Une Fondation pour la « libéralisation de la distribution des produits de presse » en Côte d’Ivoire

La Fondation Friedrich Naumann souhaite une « libéralisation de la distribution des produits de presse », en Côte d’Ivoire, en vue du renforcement de la liberté des entreprises de presse et le droit à l’information.

En 2022, « nous comptons ouvrir le débat sur la libéralisation de la distribution des produits de presse dans la perspective de renforcer la liberté des entreprises de presse et le droit à l’information », a dit M. Magloire N’Dehi, le chef de Bureau de la Fondation en Côte d’Ivoire.

M. N’Dehi s’exprimait à l’occasion de l’an 33 de la Fondation allemande Friedrich Naumann, installée en Côte d’Ivoire en novembre 1989. Il a annoncé pour l’année en cours, les perspectives de l’organisation. 

« Pour 2022, notre travail va continuer parce que malgré les avancées, la Côte d’Ivoire fait  encore face à de nombreux défis notamment en matière des droits civils et politiques. Elle  a reculé d’au moins 7 points », a-t-il dit.  

Sur l’indice des libertés de Freedom House en 2021, elle a 44/100 points avec 16/40 pour les droits politiques et 28/60 pour les libertés civiles, a fait observer M. N’Dehi, ajoutant que l’action de la Fondation sera axée sur la promotion des droits civils et politiques.

La fondation veut aussi mettre l’accent sur « le pluralisme politique » ainsi que les libertés d’expression, de réunion et un accent sur le renforcement du leadership politique des jeunes cadres en perspectives aux élections locales de 2023 et les présidentielles de 2025. 

Les journaux, en Côte d’Ivoire, sont distribués seulement par l’Entreprise de distribution de presse et libraire en Côte d’Ivoire (Edipresse). Les organes de presse se plaignent de ce que les journaux n’arrivent pas partout dans le pays.  

Le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci), le patronat de la presse imprimée, estime à 300 millions de Fcfa le montant que lui doit Edipresse, l’entreprise chargée de la distribution des journaux ivoiriens.  

« Friedrich Naumann pensait que des citoyens instruits et informés politiquement étaient indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie. Selon lui, l’éducation civique  est une condition préalable à la participation politique et donc à la démocratie », a-t-il relevé.   

La politique libérale prônée par la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, veut élargir les compétences, les opportunités et la liberté des individus dans tous les  domaines et limiter le rôle de l’État à l’essentiel, a-t-il poursuivi.  

La Fondation Friedrich Naumann, arrivée en Côte d’Ivoire en Novembre 1989, n’a cessé de contribuer au renforcement du processus de démocratisation par la formation politique et l’éducation civique de nombreux ivoiriens et cadres politiques et de l’administration. 

La Fondation doit son nom au pasteur protestant Friedrich Naumann (1860-1919).  Député, écrivain politique et défenseur de l’idéologie libérale. Pour lui, la promotion de la  dignité humaine est la condition ultime d’une société où les individus peuvent vivre librement et dans la paix. 

Maroc : le ministère de l’Agriculture vient au secours des apiculteurs

Le ministère marocain de l’Agriculture vient en aide aux apiculteurs touchés par le phénomène de disparition des colonies d’abeilles.Ainsi, le gouvernement alloue un montant de 130 millions de dirhams (1 euro = 10,5 DH) pour prendre des mesures immédiates à travers l’accompagnement des apiculteurs pour la reconstruction des ruches infectées par la distribution de nouvelles colonies d’abeilles, et la mise en place d’une campagne nationale de traitement des ruches contre la maladie de varroase ainsi que des campagnes de sensibilisation au profit des apiculteurs, notamment en ce qui concerne les bonnes pratiques en matière d’apiculture, indique le ministère dans un communiqué.

En effet, une séance de travail a été tenue, samedi, par le chef du gouvernement et le ministre de l’Agriculture, de la pêche, du développement rural et des eaux et forêts, accompagné du directeur général de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et du directeur central des filières de production afin d’examiner les causes de ce phénomène et les moyens à même d’atténuer ses effets sur le secteur apicole.

