Machistes anonymes: au Mexique, sessions de rééducation pour hommes violents

« Je m’appelle Jaime. Cette semaine, j’ai été violent verbalement et psychologiquement envers ma compagne. Je suis là pour aider et être aidé », déclare un sexagénaire dans une maison d’un quartier cossu du centre de Mexico, dont une pièce a été transformée en salle de thérapie.

« Je te soutiens », lui répondent en choeur une douzaine d’autres hommes, âgés de 20 à 70 ans, en faisant des exercices de respiration, les yeux clos. La main sur le coeur, dans un exercice de sincérité, ils réfléchissent ensuite aux violences qu’ils exercent envers les femmes et la conscience qu’ils en ont.

Au Mexique, où dix femmes sont assassinées chaque jour, de plus en plus d’hommes remettent en question le machisme dominant. L’association Gendes (Genre et développement), fondée en 2009, propose des sessions pour aider ces hommes à se départir de leurs comportements violents.

« Je n’ai jamais été violent physiquement envers une femme, mais je l’ai été sous d’autres formes : psychologiquement, verbalement et sexuellement, parce que j’ai parfois été infidèle. Je le reconnais et je veux changer », raconte Jaime, un architecte de 63 ans qui refuse de décliner son nom.

Jaime a décidé de se rendre à ces sessions sur la recommandation de sa compagne après avoir traversé une crise conjugale.

« La masculinité a toujours été associée à la violence, la domination, la force. Mais actuellement, les choses changent. De nouvelles masculinités émergent qui promeuvent l’égalité entre hommes et femmes », explique Mauro Vargas, psychothérapeute et directeur de Gendes.

A travers les 1.200 sessions que l’association organise chaque année à Mexico, le praticien veut d’abord que les hommes comprennent les différents types de violences contre les femmes : sexuelle, physique, économique, verbale voire numérique.

La question de la violence de genre et des féminicides a surgi au centre du débat au Mexique ces deux dernières années avec de nombreuses manifestations contre l’inefficacité des institutions face aux violences machistes.

Les deux meurtres récents, particulièrement odieux, d’une femme et d’une fillette, ont remobilisé les féministes, qui ont une nouvelle fois critiqué les lacunes de la police, de la justice, et d’un gouvernement complètement dépassé, malgré les espoirs suscités en 2018 par l’arrivée au pouvoir pour la première fois d’un président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

– Désapprendre –

Pour Mauro Vargas, des comportements comme le harcèlement de rue, les groupes WhatsApp où sont partagées des photos de femmes nues ou des commentaires sexistes sur les collègues de travail, perpétuent des schémas d’inégalité qui culminent dans des actes de violence machiste.

Lors des sessions de thérapie, les hommes « désapprennent ce que la société leur a appris dans un environnement machiste et misogyne », explique-t-il.

Sans qu’il soit possible de les comptabiliser, ce type de sessions ou de groupes qui explorent de nouvelles formes de masculinité se multiplient à Mexico, avec le souhait de rompre avec la culture patriarcale.

Dans des galeries d’art, des librairies, des hommes, informés le plus souvent par les réseaux sociaux, se réunissent spontanément pour débattre de leur rôle face aux revendications des féministes.

Le machisme n’est pas une maladie, sinon une « décision culturelle », rappelle Arturo Reyes, un psychologue de 29 ans qui travaille à Gendes. « Un macho en voie de rééducation est un homme en déconstruction », ajoute-t-il.

Les participants aux sessions le savent et luttent pour reconnaître et modifier leurs attitudes machistes, très enracinées, voire célébrées, dans la société mexicaine.

Dans la salle de thérapie, les hommes fixent le sol, puis lèvent la tête, reprennent leur force pour partager leur expérience.

Un homme avoue nerveusement avoir battu son fils.

