« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la 1ère centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont donné leur feu vert à la mise en exploitation de leur centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, a annoncé lundi le représentant permanent de ce pays pétrolier du Golfe à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré Hamad Alkaabi lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi, ajoutant que sa mise en route aura lieu dans un « futur proche ».

Nawah Energy Company, fondé en 2016, exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site de l’entreprise.

La centrale a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire aux conditions légales de sécurité.

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…) couronnant ainsi les efforts de 12 ans de construction (…) de ce programme nucléaire pacifique pour répondre aux besoins énergétiques futurs du pays », s’est félicité M. Alkaabi.

« Après la délivrance de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a précisé M. Alkaabi.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a insisté le diplomate.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25 % des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

« Sans mon vote »: à Téhéran, des habitants désabusés veulent boycotter les législatives

« Pas question d’aller voter! ». Comme Pari, nombre d’Iraniens confient vouloir s’abstenir aux législatives de vendredi, pour exprimer leur manque de confiance envers les autorités et leur lassitude face à des difficultés économiques aggravées par les sanctions américaines.

« C’est difficile pour tout le monde aujourd’hui en Iran et on n’en peut plus… on veut envoyer un message aux autorités », lance avec force cette habitante de Téhéran âgée de 62 ans, sous le regard approbateur de sa fille Kiana, 30 ans, une psychologue qui elle aussi entend déserter les urnes.

Près de deux ans après l’annonce par Washington du rétablissement de sanctions économiques, l’espoir de bénéficier de retombées de l’accord nucléaire de 2015 négocié par l’administration du président Hassan Rohani s’est évaporé et le pays s’enfonce dans la récession.

« Il n’y a pas de travail, pas d’avenir », lâche Kiana, les cheveux noir de jais s’échappant d’un foulard, rencontrée avec sa mère dans un quartier commerçant huppé du nord de la capitale.

Même ici, les inégalités sont criantes: d’élégantes femmes au volant de 4×4 côtoient des vendeurs de rue couverts de crasse, leurs marchandises à même le sol.

Un enfant, cireur de chaussures, assis sur le bord d’un trottoir glacial, est ignoré par des livreurs à moto de « Snapp food » (l’équivalent local d’Uber Eats) luttant contre les embouteillages pour apporter leur déjeuner à des concitoyens plus fortunés.

Autant que leur incapacité à relancer l’économie du pays et à « tenir leurs promesses », Kiana reproche aux dirigeants leur « manque d’honnêteté », rappelant notamment que les autorités ont mis trois jours à reconnaître que c’est un tir iranien qui a abattu, « par erreur », un avion de ligne ukrainien début janvier.

Réélu en 2017, le président Hassan Rohani, un conservateur modéré, avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens bénéficieraient de sa politique de rapprochement avec l’Occident.

– Vies rétrécies –

Mais les Téhéranais confient leur sentiment d’une vie rétrécie par l’inflation et la violente récession économique qui a suivi le rétablissement des sanctions américaines en 2018. Pour Pari, le « gouvernement aurait dû mieux gérer l’impact (de ces) sanctions ».

Plus au sud dans la ville, au bazar de Téhéran, Amir Mohtasham, 38 ans, au chômage depuis deux ans, estime ne pas en savoir assez sur le programme des candidats, pour la plupart issus du camp conservateur ou ultra-conservateur. « Si personne ne présente ses projets ou son programme, pourquoi est-ce que je devrais prendre part au vote? ».

« Ces élections sont vaines (…) je ne fais confiance ni aux conservateurs, ni aux réformateurs. Ils installent juste des urnes et ils veulent que les gens votent ! », critique-t-il.

A quelques mètres, Mohammad, un marchand de tapis âgé de 30 ans, est beaucoup plus fortuné mais son avis est similaire: « on a voté pour Rohani avec un rêve, mais on n’a rien accompli… il y a trop de mensonges ». « Si voter c’est légitimer, alors ce sera sans mon vote », assène-t-il.