Au cours de cette réunion, le directeur général de l’ONSSA a fait un exposé sur les mesures urgentes prises ainsi que les résultats préliminaires des recherches et analyses effectuées par ses services vétérinaires régionaux, en collaboration avec les représentants de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture, et qui ont démontré que ce phénomène est nouveau et concerne certains apiculteurs à des degrés divers dans certaines régions du Maroc.

Les investigations de laboratoires excluent l’hypothèse qu’une maladie des abeilles soit à l’origine de ce phénomène, relève le communiqué.

Toujours selon le communiqué, L’ONSSA a constitué un comité d’experts multidisciplinaire pour poursuivre les recherches et les études sur ce phénomène. L’Office approfondit également les enquêtes de terrain en collaboration avec les professionnels du secteur afin d’identifier les facteurs contribuant au développement de ce phénomène.

Le phénomène connu sous l’appellation “syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles” a été constaté également dans des pays en Europe, en Amérique et en Afrique.

Les recherches attribuent cela à plusieurs facteurs, entre autres, la faiblesse des précipitations, la diminution de la quantité et de la qualité de l’alimentation disponible pour les abeilles ou encore l’état de santé des ruchers et les méthodes de prévention suivies, conclut le communiqué.

Report à 2023 des assemblées annuelles du FMI et de la BM prévues à Marrakech

Les assemblées annuelles du Fonds monétaires International et de la Banque mondiale prévues en octobre prochain à Marrakech ont été reportées à 2023 en raison des incertitudes liées à l’évolution de la situation sanitaire, ont annoncé lundi les institutions de Bretton Woods.Les réunions annuelles de cette année auront ainsi lieu à Washington en octobre, indique un communiqué conjoint des deux institutions, notant que suite à des consultations avec le gouvernement marocain, il a été décidé de reporter la tenue de ce conclave au Maroc jusqu’en 2023.

Le FMI et la Banque mondiale reportent ainsi pour la deuxième fois leurs réunions au Maroc. Les deux institutions avaient initialement prévu de tenir les assemblées annuelles de 2021 dans le Royaume, avant que le contexte sanitaire ne vienne chambouler leurs plans.

Les assemblées annuelles se tiennent généralement pendant deux années consécutives au siège de la Banque mondiale et du FMI à Washington, puis dans un pays membre tous les trois ans.

Par ailleurs, le doute plane toujours quant au format qui sera adopté lors de la réunion de printemps en avril prochain. «Nous espérons pouvoir organiser des réunions hybrides, mais le format exact dépendra de l’évolution des conditions sanitaires et de voyage», indiquent la Banque mondiale et le FMI.

Côte d’Ivoire: la société civile préoccupée par la dette estimée à « 58% du PIB »

La Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) se dit préoccupée de la dette de la Côte d’Ivoire, estimée à 17 676 milliards de Fcfa, à fin mars 2021, soit « 58% du PIB », selon une étude présentée par un consultant, lundi, à Abidjan.

L’étude, menée par l’économiste et statisticien Guillaume Adingra, a été débattue à l’occasion d’un atelier de validation du rapport de cette étude sur la dette de la Côte d’Ivoire, qui porte sur des données sur la période de 2017 à fin mars 2021.  

Le coordonnateur de la Convention de la Société civile ivoirienne, Mahamadou Kouma, a justifié que l’organisation, en faisant cet atelier, a un regard sur la situation de la dette pour voir comment cette question est gérée dans l’intérêt des populations. 

« Le consultant, dans son exposé a pu démontrer que l’endettement est une question préoccupante et on voit que le cycle d’endettement est tel qu’il n’est pas encore alarmant, mais il est préoccupant « , a dit M. Mahamadou Kouma à la presse. 

Selon  Guillaume Adingra, « à fin mars 2021, le stock de la dette est estimé à 17 676 milliards  Fcfa, composé de 65% de dettes extérieures et 36% de dettes intérieures ». Ce qui dénote que l’Etat ivoirien emprunte plus sur le marché extérieur que sur la marché intérieur.

« Le point alarmant est la viabilité de la dette, aujourd’hui, (car) nous avons atteint quasiment le niveau de 58% du PIB (Produit intérieur brut) et le pays court dangereusement vers le seuil de la dette recommandé par l’Uemoa qui est de 70% », a-t-il dit. 

