spécialiste.

Taux, prêts aux PME, QE: la potion anti-coronavirus attendue de la BCE

Pressée d’agir face à l’épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait dégainer jeudi une série de mesures pour calmer les marchés financiers et soutenir les secteurs les plus touchés.

Voici les principales actions envisagées.

– Baisser un taux

Comme la BCE maintient son principal taux à zéro depuis mars 2016, elle ne dispose pas des marges de manoeuvre de la Réserve fédérale américaine, qui vient de descendre le sien de 0,5 point pour le porter dans une fourchette de 1% à 1,25%.

Mais les gardiens de l’euro pourraient abaisser leur « taux de dépôt », qui s’applique aux liquidités que les banques choisissent de leur confier faute de les distribuer sous forme de crédits.

Déjà négatif, à -0,50%, ce taux pourrait être porté à -0,60%, tout en laissant la possibilité de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques à prêter aux ménages et aux entreprises.

– Soulager les banques

Consciente que ce taux négatif rogne les marges des banques, la BCE exonère une partie des liquidités en excès, selon un système dit « two-tier » inauguré en septembre et élargi en novembre.

Selon Eric Dor, de l’Institut d’économie scientifique et de gestion, l’institut pourrait encore relever la proportion des dépôts dispensés de ce prélèvement: il pourrait désormais représenter « dix » fois les réserves obligatoires constituées par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients, contre « six » actuellement.

La mesure profiterait principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd’hui les plus pénalisées par les taux négatifs.

– Soutenir les PME

Depuis octobre, la BCE mène sa troisième campagne de prêts géants aux banques (dits TLTRO), à des taux très avantageux, à condition que les banques prêtent à leur tour aux ménages ou aux entreprises.

Comme elles empruntent au niveau du taux de dépôt, soit -0,50%, les banques recourant au TLTRO sont de fait rémunérées par la BCE quand elles prêtent de l’argent.

Il semble difficile d’assouplir encore ces conditions à quelques jours d’une nouvelle vague, mais la BCE pourrait concevoir un nouveau type de prêts ciblant « les entreprises non financières les plus touchées par la crise », en particulier les PME, selon Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.

La Banque d’Angleterre vient d’ailleurs de faire de même mercredi, en même temps qu’elle abaissait son principal taux.

– Augmenter les rachats de dette

La BCE a réactivé depuis novembre ses rachats de dette publique et privée, sa puissante arme anti-crise baptisée « QE » (« Quantitative Easing », « Assouplissement quantitatif »), déjà déployée entre mars 2015 et fin 2018.

L’institution détenait fin février 2.623 milliards d’euros de dette à son bilan, afin de maintenir de bonnes conditions financières sur les marchés.

Mais le conseil des gouverneurs de la BCE était apparu divisé comme jamais en septembre, au moment de décider la reprise de ces rachats de dette à raison de 20 milliards d’euros par mois.

La BCE pourrait toutefois augmenter le rythme de ses achats, à 30 milliards par mois selon les observateurs, en accentuant par exemple la part de la dette d’entreprise rachetée.

Elle pourrait aussi modifier les règles qui limitent le rachat de dette souveraine, voire envisager le rachat de dette ou d’actions de banques si la crise s’aggrave, avance Florian Hense, analyste chez Berenberg.

Mais la contestation n’est pas près de s’éteindre en Allemagne, où la Cour constitutionnelle doit se prononcer le 24 mars sur la validité du « QE ». Des eurosceptiques veulent faire établir qu’à travers cet outil, la BCE viole l’interdiction de financer directement les Etats.

Coronavirus: Trump suspend tous les voyages de l’Europe vers les Etats-Unis pour 30 jours

Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi la suspension pour 30 jours de tous les voyages depuis l’Europe vers les Etats-Unis afin d’endiguer l’épidémie de nouveau coronavirus qui a de nouveau affolé les marchés financiers.

« J’ai décidé de prendre des actions fortes mais nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de tous les Américains », a annoncé M. Trump lors d’une allocution solennelle depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche

« Pour empêcher de nouveaux cas de pénétrer dans notre pays, je vais suspendre tous les voyages en provenance d’Europe vers les Etats-Unis pour les 30 prochains jours », a-t-il ajouté, déplorant que l’Union européenne n’ait pas pris « les mêmes précautions » que les Etats-Unis face à la propagation du virus.

