« Comme des réfugiés »: à Wuhan, la lutte des habitants confinés pour se nourrir

« On a l’impression d’être des réfugiés »: à Wuhan, la ville berceau du coronavirus coupée du monde depuis un mois, les habitants confinés luttent pour se nourrir, entre une offre raréfiée, des restrictions d’achat et une envolée du prix des légumes.

Son quartier a été verrouillé sans préavis: Guo Jing, une jeune femme de 29 ans, est désormais cloîtrée chez elle.

Elle a vu sa liberté de circulation réduite progressivement à néant: d’abord, le 23 janvier, il est devenu interdit de quitter Wuhan, coupée du monde dans l’espoir d’endiguer l’épidémie, apparue dans cette ville de 11 millions d’âmes du centre de la Chine.

Puis, les habitants n’ont plus eu le droit de quitter leur complexe résidentiel ou bloc d’habitation qu’une fois tous les trois jours.

Et désormais, même cette permission a disparu: Guo Jing ne peut plus mettre un pied dehors et dépend désormais des livraisons à domicile.

« Certes, je peux vivre ainsi encore un mois », explique-t-elle, évoquant ses stocks de légumes marinés et d’oeufs.

Tous n’ont pas cette chance: pour les millions de Chinois piégés à Wuhan, l’interdiction de quitter sa résidence suscite d’angoissantes questions pratiques.

« Quand les provisions que nous avons chez nous seront terminées, j’ignore totalement où nous pourrons faire des achats », s’inquiète Pan Hongsheng, qui vit avec son épouse et ses deux enfants.

Les habitants de cette ville bouclée depuis un mois ont été contactés par l’AFP par téléphone et par messagerie.

Certaines communautés ou résidences passent des commandes en gros après de supermarchés.

Rien de tel dans le voisinage de M. Pan: « Tout le monde s’en fiche », se désole-t-il auprès de l’AFP. « Notre petit de trois ans n’a même plus de lait en poudre! ».

Pan Hongsheng est dans l’impossibilité de transmettre des médicaments à ses beaux-parents octogénaires habitant un autre quartier. « On a l’impression d’être des réfugiés », commente-t-il, amer.

– « On ne peut pas choisir » –

Les autorités appellent à la patience: « Le contrôle étroit des communautés dérange un peu la vie des gens, c’est inévitable », a simplement constaté devant la presse Qian Yuankun, vice-secrétaire du Parti communiste dans la province.

Les achats groupés de nourriture s’envolent, organisés sur des groupes de discussion improvisés sur la messagerie mobile WeChat.

Certains commerces vendent des paniers de produits frais au poids, à condition que les commandes soient groupées à une même adresse.

Dans le quartier de Guo Jing, on peut acheter 6,5 kilos de légumes de cinq variétés, dont des patates et des choux, au prix fort de 50 yuans (6,60 euros).

« Vous ne pouvez pas choisir ce que vous aimeriez manger. Les préférences personnelles ne sont plus de saison », soupire la jeune femme.

Le système des achats groupés laisse de côté certaines communautés de petite taille, puisque les supermarchés exigent un nombre minimum de commandes.

« Honnêtement, on ne peut pas faire autrement », se justifie Yang Nan, patronne d’un supermarché Laocunzhang, qui impose un minimum de 30 commandes groupées. « Nous avons seulement quatre véhicules » et un effectif réduit.

Un autre supermarché indique à l’AFP ne satisfaire que 1.000 commandes au maximum par jour.

« C’est devenu très compliqué de recruter » des coursiers, observe Wang Xiuwen, salarié du département logistique du magasin, indiquant être réticent à accepter des bras extérieurs… par crainte des contaminations.

– Légumes « déjà pourris »-

L’intensité des restrictions varie cependant selon les quartiers.

Une jeune femme de 24 ans, s’exprimant sous couvert d’anonymat, explique à l’AFP que les occupants de son immeuble peuvent sortir, une personne par foyer à la fois, et payer des livreurs directement pour leur ramener des courses.

Dans d’autres districts, les supermarchés ont interdiction de vendre directement aux particuliers, ce qui oblige à s’en remettre aux comités de quartiers ou organisations de résidents capables d’acheter en gros.

Ainsi, le complexe résidentiel de David Dai, dans les faubourgs de Wuhan, organise des commandes groupées au prix fort.

« Mais la réalité est horrible (…) On reçoit des tas de tomates et d’oignons déjà pourris », s’énerve ce père de 49 ans, selon qui le tiers des aliments livrés est bon à jeter. Sa famille en est réduite à faire sécher des épluchures de navets pour ajouter des nutriments aux futurs repas, raconte-t-il.

Le pire, c’est l’incertitude, conclut Ma Chen, un jeune trentenaire vivant seul.

Faute de savoir quand une prochaine commande sera possible et combien de temps dureront les restrictions, « je ne sais jamais quelle quantité de nourriture acheter ».

