Elections au Guyana: accusations de fraude, résultats en suspens

Des accusations de fraude électorale ont terni le scrutin législatif lundi au Guyana, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, où les résultats sont attendus dans la semaine.

Le futur gouvernement de ce membre du Commonwealth, entre Venezuela, Brésil et Suriname, devra gérer la manne pétrolière tirée de l’exploitation de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le président David Granger, du Partenariat pour l’unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), cherche à consolider sa majorité d’un seul siège au Parlement, dont les 65 sièges sont à renouveler. Dans une vie politique largement guidée par les divisions ethniques, il est soutenu par la communauté afro-guyanaise, les descendants d’anciens esclaves.

Ses opposants du Parti progressiste du peuple (PPP) sont populaires auprès de la communauté indo-guyanaise, formée par les descendants d’émigrés indiens amenés par l’ancien colon britannique.

L’ANPU-AFC a accusé le PPP d’avoir fraudé dans un de ses bastions, Mon Repos, en banlieue de la capitale Georgetown, en faisant voter des électeurs non inscrits. La police anti-émeutes s’y est déployée pour empêcher toute violence.

Globalement dans le pays, le scrutin s’est tenu sans incident, selon la commission électorale du Guyana (GECOM).

Le chef de la mission d’observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA), le Jamaïcain Bruce Golding, a appelé les autorités à proclamer des résultats dès que possible.

« Ce n’est pas bon d’avoir une élection le lundi et plusieurs jours qui peuvent s’écouler sans que le peuple du Guyana ne sache quel est le résultat du scrutin », a-t-il déclaré. « Cela offre un terreau fertile aux rumeurs et aux théories du complot ».

Les autorités estiment qu’au vu des difficultés logistiques dans un pays en bonne partie recouvert par la forêt vierge, les premiers résultats devraient tomber mercredi ou jeudi.

Onze partis étaient en lice pour ces législatives, au scrutin proportionnel, alors que deux seulement étaient représentés dans le Parlement sortant, avec 33 sièges pour l’ANPU-AFC et 32 pour le PPP. Le chef du parti arrivé en tête devient président.

Ce pays de 750.000 habitants doit afficher une croissance économique record de 85% pour 2020, selon les prévisions du Fonds monétaire international, en faisant progressivement passer sa production pétrolière de 52.000 barils par jour à 750.000 barils/jours en 2025. Mais il n’y est pas préparé, manquant d’experts du secteur et de cadre législatif adapté.

Nouvelle-Zélande: enquête sur des menaces contre une des mosquées de Christchurch

La police néo-zélandaise enquête pour retrouver l’auteur de menaces formulées cette semaine contre une des mosquées de Christchurch, où 51 fidèles avaient péri dans le carnage perpétré il y a un an par un suprémaciste blanc australien.

Ces menaces contre la mosquée al-Nour ont été postées cette semaine sur la messagerie Telegram, au moment où Christchurch se prépare à commémorer le premier anniversaire de la tuerie.

Des médias rapportent que ce message montrait un homme portant une cagoule assis dans une voiture devant la mosquée, avec un texte menaçant et un émoji représentant un pistolet.

« Nous suivons des pistes et je suis convaincu que nous établirons qui est cette personne », a déclaré à Radio New Zealand John Price, un des responsables de la police de Canterbury, la région de l’Île du Sud où se trouve Christchurch. « Nous sommes très près. »

On ignore encore les détails de la cérémonie censée être organisée pour le premier anniversaire du carnage.

La Première ministre Jacinda Ardern, qui devrait y assister, a estimé mardi qu’il était difficile de croire que la communauté musulmane néo-zélandaise puisse encore être la cible de messages haineux.

Le tireur, Brenton Tarrant, qui s’était filmé lors de la tuerie, sera jugé à partir du 2 juin.

Cameroun: 10 séparatistes « neutralisés » selon le gouvernement, qui dément la mort de civils

Le gouvernement camerounais a assuré lundi avoir « neutralisé 10 terroristes » séparatistes lors d’une opération militaire samedi dans une localité de l’ouest anglophone du Cameroun, et dément avoir tué des civils comme l’affirment plusieurs médias en ligne camerounais.

« Dix terroristes sécessionnistes ont été neutralisés, dont trois femmes », lors d’un affrontement entre des militaires et des séparatistes dans la localité de « Small Babanki », dans la région du Nord-Ouest, a affirmé le ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué.

Il a précisé qu’un commandant séparatiste connu sous le sobriquet de « général Fire man » fait partie des personnes abattues.

