Troupes américaines en Afrique: Pompeo promet une démarche collective

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a assuré dimanche à Dakar que les Etats-Unis veilleraient à faire « ce qu’il faut » en partenariat avec leurs alliés au sujet de la réduction ou non de leur présence militaire en Afrique, notamment au Sahel confronté aux violences jihadistes.

M. Pompeo, qui s’exprimait devant la presse, s’est gardé de tout engagement et a laissé ouverte la question d’une réduction des forces américaines, actuellement à l’examen à Washington.

Peu auparavant, le ministre sénégalais des Affaires étrangères Amadou Ba, à ses côtés, avait indiqué que les Etats-Unis avaient fait part aux dirigeants sénégalais « de leur volonté de retirer leurs forces combattantes ». Il avait souligné que, pour le Sénégal, cela ne signifiait pas un retrait militaire américain du continent, les Etats-Unis apportant un soutien en renseignement, en logistique et en formation à la lutte contre le jihadisme.

Après trois ans d’administration Trump, M. Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal où il est arrivé samedi après-midi, il partait dimanche pour l’Angola, avant l’Ethiopie jusqu’à mercredi, d’où il se rendra en Arabie saoudite.

M. Pompeo entame sa première visite en Afrique subsaharienne dans les fonctions de secrétaire d’Etat au moment où les Etats-Unis veulent réduire les opérations antijihadistes dans le monde pour concentrer leurs forces sur ce qu’ils considèrent comme les menaces russe et chinoise pour leur suprématie militaire.

L’Afrique, où l’armée américaine est présente avec quelque 6.000 soldats, notamment au Sahel, en Somalie et à Djibouti, est considérée comme pouvant être la première concernée par la redistribution des forces.

Epargné par les violences au Sahel voisin, le Sénégal est communément salué comme une zone de stabilité et un partenaire solide dans la lutte contre l’extrémisme. Il suit avec la plus grande attention la réflexion américaine.

Le chef de la diplomatie sénégalaise a affirmé l’importance que « l’Afrique puisse monter en première ligne ». Mais il a relevé l’absence de moyens militaires et financiers africains, et rappelé la proposition du président Macky Sall de financer l’effort, en accord avec la communauté internationale, en y affectant 1% du déficit budgétaire des pays africains.

L’Afrique « a besoin des Etats-Unis d’Amérique », a-t-il dit.

– Opportunités économiques –

« Nous ferons ce qu’il faut, nous ferons ce qu’il faut collectivement, j’en suis convaincu », a répondu M. Pompeo en évoquant les partenaires sénégalais, africains, français et européens des Etats-Unis.

Quand l’examen du niveau des forces en cours au Pentagone sera achevé, « nous en discuterons, non seulement avec le Sénégal, mais tous les pays de la région, nous discuterons des raisons de ce que nous faisons, de la manière dont nous le faisons, et nous parviendrons à un résultat qui marche pour tout le monde », a-t-il dit.

Le Pentagone a annoncé mercredi un premier ajustement de ses forces en Afrique avec le remplacement d’une unité de combat par des instructeurs.

M. Pompeo est arrivé en Afrique quelques jours après le durcissement par le président Donald Trump des conditions d’entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de quatre pays africains (dont aucun sur l’itinéraire de M. Pompeo). En 2018, le président Donald Trump avait qualifié de « pays de merde » les Etats africains envoyant des immigrés aux Etats-Unis.

Le département d’Etat a souligné avant la visite de M. Pompeo que les trois pays africains visités étaient des « contributeurs majeurs à la stabilité régionale », à commencer par le Sénégal, qui fournit environ 1.500 hommes à la Mission de l’Onu au Mali.

Cependant, c’est surtout l’engagement économique que Washington comptait mettre en avant, y compris pour contrer la poussée chinoise sur un continent aux forts taux de croissance. Les trois pays sont « particulièrement remarquables » en termes d’opportunités, selon le département d’Etat.

M. Pompeo a résumé l’approche américaine: croissance et sécurité sont « mutuellement bénéfiques ».

Il a assisté dimanche matin à la signature de cinq protocoles d’accord, pour la construction d’une autoroute entre Dakar et Saint-Louis (entre l’Américain Bechtel et le Sénégalais Ageroute), dans les domaines de la santé et la production d’électricité (entre l’Américain General Electric et des agences gouvernementales sénégalaises).