« Namaste Trump »: show bouillant pour le président américain en Inde

Dans le chaudron d’un stade de cricket flambant neuf, Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi ont tenu lundi un meeting géant devant plus de 100.000 personnes, point d’orgue d’une première journée à grand spectacle pour la visite du président américain en Inde.

Les deux dirigeants, qui mettent l’accent sur leur alchimie personnelle dans un contexte de tensions commerciales, ont loué les liens entre l’Inde et les États-Unis. Sous un accablant soleil à son zénith, ils ont partagé l’estrade du plus grand stade de cricket du monde à Ahmedabad (Gujarat, ouest), pour un meeting intitulé « Namaste Trump » (« Bonjour Trump » en hindi).

« Les relations entre l’Inde et les États-Unis ne sont plus seulement un partenariat parmi d’autres. C’est une relation bien plus profonde et plus grande », a lancé Narendra Modi à une foule équipée de casquettes blanches « Namaste Trump », aux drapeaux indien et américain imprimés sur la visière.

Le président républicain s’est félicité de l' »accueil phénoménal » reçu pour ce premier déplacement officiel en Inde.

« L’Amérique aime l’Inde. L’Amérique respecte l’Inde, et l’Amérique sera toujours une amie fidèle et loyale du peuple indien », a déclaré Donald Trump, en louant la diversité culturelle du pays de 1,3 milliard d’habitants, son cinéma de Bollywood et ses joueurs de cricket.

Il a ensuite assisté au coucher du soleil devant le Taj Mahal d’Agra. Chef-d’œuvre d’architecture indo-persane, le somptueux mausolée de marbre blanc était vidé pour l’occasion de ses foules de touristes et de ses singes chapardeurs.

« C’est incroyable, vraiment incroyable », a commenté Donald Trump, main dans la main avec son épouse Melania, devant le monument construit au XVIIe siècle par l’empereur Shah Jahan pour sa femme défunte.

Le président américain était attendu pour la dernière journée de sa visite d’Etat à New Delhi, où responsables indiens et américains aborderont mardi le fond des dossiers. À quelques heures de son arrivée, des heurts y ont éclaté entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté. Un policier a été tué.

Le meeting « Namaste Trump » était le retour de faveur de Narendra Modi au président américain pour un grand meeting similaire, « Howdy Modi », organisé à Houston (Texas) en septembre dernier.

– Accord commercial « pas pressé » –

Les gradins du stade Sardar Patel d’Ahmedabad, où des files d’attente s’étaient formées dès quatre heures du matin, étaient pleins à l’arrivée des deux leaders. Par une forte chaleur, près de la moitié de l’assemblée a cependant quitté le stade avant même la fin du discours de Donald Trump.

« Nous avons vraiment aimé que (Donald Trump) fasse l’éloge de l’Inde et parle de l’importance des liens entre l’Inde et les États-Unis », a déclaré à l’AFP Harsh Kumar, un étudiant en ingénierie de 18 ans. « Il a parlé de sujets cruciaux comme le commerce, et les jeunes comme nous espérons qu’il réglera les problèmes sur des sujets comme les visas et l’innovation. »

« Nous sommes partis à la moitié du discours de Trump. Il faisait trop chaud. Les gens devant nous aussi sont partis », regrettait son camarade Manav Patel.

Lundi matin, Donald Trump s’était rendu à l’ashram de Gandhi, originaire comme Narendra Modi du Gujarat. Sa limousine blindée a suivi un parcours de plusieurs kilomètres dans les rues d’Ahmedabad, décorées d’immenses effigies et affiches lui souhaitant la bienvenue.

Des milliers d’Indiens l’ont salué sur le parcours, sans toutefois atteindre les « millions » de personnes évoquées par M. Trump avant son voyage.

Ce voyage ne devrait pas être l’occasion d’annonces majeures. Les deux nations sont engagées dans un bras de fer commercial depuis l’année dernière mais, faute de terrain d’entente à ce jour, aucun grand accord commercial ne devrait être conclu.

Interrogé par la presse au sujet de cet accord lors du vol d’Air Force One entre Ahmedabad et Agra, le président américain s’est dit « pas pressé » de parvenir à une signature.

Washington s’irrite du protectionnisme historique du géant d’Asie du Sud et juge que les entreprises américaines n’ont pas un accès suffisant à son marché intérieur. L’Inde représente cependant un allié stratégique pour les États-Unis en Asie, qui voient en elle un potentiel contrepoids à la montée en puissance de la Chine dans la région.

burs-amd/sg

Le chef de l’ONU s’alarme de voir les droits humains « pris d’assaut »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est alarmé lundi de voir les droits humains « pris d’assaut » de toutes parts dans le monde, tout particulièrement pour les femmes avec notamment des « niveaux alarmants de féminicides ».

« Les droits de l’Homme font face à des défis croissants », a lancé M. Guterres à l’ouverture de la session annuelle du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, en ajoutant « qu’aucun pays n’est à l’abri » face à cette dérive.

« Les peurs progressent » et « les droits de l’Homme sont attaqués » partout, a ajouté l’ancien Premier ministre portugais, en appelant la communauté internationale à « l’action » pour renverser cette tendance.

