Les électeurs tchadiens étaient appelés, dimanche, à participer à un scrutin sans surprise où le maréchal-président Idriss Déby Itno, au pouvoir sans partage depuis 30 ans, brigue un 6e mandat qu’il est assuré de remporter.
C’est sans conviction que les électeurs tchadiens se sont rendus dans les bureaux de vote, dimanche 11 avril, pour une élection présidentielle sans suspense. Dans ce pays du Sahel, le maréchal-président Idriss Déby Itno, au pouvoir sans partage depuis 30 ans, brigue un 6e mandat qu’il est assuré de remporter face à six candidats sans envergure.
Les rares ténors d’une opposition divisée qui pouvaient lui faire un peu d’ombre ont été écartés.
Le véritable enjeu de ce scrutin reste la participation des quelque 7,3 millions d’électeurs, sur 15 millions d’habitants. Les deux camps crient déjà victoire : l’opposition la plus dure, qui considère que son appel au boycott du scrutin a été suivi, et le pouvoir, qui assure que les Tchadiens se sont massivement déplacés pour voter.
Un bureau de vote à Mardjadanfac, un quartier pro-Déby de la capitale, vient de fermer et les bulletins de vote sont dépouillés. Quelque 141 personnes ont voté, sur les 393 inscrits, et ont donné une majorité écrasante à Idriss Déby Itno, candidat du Mouvement patriotique du salut (MPS), a constaté un journaliste de l’AFP.
Le vote s’est déroulé dans le calme à N’Djamena et dans le reste du pays, à l’exception d’une urne qui a été brûlée dans un arrondissement de la capitale par un groupe d’individus, a rapporté à l’AFP la présidente du bureau de vote.
« Paix et sécurité »
« C’est important de voter car j’aime mon pays et je vote pour le Maréchal car grâce à lui, je suis libre de me promener où je veux, jour et nuit, en toute sécurité », a déclaré à l’AFP Bernadette, une commerçante de 25 ans devant un bureau de vote.
De nombreux soldats d’élite de la Garde républicaine ont été déployés devant le bureau de vote Carré 3 Hassan Ibrahim dans le centre-ville de N’Djamena, où le chef de l’État est venu voter, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le maréchal Déby a fait campagne principalement sur la « paix et la sécurité » dont il dit être l’artisan, dans son pays mais aussi dans une région tourmentée : le Tchad, enclavé entre la Libye, le Soudan, la Centrafrique entre autres, est un contributeur de poids au combat contre les jihadistes au Sahel, en projetant des troupes aguerries jusqu’au Mali et parfois au Nigeria.
Un scrutin « joué d’avance »
La majorité des habitants semble cependant se désintéresser d’un scrutin « joué d’avance » et tente péniblement de joindre les deux bouts, entre deux coupures d’eau et d’électricité, parfois plusieurs jours d’affilée.
Le Tchad est classé au 187e rang sur 189 au classement selon l’Indice de Développement Humain (IDH) du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2020. En 2018, 42 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Depuis plusieurs mois, le régime interdit systématiquement les « marches pacifiques pour l’alternance » que tentent d’organiser chaque samedi les partis d’opposition les plus virulents. Et la redoutable police anti-émeute disperse manu militari chaque début de rassemblement, lesquels n’attirent pas plus que quelques dizaines de convaincus ou téméraires. L’ONG Human Rights Watch a qualifié jeudi de « répression implacable » cet usage de la force.