La Covid-19, fera observer le consultant ivoirien, a « accéléré l’endettement de nos économies notamment en Côte d’Ivoire ». De ce fait, pour faire face aux dépenses du pays, soutenir l’économie, et poursuivre son programme de développement, l’Etat a dû emprunter. 

Il a rappelé qu’en 2012, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’une annulation de sa dette qui est passée de 67% de son PIB à 18%. Mais, avec la pandémie de la Covid-19, plusieurs pays ont contracté des dettes en 2020 pour soutenir leurs économies.

Au regard de cette tendance, la Côte d’Ivoire « court un risque de surendettement », a-t-il déclaré, mentionnant que l’objectif de cette étude est de prévenir les autorités sur le niveau de la dette du pays.  

En outre, l’inflation est en hausse quasiment autour de 3% en 2021 et le solde budgétaire s’est dégradé. Ces indicateurs macroéconomiques devraient être analysés pour contenir le risque de surendettement.  

Toutes les composantes de la dette sont en hausse et le stock global de la dette a connu une hausse de 26% de 2019 à 2020, révèle le rapport d’étude qui souligne que celui de la dette extérieure est en hausse de 21% ainsi que la dette intérieure, de 36%.  

S’agissant de la viabilité de la dette publique, « nous avons pris les projections du PIB en 2021 et nous avons rapporté le stock de la dette publique à fin mars 2021, et nous nous situons aujourd’hui à 58% », a-t-il précisé sa méthodologie. 

« Le stock de la dette est passé de 67% à 18% en 2021 (après l’annulation), aujourd’hui, en 2022, le stock de la dette est remonté à 58% du PIB. Il y a donc une accélération de l’endettement, ce qui peut faire penser que le risque de surendettement est bien réel », a dit M. Adingra. 

La dette publique ivoirienne, estimée à 40% en 2017, s’est établie selon l’étude à 58% en 2021. Le service de la dette, qui traduit le paiement des créanciers, lui, est composé de 60% de dettes au plan intérieur et 40% à l’extérieur.   

La Côte d’Ivoire contracte le plus de dettes en d’autres devises, représentant un taux de 54% et 46% en monnaie locale. M. Adingra a fait observer « qu’il y a un risque au niveau du taux d’échange » qui connaît une fluctuation et cela peut être préjudiciable pour l’économie. 

« Quatre vingt quatorze pour cent (94%) de notre dette publique a une échéance qui est due à plus d’un an et 6% à moins d’un an ». Ensuite, les dettes dues dans moins un an sont essentiellement constituées de 48% de prêts, 47% de bons de trésor et de 4% d’obligations, a-t-il ajouté.  

En 2020, la Côte d’Ivoire était autour de 1 000 milliards Fcfa de services de la dette, constitué de 37% d’intérêt. Selon M. Adingra, « l’économie peut être défavorisée », tout en relevant que le pays a payé 349 milliards Fcfa d’intérêts auprès des porteurs de titres de créances et 117 milliards Fcfa aux partenaires bilatéraux et multilatéraux.

M. Armand Benié, représentant du ministère de l’Économie et des finances, a rassuré que « le gouvernement actuel gère la dette à travers plusieurs réformes », entre autres, l’analyse de la viabilité de la dette et la stratégie de remboursement à moyen terme. 

Il a noté que l’Etat a deux défis majeurs, la lutte contre la pauvreté à travers le Programme social du gouvernement (PS Gouv) et la sécurisation des frontières. Il y a noté aussi la CAN 2023 qu’abritera le pays qui constitue, avec d’autres enjeux, des contraintes du gouvernement. 

« La dette ivoirienne, lorsque nous voyons le volume, on a l’impression que c’est une dette très colossale, mais lorsque nous prenons le classement au niveau de la dette en Afrique, les 10 pays les plus endettés, la Côte d’Ivoire n’y figure pas », a-t-il renseigné.  

L’analyse de la viabilité de la dette faite par le ministère ivoirien de l’Économie et des finance avec le Fonds monétaire international (FMI), ressort que la Côte d’Ivoire est encore « au niveau du risque modéré », a-t-il poursuivi, ajoutant « on a une maîtrise parfaite de cette dette ».