Des milliers d’Algériens défilent à Kherrata, berceau de la contestation

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Kherrata dans l’est de l’Algérie, à l’occasion du 1er anniversaire d’une manifestation inédite dans cette ville contre la candidature à un 5e mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, selon des témoins.

La manifestation de Kherrata avait donné le coup d’envoi à une vague de contestation populaire sans précédent contre le pouvoir, qui a poussé à la démission le 2 avril 2019 de M. Bouteflika, lâché par l’armée.

Le 16 février 2019, un rassemblement spontané a réuni des milliers de manifestants contre un nouveau mandat de M. Bouteflika, impotent et aphasique, à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, la première marche à avoir allumé l’étincelle de la fronde qui devait ensuite gagner toute l’Algérie.

Le lendemain, le 17 février, une marche similaire a eu lieu à Bordj Bou Arreridj (150 km au sud-est d’Alger) et trois jours plus tard, des centaines de personnes ont manifesté à Khenchela dans l’est algérien également.

Durant le rassemblement de Khenchela, certains protestataires sont montés sur le toit de la mairie pour décrocher un portrait géant du chef de l’Etat qui recouvrait une partie de la façade à côté du drapeau algérien.

Quelques jours plus tard, le 22 février, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d’un 5e mandat de M. Bouteflika.

Pour marquer le 1er anniversaire de la marche de Kherrata, des milliers de manifestants ont sillonné dimanche les rues de la ville aux cris de « Les Algériens sont tous des frères » et brandissant l’emblème national ou berbère.

Plusieurs figures du « Hirak » -le mouvement de contestation-, parmi lesquelles le vétéran très respecté de la guerre d’indépendance Lakhdar Bouregaa ou encore Samir Benlarbi, un militant actif de la société civile, ont pris part à la manifestation, selon les témoins.

Les manifestants ont appelé à « une période de transition » devant aboutir à un changement de régime.

Le point de départ de la manifestation de 2019 à Kherrata a été rebaptisé « Place de la Liberté du 16 février 2019 ». Une stèle y a été érigée.

Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’un scrutin boycotté par la majorité des Algériens, a de nouveau tendu dimanche la main à la contestation, lors d’une rencontre entre le gouvernement et les préfets du pays.

« Il y a de cela une année, les citoyens et citoyennes sont sortis dans un +Hirak+ béni pacifique, sous la protection de l’Armée nationale pour revendiquer le changement et rejeter, pacifiquement, l’aventure qui a failli conduire à l’effondrement de l’Etat et de ses piliers pour retomber dans la tragédie des années 1990 », a-t-il dit en allusion à la « décennie noire » de la guerre civile, selon l’agence APS.

RDC: au moins 14 morts à Kinshasa dans un accident de la route (nouveau bilan)

Au moins 14 personnes ont été tuées et plusieurs blessées dimanche à Kinshasa dans la spectaculaire collision d’un camion qui a percuté d’autres véhicules et fauché des passants à la suite d’un problème de freins, selon un nouveau bilan.

« Jusqu’à maintenant, il y a 14 décès et plusieurs blessés. On peut avoir plus de 30 blessés », a déclaré le ministre de la Santé, le Dr Eteni Longodo depuis une clinique située à côté des lieux de l’accident.

En début d’après-midi, la police faisait état de dix morts et 41 blessés.

Le chauffeur d’un camion-benne a perdu le contrôle de son véhicule quand il descendait une rue près du campus de l’université de Kinshasa (Unikin).

Une panne de frein est à l’origine de l’accident, selon plusieurs sources. Le camion « a percuté huit véhicules. Il y a tellement de morts que je n’en reviens pas », a déclaré à l’AFP une témoin, Yasmine Lutonadio.

Sur place, l’AFPTV a vu une demi-douzaine de véhicules fracassés, dont deux mini-bus et trois voitures.

« Le gouvernement est là. Nous nous occupons de la population. Nous allons faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier de soins de qualité », a promis le ministre de la Santé.