Depuis le week-end, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ainsi que des médias en ligne accusent l’armée camerounaise d’avoir tué une dizaine de civils, notamment des femmes et des enfants, lors de cette opération.

Des photographies montrant des cadavres, dont celui d’un enfant en bas âge, ont largement circulé sur les réseaux sociaux, sans que l’AFP ne parvienne à les authentifier.

Le gouvernement parle « d’une propagande mensongère » et « d’allégations totalement infondées et contraires à la réalité des faits ».

Il a assuré aussi dans le communiqué qu’au cours de cette opération, « un fusil d’assaut de type AK47 » et du matériel de combat ont été retrouvés, ainsi qu’un homme « otage » libéré.

Depuis près de trois ans, l’armée et des groupes séparatistes armés s’affrontent dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les deux camps sont accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre des civils.

La 14 février dernier, 23 civils dont 15 enfants (neuf de moins de 5 ans) et deux femmes enceintes, sont morts lors d’une opération militaire à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l’ONU.

Selon plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, les forces gouvernementales ainsi qu’une milice peule alliée sont les responsables de cette tuerie.

L’armée dément et assure qu’il s’agit des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’évoque la mort que de 5 civils.

Le drame a provoqué l’émoi au Cameroun, mais aussi à l’international.

Interpellé le 22 février par un activiste camerounais à Paris, le président français Emmanuel Macron avait promis de mettre « le maximum de pression » sur le président Paul Biya pour que cessent des violences « intolérables ».

Selon l’Elysée, M. Macron et M. Biya ont échangé dimanche au téléphone, et « se sont accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale » pour faire la lumière sur les violences de Ntumbo.

Chez les partisans de Netanyahu, le bonheur se mélange au soulagement

« Wahou! Je suis heureuse, cette fois c’est la bonne », se réjouit Hanna Piers, en dansant dans un hall de Tel-Aviv où sont réunis des partisans du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a revendiqué la victoire aux législatives après deux scrutins sans vainqueur.

Peu après l’annonce des premières estimations, c’est la satisfaction du but finalement atteint qui a dominé dans l’immense salle où sont rassemblés un millier de partisans du Likoud, sur le point de réaliser son meilleur score sous Benjamin Netanyahu.

Après deux élections sans vainqueur, en avril et septembre dernier, le Likoud est crédité d’environ 37 sièges par les sondages à la sortie des urnes, voire de 60 sièges avec ses alliés de droite, ce qui place le parti au seuil de la majorité.

« Finalement nous avons obtenu ce que nous voulions », se félicite Mme Piers, 37 ans.

« Cette fois-ci il n’y aura pas de nouvelles élections », renchérit Lidan Aton, 32 ans, tout sourire. « Je ressens une immense satisfaction, finalement nous avons réussi », lâche Ran Carmi Buzaglo, un adhérent actif du Likoud.

Quelques minutes avant la diffusion des sondages à la sortie des urnes, il avait parcouru l’immense salle en courant, drapeau israélien à bout de bras, clamant à qui voulait l’entendre que cette fois, c’était « la bonne ».

– Le 61 magique –

Au rassemblement du Likoud, la sono à fond diffuse de la musique pop israélienne orientale, des jeunes dansent en criant « Bibi, roi d’Israël » et en agitant des drapeaux du parti et d’Israël.

Les adhérents suivent de près l’évolution des résultats dans l’espoir de voir le bloc de droite – qui comprend les formations ultra-orthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah et de la droite radiale Yamina – atteindre, voire franchir, le nombre magique de 61 sièges, seuil de la majorité à la Knesset, le Parlement.

Gavriel Gaoui, 47 ans, membre du comité central du Likoud, est « persuadé d’atteindre 61, voire même 62 sièges ». « Historiquement les résultats définitifs nous donnent toujours un peu plus de sièges que les sondages de sortie des urnes », dit-il.

Mais certains, comme Lidan Aton, pensent qu’il faudra « voler » quelques sièges à « Bleu-Blanc » ou à Israël Beiteinou, parti de droite nationaliste laïque, grâce à la défection de leurs députés, pour parvenir à la majorité.

– Mince espoir –

La ferveur qui s’est emparée des partisans du Likoud tranche avec le long silence qui a accueilli les résultats de Benny Gantz dans la salle de réception située sur le port de Tel-Aviv, dont l’ancien chef d’état-major a fait son QG pour la soirée.