Tension: « Le retrait de l’armée française du Mali est une option » (Analyste)

Professeur à Sciences Po à Paris et à Advisor Brussels International center, Kader A. Abderrahim décrypte, pour Apa news, la décision du gouvernement malien d’expulser l’ambassadeur français en poste au Mali, Joël Meyer.-La décision malienne d’expulser l’ambassadeur de France, annoncée lundi 31 janvier,  était-elle prévisible ?

Malheureusement oui. Ces dernières semaines la tension est montée entre les deux capitales. Les déclaration de Jean-Yves Le Drian et de Mme Florence Parly, en fin de semaine dernière, n’ont pas contribué à faire retomber la pression.

Le retrait annoncé, jeudi dernier, des troupes danoises présentes dans le cadre de la task-force européenne Takuba qui appuie l’armée française dans la lutte contre les groupes jihadistes au Mali et au Sahel après une admonestation du gouvernement malien a marqué le point d’orgue. 

Dans cette situation, il me semble que le Mali s’isole diplomatiquement et que la France est fragilisée dans ce qu’elle considère être son pré-carré. 

-Quelle pourrait être la réponse de la France à cette annonce ?

La France pourrait prendre une décision similaire. Toutefois, je ne crois qu’elle le fera afin de marquer son désir de maintenir a minima des relations entre les deux pays.

En revanche, le départ des troupes françaises peut être une option. La France se trouve dans un contexte de pré-campagne pour une élection présidentielle prévue en, avril 2022. Le président Emmanuel Macron prendra, sans doute, une décision en fonction de l’élection à venir et de l’intérêt pour la France de rester ou non au Mali. Son influence et son rôle en Afrique sont ainsi remis en cause. Il doit en tirer des enseignements.

-Un retrait définitif des troupes françaises est-il envisageable ? 

C’est naturellement cela que les protagonistes de cette crise diplomatique ont à l’esprit. 

-Paris et Bamako pouvaient-ils éviter d’arriver à ce niveau de tension ?

Chacun des deux acteurs pouvait faire l’économie de cette dégradation bilatérale.

Il me semble que les autorités maliennes tardent à expliquer leur projet et leurs intentions, à tout le moins vis-à-vis de leurs compatriotes, il est plus aisé de se déterminer lorsque les citoyens comprennent dans quelle direction vous souhaitez aller. Ici on le sentiment d’une navigation à vue, sans véritable projet politique. Au niveau régional, il y a une recomposition géopolitique en cours. 

Il est légitime que le Mali cherche à établir des alliances ou des partenariats nouveaux pour préserver ses intérêts. 

Quant à la France, les vieux réflexes et le sentiment d’être dans sa zone de confort ne lui ont pas permis de voir les évolutions en cours sur le plan géopolitique.  

Burkina: Premières mesures majeures de la junte

Le lieutenant-colonel Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le lundi 31 janvier 2022, par le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso le 25 janvier, a annoncé plusieurs décisions majeures. 

Selon cette déclaration qui précise que  le MPSR assure la « continuité de l’État en attendant la mise en place d’une Transition », la suspension de la Constitution est levée et celle-ci est rétablie dans ses articles qui ne contredisent par »l’Acte fondamental » mis en place par les militaires pour organiser le pouvoir en attendant l’adoption d’une «charte de la transition ». 

Le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré a également déclaré que le président du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.

Deux hauts responsables militaires ont aussi été démis de leurs fonctions par la junte. Le chef d’Etat-major général des Armées, le général de brigade Gilbert Ouédraogo, nommé en octobre dernier par le président récemment déchu, Christian Marc Roch Kaboré, a été relevé de ses fonctions et le patron des Renseignements, le colonel François Ouedraogo n’est plus le directeur général de l’Agence nationale des Renseignements (ANR), poste qu’il occupe depuis le 9 mars 2016.

Côte d’Ivoire: le litre de l’essence super augmente de 20 Fcfa

Le prix de l’essence super passe de 615 à 635 Fcfa/litre du 1er au 28 février 2022, soit 20 Fcfa d’augmentation.

Selon une note de la direction générale des hydrocarbures consultée par APA, lundi, le prix maxima de détail des produits pétroliers pour la période du 1er au 28 février 2022 indique pour l’essence super sans plomb à l’ambiant un coût de 635 Fcfa/litre contre 615 Fcfa/litre les mois précédents, soit une augmentation de 20 Fcfa.  