Les Congolais se plaignent souvent de l’absence des pouvoirs publics dans les nombreuses tragédies qui émaillent leur vie quotidienne (accidents de la route et naufrages sur les voies navigables….).

Egalement présent sur place, le ministre de l’Intérieur Gilbert Kokande a envisagé des « mesures préventives que nous pourrions prendre » pour « éviter » des excès de vitesse sur cette rue en pente entre l’université et un croisement très fréquenté.

Iran: Rohani exclut de démissionner, malgré les difficultés

Le président iranien Hassan Rohani, dont la coalition politique apparaît menacée aux législatives du 21 février, a exclu dimanche de démissionner avant la fin de son mandat en 2021, même s’il a dit avoir présenté deux fois sa démission par le passé.

« Une démission n’aurait pas beaucoup de sens », a déclaré M. Rohani lors d’une conférence de presse à Téhéran, ajoutant que son gouvernement allait « continuer à réaliser (ses) promesses (malgré) les conditions économiques et la pression de l’ennemi ».

« L’idée de démissionner (à cause de ces problèmes) ne m’est jamais venue à l’esprit », a-t-il insisté.

M. Rohani, élu en 2013 et réélu en 2017, a fait cette mise au point après des rumeurs selon lesquelles il avait l’intention de démissionner avant la fin de son deuxième et dernier mandat.

Le président a néanmoins indiqué avoir proposé sa démission par deux fois au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, une première fois entre sa première élection et son entrée en fonction, et une deuxième fois au cours de son second mandat.

Dans les deux cas, a assuré le président, M. Khamenei a fermement rejeté l’idée. Selon M. Rohani, le guide suprême aurait déclaré: « Je voudrais que vous continuiez à servir jusqu’à la dernière minute, et je soutiens le gouvernement ».

La deuxième fois, M. Khamenei aurait affirmé selon le président qu’il ne laisserait pas « le gouvernement abandonner ses responsabilités ne serait-ce qu’une heure » avant le terme de son mandat.

La coalition des modérés et des réformateurs soutenant M. Rohani apparaît en mauvaise posture à l’approche des législatives de vendredi, qui pourraient être marquées par une forte abstention, censée profiter aux conservateurs et ultraconservateurs.

La République islamique a plongé dans une violente récession, dont elle peine à sortir, après le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 – sous l’impulsion de M. Rohani – entre Téhéran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).

A la suite de ce retrait, Washington – qui accuse Téhéran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié – a rétabli à l’encontre de la République islamique les sanctions économiques que les Etats-Unis avaient suspendues en vertu de cet accord.

Fortement critiqué sur le plan intérieur pour l’échec de sa politique d’ouverture avec l’Occident, M. Rohani a appelé devant la presse les Iraniens « à se rendre aux urnes et à voter » le 21 février malgré l’invalidation des candidatures de milliers de modérés et réformateurs.

Olivier Véran, la fulgurante ascension d’un neurologue macroniste

Olivier Véran, nommé dimanche ministre de la Santé, est un neurologue de 39 ans, député de l’Isère et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, rapporteur depuis janvier du volet organique de la réforme des retraites.

L’Isérois, médecin du CHU de Grenoble, n’entend pas faire de vieux os en politique mais il a accepté la lourde tâche de reprendre en main un ministère sous la pression des personnels hospitaliers en colère et de la menace d’épidémie du nouveau coronavirus, après le départ d’Agnès Buzyn annoncé dimanche.

Ce macroniste de la première heure pourra bénéficier, au moins dans un premier temps, de son statut de médecin comme le furent avant lui à ce poste Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy, Nora Berra, ou Agnès Buzyn.

Alors jeune suppléant de Geneviève Fioraso (PS), il s’était fait connaître en entrant au Palais Bourbon en 2012 quand celle-ci avait rejoint les gouvernements Ayrault puis Valls jusqu’en 2015.

Il a rencontré Emmanuel Macron cette même année au moment de la discussion à l’Assemblée de la loi Macron. Et avait adhéré au mouvement En Marche! dès sa création, jusqu’à devenir le référent santé du candidat à la présidentielle.