Les yeux rivés sur les grands écrans de télévision, la poignée de militants ayant fait le déplacement guettent le moindre changement dans les estimations.

La musique entraînante qui tourne en boucle depuis le début de soirée contraste avec l’ambiance pesante qui règne dans la salle.

Mais si la déception est de mise, l’espoir reste permis. Pour Katty Rojtman, porte-parole francophone du parti, « les résultats peuvent changer pendant la nuit, nous attendons les résultats définitifs ».

« En 2013, on s’est endormi avec le Parti travailliste et on s’est réveillé avec le Likoud », se rappelle-t-elle. « Alors on pourrait espérer s’endormir avec le Likoud et se réveiller avec Kahol-Lavan (Bleu-Blanc)… »

Sénégal: premier cas confirmé de nouveau coronavirus

Le Sénégal a annoncé lundi son premier cas de nouveau coronavirus, sur un Français qui a séjourné en France en février avant de revenir au Sénégal et qui a été mis en quarantaine à Dakar.

Il s’agit du deuxième cas confirmé en Afrique subsaharienne après le Nigeria, qui concernait un Italien lui aussi de retour de son pays.

« Les résultats des tests effectués par l’Institut Pasteur de Dakar se sont avérés positifs », a dit devant la presse le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.

« A ce jour l’état du patient ne suscite aucune inquiétude majeure », a-t-il ajouté.

Le patient, un homme marié et père de deux enfants qui vit au Sénégal depuis plus de deux ans avec sa famille, a séjourné en France la deuxième quinzaine de février à Nîmes (sud) et dans une station de ski non-précisée de la région Auvergne-Rhône-Alpes (sud-est), a dit le ministre.

Rentré le 26 février au Sénégal, il a consulté, avec une fièvre de 39 degrés, un mal de gorge et des maux de tête. La structure médicale qui l’a reçu a contacté la cellule d’alerte sénégalaise mise en place contre le coronavirus, a dit le ministre.

Le patient a été mis en quarantaine dans le centre de traitement du service des maladies infectieuses et tropicales d’un hôpital de Dakar.

« Le dispositif de surveillance et de riposte au Covid-19 est renforcé et tous les moyens sont mis en oeuvre pour circonscrire la maladie », a ajouté le ministre. Il a appelé la population à la « sérénité » et a dit avoir « parfaitement confiance » dans le système de santé national.

En dehors du Sénégal et du Nigeria, les seuls concernés à ce jour en Afrique subsaharienne, quelques cas ont été enregistrés dans le nord du continent, en Algérie et en Egypte.

La possibilité d’une propagation du virus en Afrique et la faculté à faire face de pays aux systèmes de santé précaires sont un sujet de préoccupation pour l’Organisation mondiale de la Santé.

L’émissaire de l’ONU en Libye jette l’éponge

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a écrit le diplomate libanais sur son compte Twitter.

A New York, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que le secrétaire général « a reçu un message de M. Salamé, exprimant son intention de quitter son poste de représentant spécial pour la Libye ».

« Le secrétaire général a toujours fait pleinement confiance au travail de M. Salamé et aux grands efforts qu’il a déployés pour ramener la paix en Libye. Le secrétaire général discutera avec M. Salamé de la manière d’assurer une transition en douceur afin de ne pas perdre de les acquis déjà atteints », a ajouté M. Dujarric.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté M. Salamé dans son annonce, évoquant notamment le sommet international sur la Libye organisé fin janvier à Berlin et les pourparlers inter-libyens qu’il avait récemment lancés sur trois volets, politique, militaire et économique.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis, il a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

– Efforts partis « en fumée » –

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus de discussions a été mis à mal après une attaque surprise lancée le 4 avril par le maréchal Haftar contre la capitale, le jour où le secrétaire général de l’ONU était en visite en Libye.

Le pays était alors à quelques jours d’une conférence inter-libyenne longuement préparée par l’ONU. M. Salamé avait regretté que tous ces efforts partent en fumée » quelques jours après le début des combats aux portes de la capitale.

« Nous avons travaillé pendant un an entier à la préparation de quelque chose qui n’a pas de précédent en Libye, c’est-à-dire une conférence nationale réunissant tout le monde (…) Et voilà que ces efforts partent en fumée », avait déclaré l’émissaire onusien dans une interview à l’AFP.

La conférence était appelée à établir une feuille de route pour sortir le pays du chaos mais elle avait été annulée après l’assaut.