Dans son discours devant le Conseil, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a également réclamé une action urgente pour éviter de laisser « à nos jeunes et à leurs enfants un gigantesque incendie incontrôlable de crises des droits humains qui se mêlent et s’aggravent ».

Le secrétaire général de l’ONU n’a cité aucun pays en particulier dans son discours, même s’il a fait des allusions à des situations comme le conflit en Syrie ou le sort des migrants voulant se rendre en Europe.

Il a ainsi souligné le cas « des civils piégés dans des enclaves dans des régions ravagées par la guerre, affamés et bombardés en dépit du droit international », et dénoncé les « trafics d’êtres humains, qui affectent toutes les régions du monde ».

M. Guterres s’est aussi inquiété de voir des « reculs des droits des femmes, des niveaux alarmants de féminicides, des attaques contre les défenseurs des droits des femmes, et la persistance de lois et de politiques qui perpétuent la soumission et l’exclusion ».

« La violence contre les femmes et les filles est la violation des droits humains qui se répand le plus », a-t-il souligné.

– Lois répressives –

« Les lois répressives se multiplient, avec des restrictions de plus en plus grandes pour les libertés d’expression, de religion, de participation, de réunion et d’association », a ajouté M. Guterres.

Il a également fait allusion à la progression du populisme, en déplorant une « arithmétique politique perverse » consistant à « diviser les gens pour multiplier les votes » et « saper l’Etat de droit ».

« Les journalistes, les défenseurs des droits humains et les militants écologistes – tout particulièrement les femmes – font l’objet de menaces croissantes, au moment même où leur engagement est indispensable à l’exercice de la justice », a-t-il ajouté.

Il a également déploré que les nouvelles technologies permettent de « donner aux autorités des moyens inédits pour contrôler les allées et venues de chacun et restreindre les libertés ».

La crise climatique quant à elle constitue « la plus grande menace pour la survie de notre espèce » et met en danger « les droits humains aux quatre coins de la planète », a-t-il ajouté.

M. Guterres a également pris la défense des « minorités religieuses et indigènes » persécutées ainsi que des membres des communautés LGBTI victimes « d’actes de haine ».

Ces discours surviennent après de multiples critiques contre M. Guterres, accusé de ne pas être assez incisif sur les questions de droits de l’Homme, et de ménager les pays puissants comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou la Chine.

Le prédécesseur de Mme Bachelet, Zeid Raad al-Hussein, s’était demandé début février dans la revue Foreign Policy si avec le temps cette réticence à nommer des pays ne serait pas assimilée à une « faiblesse ».

Le chef de l’ONG Human Rights Watch Kenneth Roth avait fait part l’an dernier à l’AFP de son « énorme déception » de voir M. Guterres « ne parler des droits de l’Homme qu’en termes génériques ».

Le chef de l’ONU a quant à lui assuré qu’il y avait « des moments où nous parlerons fort pour identifier les violations et ceux qui les commettent. A d’autres moments nous travaillerons en coulisses ».

La but n’est pas « de faire les gros titres » mais d’obtenir « des changements significatifs pour la vie des gens », a assuré M. Guterres.

Il a ajouté dans son discours que la souveraineté des Etats, souvent invoquée par de nombreuses capitales, « ne pouvait servir de prétexte aux violations des droits de l’Homme », et a récusé « la fausse dichotomie entre droits humains et souveraineté nationale ».

L’Irak annonce un premier cas de coronavirus, un citoyen iranien (officiel)

L’Irak a annoncé lundi son premier cas de contamination au nouveau coronavirus, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf, alors que le pays a déjà interdit les voyages entre l’Irak et son grand voisin iranien.

Cet homme, âgé d’une trentaine d’années selon une source médicale, est le premier cas officiellement annoncé en Irak, un pays au système de santé totalement délabré qui accueille sur son sol de nombreux pèlerins et étudiants en religion venus d’Iran.

L’Iran est en première ligne face au nouveau coronavirus, avec 12 cas recensés jusqu’ici, soit le plus grand nombre de cas de décès en dehors de Chine, épicentre de la maladie.

L’homme atteint de la pneumonie virale Covid-19 était lundi en quarantaine dans un hôpital de Najaf, au sud de Bagdad. Tout membre du personnel lui fournissant des soins était ensuite passé avec ses habits sous un jet de produit désinfectant, a constaté un photographe de l’AFP.

Aussitôt cette annonce faite, la direction de l’Education de cette province a annoncé « suspendre jusqu’à nouvel ordre les examens de fin de premier semestre » dans l’ensemble des établissements scolaires et universitaires de la province.

L’Irak, inquiet des décès en Iran et de l’annonce d’une première contamination dans un autre pays voisin, le Koweït, a fermé sa frontière à l’est avec les deux pays.

Bagdad a également interdit les voyages vers et depuis l’Iran jeudi, mais la direction de la Santé de Najaf a affirmé lundi dans son communiqué que le premier malade d’Irak était entré « avant l’interdiction d’entrée sur le territoire prononcée contre les Iraniens ».