Pour Arturo Reyes, la plus grande satisfaction vient quand, à la fin de la thérapie, l’un d’eux l’embrasse et lui dit : « Grâce à ces séances, ma femme et mes enfants peuvent maintenant m’approcher sans crainte ».

A l’assaut de la mairie de Londres, Rory Stewart s’invite sur le canapé des habitants

Pour conquérir la mairie de Londres en mai, l’ex-ministre conservateur Rory Stewart n’hésite pas à payer de sa personne: il arpente la capitale britannique à pied et dort sur le canapé des Londoniens pour mieux comprendre leurs problèmes.

Il y a vingt ans, cet ancien diplomate de 47 ans avait déjà adopté cette approche peu conventionnelle quand il avait traversé l’Afghanistan à pied.

« Tous les changements commencent lorsque vous posez les pieds sur terre », a-t-il confié à l’AFP en marchant dans Highgate, un quartier arboré du nord de Londres.

Son parcours est aussi original que sa campagne. Ancien soldat, Rory Stewart a été diplomate en Indonésie, dans les Balkans et en Irak. Il a dirigé une association caritative à Kaboul et est aussi un écrivain à succès, grâce à son livre sur sa traversée solitaire de l’Afghanistan.

Du fait de ses voyages à travers le monde, certains lui ont prêté une activité d’espion, comme son père. Ce que l’intéressé dit ne pas pouvoir confirmer.

De retour au Royaume-Uni, le globe-trotteur s’est lancé en politique, devenant député conservateur puis ministre, avant de défier Boris Johnson, l’été dernier, dans la course pour prendre la tête des Tories.

Il a échoué puis a été expulsé de son parti pour avoir contesté la stratégie du Premier ministre sur le Brexit. Il souhaite désormais ravir au travailliste Sadiq Khan la mairie de Londres en mai, se présentant comme candidat indépendant.

« Si vous me demandez si je préfère être Premier ministre ou maire, je préfère de loin être maire », a assuré Rory Stewart, se réchauffant avec une tasse de thé.

– « Les gens se confient » –

Compétent en matière de transports, de logement, de développement économique ou de qualité de l’air, le maire de Londres dispose d’un budget de 18 milliards de livres (20 milliards d’euros).

Il a « un énorme potentiel pour changer les choses », insiste Rory Stewart auprès d’un groupe de jeunes volontaires qui l’ont rejoint pour faire campagne.

Il se filme durant ses promenades et partage ses observations – souvent liées au manque d’arbres – dans des vidéos qui ont fait de lui une sorte de star sur les réseaux sociaux.

Mais il s’est aussi attiré des critiques avec sa campagne #ComeKipWithMe (#VenezRoupillerAvecMoi), dans laquelle il propose aux Londoniens de venir dormir chez eux pour partager leur quotidien, « sur le sol ou un canapé », « dans un logement social ou une péniche ». Certains y voient une forme de tourisme de la misère.

Pour Rory Steward, qui a vécu toute sa vie au Royaume-Uni dans la même maison du quartier londonien huppé de South Kensington, cette démarche lui procure au contraire un aperçu inestimable.

Il a récemment dormi dans un foyer pour sans-abri avec dix autres hommes qui lui ont confié leurs problèmes d’addiction ou de santé mentale.

« En rendant mon lit à six heures du matin, en parlant avec eux de la façon dont ils en étaient arrivés là, j’ai découvert des choses que je n’aurais jamais pu découvrir lors d’une réunion politique, plus formelle », a-t-il expliqué à l’AFP.

Marié et père de deux enfants, il ne compte pas s’arrêter même s’il est élu. « Vous parlez (aux gens) durant la soirée, vous vous réveillez, vous partagez une tasse de thé le matin. Et les gens se confient d’une façon très différente que si vous frappez simplement à leur porte. »

– « Pas un conservateur » –

Le prix des logements, la question des sans-abri et la criminalité endémique, avec une forte hausse des attaques au couteau, figurent parmi les principaux enjeux de la campagne.