Cette mesure, qui entrera en vigueur vendredi à minuit (04H00 GMT samedi), ne concernera pas le Royaume-Uni, a précisé le milliardaire républicain.

Au cours de son allocution de dix minutes, le président de la première puissance mondiale a qualifié le nouveau coronavirus de « virus étranger ».

Il y a quelques jours, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait provoqué une polémique, et l’ire de Pékin, en parlant de « virus de Wuhan ».

Le 45e président des Etats-Unis a achevé son discours en martelant sa conviction que l’avenir des Etats-Unis restait « plus radieux que personne ne peut l’imaginer ».

Le président américain est accusé par nombre d’élus démocrates de vouloir minimiser à tout prix l’ampleur de la crise sanitaire à venir et d’envoyer des messages confus, parfois en contradiction avec ceux des autorités sanitaires.

« Cela va disparaître, restez calme », avait-il encore déclaré mardi. « Tout se déroule bien. Beaucoup de bonnes choses vont avoir lieu ».

– « L’Europe est la nouvelle Chine » –

M. Trump a par ailleurs appelé le Congrès américain à adopter rapidement une réduction des taxes sur les salaires pour aider les ménages américains à surmonter l’impact économique de l’épidémie de coronavirus.

Cette proposition faite par son administration en début de semaine n’a pas eu un écho très favorable auprès des élus, y compris de son propre parti.

Le président a aussi annoncé le report de la date butoir de paiement des impôts pour certains individus et entreprises, qui devrait permettre selon lui de réinjecter 200 milliards de dollars de liquidités supplémentaires dans l’économie.

Wall Street a connu une nouvelle séance noire mercredi: le Dow Jones Industrial Average s’est effondré de 5,87%, à 23.550,74 points, et le Nasdaq a perdu 4,70%, à 7.952,05 points.

Quelques heures avant l’allocution présidentielle, le directeur des Centres de détection et de prévention des maladies (CDC) Robert Redfield avait estimé que le principal risque de propagation de l’épidémie pour les Etats-Unis venait d’Europe.

« La vraie menace pour nous, c’est désormais l’Europe », avait-il affirmé. « C’est de là qu’arrivent les cas. Pour dire les choses clairement, l’Europe est la nouvelle Chine ».

Début février, Washington avait provisoirement interdit l’entrée aux Etats-Unis des non-Américains s’étant récemment rendus en Chine. Le président Trump a longtemps invoqué cette décision drastique pour assurer que la propagation de l’épidémie était sous contrôle sur le territoire américain.

Le département d’Etat a aussi recommandé aux ressortissants américains d’éviter les voyages non indispensables en Italie, un avertissement aux voyageurs susceptible d’être au moins partiellement étendu au reste de l’Europe.

Les Etats-Unis ont dépassé mercredi la barre des 1.200 cas d’infection au nouveau coronavirus, et 38 personnes en sont mortes, selon les statistiques de l’université américaine Johns Hopkins.

Le Congrès américain bride l’action militaire de Trump contre l’Iran

Le Congrès des Etats-Unis a définitivement adopté mercredi une résolution visant à limiter une action militaire de Donald Trump contre l’Iran, un camouflet pour le président américain, qui devrait toutefois y opposer son veto.

Le texte présenté par l’opposition démocrate avait déjà été approuvé mi-février par le Sénat, grâce au soutien d’une partie des membres du camp du milliardaire républicain qui dominent la chambre haute. Il a été adopté mercredi par la Chambre des représentants, qui est elle à majorité démocrate, par 227 voix contre 186.

Là aussi, six républicains ont joint leur voix à celles des démocrates.

Il doit maintenant être soumis au président Trump pour promulgation, mais la Maison Blanche a déjà fait savoir qu’il y opposerait son veto.

Selon cette résolution, le président des Etats-Unis ne peut pas engager ses militaires dans des « hostilités contre la République islamique d’Iran » ou « toute partie de son gouvernement ou de son armée » sans « autorisation explicite » du Congrès, sous la forme d’une déclaration de guerre ou d’un feu vert spécifique.

Il s’agit d’une réponse parlementaire aux tensions entre les deux pays ennemis, qui avaient atteint leur paroxysme lorsque Washington a tué le 3 janvier, dans une frappe ordonnée par Donald Trump, le puissant général iranien Qassem Soleimani.

Les démocrates et certains républicains avaient exprimé leur inquiétude de voir l’escalade dégénérer en confrontation militaire directe. Mais après une riposte de Téhéran qui a tiré des missiles sur des bases utilisées par l’armée américaine en Irak sans faire de mort, la tension extrême était quelque peu retombée.