Séduit par le « dépassement des clivages et de la politique politicienne » de celui qui était alors ministre de l’Économie, le neurologue a longtemps ambitionné de « faire prendre le virage de la prévention », parent pauvre des politiques de santé en France.

Au palais Bourbon, Olivier Véran a d’ailleurs été le rapporteur du volet prévention de la loi Santé, avant de devenir l’incontournable rapporteur général de la Commission des affaires sociales en 2017.

Il est aussi Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016 et a été nommé, en janvier, rapporteur du volet organique de la réforme des retraites, celui sur l’équilibre financier.

– « Le coeur à gauche » –

Ce politique affable, né en 1980 et issu du Parti socialiste, dit avoir « le cœur à gauche ».

Déjà pressenti pour occuper le maroquin de la Santé en 2017, Olivier Véran était qualifié à l’époque de « bosseur », « sympathique », « très bon connaisseur de l’hôpital » par Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux (généralistes et spécialistes).

L’intéressé se définit lui-même comme « énergique », y voyant à la fois sa principale qualité et son principal défaut.

Ancien vice-président de l’Inter-Syndicat national des internes (ISNI) durant ses études de médecine à Grenoble, il a financé sa formation en travaillant comme aide-soignant, notamment en gériatrie.

« Tombé amoureux de l’organisation du système de soins », il a suivi un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris (avec un mémoire sur les déserts médicaux) en parallèle à son clinicat. A cette époque, le jeune chef de clinique en neurologie vasculaire développe également un hôpital de jour pour faire de l’ambulatoire.

C’est en visitant cette structure que Geneviève Fioraso repère l’entreprenant praticien et lui propose d’être son suppléant en 2012.

« Je n’avais jamais été encarté politiquement, même si j’ai ma sensibilité évidemment », avait-il alors déclaré à l’AFP, se présentant comme « progressiste vraiment, très européen convaincu, opposé aux inégalités ».

Parlant anglais et espagnol, marié à une gynécologue-obstétricienne avec qui il a deux enfants, Olivier Véran n’entend pas faire de la politique plus d’un ou deux mandats: « Hors de question que ma femme sacrifie sa carrière ! », assure ce défenseur du non cumul.

Et puis, « la classe politique n’est pas aimée; quand je porte ma blouse blanche, j’ai une cote de confiance de 84%, quand je mets l’écharpe tricolore, ça tombe à 6%! Il faut renouveler la vie politique et être plus proches des gens », soutient ce pianiste amateur.

Bataille au centre chez les démocrates, le milliardaire Bloomberg cible de choix

Le milliardaire Michael Bloomberg est devenu dimanche la cible principale des autres candidats aux primaires démocrates, notamment de ceux cherchant comme lui à rallier les électeurs modérés, avant une semaine cruciale pour la nomination du futur adversaire de Donald Trump.

L’ancien maire de New York, placé troisième au niveau national dans la moyenne des sondages, derrière l’ancien vice-président Joe Biden et le sénateur socialiste Bernie Sanders, a notamment enregistré ces derniers jours un soutien croissant au sein de la population noire.

Quelque « 60 milliards de dollars peuvent vous acheter beaucoup de publicité, mais cela ne peut pas effacer votre bilan », a taclé dimanche Joe Biden sur NBC, lui reprochant notamment de ne pas avoir soutenu la candidature de Barack Obama en 2008.

L’ancien numéro deux du premier président noir des Etats-Unis a de quoi s’inquiéter à moins d’une semaine du troisième vote des primaires, dans l’Etat du Nevada. Populaire parmi les Noirs et les Latinos, M. Biden serait le premier à pâtir d’un report sur Michael Bloomberg du soutien des minorités, crucial pour remporter l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre.

Autre difficulté, les deux septuagénaires se partagent le couloir centriste avec deux autres candidats: l’ancien maire Pete Buttigieg, qui a remporté d’un cheveu l’Iowa, premier Etat ayant voté dans le cadre des primaires, et la sénatrice Amy Klobuchar, qui a fait forte impression en arrivant troisième dans le New Hampshire.

Cette dispersion joue en leur défaveur face à une aile gauche qui semble se rallier autour de Bernie Sanders.

Dimanche, M. Biden a également reproché à M. Bloomberg d’avoir longtemps défendu la politique des interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk »), accusée d’avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.