Une jeune femme approche Rory Stewart et lui confie ne plus se sentir en sécurité lorsqu’elle sort seule. Le candidat promet de tripler le nombre de policiers locaux et de démissionner s’il ne parvient pas à réduire les crimes violents sous deux ans.

Mais son passé de conservateur pourrait lui porter préjudice: c’est en effet sous les tories, au pouvoir depuis dix ans, que les effectifs policiers ont été fortement réduits dans un contexte d’austérité.

« Je ne suis pas un conservateur », martèle désormais celui qui ne veut pas s’aliéner les habitants d’une ville majoritairement pro-européenne et multiculturelle. « Je suis un indépendant. Je ne suis pas vraiment un professionnel de la politique ».

Mais sans l’appui financier et la force de frappe d’un parti, ses chances de l’emporter sont minces. Le sondage le plus récent, réalisé en novembre, plaçaient Rory Stewart en troisième position, après Sadiq Khan et le candidat conservateur Shaun Bailey.

Coronavirus: des test effectués à bord d’un paquebot tenu à distance de San Francisco

Les autorités sanitaires américaines ont procédé jeudi à des tests à bord d’un navire de croisière tenu à distance des côtes de Californie pour déterminer si passagers et membres d’équipage avaient contracté le nouveau coronavirus.

Certaines personnes à bord du paquebot Grand Princess ont manifesté des symptômes grippaux compatibles avec le coronavirus alors qu’un homme âgé de 71 ans est mort du coronavirus Covid-19 après avoir voyagé sur ce navire durant une récente croisière au Mexique.

Quelque 62 touristes étaient demeurés à bord pour se rendre à Hawaï après cette croisière au Mexique et s’y trouvaient toujours jeudi.

Le Grand Princess devait initialement accoster mercredi à San Francisco mais les autorités s’y sont opposées et le paquebot faisait jeudi après-midi des ronds dans l’eau à une centaine de kilomètres au large de la côte.

Le navire, de retour de Hawaï, a écourté son voyage car certains parmi des touristes (2.383 au total) et membres d’équipage (1.100) ont commencé à manifester des signes d’infection.

L’une des passagères, contactée par l’AFP, a assuré qu’il n’y avait pas de signe de panique à bord.

« J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi les médias en font toute une histoire », déclare Carolyn Wright, 63 ans, photographe professionnelle vivant dans l’Etat du Nouveau-Mexique. « Il y a eu deux cas (de coronavirus) sur la croisière précédente et ils font comme si tout le monde à bord avait la peste », s’agace-t-elle.

Jeudi midi, les passagers qui circulaient jusque-là librement, à moins d’avoir été présent sur cette précédente croisière, ont reçu pour instruction de rester dans leurs cabines.

« Je pense que ça ne sert plus à rien. Je ne suis pas vraiment inquiète. Si vous regardez les statistiques, le risque est plutôt faible », estime Mme Wright, qui communique avec l’AFP par SMS.

Pour l’instant, les passagers ne se plaignent pas « même si ça pourrait changer au cas où on reste coincés dans nos cabines pendant trop longtemps ». « La grande majorité des gens sur le navire ont plus de 60 ans, jusqu’à 90, et la plupart ont l’habitude des croisières », souligne-t-elle.

– Où et quand accoster ? –

Les autorités sanitaires n’étaient pas en mesure jeudi de dire quand et où le Grand Princess serait en mesure d’accoster.

Selon Mary Ellen Carroll, responsable des situation de crise pour la ville de San Francisco, 35 personnes ont manifesté des symptômes grippaux durant la croisière et pour certaines sont déjà rétablies.

Avec les autorités californiennes et les Centres de détection et de prévention des maladies (CDC), « nous nous employons à déterminer si le Covid-19 est présent à bord du navire », a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.

Dans un communiqué mercredi, l’armateur du paquebot avait indiqué que près d’une centaine de personnes (passagers et équipage) ont été « identifiées comme devant être testées », sans plus de précision.