– Nouvelle escalade en Irak –

L’administration Trump affirme que sa « campagne de pression maximale » contre Téhéran, avec des sanctions sans précédent, ainsi que la frappe du 3 janvier, ont « rétabli la dissuasion à l’encontre de la République islamique ».

Mais les attaques contre les forces américaines en Irak, le plus souvent attribuées par Washington à l’Iran ou à ses alliés locaux, n’ont pas totalement cessé.

Des tirs de roquette contre une base militaire en Irak ont même fait mercredi pour la première fois trois morts, dont deux soldats américain et britannique.

Aussitôt après cette attaque –la plus meurtrière recensée contre une base abritant des soldats américains depuis plusieurs années–, des raids aériens ont visé des positions de supplétifs de l’Iran à la frontière entre l’Irak et la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Cette nouvelle escalade pourrait représenter un test pour la volonté de contrôle du Congrès.

Pour l’élu démocrate Steny Hoyer, « dans de nombreux pays au monde, une seule personne » décide s’il convient d’envoyer des jeunes à la guerre: « ce sont des dictateurs ». « Nos pères fondateurs n’ont pas voulu que des dictateurs dirigent l’Amérique », a-t-il lancé avant le vote.

« Pendant des années, le Congrès a abdiqué ses responsabilités en matière de guerre. Mais maintenant une majorité transversale au Sénat et à la Chambre a clairement statué que nous ne devrions pas nous engager dans des hostilités avec l’Iran sans un vote du Congrès », s’est félicité dans un communiqué le sénateur démocrate Tim Kaine, auteur de la résolution.

Il a souligné que son texte permettait au président de défendre les Etats-Unis en cas d’attaque.

Selon lui, « si le président Trump est sérieux au sujet de sa promesse de mettre fin aux guerres sans fin, il promulguera cette résolution ».

Or, l’ex-homme d’affaires new-yorkais avait prévenu avant le vote du Sénat qu’une telle loi lancerait « un très mauvais signal » pour la sécurité des Etats-Unis. S’il confirme son veto, le Congrès ne devrait pas réussir à réunir la majorité qualifiée nécessaire pour passer outre.

L’élu républicain Mike McCaul lui a fait écho en estimant que les « ennemis » de l’Amérique suivaient ce débat de près. « Il faut qu’ils aient bien à l’esprit que s’ils tuent des Américains, ils vont en payer le prix », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris de son camp, après avoir salué la mort de Qassem Soleimani.

Au Mali, le tombeau des Askia, patrimoine mondial, va être réhabilité

Le tombeau des Askia à Gao (nord-est), un des quatre sites au Mali inscrits au patrimoine de l’Unesco, va être réhabilité, ont indiqué mercredi les autorités maliennes et une organisation de sauvegarde des monuments en zone de conflit.

Le plan de réhabilitation, qui s’étend sur deux ans jusqu’en 2022, doit permettre de sauvegarder « un témoignage spectaculaire de la richesse du patrimoine malien », a déclaré à l’AFP Valery Freland, directeur de l’Aliph, organisation qui finance à hauteur de 500.000 dollars le projet en collaboration avec l’Etat malien.

Le site du tombeau des Askias, construit en terre en 1495 par l’empereur songhoy Askia Mohamed, comprend un tombeau pyramidal et une mosquée. Celle-ci, l’une des plus grandes de la ville, est encore utilisée par les habitants.

Le site ne présente pas de signe flagrant de dégradation, mais le risque est structurel.

« Il faut restaurer certains piliers, notamment », a déclaré le directeur du patrimoine malien, Moulaye Coulibaly, lors d’une visite sur place. A cela doit s’ajouter une réfection du mur d’enceinte et de la mosquée attenante au tombeau, entre autres.

Classé au patrimoine mondial en 2004, le site a été ajouté en 2012 sur la liste du patrimoine en péril, en raison du conflit armé qui commençait alors à affecter le Mali et qui se poursuit aujourd’hui.

Cette année-là, quand un groupe jihadiste avait occupé Gao pendant dix mois, la population de la ville s’était levée pour protéger ce patrimoine, l’un des principaux héritages de la culture songhoy dont le peuple régna sur un large empire ouest-africain entre le 15e et le 16ème siècles.