M. Salamé a essayé par la suite d’unifier la position de la communauté internationale sur la Libye, après avoir constaté que les divisions et les ingérences étrangères compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Il a ainsi réuni les puissances mondiales et les principaux pays concernés par le conflit lors d’un sommet à Berlin où des engagements de non ingérences et de relance du processus politique ont été pris.

Vendredi à Genève, il s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite des négociations inter-libyennes même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

Né en 1951, M. Salamé a passé la majeure partie de sa carrière en tant que professeur de relations internationales à la prestigieuse université française de Sciences politiques à Paris.

Il a été ministre de la Culture au Liban de 2000 à 2003 et a ensuite travaillé comme conseiller auprès de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et de la mission des Nations unies en Irak.

Crise migratoire en Turquie : à Lesbos, en Grèce, « l’île n’en peut plus »

Sur le port de Mytilène, du linge sèche à côté d’une baraque installée à la hâte pour des migrants fraîchement débarqués sur l’île grecque de Lesbos depuis que la Turquie a ouvert les portes de l’Europe, provoquant la colère de la population locale.

« Les seules personnes qu’on voit ce sont des réfugiés », confie, las, Giannis Palassis, un retraité de 76 ans rencontré dans les rues escarpées de Mytilène, en ce lundi férié en Grèce.

Selon lui, Mytilène ne peut pas se convertir en « refuge » pour tous. « Ce sont des êtres humains eux aussi, mais l’île n’en peut plus. On souffre ».

Depuis la décision d’Ankara d’ouvrir ses frontières aux exilés en route pour l’Europe, quelque 1.300 migrants sont arrivés en 24 heures sur les cinq îles de la mer Egée, et en particulier à Lesbos, où la grande majorité des embarcations de fortune ont échoué.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants de l’île s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention fermés sur leurs îles, ces nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère dimanche.

Des groupes d’habitants ont violemment repoussé un canot chargé de migrants, l’empêchant d’accoster au port de Thermi aux cris de « rentrez en Turquie ». Avant de s’en prendre à des membres d’ONG et à plusieurs journalistes.

Sur le macadam du port, 300 réfugiés campent lundi, faute d’avoir été conduits dans le camp de réfugiés de Moria, qui déborde avec ses 19.000 demandeurs d’asile pour 2.800 places.

« Nous cherchons un endroit pour dormir, pour le moment nous sommes dehors pendant la nuit et les enfants ont froid », a confié à l’AFP l’Afghan Ahlan Khali, 21 ans, venu avec la famille de sa soeur.

D’autres ont passé la nuit, sans couvertures, sur la plage de Skala Sykamineas, dans le nord-est de l’île, a constaté un photographe de l’AFP.

Barrages filtrants, routes coupées, voitures vandalisées: les habitants de l’île continuent de protester lundi contre cette nouvelle vague migratoire.

Principale « conséquence de la réaction de la population locale », selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR): les réfugiés ne peuvent plus être conduits vers les centres d’enregistrement et d’hébergement et sont livrés à eux même sur le port et au nord de l’île, où ils ne reçoivent qu’une aide humanitaire.

« Le processus (de prise en charge, ndlr) est retardé et nous ne connaissons pas les conséquences », a déploré auprès de l’AFP Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR en Grèce.

Moria a été le théâtre d’affrontements entre policiers et demandeurs d’asile dont plusieurs centaines ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de vie dans ce camp, l’un des plus surpeuplés d’Europe.

Entre les oliviers qui bordent les chaussées de la ville, des blocs de pierre et des morceaux de bois jonchent le sol, vestiges des affrontements entre migrants et forces de l’ordre.

« Le village de Moria a beaucoup souffert, personne ne partage le fardeau des îles grecques », estime le gouverneur de la région le gouverneur de l’Egée du Nord Kostas Moutzouris, sans excuser pour autant les violences.

– « Jamais vu ça » –

« Je n’ai jamais vu ça », confie Efi Latsoudi, qui travaille dans le camp d’accueil pour réfugiés PIKPA. « J’ai été menacée, on m’a forcé à partir sous les yeux de la police », s’indigne-t-elle, précisant que des groupes d’insulaires menacent quiconque entend s’approcher des plages pour venir en aide aux migrants débarquant sur les côtes.

Deux voitures appartenant au camp d’accueil ont été vandalisées, ajoute-t-elle, et un centre d’accueil inoccupé des migrants a été partiellement incendié dimanche par des groupes d’habitants furieux.