Le navire appartient à la compagnie Princess Cruises, qui possède également le Diamond Princess, placé en quarantaine en février au Japon et où plus de 700 contaminations ont finalement été recensées, dont six mortelles.

C’est grâce à un hélicoptère et des sauveteurs de la Garde nationale californienne que des kits de dépistage ont été acheminés jeudi sur le paquebot. Les tests seront ensuite expédiés à terre pour être analysés.

D’après Carolyn Wright, on a annoncé aux passagers que les résultats seraient communiqués vendredi matin.

Lorsque les résultats seront connus, les CDC et les autorités californiennes pourront déterminer le meilleur endroit possible pour faire accoster le Grand Princess, à San Francisco ou ailleurs, a souligné Mme Carroll.

« L’endroit doit permettre d’assurer la sécurité des populations voisines ainsi que celle des passagers et de l’équipage », a-t-elle dit.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a déclaré mercredi l’état d’urgence après l’annonce du décès du passager qui se trouvait à bord du paquebot, survenu près de Sacramento et le premier lié au Covid-19 en Californie.

Jeudi, le bilan du nouveau coronavirus sur le sol américain s’établissait à douze morts au total, dont onze dans l’Etat de Washington (nord-ouest), pour la plupart des personnes âgées ou dans un état de santé fragile.

La France autorise l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso

Le gouvernement français a autorisé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où ce frère de l’ancien président déchu est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 d’un journaliste, a appris jeudi l’AFP auprès de Matignon.

Le décret d’extradition du frère cadet de Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir fin octobre 2014, a été signé par le Premier ministre Edouard Philippe, selon cette source. Il doit encore être publié au Journal officiel.

Contacté par l’AFP, l’avocat de M. Compaoré, Me Pierre-Olivier Sur, a refusé de faire tout commentaire pour l’heure.

Ce décret reste susceptible d’un recours devant le Conseil d’Etat.

En juin 2019, la Cour de Cassation avait rejeté le pourvoi de M. Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de son frère, Blaise Compaoré.

Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au « pays des hommes intègres ».

Le journaliste, âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina Faso.

François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.

Mais à ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

« C’est un tournant décisif qui vient d’être franchi dans la quête de la justice et la manifestation de la vérité sur cette affaire qui n’a que trop durer », a réagi Guy Zongo, fils aîné de Norbert Zongo.

« C’est une autre étape importante de franchie et nous nous réjouissons que cela se passe dans le bon sens et selon les accords qui existent entre les deux pays », a-t-il dit à l’AFP.

« Même si ce n’est pas aujourd’hui qu’il sera extradé puisque le décret peut faire l’objet d’un recours, tôt ou tard justice sera rendue. Nous sommes sereins sur cette fin inéluctable. Nous espérons que les choses se fassent en respect des procédures et nous avons espoir de voir enfin cette extradition se faire », a-t-il conclu.

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Coronavirus: le système de santé américain mal préparé, s’inquiète un syndicat

Le principal syndicat infirmier des Etats-Unis a dénoncé jeudi l’état d’impréparation de nombreux hôpitaux et cliniques face à l’épidémie de coronavirus Covid-19, s’inquiétant notamment du manque d’équipement et d’information pour les professionnels de santé.

« Actuellement, dans de nombreux hôpitaux et cliniques, les infirmiers n’ont pas l’équipement de protection personnel (PPE) nécessaire ni la formation requise » pour les utiliser correctement, a déploré Bonnie Castillo, directrice du syndicat NNU, qui revendique 150.000 adhérents, lors d’une conférence de presse.

Une enquête nationale a été lancée dès le 1er février par le NNU, à laquelle plus de 6.500 infirmiers ont répondu à ce jour. « Les résultats sont vraiment troublants, ils montrent qu’une grande partie des hôpitaux dans notre pays ne sont pas prêts à gérer le Covid-19 de manière sûre », a averti Jane Thomason, spécialiste de l’hygiène pour le syndicat.