D’autres habitants, issus des milieux conservateurs ou religieux, se disent décidés à participer. « J’irai voter bien sûr, mais je ne sais pas pour qui », déclare Hassan Ghole, 55 ans, un autre vendeur du bazar.

« Nos députés font ce qu’ils peuvent », juge-t-il, espérant que les futurs élus travailleront « à régler les problèmes de la jeunesse ».

– « Mécontentement » –

Dans le quartier défavorisé de Nazi Abad (sud), Mme Shahverdi, femme au foyer de 38 ans, dissimulée sous un tchador, explique qu’elle ira voter, par devoir.

« Du point de vue de notre religion, il est important d’aller voter, surtout que notre pays est encerclé par les ennemis; et si nous avons la foi en l’existence, alors notre économie se portera bien », lance-t-elle.

Mais dans ce même quartier, des jeunes n’hésitent pas à évoquer leur soif de plus de libertés. « Je n’accepte pas ce système et je n’irai pas voter », lance Kamran Baluchzadeh. A 20 ans, « je ne peux même pas être insouciant », déplore-t-il, évoquant les dépenses auxquelles il n’arrive pas à faire face et son inquiétude de ne pas pouvoir se marier.

Sacs de tissus et téléphone à la main, Pari Aghazadeh, 27 ans, qui travaille dans la mode, ne passe pas inaperçue dans le quartier avec sa silhouette filiforme, son nez refait, ses faux ongles et ses lèvres ultra maquillées.

Son avis aussi est tranché. « Je ne veux pas voter (…) parce que ça ne changera rien à nos problèmes », dit-elle, accusant le gouvernement de mauvaise gouvernance.

« Et aussi parce que ce gouvernement, ce système, s’en fichent des femmes. On n’a pas de libertés », lance-t-elle. En boycottant le scrutin, « on peut montrer notre mécontentement ».

Virus: les Américains quittent le navire contaminé, le bilan grimpe en Chine

Les Etats-Unis ont donné lundi le signal de l’évacuation des étrangers du paquebot contaminé par le coronavirus au large du Japon, pendant que le bilan de l’épidémie continuait à grimper en Chine.

L’épidémie de Covid-19 a encore tué 105 personnes au cours des dernières 24 heures en Chine continentale, portant le total dans le pays à 1.770 morts depuis l’apparition de la pneumonie virale en décembre à Wuhan (centre), ont annoncé lundi les autorités chinoises.

Hors de Chine continentale, cinq décès ont été enregistrés (un aux Philippines, un à Hong Kong, un au Japon, un en France et un à Taïwan annoncé dimanche) portant au total à 1.775 le nombre de personnes ayant succombé au virus dans le monde entier.

Le nombre de contaminations s’élève à au moins 70.500 cas en Chine continentale et près de 800 signalés dans une trentaine d’autres pays ou territoires.

Le principal foyer de contamination reste le paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine avec 3.711 personnes à bord début février au port de Yokohama, près de Tokyo.

Pas moins de 355 personnes à bord ont été contaminées, alors même que les passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant 14 jours. Mais faute de moyens de dépistage suffisants, seuls 1.219 passagers ont pu subir des analyses de détection du virus.

Les Etats-Unis ont évacué du navire quelque 300 de leurs ressortissants et leurs familles avec deux avions, dont le premier a atterri en Californie dans la nuit de dimanche à lundi (07H29 GMT) alors qu’un deuxième était attendu au Texas. Les rapatriés devront observer une quarantaine de 14 jours, la durée maximale supposée de l’incubation.

Quatorze cas positifs –des personnes dont les résultats de tests sont parvenues en cours d’opération– figurent parmi les quelque 300 Américains évacués, a annoncé le département d’Etat. Ces personnes ont été isolées des autres passagers dans l’avion.