Le prix du gasoil, lui, reste inchangé à 615 Fcfa/litre de même que le pétrole lampant qui reste inchangé à 555 Fcfa le litre à l’ambiant.  Et ce, depuis quelques années.

Ce produit pétrolier est beaucoup utilisé dans des campagnes et des villages, où les populations n’ont pas accès à l’électricité.

Le prix de la bouteille de gaz butane de 6 Kg (B 6) reste également stable à 2 000 Fcfa. De même le coût de la bouteille de 12,5 Kg, une bonbonne très utilisée dans les ménages dans le pays, qui demeure inchangé à 5 200 Fcfa.

La bouteille de 15 Kg est fixée à 6 965 Fcfa et celle de 17,5 Kg à 8125 Fcfa. Quant à la bouteille de 25 Kg elle est cédée à 11 610 Fcfa et celle de 28 Kg à 13.000 Fcfa.

L’ajustement des prix des produits pétroliers en Côte d’Ivoire se fait chaque mois conformément aux dispositions du mécanisme automatique des prix des hydrocarbures sur le marché international.

Mali : l’ambassadeur de France sommé de quitter le pays

Le diplomate français a trois jours pour quitter Bamako.La décision des autorités maliennes fait suite aux « propos hostiles et outrageux » tenus « récemment » par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, et à la « récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées », explique la présidence de la République malienne.

Dans un communiqué lu ce lundi sur les ondes de l’ORTM, la télévision nationale, le gouvernement de transition a sommé l’ambassadeur de France, Joël Meyer, à quitter le Mali dans les 72 heures.

Ces derniers jours, Jean-Yves Le Drian avait jugé « illégitimes » les autorités de transition et dénoncé leur « fuite en avant ». Il avait aussi estimé que le groupe russe Wagner était déjà à l’œuvre au Mali, et qu’il y « protégeait les autorités en échange de l’exploitation des richesses minières du Mali. »

Tout en condamnant vigoureusement de tels propos, Bamako souligne qu’ils sont « contraires au développement de relations amicales entre nations. »

L’exécutif malien réaffirme cependant sa « disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien.»

Il y a eu ces derniers jours des tensions entre Bamako et Paris sur le déploiement de soldats danois dans le pays, qui se sont finalement retirés.

Cedeao : quelle solution face aux putschs en Afrique de l’Ouest ?

Les récents bouleversements qui ont brouillé le paysage politique de l’Afrique de l’Ouest remettent directement en question la crédibilité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

L’institution dont beaucoup pensent qu’elle n’est bonne que pour donner des coups d’épée dans l’eau et faire des menaces de sanctions est à bout de souffle et devient la cible d’une partie des populations. En l’espace de quelques mois, la Cedeao a suspendu trois de ses Etats membres, le Mali, la Guinée, et le Burkina Faso confrontés à des coups d’Etat militaires. Un coup sévère porté au processus démocratique selon l’organisation régionale.

Le premier pays à subir les foudres de l’organisation est le Mali en 2020, la Guinée en septembre 2021 et plus récemment, le Burkina Faso. Dans ces trois pays minés par des crises multiformes, des présidents civils ont été écartés au profit de militaires. Une situation qui a mis l’organisation ouest-africaine désormais composée de 12 membres, dans l’embarras pour trouver les réponses appropriées et pas nécessairement cohérentes à ces crises.

Les juntes qui dirigent ces trois pays font l’objet de sanctions de la part de la Cedeao pour avoir renversé des gouvernements démocratiquement élus. Mais ces coups d’Etat de l’avis de certains experts politiques sont une réponse à la mal gouvernance et l’incapacité des dirigeants déchus à faire face à la crise sécuritaire, comme c’est le cas au Mali et au Burkina Faso.

Naturellement, la Cedeao, qui regroupe 15 pays, a tenté dès le début d’asseoir son autorité avec sa panoplie de sanctions. Mais à l’évidence, ces mesures n’ont fait renforcer un sentiment nationaliste au niveau des Etats sanctionnés.