« Nous avons craint que les jihadistes fassent comme à Tombouctou » où ils avaient détruit plusieurs mausolées, explique Mahamane Hameye, membre de la société civile et parmi les fondateurs du mouvement des « Patriotes » qui défendit le tombeau.

La menace jihadiste s’est éloignée du fait de la présence de forces maliennes, françaises et onusiennes.

Créée en 2017 sous l’impulsion de la France, l’Aliph est une organisation internationale de sauvegarde du patrimoine en zone de conflit. Huit pays en sont donateurs, parmi lesquels la France, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Irak: des tirs de roquettes font trois morts dont deux soldats américain et britannique

Des tirs de roquettes contre une base militaire en Irak ont pour la première fois fait trois morts mercredi, dont deux soldats américain et britannique, marquant une escalade dans les tensions entre Washington et ses alliés d’une part, et Téhéran et ses supplétifs de l’autre.

Aussitôt après cette attaque –la plus meurtrière recensée contre une base abritant des soldats américains depuis plusieurs années–, des raids aériens ont visé des positions de supplétifs de l’Iran à la frontière entre l’Irak et la Syrie, a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Ces raids ont notamment visé des factions armées irakiennes.

Ces tirs de roquette sont la 22ème attaque depuis la fin octobre contre des intérêts américains en Irak. Ils n’ont pas été revendiqués mais Washington –qui dirige la coalition internationale antijihadiste en Irak– attribue régulièrement ces attaques aux factions irakiennes pro-Iran.

Après les raids aériens, qui semblent être des représailles, le spectre de nouvelles violences plane en Irak, où les tensions entre les deux grands alliés du pouvoir à Bagdad, Téhéran et Washington, ont déjà dégénéré ces derniers mois.

– « Dix explosions » –

Deux soldats, l’un américain et l’autre britannique, ainsi qu’un sous-traitant américain ont été tués mercredi soir dans le tir de dix roquettes sur la base irakienne de Taji, au nord de Bagdad, a indiqué à l’AFP un responsable militaire américain.

Plus tôt, un responsable de la coalition internationale antijihadiste emmenée par les Etats-Unis avait affirmé à l’AFP que l’attaque avait fait plusieurs blessés, certains légèrement touchés et d’autres grièvement atteints.

Le responsable n’avait pas précisé leur nationalité. La coalition compte des dizaines d’Etats membres, dont les Etats-Unis qui ont déployé 5.200 soldats sur diverses bases militaires en Irak.

Quelques heures plus tard, « dix explosions » ont secoué une zone au sud de la ville syrienne de Boukamal, frontalière de l’Irak, a rapporté à l’AFP M. Abdel Rahmane.

« Trois avions probablement de la coalition internationale ont visé des positions iraniennes et des factions armées alliées, dont le Hachd al-Chaabi irakien », a indiqué le directeur de l’OSDH, en référence à cette coalition de paramilitaires désormais intégrés aux forces régulières irakiennes.

Les attaques à la roquette contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak ont déjà tué un sous-traitant américain et un soldat irakien par le passé.

– Marasme politique –

Régulièrement, une ou plusieurs roquettes s’abattent sur des bases accueillant des soldats américains ou sur l’ultrasécurisée Zone verte de Bagdad où siège l’ambassade américaine. Mais le nombre de roquettes tirées mercredi est particulièrement élevé.

Deux jours après la mort d’un Américain dans les tirs de 30 roquettes sur une base militaire irakienne à Kirkouk (nord) fin 2019, l’armée américaine avait frappé cinq bases, en Irak et en Syrie, d’une faction armée pro-Iran, les brigades du Hezbollah, faisant 25 morts dans ses rangs.

Les tensions s’étaient ensuite accentuées entre Washington et Téhéran, menant à l’assassinat à Bagdad du puissant général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien dans une frappe américaine, ainsi qu’à des bombardements iraniens de bases irakiennes abritant des soldats américains en représailles.

La coalition internationale formée contre le groupe Etat islamique (EI) en 2014 continue de combattre et d’apporter un appui aérien aux troupes irakiennes car si l’EI a perdu son territoire, il conserve des cellules clandestines toujours capables de mener des attaques.

Dimanche, deux soldats américains ont été tués dans des combats contre des jihadistes dans le nord irakien, alors même que la coalition avait annoncé suspendre ses activités en Irak en raison des tensions entre Téhéran et Washington.