Selon elle, « seuls 29% des répondants disent qu’un plan est en place pour isoler les patients présentant une possible infection au nouveau coronavirus. 23% disent qu’ils ne savent même pas si un plan est en place ou non ».

D’après l’enquête, toujours en cours actuellement, plus d’un tiers des soignants n’auraient pas accès à des masques de protection et plus de la moitié disent ne pas avoir reçu la moindre information sur le coronavirus de la part de leur employeur, poursuit l’experte.

« A ce jour, plus de 80 de nos membres ont été placés en quarantaine. Ce n’est pas une stratégie payante de laisser les infirmiers et autres personnels soignants sans protection », a insisté Mme Castillo.

Le syndicat a en outre critiqué la gestion de l’épidémie qui s’annonce sur le sol américain par les autorités fédérales, tardive et pas assez rigoureuse à ses yeux.

« Actuellement, nous réagissons à la situation alors que nous aurions pu prendre les devants il y a des mois », a affirmé Mme Thomason.

« Nous avons entendu ce matin que les CDC (Centres de détection et de prévention des maladies) abaissaient leurs critères, en recommandant le port de masques chirurgicaux plutôt que des respirateurs pour les infirmiers soignant des patients atteints du Covid-19. Le NNU est opposé à ces modifications, nous disposons de nombreuses preuves scientifiques montrant que c’est une mauvaise décision », a ajouté l’experte, citant le retour d’expérience du coronavirus SRAS.

« Ce n’est pas le moment d’assouplir les critères », a-t-elle conclu, indiquant que le syndicat avait écrit au gouvernement, aux parlementaires et aux CDC, pour leur demander de renforcer au contraire les mesures de protection contre le coronavirus.

Macron salue « la décision historique » de Ouattara de ne pas se représenter

Emmanuel Macron a salué jeudi la « décision historique » du président ivoirien Alassane Ouattara de ne pas se présenter pour un troisième mandat à l’élection présidentielle en octobre.

« Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », a réagi le président français dans un tweet.

Le chef de l’Etat ivoirien, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant son intention de ne pas être candidat et « de transférer le pouvoir à une jeune génération ».

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Au cours de la visite d’Emmanuel Macron à Abidjan en décembre, la question du contexte délicat de la prochaine élection présidentielle avait été évoquée. Le président français s’était déclaré « confiant dans la volonté et la capacité du peuple ivoirien à franchir dans la paix, cette étape importante pour la démocratie ivoirienne ».

Ce scrutin se déroulera dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Jill Biden, atout et garde du corps improvisé de « Joe » dans la présidentielle américaine

Sans hésiter, l’air déterminé, Jill Biden a repoussé une militante qui se précipitait vers son époux lors d’un meeting. Une image forte qui traduit bien le rôle central qu’elle occupe dans la campagne de l’ancien vice-président démocrate Joe Biden pour la présidentielle américaine.

A 68 ans, l’élégante silhouette de cette enseignante souriante ne semblait pas la prédisposer à tacler des manifestantes, lors de ce discours à Los Angeles après les victoires spectaculaires de l’ancien vice-président dans les primaires démocrates

Mais son geste n’a pas eu l’air de surprendre Joe Biden, 77 ans, qui a ensuite plaisanté sur le fait qu’il ne valait mieux pas « chercher des noises » à sa compagne depuis plus de quarante ans.

« Je suis sûrement le seul candidat à la présidentielle dont la femme est du +Service secret+ », le nom du service de protection des personnalités aux Etats-Unis, s’est-il amusé au lendemain de l’incident.

A son entrée en campagne au printemps dernier, Joe Biden avait donné le ton, en démarrant son premier discours avec cette phrase rendant hommage à la popularité de son épouse.

« Je m’appelle Joe Biden et je suis le mari de Jill Biden ».