Parallèlement, au moins 40 Américains infectés à bord sont hospitalisés au Japon, selon Washington. Quelque 350 passagers américains se trouvaient à bord du navire mais tous n’ont pas accepté de partir.

– Anniversaire annulé –

D’autres gouvernements, dont l’Australie et l’Italie, ont annoncé vouloir évacuer leurs citoyens. Hong Kong a aussi dit vouloir rapatrier les siens – 330 ressortissants – « le plus tôt possible ». Ottawa a pris une initiative similaire pour environ 250 Canadiens.

Après Singapour, le Japon est le pays le plus touché par l’épidémie en dehors de la Chine. En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont répertorié 60 porteurs du coronavirus dans différentes régions du pays.

Le ministre de la Santé, Katsunobu Kato, a averti dimanche que le Japon entrait dans une « nouvelle phase » de l’infection virale, le pays constatant de jour en jour des cas supplémentaires parmi des personnes ne s’étant pas rendues en Chine et n’ayant pas eu de contact avec des visiteurs en provenance de Chine.

Il a appelé à éviter les rassemblements et les endroits bondés. En conséquence, les célébrations de l’anniversaire de l’empereur, qui attirent chaque année des milliers de personnes dans le centre de Tokyo, ont été annulées.

Ailleurs, l’inquiétude monte en ce qui concerne les plus de 2.200 passagers et membres d’équipage d’un autre paquebot, le Westerdam, qui ont débarqué vendredi au Cambodge après avoir fait l’objet d’examens médicaux concluants.

Une ex-passagère américaine a été stoppée en Malaisie pendant le week-end et confirmée comme étant porteuse du virus, alors que les autres personnes qui se trouvaient à bord sont désormais éparpillées dans le monde entier.

A Pékin, des experts internationaux dépêchés par l’OMS ont commencé à discuter avec leurs homologues chinois, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé dimanche soir. Le programme de leur visite n’était pas connu.

– Report envisagé pour le Parlement chinois –

Le nombre quotidien de nouveaux décès en Chine a confirmé un tassement depuis trois jours: 105 lundi contre 142 dimanche et 143 samedi.

En ce qui concerne les contaminations, le bilan quotidien augmentait modérément avec 2.048 cas répertoriés dans la journée de dimanche contre 2.009 la veille.

Le Parlement chinois envisage un report de sa session plénière, la grand-messe annuelle du régime communiste, a annoncé l’agence Chine nouvelle. Cette session de dix jours aurait dû s’ouvrir le 5 mars.

En visite au Pakistan, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit confiant que « l’effort gigantesque » consenti par la Chine « permettra le recul progressif de la maladie ».

L’épidémie pourrait avoir un effet négatif sur la croissance mondiale en 2020, a prévenu dimanche la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, évoquant une perte de 0,1 à 0,2 point de pourcentage.

burs-bar/uh/lch

Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée

Deux ministres novices, une batterie de rapporteurs, la majorité et son aile gauche parfois remuante, face à des opposants ultra déterminés: coup de projecteur sur les acteurs de la grande explication sur les retraites à l’Assemblée.

Le baptême du feu de Véran et Pietraszewski

Deux ministres novices ont la lourde tâche de porter la réforme la plus difficile du quinquennat à peine arrivés dans leurs fonctions.

Le secrétaire d’Etat aux retraites et ex-député du Nord Laurent Pietraszewski est en poste depuis fin décembre, après le départ de l’ancien haut commissaire Jean-Paul Delevoye. Et le député Olivier Véran vient d’être nommé ministre de la Santé dimanche soir, en remplacement d’Agnès Buzyn, candidate LREM à Paris.

Réputé bon connaisseur des questions sociales, Laurent Pietraszewski s’était fait connaître dès le début de la législature en tant que rapporteur de la réforme controversée du Code du travail.

Auparavant, le secrétaire d’Etat de 53 ans au crâne dégarni, parfois adepte du jargon managérial et des boutades, a fait carrière chez Auchan, notamment dans les ressources humaines.