En Iran, la plupart des dernières contaminations ont eu lieu à Qom, une ville sainte à 150 km au sud de Téhéran qui revêt une importance particulière pour les chiites, une communauté très présente au Liban, en Irak et au Koweït, ce qui alimente la psychose en Irak.

Les Irakiens s’étaient déjà inquiétés de la diffusion du nouveau coronavirus en Chine: plusieurs compagnies pétrolières chinoises opèrent avec leur personnel en Irak. Alors que le bilan en Chine avoisine les 2.600 morts, l’entrée sur le territoire irakien de tout étranger en provenance de Chine a été interdite par Bagdad.

Les Irakiens sont d’autant plus préoccupés que leur pays est en pénurie chronique de médicaments et compte moins de 10 médecins pour 10.000 habitants, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Coronavirus: Téhéran promet la « transparence » après des accusations

Les autorités de Téhéran ont promis lundi la transparence sur l’épidémie de nouveau coronavirus en Iran, démentant catégoriquement que l’épidémie ait pu faire un cinquantaine de morts comme l’affirme un député accusant le gouvernement de « mentir au peuple ».

« Je nie catégoriquement cette information », a déclaré le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirtchi, interrogé sur le chiffre avancé par Ahmad Amirabadi Farahani.

Cet élu ultraconservateur de la ville de Qom –où ont été annoncés, le 19 février, les premiers cas et décès liés au nouveau coronavirus– a assuré que le nombre de morts s’élevait dimanche soir à « environ 50 personnes » pour cette ville sainte chiite située à 150 km au sud de Téhéran et dont la province est la plus touchée par l’épidémie.

« Je demande à notre frère qui déclare ce chiffre de 50 morts de nous fournir la liste de leurs noms dans une lettre. Si le nombre de décès à Qom atteint la moitié ou le quart de ce chiffre, je démissionnerai », a rétorqué le vice-ministre de la Santé.

« Nous nous engageons à être transparents sur la publication des chiffres », a renchéri le porte-parole du gouvernement Ali Rabii. « Nous annoncerons tout chiffre concernant le nombre de morts sur l’ensemble du pays », a-t-il promis.

L’agence de presse Ilna, proche des réformateurs, a été la première à publier les accusations formulées par M. Amirabadi Farahani devant des médias iraniens, à l’issue d’une session à huis clos consacrée au coronavirus avec le ministre de la Santé, Saïd Namaki.

Le député a également accusé le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie en Iran, selon l’agence semi-officielle Isna.

« Le reste des médias n’a pas publié ce chiffre, mais nous préférons ne pas censurer ce qui concerne le coronavirus car la vie du peuple est en danger », a déclaré à l’AFP Fatemeh Mahdiani, rédactrice en chef de l’agence Ilna.

– Annonce tardive –

L’agence Fars, proche des ultraconservateurs, a ensuite nuancé, rapportant que l’élu de Qom avait parlé d’un bilan « inférieur à 50 » morts dans sa ville, en réponse à une question lui demandant si le total était de 60 morts.

« Malheureusement, le coronavirus est arrivé à Qom depuis trois semaines et cela a été annoncé (trop) tard », a ajouté l’agence en citant le député.

Les autorités ont annoncé lundi la mort de quatre nouvelles personnes infectées par le virus Covid-19.

Ces décès portent à 12 le nombre de personnes tuées en Iran par l’épidémie de pneumonie virale, sur un total de 61 personnes contaminées dans le pays, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé.

Ce bilan place l’Iran au premier rang des pays touchés par la maladie en dehors de Chine, d’où est partie le virus et où l’on recense presque 2.600 morts.

Après la province de Qom, où 34 cas de contamination ont été recensés, suivent celles de Téhéran avec 13 cas, Gilan (nord, 6 cas), Markazi (centre, 4 cas), Ispahan (centre, 2 cas), et les provinces de Hamédan (ouest) et Mazandaran (nord), avec un cas chacune, selon le ministère.

Hormis pour les deux premiers décès à Qom, les autorités ne précisent plus le lieu des nouveaux cas mortels.

– Commerçant ou clandestins? –

La confiance de la population iranienne dans les autorités est mise à rude épreuve depuis l’affaire de l’avion de ligne ukrainien dans lequel 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, ont péri.

Les forces armées avaient reconnu leur responsabilité dans le drame trois jours après les faits et après le démenti par les autorités civiles de la thèse d’un tir de missiles avancée par le Canada dès le soir de la catastrophe.

Lundi, le Koweït et Bahreïn ont annoncé avoir détecté leurs premiers cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus, ajoutant qu’elles revenaient d’Iran, pays riverain situé sur la rive opposée du Golfe.

Le ministère de la Santé de Koweït a précisé que trois personnes revenant de Machhad, la deuxième ville d’Iran, avaient été testées positives au virus.

Les autorités iraniennes n’ont encore annoncé aucun cas de contamination dans cette ville sainte et très important centre de pèlerinage chiite, dans le nord-est du pays.