Le neuvième homme le plus riche du monde selon Forbes a réitéré jeudi ses excuses pour cette pratique, dont il a reconnu qu’elle avait mené à l’arrestation de « trop d’innocents », dont « une immense majorité » de Noirs ou de Latinos.

« Prenez Carter ou Clinton ou Barack, ils avaient un soutien massif des Afro-Américains », a martelé M. Biden. « Je suis le seul qui a (…) leur soutien. Ils me connaissent. Ils savent qui je suis. »

– Absent des débats télé –

Après deux résultats très décevants dans l’Iowa et le New Hampshire, M. Biden compte précisément sur leur vote pour relancer sa campagne, notamment en Caroline du Sud, un Etat bien plus divers, le 29 février.

Paradoxe: si les attaques se concentrent sur lui, M. Bloomberg ne sera en lice ni en Caroline du Sud, ni dans le Nevada samedi. Délaissant ces Etats peu pourvus en délégués, il mise sur une entrée dans la course qu’il espère fracassante lors du « Super Tuesday » le 3 mars. Voteront alors 14 Etats d’un coup, dont le Texas et la Californie, qui élisent le plus grand nombre de délégués — qui désigneront in fine le candidat démocrate en juillet.

De par son démarrage tardif, qu’il avait justifié par ses craintes que les modérés ne puissent pas l’emporter avec Joe Biden, M. Bloomberg n’a d’ailleurs encore participé à aucun débat télévisé — et ne fera pas non plus partie du prochain, mercredi à Las Vegas.

« Vous ne pouvez pas vous cacher derrière les ondes télévisées » des spots de campagnes payés grâce à sa fortune personnelle, a accusé la modérée Amy Klobuchar sur CNN. « Je sais que je ne peux pas le battre sur les ondes, mais je peux le battre sur l’estrade des débats », a assuré la candidate, qui peine à se faire un nom en dehors de son MidWest d’origine.

En lutte avec elle pour la troisième place dans les sondages du Nevada (derrière MM. Sanders et Biden), Pete Buttigieg, 38 ans, a également critiqué ces « milliards de dollars » permettant à l’ex-maire new yorkais de déferler sur les chaînes américaines.

Interrogé sur la politique de M. Bloomberg vis-à-vis des Noirs, ainsi que sur des allégations de sexisme remises sur la table par une longue enquête du Washington Post samedi, le jeune Buttigieg n’a pas hésité à attaquer: « Je pense qu’il devra en répondre », a-t-il estimé sur Fox News.

L’ex-maire de la petit ville de South Bend, qui souffre d’un déficit de popularité au sein de la population noire, s’est engagé à « parler des problèmes » des minorités afin de « gagner leur confiance ».

Tout en réitérant un message se voulant rassembleur: « Beaucoup des électeurs de couleur à qui je parle sont concentrés sur une chose: battre Donald Trump. »

Syrie: le régime reprend le contrôle des abords de la métropole d’Alep

Le régime syrien a repris dimanche le contrôle de la ceinture de localités entourant la métropole d’Alep, poursuivant son offensive contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest du pays en guerre, selon un média d’Etat et une ONG.

Avec cette progression, les forces du président Bachar al-Assad ont éloigné leurs adversaires des abords d’Alep et sécurisé cette ville qui était la cible de bombardements des jihadistes et rebelles. Deuxième ville du pays et chef-lieu de la province du même nom, Alep a été reprise en 2016 par le régime.

Soutenues par les raids aériens de leur allié russe, les forces prorégime sont reparties en décembre à l’assaut de la région d’Idleb et des secteurs limitrophes.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d’Idleb ainsi que des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Des groupes rebelles et d’autres factions jihadistes y sont présents.

Après des combats et raids aériens, les prorégime ont pris le contrôle de l’ensemble des localités et villages entourant Alep pour la première fois depuis 2012, sécurisant ainsi la ville et la protégeant des obus » des rebelles et jihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Ils ont progressé rapidement dans le nord et l’ouest de la province d’Alep après le retrait total des factions » adverses et ont repris « près de 30 villages et localités », d’après l’ONG.