Le Parlement irakien a récemment voté l’expulsion des 5.200 soldats américains du pays, une décision qui doit encore être appliquée par le gouvernement. Mais l’Irak est plongé depuis des mois dans le marasme politique et est en proie depuis début octobre à un mouvement de contestation antigouvernemental inédit.

Le gouvernement démissionnaire depuis décembre n’a toujours pas été remplacé faute d’accord au sein du Parlement le plus éclaté de l’histoire récente de l’Irak.

L’OMS qualifie l’épidémie du Covid-19 de « pandémie »

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié mercredi l’épidémie du Covid-19, qui a contaminé plus de 110.000 personnes dans le monde depuis fin décembre, de « pandémie », mais a assuré que le coronavirus pouvait « être maîtrisé ».

Au cours des deux dernières semaines, le nombre de cas en dehors de la Chine a été multiplié par 13 et le nombre de pays touchés a triplé, selon l’OMS.

« Nous sommes profondément préoccupés tant par les niveaux alarmants de propagation et de gravité que par les niveaux alarmants d’inaction » dans le monde, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève.

« Nous avons donc estimé que le Covid-19 peut être qualifié de pandémie », a-t-il dit.

« Nous n’avons jamais vu une pandémie déclenchée par un coronavirus », a-t-il dit.

« Décrire la situation comme une pandémie ne change pas l’évaluation de la menace posée par ce coronavirus. Cela ne change pas ce que fait l’OMS, et cela ne change pas ce que les pays devraient faire », a-t-il affirmé.

Le patron de l’OMS a estimé que dans « les jours et les semaines à venir », le nombre de cas, de décès et de pays touchés allait augmenter. Mais il a appelé, une fois de plus, les pays à agir pour « contenir » l’épidémie, qui a fait plus de 4.000 morts dans le monde.

« Nous devons être plus agressifs », a insisté Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Plusieurs pays ont démontré que le virus peut être supprimé ou maîtrisé ».

Comme ces derniers jours, l’OMS a continué d’appeler la communauté internationale à « endiguer » l’épidémie plutôt que de simplement en « atténuer » l’impact.

– ‘Italie et Iran souffrent’ –

Apparu en décembre en Chine, le coronavirus affecte tous les continents, sauf l’Antarctique, et perturbe la vie quotidienne et économique dans un nombre croissant de pays.

« L’Iran et l’Italie sont en première ligne, ils souffrent », a souligné le directeur exécutif du Programme pour les urgences de l’OMS, Michael Ryan, assurant que d’autres pays allaient connaître la même situation.

« En ce moment en Iran, il y a une pénurie d’appareils d’assistance respiratoire, d’oxygène », a-t-il détaillé.

Le directeur général de l’OMS a assuré pour sa part que « l’Iran fait de son mieux ». « Ils ont besoin de beaucoup d’équipements. Nous essayons de mobiliser davantage de soutien pour l’Iran », a-t-il insisté.

Les responsables de l’OMS n’ont en revanche pas souhaité établir la liste des pays qui n’agissaient pas assez face à l’épidémie, M. Ryan faisant valoir que l’agence spécialisée des Nations unies « ne critiquait pas les Etats membres en public ». « Ce que nous essayons de faire c’est de travailler avec les Etats membres ».

Il a en revanche critiqué les pays qui imposaient beaucoup trop de conditions, telles qu’être très âgé ou revenir de Chine, pour tester les personnes.

Il a également appelé la communauté internationale à renforcer son système de surveillance, à mieux protéger les centres hospitaliers et à ne pas cesser de détecter les cas et de suivre les contacts des personnes malades afin de stopper la chaîne de transmission du coronavirus.

Et « d’autres pays ne communiquent pas bien avec leur population », tandis que d’autres peinent à s’organiser et coordonner leur action, a déclaré l’expert de l’OMS.

Harvey Weinstein ou la chute d’un producteur de cinéma visionnaire

Il était un producteur de cinéma visionnaire, faiseur d’Oscars, donateur du parti démocrate. Sa condamnation mercredi à 23 ans de prison, deux semaines après qu’il eut été reconnu coupable d’agressions sexuelles par un jury new-yorkais, scelle la descente aux enfers d’Harvey Weinstein, devenu l’incarnation du prédateur sexuel pour le mouvement #MeToo.

L’accession au gotha d’Hollywood de ce fils d’un diamantaire new-yorkais avait pris des années, il devint paria en quelques jours. En octobre 2017, le New York Times et le New Yorker publient les témoignages de femmes, actrices ou mannequins pour la plupart, accusant le producteur de les avoir agressées sexuellement, puis de les avoir parfois payées pour se taire.