De son côté, l’Irak a annoncé son premier cas de contamination, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf.

A l’issue de la session à huis clos des députés avec le ministre de la Santé, le porte-parole du bureau du Parlement iranien, Assadollah Abbassi, a déclaré que celui-ci avait pointé, comme « cause de l’infection au coronavirus en Iran », « des personnes entrées illégalement dans le pays depuis le Pakistan, l’Afghanistan et la Chine », selon Isna.

La veille, le ministre avait pourtant déclaré que l’une des personnes tuées par la maladie à Qom était « un commerçant (local) qui avait effectué plusieurs voyages en Chine ».

Le nord de l’Italie se barricade doucement face au virus

Le militaire n’a pas de masque. D’un geste automatique, il remonte son écharpe sur le nez en s’approchant des conducteurs. Petit à petit, la routine de la quarantaine s’installe à l’entrée de Casalpusterlungo, une des villes du nord de l’Italie frappées par le coronavirus.

C’est un rond-point banal, posé au milieu de la plaine lombarde. Deux de ses bretelles sont bloquées par des voitures des douanes. Au-delà, on est en « zone rouge », là où ont été identifiés des foyers d’infection au coronavirus. Là où plusieurs dizaines de milliers d’habitants sont placés depuis dimanche en stricte quarantaine. Théoriquement.

Seuls sont autorisés à entrer dans la zone rouge les camions transportant des produits de première nécessité (médicaments, nourriture), les policiers, le personnel médical ou les personnes bénéficiant de dérogations exceptionnelles.

Idem pour la sortie. Mais certains conducteurs, voire des cyclistes, franchissent le barrage et quittent la zone de quarantaine.

« Ils ne sont pas résidents dans la zone, ils l’ont juste traversée », explique un militaire, en concédant que la quarantaine est en train de se mettre en place et que les procédures sont parfois encore flexibles.

De nombreux automobilistes et camionneurs sont toutefois refoulés, dans le calme général. Même le chauffeur désespéré -« mais où je vais, moi ? qu’est ce que je vais faire ? »- et qui lance en faisant demi-tour « Pays de bouffons! » élève à peine la voix.

– Eau potable –

« La population est généralement très coopérative », reprend le militaire au barrage.

Et l’angoisse reste très contenue. « Si on devait avoir peur, qu’est-ce qui se passerait ? », sourit Gianluca Bragalini, un employé d’une société de distribution d’eau potable qui s’apprête à entrer en zone rouge avec une dizaine d’autres collègues. « On doit garantir le fonctionnement des services publics. Imaginez si l’eau potable venait à manquer ? ».

Arrive à pied Angela Grechi, responsable d’une association de protection des chats. Elle s’inquiète pour 80 félins abrités à Somaglia, une commune dans la zone rouge, qui n’auront bientôt plus à manger.

« J’espérais pouvoir livrer la nourriture ici au rond-point à notre responsable locale, mais il faut une autorisation de la préfecture », soupire-t-elle. « Je sais, ça paraît dérisoire de s’inquiéter pour des chats, mais… », lance-t-elle en tournant les talons.

Avec onze villes en quarantaine depuis dimanche, soit plus de 50.000 habitants confinés, l’Italie est devenue le premier pays européen à prendre des mesures drastiques pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Quatre personnes sont mortes dans le nord du pays depuis vendredi, et plus de 200 cas ont été recensés. En Lombardie, la région de Milan, les autorités ont décidé la fermeture des écoles pendant une semaine et l’annulation de toutes les manifestations culturelles et sportives.

– ‘Situation absurde’ –

A quelques kilomètres de Casalpusterlengo, autre rond-point, autre barrage. Ambiance tout aussi tranquille, mais visions parfois angoissantes, comme cette ambulance qui rentre dans la zone à tombeau ouvert, conduite par un homme au visage entièrement masqué et revêtu d’une combinaison totale.

Stefano Medaglia, un menuisier de 32 ans, sa femme et leur bébé dans sa poussette arrivent à pied de la zone rouge jusqu’au rond-point.

« On est sortis faire quelques pas, on reste éloignés des autres gens, on prend nos précautions », explique le jeune homme originaire de Bertonico, une commune sous quarantaine. « Là-bas, c’est calme, il n’y a pas d’alarmisme. Mais c’est une situation étrange, absurde », soupire M. Ledaglia, qui craint pour l’activité de son entreprise familiale à Somaglia, autre ville dans la zone rouge.

« Je viens demander aux carabiniers (gendarmes, ndlr) s’il est possible de se déplacer d’une ville à l’autre à l’intérieur de la zone de quarantaine », explique-t-il. Il repart avec une réponse assez floue.

Pendant ce temps, certaines voitures entrent dans la zone, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. « Tant qu’elles restent sur la départementale, ca va. Il ne faut pas qu’elles prennent les petites routes et aillent dans les villages », dit un carabinier. Et comment peut-on le vérifier ? Il hausse les épaules.

