C’est ce qui en ressort du rapport d’enquête menée par la convention tchadienne pour le droit humains (CCDDH), un rapport publié dimanche 28 juin 2020.
En avril dernier, 44 prisonniers avaient été présentés par les autorités tchadiennes comme étant des membres du groupe djihadiste Boko Haram. Ils avaient été arrêtés au cours des opérations militaires qui ont eu lieu fin mars dans la région du lac Tchad. Ces présumés membres de Boko Haram avaient quelques temps été retrouvés morts dans leur cellule.
Les autorités tchadiennes ont évoqué la piste d’un suicide collectif par empoisonnement. Une information pas convaincante pour la CCDDH. Cette convention a décidé de mener sa propre enquête. Les résultats de cette enquête ont été publiés dimanche 18 juin 2020. La CCDDH parle de bavure. Selon elle, ces 44 prisonniers sont morts par suffocation, de faim et déshydratés, bref à cause de leurs mauvaises conditions de détention. Elle conclut aussi que ces prisonniers n’étaient pas des combattants de Boko Haram capturés au cours d’opération militaires.
« Nous avons la certitude que ces prisonniers n’ont pas été capturés sur un champ de bataille. Ces gens avaient été arrêtés cinq jours après la fin de l’opération «Colère de Bohoma». Et le porte-parole de l’armée avait donné un bilan officiel. Il avait parlé de 1000 morts, il n’avait pas parlé de prisonniers. Donc, après cinq jours, il a été demandé aux responsables administratifs locaux de la province du lac de trouver des prisonniers, parce qu’il ne parait concevable qu’une armée qui tue 1000 ennemis ne puisse pas faire de prisonniers. Il faut des prisonniers afin de faire croire que l’armée tchadienne est également capable de préserver la vie des prisonniers. Alors qu’en réalité, les vrais éléments de Boko Haram pris sur le champ de bataille sont systématiquement exécutés. Ces gens sont en fait des gens arrêtés sur dénonciation d’un comité d’autodéfense, dévié de sa mission quand le nouveau gouverneur est arrivé, transformé quasiment en une véritable agence de renseignements qui a outrepassé ses prérogatives en désignant des gens au hasard comme étant de Boko Haram. », confirme Mahamat Nour Ibedou, président de la Convention tchadienne pour les droits humains.