Trois semaines après, plus de 80 femmes, dont des célébrités comme Ashley Judd, Angelina Jolie, Salma Hayek ou Léa Seydoux, l’avaient accusé de harcèlement ou d’agressions allant du baiser forcé au viol, à New York, Los Angeles, Cannes, Paris, Londres ou Toronto, sur plus de trois décennies.

Harvey Weinstein, qui aura 68 ans le 19 mars, marié deux fois et père de cinq enfants, a eu beau maintenir que ses relations étaient toutes consenties, #MeToo était né: ce mouvement a dénoncé les abus sexuels présumés de centaines d’hommes de pouvoir.

Celui qui était la coqueluche des festivals du 7e art est banni de l’Académie du cinéma qui remet les Oscars. Les plaintes contre lui au civil se multiplient.

Le 25 mai 2018, il est inculpé à New York, pour deux agressions seulement, une en 2006 et l’autre en 2013. Les images du producteur menotté font le tour du monde.

En liberté surveillée jusqu’à son procès, il fait profil bas pendant des mois.

Peu avant le début des audiences en janvier, il donne une rare interview, qui suscitera un tollé.

« J’ai fait plus de films réalisés par des femmes et sur des femmes que n’importe quel producteur (…) J’étais le premier! J’étais le pionnier! », déclarait-il au New York Post.

Il n’a pas témoigné à son procès, mais lors du prononcé de sa peine vendredi, il s’est présenté comme une victime du mouvement #MeToo.

« J’étais le premier exemple et maintenant, il y a des milliers d’hommes accusés », a-t-il fait valoir. « Je suis inquiet pour ce pays ».

Il a aussi plaidé auprès du juge qu’il ne « verrait peut-être jamais plus ses enfants ».

– Roi des Oscars –

Beaucoup d’accusations contre Harvey Weinstein datent des années 1990 ou du début des années 2000, les grandes années de Miramax, le studio qu’il créa en 1979 avec son frère cadet Bob (Mira pour leur mère Miriam, Max pour leur père).

Après « Sexe, mensonges et vidéo », de Steven Soderbergh, encensé par la critique en 1989, Miramax produit le premier succès de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction » (1994), puis « Le Patient anglais » (1996, neuf Oscars) ou « Shakespeare in Love » (1998, sept Oscars).

Les frères Weinstein revendent Miramax à Disney dès 1993, mais y travaillent jusqu’en 2005, année où ils lancent The Weinstein Company, qui produira encore de grands succès, comme « Inglourious Basterds » de Tarantino (2009), « Le Discours d’un roi » (2010) ou « The Artist » (2011).

De 1990 à 2016, le producteur, surnommé « Harvey les ciseaux » pour ses interventions féroces au montage, décrocha 81 fois les célèbres statuettes d’Hollywood.

Lors de la cérémonie des Golden Globes en 2012, Meryl Streep le qualifia, en riant, de « Dieu ».

Aujourd’hui, s’il inspire Hollywood, c’est comme personnage maléfique: un thriller inspiré du scandale, « The Assistant », est sorti fin janvier et au moins un autre est en gestation, produit par Brad Pitt.

Un temps, sa fortune était évaluée entre 240 et 300 millions de dollars, et il contribuait généreusement aux campagnes de candidats démocrates, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Mais il a vendu depuis deux ans cinq de ses propriétés, pour 60 millions de dollars, selon l’accusation.

La Weinstein Company a disparu: mise en faillite, ses actifs ont été rachetés par le fonds d’investissement Lantern.

Ses avocats ont négocié un pré-accord de 25 millions de dollars pour solder la plupart des plaintes déposées contre lui au civil, sans qu’il ait à verser un centime, mais ses frais d’avocats se chiffrent en millions.

Il doit payer les pensions alimentaires de ses ex-femmes — la deuxième, la styliste Georgina Chapman, l’a quitté après le scandale.

Après 10 jours d’hospitalisation, pendant lesquels on lui a installé un « stent » (extenseur cardiovasculaire), il a passé les derniers jours à la prison de Rikers Island. Il devrait maintenant être transféré dans une autre prison de l’Etat de New York.

Le procureur de Los Angeles l’a également inculpé pour deux agressions sexuelles. Et ses avocats, qui ont toujours affirmé que la médiatisation de son dossier le condamnait d’avance, devraient faire appel.