« La situation reste très confuse », estime Gianluca Rocco, chef de mission en Grèce pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). « Les traversées sont de plus en plus risquées et on ne peut pas augmenter les capacités d’accueil sur les îles », avertit-il.

Un petit garçon est mort lundi matin dans le naufrage d’une embarcation de migrants au large de Lesbos, selon la police portuaire.

Afghanistan : les talibans annoncent mettre fin à la trêve partielle, premier attentat

Les talibans ont annoncé lundi mettre un terme à la trêve partielle instaurée le 22 février et reprendre leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, deux jours seulement après la signature d’un accord historique avec les Etats-Unis.

Un attentat, non revendiqué, a été rapporté au même moment. L’explosion d’une moto piégée durant un match de football a tué au moins trois civils et en a blessé onze autres, a déclaré à l’AFP Sayed Ahmad Babazai, le chef de la police de la province de Khost (Est).

Les trois tués sont trois frères, a indiqué Abdul Fatah Wakman, le président de la fédération de football de Khost.

A Washington, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré : « Nous ne savons pas exactement qui est responsable pour l’instant.

« Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan », a-t-il ajouté.

L’attentat intervient après neuf jours de trêve partielle, durant lesquels le nombre d’attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

La période de réduction des violences « a pris fin et nos opérations vont revenir à la normale », a déclaré lundi à l’AFP Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.

« Conformément à l’accord (américano-taliban), nos moudjahidines n’attaqueront pas les forces étrangères, mais nos opérations continueront contre les forces du gouvernement de Kaboul », a-t-il poursuivi.

La commission militaire du mouvement a diffusé un document, transmis à l’AFP par une source talibane, demandant à ses combattant de relancer leurs opérations contres les forces afghanes.

Dans la province de Badghis (Nord-Ouest), « les talibans ont commencé à attaquer les positions de l’armée (…) vers 15H00 (10H30 GMT). Un soldat a été tué et un autre blessé », a rapporté un haut gradé.

« Nous attendons des talibans qu’ils soient sérieux en ce qui concerne leurs obligations », a réagi le Général américain Austin Scott Miller, soulignant que « Les Etats-Unis ont été très clairs sur leurs attentes. Le niveau de violence doit demeurer bas ».

– ‘Levier’ –

Michael Kugelman, analyste au Wilson Center, un centre de recherche américain indépendant, s’est dit « pas surpris » par la reprise des attaques. « La violence est un levier pour les talibans (…) qu’ils exploitent pour renforcer leur capacité à négocier en vue des discussions inter-afghanes », souligne-t-il.

Dimanche, le président afghan Ashraf Ghani avait annoncé la prolongation de la trêve partielle au moins jusqu’au début des discussions inter-afghanes, prévu pour le 10 mars, et « ce pour but d’atteindre un cessez-le-feu complet ».

Mais il avait également rejeté l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés, de la négociation duquel son gouvernement a toujours été tenu à l’écart, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Cette mesure est « un prérequis pour les discussions inter-afghanes », a toutefois rappelé Zabihullah Mujahid, illustrant les difficultés à venir pour que Kaboul et les insurgés parviennent à un compromis.

« La position de Ghani montre que les Américains n’ont pas fait les préparations nécessaires avant de signer l’accord », a réagi une autre source talibane, basée au Pakistan.

D’après l’accord de Doha, un éventuel cessez-le-feu n’est par contre qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent, comme le souhaite Ashraf Ghani.

Depuis la signature de l’accord, les talibans ont été vus se réjouir en public de leur « victoire » contre les Etats-Unis.

Dans le Laghman, une province frontalière de Kaboul, 3.000 habitants et combattants talibans se sont réunis lundi pour célébrer un « accord de fin de l’occupation » ou encore la « défaite » de Washington.

Les militants se sont aussi engagés à continuer leur offensive contre le gouvernement de Kaboul jusqu’à la remise en place d’un « gouvernement islamique ».

En vertu de l’accord de Doha, les Américains et leurs alliés s’engagent à retirer toutes leurs troupes d’Afghanistan sous 14 mois si les insurgés respectent les termes de l’accord, dont l’ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.

Pete Buttigieg de nouveau candidat en 2024? Ou en 2052?

Pete Buttigieg, alias « Mayor Pete », a fait irruption avec fracas sur la scène politique américaine. Il pourrait y occuper une place de choix dans les années à venir. A condition de réussir à séduire au-delà de l’électorat blanc.