En commission spéciale retraites, « Pietra » comme le surnomment les marcheurs, a d’abord été critiqué par l’opposition pour son « mutisme », avant de prendre plus d’assurance au fil des débats.

Olivier Véran, neurologue, est lui propulsé ministre de la santé à 39 ans, un poste que l’ancien socialiste convoitait depuis plusieurs années y compris sous le précédent quinquennat.

L’ex-député LREM de l’Isère était jusqu’à présent rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée et rapporteur du volet organique de la réforme des retraites.

Gage de l’aile gauche, il connaît bien le sujet retraites et goûtait volontiers jusqu’ici aux formules chocs et aux piques contre les oppositions.

Un « marcheur » ex-PS chef d’équipe

Chez les députés, le texte est porté par une batterie de rapporteurs, avec l’élu LREM et ex-PS Guillaume Gouffier-Cha en chef d’équipe.

Ancien conseiller de Jean-Yves Le Drian à la Défense lors du quinquennat Hollande, M. Gouffier-Cha a été choisi pour sa « loyauté » et parce qu’il est un « habile négociateur », selon une source parlementaire. Il a été relativement discret en commission.

Sur le volet ordinaire, le co-rapporteur MoDem Nicolas Turquois s’est retrouvé en première ligne en commission, entre remarques ironiques sur l’obstruction des insoumis ou argumentaire sur les agriculteurs, sa profession d’origine.

Autres rapporteurs, Jacques Maire, fils de l’ancien dirigeant de la CFDT Edmond Maire, ainsi que Corinne Vignon et Carole Grandjean (LREM) étaient des « ambassadeurs » retraites pour le groupe politique LREM. Le député Agir Paul Christophe complète le casting.

Des meneurs dans les oppositions

Pour cette bataille cruciale, tous les groupes ont mobilisé leurs troupes.

Le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon fait tout pour endosser le rôle de premier opposant à cette réforme. Il a assumé l' »obstruction » et prévenu que ça va « chauffer tout le long ». Clémentine Autain ou Adrien Quatennens ont multiplié les interventions en commission pour rejeter en bloc le projet de loi.

Chez les communistes, outre le chef du groupe André Chassaigne, ce sont surtout Pierre Dharréville et Sébastien Jumel, deux élus aux formules chocs, qui sont à la manoeuvre.

Le PS, lui, s’en remet à sa chef de file Valérie Rabault et au porte-parole du parti Boris Vallaud. L’ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, aux formules ciselées, n’a de cesse de fustiger « l’amateurisme » du gouvernement.

Côté LR, le président de groupe Damien Abad martèle à l’Assemblée que son parti veut incarner une « troisième voie ». Le président de la commission des finances et ex-ministre du budget Eric Woerth intervient aussi régulièrement sur « l’absence » du volet financement dans le projet de loi.

Au RN, Sébastien Chenu n’est pratiquement pas venu à la commission spéciale dont il était membre, ce qui lui a valu des sarcasmes de LFI. « Nous défendrons nos amendements comme nous le faisons à chaque fois, en plénière », avait répliqué à distance Marine Le Pen.

Chez les « marcheurs », outre le gros des troupes, une aile gauche parfois remuante – avec notamment Martine Wonner ou Jean-François Cesarini – a bien l’intention de se faire entendre sur la pénibilité. Ou pour proposer des alternatives à l’âge pivot de 64 ans.

En Ouganda, les victimes d’attaques à l’acide réclament justice

Linette Kirungi se rendait à l’université un matin de 2012 quand elle a entendu des pas accélérer dans son dos. En faisant volte-face, cette Ougandaise a senti le liquide éclabousser sa figure et l’acide ronger sa chair.

« J’ai crié et je suis tombée pendant que l’agresseur prenait la fuite. La douleur était trop forte. La peau se détachait », raconte à l’AFP la jeune femme, désormais âgée de 27 ans.

