Tchad : les humanitaires face aux problèmes d’insécurité et d’inaccessibilité des routes

Les humanitaires rencontrent beaucoup des problèmes au Tchad. C’est ce qui ressort du Plan de réponse humanitaire 2019. L’insécurité est le premier obstacle rencontré par les humanitaires au Tchad.

Selon le Plan de réponse humanitaire 2019, publié le 19 mars à N’Djamena, « l’acheminement de l’aide est confronté à des attaques répétées commises par des groupes armés et bandes criminelles et aux tensions intercommunautaires ».

Dans le Lac et dans d’autres provinces du sud et de l’est du pays, des travailleurs humanitaires font aussi l’objet de menaces et d’actes violents. On y apprend par exemple le nombre des incidents était supérieur à quatre pour la province du Lac, oscillait entre 3 et 4 dans le Ouaiddaï, et jusqu’à deux incidents dans le Batha, le Barh-el-Ghazel et le Salamat.

Le document note « qu’entre janvier et juin 2018, près d’un quart des organisations humanitaires [sondés] considéraient que leur capacité à assister les populations dans le besoin était affectée par des incidents sécuritaires ».

Concrètement, près de la moitié de ces organisations disent qu’elles n’ont pas pu accéder aux populations dans le besoin à cause de la crise dans le bassin du lac Tchad, des opérations militaires et de l’état d’urgence qui en découlent.

Les routes rendent totalement inaccessibles certaines localités

La crise dans le bassin du lac Tchad, les opérations militaires et l’état d’urgence qui en découlent ont affecté l’accès pour près de la moitié des organisations.

Outre ces problèmes, l’accès humanitaire est limité par l’insuffisance des infrastructures routières et aéroportuaires, rapporte le document de l’Ocha. “Les routes les plus souvent en mauvais état surtout durant les saisons pluvieuses rendent totalement inaccessibles certaines localités de l’Est et du Sud. A cela s’ajoute la fermeture des frontières avec certains pays voisins notamment la RCA et le Nigeria.”

Autres difficultés sur le terrain

D’un autre côté, les humanitaires subissent de même les ingérences des autorités, chefs traditionnels, individus ou bandes criminelles : imposition d’individus, en cas de recrutement des personnels humanitaires et ciblages des bénéficiaires ou des zones d’interventions.

Des contrôles dans les sites et camps, les barrières routières et les tracasseries administratives constituent d’autres difficultés pour les humanitaires. Des « complications ainsi que des retards sur certains documents administratifs ont été rapporté », souligne le Plan de réponse humanitaire 2019. C’est le cas notamment des papiers administratifs qui ne sont pas signés ou délivrés à temps.

Au-delà de tous ces obstacles, le sous-financement de l’aide demeure également un autre défi majeur pour les humanitaires.  Cette année, le Plan de réponse humanitaire 2019 nécessite 476,6 millions de dollars américains pour venir en aide à deux millions de personnes dans le besoin. En 2018, seuls 52,7 % des 543,8 millions de dollars sollicités étaient effectivement récoltés.

 

Tchad : le gouvernement appelle à la mobilisation de 476 millions de dollars pour répondre à l’urgence humanitaire en 2019

Le gouvernement du Tchad et la communauté humanitaire ont appelé, le mardi 19 mars, par un communiqué de presse, les donateurs à un financement de plus de 470 millions de dollars pour aider des millions de personnes en urgence humanitaire.

Cet appel a été lancé à l’occasion du forum humanitaire et développement  couplé cette année au lancement conjoint du plan de réponse humanitaire et du plan de réponse pour les réfugiés 2019-2020. Ces plans ciblent plus de 2 millions de personnes plus vulnérables.

Vu le faible contexte de développement, le Tchad continue d’être affecté par une situation de crises humanitaires complexes marquées par les déplacements des populations, l’insécurité alimentaire et les urgences humanitaires. Le ministre de l’Economie et de la Planification du développement, Issa Doubragne a insisté sur l’importance de poursuivre le travail conjoint afin de réduire durablement les vulnérabilités.

Les déplacements de populations forcées de fuir les violences et l’insécurité continuent dans les zones frontalières, avec près de 708 400 personnes en situation de déplacement dont 450 000 réfugiés et demandeurs d’asile, au Sud, à l’Est et à l’Ouest du pays.