Second jour d’échanges de tirs entre le Jihad islamique et Israël

Le Jihad islamique a lancé une nouvelle salve de roquettes lundi dans le sud d’Israël où des écoles, des commerces et des routes sont fermés de manière préventive, après des frappes meurtrières la veille de l’aviation israélienne contre des positions de ce mouvement palestinien en Syrie et à Gaza.

Ces nouvelles tensions entre Israël et le Jihad islamique, un groupe armé jugé proche de l’Iran, interviennent à une semaine des élections législatives cruciales pour la survie politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

De manière préventive, quelque 65.000 élèves ont été sommés de rester à la maison lundi dans des villes israéliennes jouxtant la bande de Gaza, les trains ont été annulés entre les villes d’Ashkelon et Beersheva et plusieurs routes sont fermées dans le sud du pays.

Vingt roquettes ont été tirées de Gaza vers le territoire israélien, dont 18 ont été interceptées par le bouclier antimissiles Dôme de Fer, a indiqué l’armée, alors que le Jihad islamique a simultanément revendiqué ces frappes.

– Souvenir de novembre –

Selon un journaliste de l’AFP, une roquette est tombée dans un parc pour enfants de la ville de Sdérot sans faire de blessés car personne n’était sur les lieux.

Dans la foulée, l’armée israélienne a bombardé des cibles du mouvement dans la bande de Gaza.

« Le Jihad islamique et le Hamas doivent comprendre que cela ne peut durer. S’ils ne cessent pas les frappes complètement – et je ne parle pas d’un jour ou deux, mais définitivement – nous devrons aller de l’avant avec une campagne (militaire) d’envergure », a prévenu lundi M. Netanyahu.

Au cours de la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne avait mené des frappes aériennes contre des « positions » du Jihad islamique près de Damas, en Syrie, et dans la bande de Gaza après des tirs de roquettes par le groupe depuis l’enclave.

Six combattants, dont deux du Jihad islamique, ont été tués dans ces frappes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les forces israéliennes sont souvent accusées par Damas de mener des frappes en Syrie voisine, mais elles revendiquent rarement des bombardements dans ce pays, qu’elles accusent d’héberger des éléments qui lui sont hostiles comme le Hezbollah libanais, la Force iranienne Qods et le Jihad islamique.

Israël avait mené en novembre une opération éclair contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza qui avait fait une trentaine de morts dont neuf membres d’une famille palestinienne sans lien avec le groupe armé.

L’armée avait alors abattu un important commandant du mouvement, Baha Abou al-Ata, qu’elle jugeait responsable de nombreux tirs de roquettes contre Israël dont l’un en direction d’un meeting de M. Netanyahu peu avant les élections de septembre qui n’ont pas abouti à la formation d’un gouvernement.

En représailles, le Jihad islamique avait lancé des centaines de roquettes vers Israël qui avait répliqué par des bombardements aériens mais en évitant de frapper les positions du Hamas pour ne pas mettre en péril une trêve fragile avec ce mouvement islamiste favorisée par l’ONU, le Qatar et l’Egypte.

Le Hamas a livré trois guerres à Israël, mais bénéficie depuis près d’un an de cette trêve avec l’Etat hébreu contrairement au Jihad islamique, deuxième plus important groupe islamiste armé de Gaza.

– Bombes, bulldozer et roquettes –

Dimanche, l’armée israélienne avait ouvert le feu sur deux membres du Jihad islamique qui « tentaient de placer un engin explosif à proximité » de la barrière séparant Israël de Gaza.

« Un bulldozer de l’armée a récupéré le corps de l’un des assaillants », tué par les forces israéliennes, a précisé l’armée.

Selon un journaliste de l’AFP sur place, des Palestiniens se sont approchés pour tenter de récupérer la dépouille de l’homme avant qu’un bulldozer israélien ne ramasse le corps et retourne en direction de la barrière frontalière.

Israël garde les corps de Palestiniens pour s’en servir comme monnaie d’échange avec le Hamas, qui détient aussi des dépouilles d’Israéliens.

Une vidéo de l’incident, authentifiée par l’AFP, circule en boucle sur les réseaux sociaux palestiniens et à l’étranger. Lundi, le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a condamné « l’assassinat » de ce membre du Jihad islamique dont la dépouille a été « maltraitée » par les autorités israéliennes.

Appelant à venger l’un de ses « martyrs », le Jihad avait ensuite tiré des roquettes vers Israël.

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Virus : l’Italie confine onze villes du Nord pour endiguer la contagion

Un cordon sanitaire était en place lundi autour de onze villes du nord de l’Italie, cœur économique du pays, pour endiguer la propagation du coronavirus, qui y a déjà fait cinq morts.

La soudaine flambée depuis vendredi des cas de nouveau coronavirus, passés de 6 à 219 en quatre jours, fait de l’Italie le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

L’annonce lundi de la mort d’un homme de 88 ans près de Milan, en Lombardie (nord-ouest), a fait grimper le bilan à cinq décès, tous survenus dans le nord du pays : quatre en Lombardie et un en Vénétie (nord-est). Il s’agissait à chaque fois de personnes âgées et souvent déjà atteintes d’autres pathologies.