Elle a découvert plus tard l’identité de son agresseur. Les jours précédant cette attaque à l’acide, son ex-petit ami l’avait harcelée, exigeant des explications sur son refus de l’épouser. Le matin même, il avait appelé pour savoir à quelle heure elle allait en cours.

L’acide est à la fois bon marché et facilement accessible en Ouganda. Certains utilisent même celui contenu dans des batteries de voiture.

En 2018, 42 attaques ont été répertoriées en Ouganda selon l’ONG locale Mettre fin à la violence à l’acide. Les mobiles sont principalement la jalousie, les ruptures de mariage, les différends relationnels ou les conflits au travail.

De nombreuses attaques ne seraient pas rapportées et les victimes se battent pour que le gouvernement durcisse la législation en la matière et qualifie ces attaques de « crime grave ».

Ephraim Kamuntu, le ministre ougandais de la Justice, affirme à l’AFP que le gouvernement travaille sur un projet de loi.

« Le gouvernement a pris note du grave danger de l’acide et de son usage abusif par des criminels. Nous travaillons avec d’autres acteurs, dont des survivants à l’acide, pour nous assurer de la mise en place d’une nouvelle loi contre ce crime », dit-il.

A l’heure actuelle, peu de victimes signalent ces agressions à la police, et quand elles le font, les arrestations mènent rarement à des condamnations.

Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise, ne se rappelle qu’une seule affaire s’étant soldée par une peine de prison, en 2017.

« Le défi, c’est que les victimes d’attaques à l’acide, et même leurs proches, signalent les cas mais après, (…) n’assurent pas de suivi pour aider la police à conclure les enquêtes », assure-t-il.

Mais Linette Kirungi, dont l’ex-petit ami n’a jamais été arrêté, déplore de son côté un manque de compréhension de la part de la police.

« Vous signalez le cas à la police, et ils s’attendent à ce que vous veniez au poste alors que vous êtes aux soins intensifs. A certains moments vous ne savez même pas ce qu’il se passe. Vous êtes sous assistance respiratoire… » précise-t-elle.

« Et si vous ne vous présentez pas (au poste de police), ils classent l’affaire ».

Cameroun anglophone: 22 villageois dont 14 enfants tués, selon l’ONU

Des hommes armés ont tué vendredi 22 civils, dont 14 enfants et des femmes, dans un village d’une province peuplée par la minorité anglophone dans le nord-ouest du Cameroun, a annoncé dimanche l’ONU à l’AFP.

L’opposition et des ONG locales ont accusé le gouvernement et les militaires, qui combattent depuis trois ans des groupes armés sécessionnistes anglophones, d’être responsables de cette tuerie, ce qui a été démenti auprès de l’AFP par un porte-parole militaire.

« Les éléments de preuve indiquent que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants », a assuré par téléphone à l’AFP James Nunan, le chef du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. « Il y a eu au moins 22 morts, parmi eux 14 enfants, dont 11 filles et neuf âgés de moins de 5 ans, une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés », a ajouté M. Nunan.

Le drame s’est déroulé vendredi aux environs de 14H00 dans le village de Ntumbo, a précisé M. Nunan, dont l’équipe a recueilli « de nombreux témoignages » permettant d’établir ce bilan.

-3.000 morts en trois ans-

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont le théâtre, depuis trois ans, de combats meurtriers entre militaires et séparatistes armés. Ces affrontements, ainsi que les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG internationales, ont fait plus de 3.000 morts et contraint plus de 700.000 personnes à fuir leurs domiciles.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, l’un des deux principaux partis d’opposition, a « condamné le massacre » de femmes et d’enfants, dans un communiqué. « Le régime dictatorial » et « le chef suprême des forces de sécurité et de défense sont les premiers responsables de ces crimes », poursuit le parti.

Le MRC est le parti de Maurice Kamto, arrivé second à la présidentielle de 2018 derrière Paul Biya, l’inamovible chef de l’Etat, 86 ans dont 37 au pouvoir.