Elle est depuis lors entrée en scène avec des sanctions contre les nouveaux dirigeants militaires qui, à des degrés divers, l’ont prises au mot en prenant des mesures de représailles contre elle, laissant les observateurs se demander si la Cedeao a vraiment les moyens de faire face à ce nouvel assaut contre la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Après que la Cedeao a annoncé des sanctions à l’encontre des nouveaux hommes forts de Bamako pour avoir voulu porter à cinq ans une courte transition politique, le régime militaire a non seulement condamné « les sanctions abusives » de l’organisation avant de fermer à son tour ses frontières aux pays membres de la Cedeao.

Une défiance assumée par la junte malienne qui vient saper l’autorité du groupement régional ouest-africain. Les chefs d’Etat de l’organisation surpris par la riposte du Mali, a momentanément envisagé de revenir sur sa politique volontarisme mais sans impact réel, à en croire le récit de certains cercles au sein de l’organisation pour expliquer cet apparent changement d’opinion.

Beaucoup estiment qu’une Cedeao divisée et intrinsèquement minée par des intérêts géopolitiques disparates défendus par ses membres ne peut pas imposer de sanctions comme moyen sérieux, voire crédible, de mettre au pas les transgresseurs en son sein, sans risquer de diviser davantage ses rangs.

Par exemple, alors que les jeunes démocraties dans les petits pays membres comme la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau soutiennent les sanctions pour des raisons évidentes visant à dissuader les coups d’Etat dans leur propre pays, les régimes militaires en Guinée et au Mali voisin se soutiennent les uns les autres. En effet, ces deux voisins se considèrent comme les gardiens l’un de l’autre face à une organisation régionale dont ils se sentent de plus en plus isolés et détachés.

Cette solidarité mutuelle entre le colonel guinéen Mamady Doumbouya et le malien Assimi Goita ne peut que s’étendre au lieutenant-colonel burkinabé Paul-Henri Damiba qui a gagné le droit d’entrer dans leur club exclusif grâce à son coup d’Etat du 24 janvier 2022.

Déjà discréditée avant même d’avoir eu le temps d’être mise en œuvre, la politique unique de la Cedeao pour gérer les conséquences des coups d’Etat en Guinée, au Mali et au Burkina Faso a montré qu’elle était déconnectée des politiques qui ont précipité les interventions des militaires dans ces pays.

En Guinée, l’insistance de l’ancien président Alpha Condé à se maintenir au pouvoir après avoir épuisé ses deux mandats constitutionnels a fourni le prétexte à Doumbouya pour agir.

Au Mali et au Burkina Faso, l’instabilité prolongée causée par des insurrections a poussé les citoyens à descendre dans la rue pour demander la fin des gouvernements en place, jugés incapables de faire face aux crises.

Selon les observateurs, le seul espoir pour le bloc régional d’avoir plus de poids sur les trois pays en défaut de démocratie est de revoir sa copie d’élaborer des politiques spécifiques à chaque pays, en fonction de leur situation politique au moment des coups d’Etat. Mais un bloc aussi divisé que la Cedeao le reconnaîtra-t-il pour agir en conséquence ?

L’Union africaine suspend le Burkina Faso

L’Union africaine a suspendu le Burkina Faso de toute participation aux activités de l’organisation panafricaine jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans le pays.La décision de l’UA, qui compte 55 États, a été annoncée ce lundi 31 janvier dans un tweet du Conseil de paix et de sécurité.

Après le coup d’Etat du 24 janvier 2022 contre le président Roch Marc Christian Kaboré renversé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) réuni ce lundi a « décidé de suspendre le Burkina Faso de toute participation à toutes les activités de l’Union africaine jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays » peut-on lire sur le message.

Le président de l’Union africaine Moussa Faki Mahatma dit suivre avec « préoccupation la situation très grave au Burkina Faso ». Il a exhorté l’armée à « s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays ».

L’Organisation en pleine réforme sera dirigée à partir de février par le sénégalais Macky Sall, qui en assurera la présidence tournante pour un an à la place du président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, en poste depuis février 2021.

Créée le 9 juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud pour prendre le relais de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, 1963-1999), l’UA veut s’inscrire dans cette vision « d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens ».

Auparavant, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 15 États, avait décidé lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etats le vendredi 28 janvier par visioconférence, de suspendre le Burkina Faso de ses instances après le Mali et la Guinée.