Selon la télévision étatique syrienne, « les unités de l’armée ont libéré tous les villages et localités à l’ouest de la ville d’Alep ». La télévision a montré des images présentées comme celles d’habitants d’Alep célébrant la reprise des villages par le régime.

Dans les oliveraies de l’est de la province d’Idleb, près de la localité de Maaret al-Naassane, des rebelles à bord d’un char ont tiré sur des positions du régime dans la localité de Miznaz dans l’ouest de la province d’Alep, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Les forces du régime ont également conquis des territoires accolés à une autoroute reliant la ville d’Alep à la capitale Damas, pour sécuriser cette voie rapide, selon l’OSDH.

Depuis décembre, plus de 800.000 personnes ont été déplacées par les violences dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU. Plus de 380 civils ont été tués, d’après l’OSDH.

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Appuyé par la Russie, l’Iran mais aussi le Hezbollah libanais, le pouvoir de Damas a multiplié les victoires jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% de la Syrie.

Dimanche, le président du Parlement iranien Ali Larijani a rencontré à Damas M. Assad, qui a souligné la « détermination » de son peuple « à libérer tout le territoire syrien », selon la présidence.

M. Larijani est attendu dimanche soir à Beyrouth.

Coronavirus: des Américains évacués du paquebot où 355 cas ont été répertoriés

Les Etats-Unis ont commencé à évacuer dans la nuit de dimanche à lundi des ressortissants américains en quarantaine au large des côtes du Japon, passagers d’un paquebot où ont été constatés 355 cas du nouveau coronavirus.

Plusieurs dizaines d’autobus sont venus chercher les croisiéristes qui devaient ensuite partir à bord de deux avions à destination des Etats-Unis, où ils devront observer une quarantaine de 14 jours.

Le Diamond Princess avait été placé en quarantaine le 5 février avec ses 3.711 passagers et membres d’équipage pour 14 jours après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong. En date de dimanche, 355 personnes étaient déclarées infectées et hospitalisées.

Mais sans attendre, face à l’aggravation de la situation et compte tenu de doutes sur l’efficacité des mesures prises, ont décidé d’évacuer leurs ressortissants paraissant sains pour les placer quatorze jours en quarantaine dans leurs pays respectifs.

Les Etats-Unis ont ainsi dès samedi adressé aux quelque 350 passagers américains un courrier pour leur donner cette option.

Parmi les passagers, Sarah Arana, 52 ans, originaire de Californie, en contact avec l’AFP, a confirmé être à bord d’un des autobus et raconté être passée par un contrôle de passeport de fortune sans examen médical.

« Je suis contente et prête à partir », a-t-elle dit à l’AFP depuis le bateau. « Il nous faut une vraie quarantaine et ça n’en était pas une ».

– Refus de partir –

Le gouvernement américain aurait dû intervenir « beaucoup plus tôt, dès le début », a-t-elle estimé.

« C’était trop pour le Japon et ils n’auraient pas dû avoir à en porter tout le fardeau », a-t-elle ajouté. « Le peuple japonais ne méritait pas cela. Je suis pleine de reconnaissance ».

Mais d’autres Américains à bord ont refusé de partir bien qu’il leur a été précisé qu’ils ne pourraient pas dans ce cas retourner dans leur pays avant deux semaines suivies d’un test négatif.

« Pourquoi voudrais-je monter dans un bus et un avion avec des gens dont on pense qu’ils sont peut-être infectés alors que j’ai passé près de deux semaines isolé d’eux ? », a tweeté Matt Smith, un avocat américain à bord du paquebot avec son épouse.

Il a décrit pour appuyer son propos le comportement d’une compatriote qui criait « USA, USA » de son balcon alors qu’approchaient les bus devant plus tard les transporter.

« Et bien sûr, à l’encontre de toutes les règles de quarantaine, elle ne porte pas de masque et bavarde avec un passager du balcon adjacent (…) et vous voulez que je prenne le bus avec elle ? ».

Le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato avait expliqué dans la journée que 1.219 des passagers seulement avaient subi les analyses de détection du virus.

– « Nouvelle phase » –

Le Japon n’a pu tester tout le monde à bord en raison d’un nombre insuffisant de tests, de sites et de main d’oeuvre, également nécessaires à l’examen des cas suspect à terre.