Sur sa page Facebook, l’avocat Félix Agbor Mballa, président du Centre pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique (CHRDA), a condamné « l’horrible meurtre » de « femmes et d’enfants (…) par les forces de défense de l’Etat ».

« Tous les témoignages accusent l’armée », lance aussi sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011.

« Faux » a simplement rétorqué à l’AFP dans la matinée de dimanche un responsable de la communication de l’armée. L’AFP a sollicité des responsables du gouvernement pour une réaction, en vain pour l’heure.

-Enlèvements-

Ce nouveau drame touchant la minorité anglophone dans cette ancienne colonie française majoritairement francophone, est survenu près d’une semaine après les élections législatives et municipales qui ont connu une faible participation selon l’Union africaine (UA), en particulier dans les deux provinces anglophones.

Là, les groupes armés séparatistes avaient interdit aux gens d’aller aux urnes et promis des représailles à ceux qui s’y risqueraient. Et Yaoundé avait dépêché d’importants renforts militaires.

Plus de 100 personnes avaient été enlevées dans les deux régions par des rebelles dans les deux semaines qui ont précédé les élections, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ni les résultats officiels de ces scrutin, ni même le taux de participation, n’ont été rendus publics par le gouvernement à ce jour.

Présidentielle en Bolivie: le dauphin de Morales en tête des intentions de vote

Le dauphin de l’ex-président de gauche en exil Evo Morales, Luis Arce, est largement en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle du 3 mai en Bolivie, selon un sondage publié dimanche.

Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), recueille 31,6% des intentions de vote, devant l’ex-chef de l’Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%), selon ce sondage de l’institut Ciesmori réalisé auprès de 2.224 personnes entre le 7 et le 14 février pour le quotidien El Deber et la chaîne de télévision Unitel.

Le leader de droite Luis Fernando Camacho, à l’origine du mouvement de protestation qui avait abouti au départ d’Evo Morales fin 2019, ne recueille que 9,4% des intentions de vote au niveau national, même s’il est en tête dans la région de Santa Cruz (est), la plus développée du pays.

Les élections du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés.

Pour être élu dès le premier tour de la présidentielle, un candidat doit obtenir au moins 40% des voix et dix points d’avance sur son rival le plus immédiat. Si un tel cas de figure ne se produit pas, un second tour aura lieu le 14 juin.

Luis Arce, qui a été ministre de l’Economie d’Evo Morales de 2006 à 2019, avait été désigné candidat du MAS début février. M. Morales, poursuivi en Bolivie pour « sédition et terrorisme », n’a pas le droit de se représenter.

L’ancien président, âgé de 60 ans, a annoncé dimanche son retour en Argentine, où il vit en exil, après une série d’examens médicaux de routine à Cuba.

Trump exhorte la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » en Syrie 

Le président américain Donald Trump a exhorté la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » du régime du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé dimanche la Maison Blanche.

Pendant une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, M. Trump a « exprimé sa préoccupation au sujet des violences à Idleb », dans le nord-ouest de la Syrie, et « a exprimé le souhait des Etats-Unis d’assister à la fin du soutien de la Russie aux atrocités du régime d’Assad », a fait savoir la présidence américaine.

Soutenues par les raids aériens de son allié russe, les troupes du régime syrien ont récemment intensifié leur assaut contre la région d’Idleb, où se trouve le dernier bastion rebelle, tuant des centaines de personnes.

En vertu d’un accord de désescalade conclu en 2018 entre Moscou et Ankara, la Turquie dispose de douze postes d’observation dans la province d’Idleb. Mais la tension est montée entre Ankara et Moscou après la mort de 14 turcs tués dans les bombardements des forces gouvernementales syriennes dans la région.

Une délégation turque doit se rendre à Moscou lundi, après une visite de responsables russes la semaine dernière qui n’a abouti à aucun accord concret.