Sur l’ensemble des besoins en financement exprimés, près de 212 millions de dollars sont nécessaires pour répondre aux besoins des 450 000 personnes réfugiées et demandeurs d’asile. Ils  proviennent pour la plupart de la République centrafricaine, du Nigeria, du Soudan ainsi que des retournés tchadiens et des personnes à risque d’apatridie.

Aussi, la situation nutritionnelle demeure en constante dégradation, tel que souligné dans le plan de réponse humanitaire évoquant une augmentation des cas de malnutrition de 29% par rapport à l’année 2018. De plus, 3,7 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure dans six départements des provinces du Tibesti et du Lac nécessitant une aide d’urgence.

Face à cette urgence humanitaire, le gouvernement du Tchad et toute la communauté humanitaire ont insisté sur la mobilisation des ressources et la nécessité d’agir à travers une approche intégrée. « Nous en appelons à la générosité des donateurs et les exhortons à continuer de soutenir nos actions en faveur des personnes vulnérables », demande le coordonnateur humanitaire au Tchad, Stephen Tull.

Tchad : les plans de réponse humanitaire et des réfugiés 2019 déjà lancés

Le ministère de l’Economie et de la Planification du Développement et les principaux acteurs de l’aide au Tchad ont procédé ce mardi 19 mars au lancement du 3ème Forum Humanitaire et Développement pour la présentation du plan de réponse humanitaire 2019.

Le Forum Humanitaire et Développement est un cadre régulier d’échange d’informations et de connaissances entre les principaux acteurs de l’aide humanitaire au Tchad. C’est un rendez-vous annuel qui permet de faire un état des lieux de la situation des personnes nécessitant de l’aide humanitaire et la présentation des planifications des actions humanitaires de l’année 2019.  Au cours du forum, des discussions sont engagées sur des questions complexes en vue d’en avoir une compréhension commune, tout en faisant progresser la nouvelle façon de travailler au Tchad.

Selon le coordonnateur humanitaire des Nations Unies au Tchad, Stephen Tull, en 2019, la communauté humanitaire ciblera 2 millions de personnes selon les priorités humanitaires axées sur trois objectifs stratégiques : sauver et préserver la vie et la dignité des populations affectées ; réduire la vulnérabilité des populations affectées à travers le renforcement de la résilience ; contribuer à la protection des populations vulnérables et renforcer la redevabilité envers les populations affectées. « Le caractère chronique des crises humanitaires au Tchad nous appelle à renforcer notre capacité de préparation à la réponse et à investir davantage dans les actions préventives pour atténuer les risques et conséquences humanitaires » souligne-t-il.

Cette 3ème  édition du forum va mettre en lumière quelques programmes clés visant à assister les populations les plus vulnérables, en faisant avancer le développement local, la paix, la justice et la sécurité. « Le gouvernement reconnait l’importance de ces deux documents stratégiques qui sont alignés sur le PND 2017-2021, et qui visent à maximiser l’impact des interventions humanitaires tout en favorisant la réduction des risques et vulnérabilité en faveur d’un développement plus durable et résilient » soutient Issa Doubragne, ministre de l’Economie et de la Planification du Développement.

Outre, l’ensemble des acteurs pencherons au cours du forum sur le plan national de réponse aux réfugiés  et d’engager les discussions et réflexions sur l’optimisation des ressources humanitaires et de développement, en appui au gouvernement.

Santé : 4 membres d’un hôpital français en mission humanitaire au Tchad

Confronté aux manques de moyens au sein de l’hôpital dans lequel il intervient durant ses séjours au Tchad, le docteur Daniel Ngardomte, chirurgien au centre hospitalier de Denain, a créé une association dans le but d’aider cet hôpital.

L’association se nomme Lolege, qui signifie «  notre bien  » en langue sara, parlée principalement dans le sud du Tchad. En 2017, une première action humanitaire avait été mise en place. Une seconde s’est déroulée il y a quelques semaines. Ils étaient quatre représentants denaisiens sur place et avaient dans leurs bagages 80 kg de matériel médical destiné précisément à l’hôpital Baptiste de Koumra.