Mais le ministère de la Santé a annoncé samedi que les passagers âgés de plus de 70 ans étaient examinés et que ceux présentant un test négatif et en bonne santé seraient autorisés à quitter le navire à partir de mercredi.

Les tests des passagers plus jeunes devaient commencer dimanche et des personnes saines seront autorisées à sortir après mercredi, a précisé le ministère.

Le gouvernement de Hong Kong a lui aussi dit vouloir rapatrier les siens – 330 ressortissants – « le plus tôt possible ».

Les autorités canadiennes ont pris une initiative similaire pour environ 250 Canadiens notamment « pour alléger le fardeau sur le système de santé japonais ».

Les médias australiens ont indiqué que Canberra envisageait aussi l’option de l’évacuation.

En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont répertoriés 59 porteurs du coronavirus dans différentes régions du pays.

Le ministre japonais de la Santé, Katsunobu Kato a averti dimanche que le Japon entrait dans une « nouvelle phase » de cette infection virale, le pays constatant de jour en jour des cas supplémentaires parmi des personnes ne s’étant pas rendues en Chine, centre de l’épidémie, et n’ayant pas eu de contact avec des visiteurs en provenance de Chine.

Il a appelé la population à éviter les rassemblements « non indispensables » ainsi que les trains bondés des heures de pointe.

qt-oh-sah-uh/jpc

Yémen: les belligérants concluent un accord d’échange de prisonniers

Les parties en conflit au Yémen ont conclu dimanche un accord pour le premier échange de prisonniers de grande envergure depuis le début en 2014 d’une guerre qui ravage le pays, a annoncé l’ONU dans un communiqué.

Le nombre de prisonniers concernés n’est pas mentionné dans le texte mais les rebelles ont fait état de 1.400 de leurs détenus appelés à être libérés.

« Il s’agit d’une étape vers la réalisation de l’engagement des parties à libérer progressivement tous les détenus liés au conflit, conformément à l’accord de Stockholm », ont déclaré dans un communiqué conjoint les Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à l’issue d’une réunion de sept jours à Amman.

Le conflit au Yémen oppose le gouvernement reconnu par la communauté internationale, appuyé par une coalition militaire sous commandement saoudien, aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

Les belligérants ont accepté d’échanger 15.000 prisonniers dans le cadre d’un accord signé en 2018 en Suède sous l’égide de l’ONU, dont toutes les clauses n’ont pas encore été appliquées.

« Il s’agit d’une mesure purement humanitaire qui doit être mise en oeuvre sans délai, selon ce qui a été convenu en Jordanie », a indiqué le ministère yéménite des Affaires étrangères sur Twitter.

« En vertu de l’accord récemment conclu en Jordanie, 1.400 prisonniers, dont des Saoudiens et des Soudanais, seront libérés », a précisé sur le même réseau social le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdel Salam. Des soldats Soudanais sont engagés au Yémen dans le cadre de la coalition progouvernementale.

« J’exhorte les parties à poursuivre de toute urgence l’échange dont elles ont convenu aujourd’hui (dimanche). Les progrès ont été trop lents sur ce front », a insisté l’émissaire spécial de l’ONU Martin Griffiths, cité dans le communiqué.

La commission qu’il dirige, chargée de surveiller l’application de l’accord signé en Suède, a prévu de se réunir à nouveau fin mars pour discuter de la poursuite des échanges.

« Malgré les affrontements en cours, les parties ont trouvé un terrain d’entente humanitaire qui permettra à de nombreux détenus de retourner auprès de leurs proches », s’est réjoui Franz Rauchenstein, chef du CICR à Sanaa, capitale du Yémen tenue par les rebelles, selon le communiqué.

Les Houthis et les forces progouvernementales ont déjà libéré plusieurs centaines de prisonniers ces derniers mois dans le cadre d’échanges sporadiques.

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils. Plus de 24 millions de Yéménites, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, estime l’ONU, qui qualifie la situation de pire crise humanitaire au monde.

Agnès Buzyn, la femme politique s’éveille

Presque inconnue en 2017, Agnès Buzyn s’est affirmée en trois ans au gouvernement comme une figure du macronisme, même si elle quitte le ministère de la Santé empêtrée dans une crise inédite à l’hôpital et vierge de toute expérience électorale.