« Presque personne ne connaissait mon nom et presque personne ne pouvait le prononcer »: entre le lancement de sa campagne, le 14 avril 2019, et la fin de cette dernière, le 1er mars 2020, le chemin parcouru par ce maire trentenaire ouvertement gay d’une ville moyenne de l’Indiana est spectaculaire.

Fort en particulier d’une victoire dans le caucus de l’Iowa devant le vétéran Bernie Sanders, il peut espérer un parcours politique au-delà de sa ville natale de South Bend dont il fut maire pendant huit ans.

« Pete donne le sentiment que ce n’est pas pour lui la fin mais le début », résumait David Axelrod, l’un des artisans de la victoire de Barack Obama en 2008.

Dans son discours de renoncement à l’investiture démocrate dimanche soir, l’ex-candidat de 38 ans a promis de tout faire pour que l’Amérique ait « un président démocrate en janvier ». Et il a clairement laissé entendre qu’il faudrait compter avec lui.

Le jeune homme pressé, passé par Harvard, Oxford et le cabinet de conseil McKinsey, affiche avec aplomb de très grandes ambitions, un trait qui agace ses nombreux détracteurs dans son propre camp qui ironisent sur son côté « premier de la classe ».

Clairement positionné sur un créneau « centriste » au sein du parti démocrate, dans la droite ligne de Barack Obama, il sait que ce champ devrait s’ouvrir en grand.

L’ancien vice-président Joe Biden, lui aussi sur cette posture, s’est replacé dans la course à l’investiture. Mais il a 77 ans. Et, s’il l’emportait, certains évoquent déjà la possibilité qu’il ne fasse qu’un mandat.

– « Sans fortune personnelle » –

Pour l’heure, Pete Buttigieg, qui aime à rappeler qu’il s’est lancé « sans fortune personnelle », n’a depuis janvier plus aucun mandat électif. Pour la suite, il n’a livré aucune piste, et n’a aucune certitude.

En cas de victoire d’un démocrate le 3 novembre face à Donald Trump, il peut espérer un poste de choix au sein du gouvernement.

S’il veut trouver une place au Congrès, à la Chambre des représentants ou au Sénat, la partie s’annonce délicate dans son Etat de l’Indiana, très conservateur, d’où est originaire le vice-président Mike Pence, même s’il pourrait tenter sa chance lors des élections de mi-mandat en 2022.

Et s’il veut croire encore à un destin national, le chemin à parcourir reste encore long.

Sa décision de jeter l’éponge dans la course à l’investiture est intervenue trois jours après son revers lors de la primaire de Caroline du Sud où il est arrivé en quatrième position. Un chiffre a retenu l’attention: il n’a, selon les sondages réalisés par NBC à la sortie des urnes , obtenu que… 3% du vote noir.

Il n’a, de fait, pas réussi à convaincre cet électorat traditionnel des démocrates qu’il comprenait ses inquiétudes et qu’il avait pleinement pris la mesure de ses luttes, passées et à venir. Or en l’absence d’appui solide parmi ces derniers, son horizon politique restera bouché.

Au moment où la primaire démocrate prend la forme d’un combat entre trois septuagénaires – Bernie Sanders, Joe Biden, Michael Bloomberg – certains s’interrogent déjà: « Mayor Pete » se lancera-t-il une nouvelle fois à l’assaut de la Maison Blanche?

Lors de son discours dimanche soir, certains de ses partisans ont chanté « 2024!2024! ». Le jeune candidat a esquissé un sourire, mais n’a pas réagi. L’équation politique de la décennie qui s’ouvre est pleine d’inconnues, mais M.Buttigieg a une certitude: il a du temps devant lui.

« S’il était candidat à la Maison Blanche en 2052, Pete Buttigieg serait toujours plus jeune que la quasi-totalité des candidats encore en course dans cette campagne », relevait malicieusement Matt Viser du Washington Post.

L’émissaire de l’ONU en Libye Ghassan Salamé annonce sa démission

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a annoncé lundi sur son compte personnel Twitter sa démission pour des « raisons de santé » après près de trois ans à son poste.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a-t-il écrit.

Une source proche de M. Salamé a confirmé à l’AFP l’authenticité de l’annonce, sans donner d’autres détails.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté le diplomate libanais qui a souhaité « la paix et la stabilité » en Libye.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Vendredi à Genève, M. Salamé s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite du processus de négociations inter-libyens, facilité par les Nations unies et qui porte sur trois aspects – politique, militaire et économique – même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

« Nous poursuivons notre ligne de conduite malgré les tergiversations de ces cyniques », a assuré Ghassam Salamé, vendredi.