Il la répète depuis sans relâche et Jill Biden a pris une place centrale dans sa campagne.

Rendue célèbre par ses huit ans passés à ses côtés quand il était le bras droit de Barack Obama, elle sillonne les Etats-Unis pour ses propres évènements avec une vigueur qui semble parfois dépasser celle de son époux.

Dans ces rencontres, elle présente Joe Biden comme le candidat le plus à même de rassembler non seulement les démocrates modérés mais aussi des indépendants et républicains déçus par le président Donald Trump.

C’est d’ailleurs à cette occasion qu’elle a commis un rare faux pas, en août 2019, en appelant des électeurs démocrates à « avaler un peu » la pilule pour voter pour lui.

« Alors d’accord, votre candidat est peut-être meilleur sur, par exemple, la santé que Joe mais vous devez penser surtout à qui peut gagner cette élection » présidentielle en novembre, avait-elle déclaré dans des commentaires controversés.

Mais sa pétulante présence en campagne est surtout un avantage, selon Katherine Jellison, professeur spécialiste en histoire des femmes américaines à l’université de l’Ohio.

« Le fait qu’elle ait accompli des choses impressionnantes sur le plan professionnel tout en présentant une personnalité très chaleureuse et amicale en fait une épouse politique idéale au 21e siècle », dans un pays où il est habituel que les conjoints soient impliqués dans les campagnes, souligne-t-elle.

Jill Biden avait interrompu sa carrière lorsqu’elle avait eu leur fille, Ashley, en 1981, mais avait ensuite repris les études pour décrocher un doctorat en éducation. Elle enseigne toujours dans une université.

« Hillary Clinton et Michelle Obama aussi avaient occupé un rôle de premier plan dans la campagne de leurs époux, mais il est difficile de trouver un conjoint qui ait été plus au coeur d’une campagne présidentielle », ajoute Katherine Jellison.

– « Redonné la vie » –

Après des premiers résultats décevants qui, pour beaucoup, signaient sa mort politique, Joe Biden vient d’opérer un spectaculaire retour lors du « Super Tuesday » vers le statut de favori des primaires démocrates.

Et c’est main dans la main que Jill et Joe Biden étaient montés mardi soir sur scène pour fêter ces victoires.

« C’est comme cela que nous avons toujours fonctionné. J’ai fait campagne dans toutes ses élections », avait-elle récemment confié à CNN.

Sénateur pendant 36 ans, puis vice-président de 2009 à 2017, Joe Biden en est à sa troisième campagne présidentielle.

Jill Biden se montre particulièrement protectrice cette fois, peut-être en réaction à l’avalanche de critiques déversées par Donald Trump contre son époux.

Dès février, Jill Biden avait démontré qu’elle était prête à défendre physiquement son époux, en repoussant un manifestant qui s’approchait du candidat, dans le New Hampshire.

Joe et Jill Biden se sont mariés en 1977, cinq ans après l’accident tragique qui avait emporté la première épouse du sénateur et leur fillette.

Encore petits, ses deux fils survivants, Beau et Hunter, lui avaient eux-mêmes suggéré d’épouser Jill quelques années plus tard, a raconté Joe Biden dans des mémoires, où il avait écrit:

« Elle m’a redonné la vie ».

Macron salue « la décision historique » de Ouattara de ne pas se représenter

Emmanuel Macron a salué jeudi la « décision historique » du président ivoirien Alassane Ouattara de ne pas se présenter pour un troisième mandat à l’élection présidentielle en octobre.

« Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », a réagi le président français dans un tweet.

Le chef de l’Etat ivoirien, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant son intention de ne pas être candidat et « de transférer le pouvoir à une jeune génération ».

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Au cours de la visite d’Emmanuel Macron à Abidjan en décembre, la question du contexte délicat de la prochaine élection présidentielle avait été évoquée. Le président français s’était déclaré « confiant dans la volonté et la capacité du peuple ivoirien à franchir dans la paix, cette étape importante pour la démocratie ivoirienne ».