Le premier décès d’un Italien – et premier d’un Européen – avait été annoncé vendredi dans un village près de Padoue en Vénétie.

Le patient numéro 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever à Casalpusterlengo. L’origine de sa contamination reste cependant un mystère, du propre aveu du ministère de la Santé.

L’Italie a multiplié depuis les mesures de précaution, dont la mise en semi-confinement des quelque 52.000 habitants d’une dizaine de villes du Nord: les lieux publics y sont fermés, sauf quelques magasins de première nécessité et les pharmacies de garde.

Le chef de la Protection civile italienne Angelo Borrelli a cherché lundi à rassurer la population: « Nous sommes intervenus à travers des mesures fortes et importantes, et donc je pense que notre pays est en mesure de garantir la sécurité », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule. Cette crise sanitaire a fait chuter la bourse de Milan, capitale économique du pays (-4,7%, vers 13H00 GMT).

Par ailleurs, une soixantaine de passagers venus de Lombardie et de Vénétie voyageant à bord d’un avion de la compagnie italienne Alitalia se sont vu interdire lundi de débarquer à l’île Maurice.

En Lombardie, région la plus touchée avec 167 cas, le métro de Milan était à moitié vide lundi matin, avec de nombreux passagers équipés de masques de protection.

Ecoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala, ainsi que la cathédrale gothique, symbole de la ville, sont fermés.

– Cinémas désertés –

Certains supermarchés milanais sont déjà dévalisés et le maire de la ville Beppe Sala a appelé ses concitoyens à la raison: « plutôt que de courir dans les supermarchés pour s’accaparer des aliments, il faudrait prendre soin des plus faibles, en particulier des personnes âgées qui sont celles qui courent le plus de risques ».

Les bars devront baisser leurs rideaux de 18H00 à 6H00 du matin, suspendant de fait la tradition locale de l’apéritif.

« Nous sommes sûrs que les mesures que nous avons prises empêcheront la contagion de se répandre », a assuré le président de Lombardie, Attilio Fontana.

En Ligurie (nord-ouest), la célébration des messes a été interrompue. Seuls les enterrements et les mariages restent programmés, mais en petit comité.

Les cinémas du pays sont aussi désertés: ce week-end, les recettes ont chuté de 44% par rapport au week-end précédent.

Outre la Lombardie, voisine de la Suisse, c’est en Vénétie, proche de la Slovénie, qu’ont été détectés le plus grand nombre de cas (27 cas dont un mort).

La Vénétie a décrété dimanche l’interruption des festivités du célèbre carnaval de Venise -qui devait s’achever mardi- ainsi que des manifestations sportives et la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.

Trois autres régions sont touchées: l’Emilie-Romagne (nord), le Piémont (nord-ouest) frontalier de la France, et le Trentin-Haut-Adige (nord-est), frontalier de l’Autriche.

Autour des principaux foyers, écoles et universités sont fermées, tout comme tous les lieux publics (bars, restaurants, bibliothèques, mairies, salles de sport).

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Julian Assange: des révélations à l’audience d’extradition

Voici les grandes étapes de la saga judiciaire autour de Julian Assange, incarcéré près de Londres. La justice britannique examine à partir de lundi la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis, où l’Australien de 48 ans est accusé d’espionnage.

– Révélations et mandat d’arrêt –

Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70.000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400.000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre puis, un mois plus tard, le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains.

Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure que les jeunes femmes étaient consentantes.

Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence.

En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort.

– Réfugié à l’ambassade d’Équateur –

Le 19 juin 2012, Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, présidé alors par la figure de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août puis exige en vain un sauf-conduit de Londres pour qu’Assange se rende en Équateur.

Il restera cloîtré dans l’ambassade pendant près de sept ans, période pendant laquelle il obtiendra même la nationalité équatorienne avant d’en être déchu.

Le 2 avril 2019, le président équatorien Lenin Moreno — qui a rompu avec son prédécesseur — affirme qu’Assange a violé l’accord sur ses conditions d’asile. Le 11, Assange est arrêté dans l’ambassade par la police britannique.

– Enquête sur le viol rouverte –

Aussitôt, l’avocate de la femme qui accuse Julian Assange de viol en Suède en 2010 annonce qu’elle va demander au parquet la réouverture de l’enquête. Le parquet l’avait classée sans suite en 2017 faute de pouvoir faire avancer la procédure.

Le 14, l’avocate d’Assange déclare que son client est prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d’éviter une extradition vers les États-Unis.

Le 1er mai, Julian Assange est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

Le 13, le parquet de Stockholm annonce la réouverture de l’enquête pour viol puis demande le placement en détention d’Assange. Demande refusée par la justice suédoise le 3 juin.

– Nouvelle inculpation américaine –

Le 23 mai 2019, la justice américaine, qui l’accuse déjà de « piratage informatique », l’inculpe de 17 nouveaux chefs en vertu des lois anti-espionnage. Assange encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement. Son audience d’extradition vers les Etats-Unis, prévue le 30 mai, est reportée pour raison de santé en février 2020.