Cette médecin spécialiste des leucémies et de la greffe de moelle a annoncé dimanche à l’AFP qu’elle succédait à Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris.

Personne n’avait vu venir cette femme réservée à l’allure soignée de bonne élève, dont la voix fragile cache une fermeté parfois trahie par un regard bleu acier.

Qui aurait parié sur cette technicienne sans expérience politique ?

Son parcours, pourtant, témoigne d’une ambition certaine: chef de l’unité de soins intensifs d’hématologie de l’hôpital Necker à 30 ans, nommée à la tête de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire à 45, de l’Institut national du cancer à 48, de la Haute autorité de santé à 53, et enfin ministre à 54.

« L’aboutissement de toute ma carrière professionnelle », reconnaît l’intéressée.

Propulsée dans la lumière, elle s’impose d’abord comme ministre de la santé publique, avec des choix emblématiques sur le tabac et les vaccins. Récemment, l’irruption de l’épidémie de coronavirus l’a placée en première ligne, cherchant à apaiser les peurs tout en restant transparente sur la réalité de la situation sanitaire.

Portée par « l’illusion que le rationnel scientifique peut suffire à faire prendre les bonnes décisions », elle a dû néanmoins en rabattre face aux lobbies de l’alcool quand Emmanuel Macron affirme « boire du vin le midi et le soir ».

Quand Yves Levy, son mari et père de son troisième fils, spécialiste du Sida, a voulu se maintenir à la tête de l’Inserm en 2018 -avant de renoncer-, elle s’est défendue des soupçons de conflit d’intérêts d’un abrupt: « Ca ne me regarde pas ».

« La politique, c’est violent, parfois douloureux », concède-t-elle « mais quand on a dû annoncer des diagnostics épouvantables à des familles, à des enfants, c’est quand même beaucoup moins grave ».

Beaucoup moins lourd, aussi, que le poids de l’histoire d’une famille de juifs polonais rescapés de la Shoah.

Celle de la mère, Etty, cachée par une famille de Justes durant l’Occupation, devenue une psychanalyste de renom.

Celle du père, Elie, survivant de l’enfer d’Auschwitz, devenu chirurgien orthopédique.

« Quand des gens ont enduré ce qu’ils ont enduré, ça donne une autre échelle des valeurs », explique-t-elle. La preuve, « quand ça va mal, je dis toujours à mes équipes +Est-ce que quelqu’un va mourir à la fin?+ ».

– « Je n’ai peur de rien » –

Le cuir s’est encore endurci au contact de Simone Veil, dont elle épousa le fils Pierre-François, avec qui elle eut ses deux premiers fils.

« Je l’ai connue jeune, lorsque j’étais encore étudiante, et j’avais pour elle une immense admiration », confessait-elle à l’été 2018, lors de l’entrée de la grande dame au Panthéon.

Elle évoquait alors « un passage de relais » avec l’icône du droit à l’avortement, ministre de la Santé à deux reprises et première présidente du Parlement européen.

La tentation de Bruxelles avait d’ailleurs été très forte en 2019. « Elle a été approchée par plein de gens, ça a résonné par rapport à son histoire et à ses convictions », raconte un haut fonctionnaire.

Mais, en plein vote de la loi santé, « ça aurait été un énorme gâchis de changer de ministre », d’autant qu’elle a « une forte crédibilité dans le secteur ».

Un sentiment moins partagé à la base du système hospitalier où les infirmières gardent en travers de la gorge quelques attitudes qualifiées de « mépris de classe »: des yeux levés au ciel, un rictus lors d’une visite à Rouen…

« La seule chose qu’elle veut elle c’est passer pour quelqu’un qui a sauvé l’hopital public, elle veut pas qu’on porte atteinte à son image, elle y tient vraiment », décrit Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, qui mène une grève depuis près d’un an maintenant.

Interrogée il y a quelque mois sur ses éventuelles inquiétudes à cumuler des dossiers (retraites, bioéthique, dépendance…), elle répondait n’avoir « pas peur. En fait, je n’ai peur de rien ».