Ce scrutin se déroulera dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

USA: plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars contre le coronavirus

Le Congrès américain a approuvé jeudi un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre le coronavirus qui se propage aux Etats-Unis, notamment dans l’ouest du pays, alors que le gouvernement se dit confiant dans sa capacité à endiguer l’épidémie.

Le Sénat s’est prononcé pratiquement à l’unanimité (une seule voix contre) en faveur de ce financement exceptionnel, issu d’un accord entre élus républicains et démocrates, qui avait été voté la veille par la Chambre des représentants.

« Le Congrès a montré une capacité de direction forte et décisive face au nouveau coronavirus », a affirmé le sénateur démocrate Patrick Leahy, saluant un texte préparé et approuvé par les deux camps « en neuf jours en raison de l’urgence ».

Le plan vise à améliorer l’action des pouvoirs publics dans « la prévention, la préparation et la réponse » face à l’épidémie, a-t-il ajouté. Il prévoit notamment de financer la recherche et le développement de vaccins, de traitements médicaux et en matière de diagnostic, ainsi que les services médicaux à distance ou des prêts à taux réduits pour les petites entreprises.

Plus de 180 personnes ont été contaminées par le Covid-19 qui a fait 11 morts, selon un bilan établi jeudi par l’AFP à partir des sources officielles américaines.

L’Etat de Washington (nord-ouest), où 10 morts ont été enregistrées, a indiqué que le nombre de contaminations avait plus que doublé en 24 heures, passant de 39 à 70.

En l’absence de directives des autorités de l’Etat, quelques écoles ont décidé de fermer pour faire des cours à distance.

A Seattle, plusieurs entreprises technologiques ont demandé à leurs salariés de passer au télétravail pour éviter la contamination.

– L' »intuition » de Trump –

Plus au sud, un paquebot de croisière était bloqué au large de la Californie, après la décision des autorités de cet Etat de procéder à des tests à bord où une vingtaine de cas suspects de coronavirus ont été détectés.

Le Grand Princess rentrait à San Francisco, venant de Hawaï après avoir interrompu son circuit suite à la découverte de symptômes chez certains de ses plus de 3.500 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui voyageait à bord de ce paquebot durant une précédente croisière au Mexique est mort du Covid-19.

Le Grand Princess appartient à la compagnie Princess Cruises, qui possède également le Diamond Princess, placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

Comme ailleurs dans le monde, le virus a eu raison de grands rassemblements. Une conférence sur la santé qui devait réunir plus de 40.000 personnes à Orlando, en Floride, a été annulée jeudi, quatre jours avant son ouverture prévue en présence du président Donald Trump.

Le gouvernement américain a pour sa part répété que le risque épidémique dans le pays restait « faible ».

Le ministre-adjoint de la Santé, Brett Giroir, a estimé le taux de mortalité du coronavirus entre 0,1 et 1% au maximum, en se basant sur les nombreux cas non détectés au niveau mondial.

La veille, Donald Trump avait critiqué le chiffre de 3,4% donné par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), affirmant que selon son « intuition », il était « faux ».

L’OMS base toutefois son estimation uniquement sur le nombre de cas confirmés.

« De nombreuses personnes ne tombent pas malades et ne se font pas tester (…) donc pour chaque cas, il y en a au moins deux ou trois qui ne sont pas répertoriés », a expliqué M. Giroir.

Le taux de mortalité « est probablement plus élevé que celui de la grippe saisonnière », qui est d’environ 0,1% selon les services de santé américains, « mais il n’est vraisemblablement pas autour de 2 à 3% », a affirmé le ministre-adjoint.

Dans le monde, l’épidémie a fait au moins 97.616 cas connus depuis le début de l’épidémie, dont 3.347 décès, dans 85 pays et territoires, selon le comptage de l’AFP.