Le 31, le rapporteur de l’ONU sur la torture, après avoir rencontré Assange en prison, estime qu’il présente « tous les symptômes (de) torture psychologique ». Il affirmera début novembre que le traitement infligé à Assange met sa vie « en danger ».

Le 21 octobre, Julian Assange, confus et bredouillant, comparaît pour la première fois en personne devant le tribunal de Westminster.

– Abandon des poursuites en Suède –

Le 19 novembre, le parquet suédois annonce le classement sans suite de l’enquête pour viol, faute de preuves.

« Tous les actes d’enquête ont été épuisés (…) sans apporter les preuves requises pour une condamnation », alors que les faits seront prescrits le 17 août 2020, précise le parquet.

– Audience d’extradition à Londres

La justice britannique examine à partir du 24 février 2020 la demande américaine d’extradition du fondateur de Wikileaks. Les audiences sont prévues toute la semaine, avant d’être interrompues pour reprendre pour trois semaines à compter du 18 mai.

Au Sahel, l’exception mauritanienne face au jihadisme

A des kilomètres de la première ville, au fond de la seule tente d’un campement en plein désert de Mauritanie, trône une radio VHF. Qu’un étranger passe par ici, et les habitants actionnent l’appareil pour prévenir les autorités.

C’est un modeste mais efficace maillon du dispositif sécuritaire qui, mêlé à un travail sur les esprits, préserve la Mauritanie de la menace jihadiste alors que celle-ci ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts à intervalles réguliers, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011.

« Il faut remonter aux années 2005 pour comprendre », explique un diplomate occidental. L’expansion de groupes islamistes en Algérie, voisin du nord, touche alors de plein fouet la Mauritanie, théâtre de plusieurs attentats.

En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, prend le pouvoir par la force. Un an plus tard, il est élu président.

Les partenaires occidentaux sont circonspects, mais pragmatiques: en raison du nombre substantiel de Mauritaniens dans les groupes jihadistes naissants dans le nord du Mali, « la France a très vite compris que la menace jihadiste pouvait s’étendre à la Mauritanie », selon un ancien coopérant français, tenu comme d’autres sources à cacher son identité.

Paris, et Washington dans une moindre mesure, envoient des formateurs encadrer les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

– Bataille des idées –

Aujourd’hui, des dizaines de checkpoints jalonnent chaque axe routier. Une immense région jouxtant le Mali a été classée « zone militaire » où les civils n’ont pas le droit de circuler. « Toute voiture qui y circulerait serait repérée et contrôlée. Cette mesure a permis le repérage de bandes armées de trafiquants de cannabis qui ont subi des bombardements de l’armée de l’air par le passé », souligne Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Dakar.

Au même moment, Nouakchott engage la bataille des esprits. Un dialogue est organisé en 2010 entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n’est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle.

« Nous avons vu à cette époque une forte baisse des recrutements jihadistes », explique M. Koné, par ailleurs ancien directeur des renseignements de la gendarmerie mauritanienne. « Les gens sont moins sensibles aux idées radicales, les populations collaborent plus avec l’Etat », continue-t-il.

L’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien chef d’état-major et ex-bras droit du président Aziz, louait en janvier cette « ouverture spirituelle » fondée sur « l’ancrage des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre pour déstructurer et détruire les fondements religieux de l’action des terroristes ».

Au travail idéologique et sécuritaire s’est greffée la création de villes ex nihilo, synonymes d’activité économique et de services de proximité, quand les groupes jihadistes prospèrent dans d’autres pays sur l’absence de l’Etat.

Ainsi sont nées en plein désert Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.

– Pacte secret ? –

« Il s’agit d’occuper le terrain, de dire aux populations nomades qui n’avaient pas de sentiment d’appartenance étatique: +Votre pays s’occupe de vous, vous protège, vous soigne, éduque vos enfants+ », analyse Isselmou Ould Salihi, journaliste mauritanien spécialiste des questions jihadistes.

L’immunité mauritanienne aux attaques ainsi que des déclarations américaines ont nourri les interrogations sur l’existence d’un pacte de non-agression secret entre Nouakchott et jihadistes.

Les Etats-Unis ont affirmé avoir trouvé en 2011, dans la cache pakistanaise où a été tué l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, des documents faisant état d’une tentative de rapprochement entre le groupe et Nouakchott en 2010.

« Rien n’a jamais permis de corroborer ces rumeurs, elles sont fausses », oppose une source proche du pouvoir.

Le diplomate occidental interrogé par l’AFP abonde: « Pas de deal mais des relations tribales évidentes et historiques entre habitants du nord du Mali et de la Mauritanie ».

La Mauritanie prend cette semaine la présidence tournante du G5 Sahel coordonnant la coopération de cinq pays de la sous-région sur la sécurité et le développement. « La Mauritanie est un acteur qui a pu venir à bout du terrorisme en 2011. Nous attendons beaucoup de leur présidence », explique une source française.