Ouattara, un économiste au coeur des convulsions ivoiriennes

Alassane Dramane Ouattara entend laisser l’image d’un économiste bâtisseur, qui a pacifié la Côte d’Ivoire après une longue crise meurtrière, en annonçant son départ du pouvoir à l’issue de son second mandat fin 2020.

« Je n’ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là (…). J’ai donné le meilleur de moi-même », a affirmé Alassane Ouattara jeudi, dans le cadre solennel de la réunion du Sénat et de l’Assemblée nationale en congrès à Yamoussoukro.

Lors de son discours, véritable bilan de ses dix années au pouvoir, « Ado », 78 ans, a assuré avoir hérité d’un pays « en lambeaux », et s’est targué d’avoir « ramené la paix et la sécurité » et « remis le pays au travail ».

Le président Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes, Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir par les armes, grâce au soutien de l’armée française, ancienne puissance coloniale, et de la rébellion du Nord.

Il avait hérité d’un pays scindé en deux depuis 2002, aux tensions intercommunautaires à fleur de peau, à l’économie minée par les violences et les sanctions internationales.

Cet ancien haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a su pendant ses dix ans à la présidence jouer de ses relations avec les Occidentaux et les bailleurs de fonds pour attirer à nouveau capitaux et investisseurs.

Alassane Ouattara a ainsi transformé la Côte d’Ivoire, menant notamment une ambitieuse politique de grands travaux.

« 80% de la population a accès à l’eau potable contre 55% en 2011 », a souligné jeudi le chef d’Etat, égrenant ses réalisations: « 40.000 km de route, 22 ponts, 7 universités 33.000 classes, 27 collèges et lycées, 10 nouveaux hôpitaux… ».

– Image de technocrate –

Mais ses détracteurs critiquent un « technocrate international sans âme », sans volonté sociale et ayant instrumentalisé la justice contre ses opposants.

Si la croissance économique est au rendez-vous, avec une moyenne de 8% depuis 2012, l’émigration clandestine vers l’Europe connaît ces dernières années une ampleur jamais vue.

Alassane Ouattara est aussi loin d’avoir jugulé la corruption, pourtant l’une de ses promesses de campagne.

Surtout, la question de la réconciliation reste posée, alors que la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté Laurent Gbagbo, ouvrant la voie à un possible retour en Côte d’Ivoire si l’appel du parquet est rejeté.

« Entre les arrestations politiques des derniers mois et la possibilité qu’il se représente, les Occidentaux lui ont reproché de dériver vers la dictature…. Il a été surpris, vexé même. Persuadé que toutes ses décisions sont bonnes », soulignait fin janvier une source proche du pouvoir.

Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin.

Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps été le symbole de la crise identitaire qui a déchiré la Côte d’Ivoire.

– « Ivoirité » –

Marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.

En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu’il exerce jusqu’à la mort du « Vieux » en 1993.

Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau président Henri Konan Bédié tente de prouver l’inéligibilité de Ouattara, accusé d’être d’origine burkinabè. Commence ainsi un débat empoisonné sur l' »ivoirité », un concept nationaliste qui a participé à la montée des tensions communautaires.

Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est ainsi rejetée pour « nationalité douteuse ».

Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d’Ivoire s’impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.

Sous la pression internationale, Laurent Gbagbo valide en 2005 la candidature Ouattara à la présidentielle, scrutin reporté jusqu’en novembre 2010 et suivi d’une crise qui fera plus de 3.000 morts.

Une offensive finale permet à « Ado » d’accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 – plus de 83% des voix au premier tour – met fin à l’incessant débat sur sa légitimité.

En annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat controversé en 2020, il veut laisser l’image de l’homme qui a permis au pays de tourner la page de la crise. Son souhait ne sera exaucé que si la présidentielle d’octobre se déroule sans heurt, alors que des tensions demeurent dans le pays.