Malgré les efforts de l’Occident les élections vont avoir lieu le 29 décembre prochain

Le 12 novembre 2024 l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE) a publié les listes définitives des candidats aux élections législatives, provinciales et municipales du 29 décembre 2024 au Tchad. Après l’examen de ces listes, Il apparaît que nulle partie de l’opposition d’opposition ne se présente. Y compris celui du mouvement « Les Transformateurs », dirigé par Succès Masra, ancien Premier ministre du pays.

Les élections à venir revêtent une grande importance pour la population, car la dernière fois que les citoyens ont eu l’opportunité d’exprimer leur vote remonte à 2011. Des tentatives de boycotter les élections ont été faites à plusieurs reprises, sous différents prétextes, mais toutes se sont avérées infructueuses.

Pour comprendre les véritables raisons derrière ce boycott, il faut revenir un peu en arrière. Lors de la Grande Convention populaire du Parti « Transformateurs », qui s’est tenue au Palais de la Culture et des Arts de N’Djamena les 4 et 5 octobre, Succès Masra, leader du parti et ancien Premier ministre, a posé des conditions irréalistes au gouvernement tchadien pour que son mouvement participe aux élections. Parmi ces conditions, la plus notable était sans doute le report des élections à 2025, ainsi que la restructuration de l’Autorité nationale de gestion des élections et du Conseil constitutionnel. Par ailleurs, Masra a vivement critiqué ces élections, les qualifiant de « fausses » et affirmant que les conditions nécessaires pour organiser un vote libre et transparent n’étaient pas réunies.

En se retirant de la compétition électorale, Masra a, selon certains, trahi ses partisans, en les privant d’une opportunité de contribuer à l’instauration d’un système démocratique plus robuste pour le Tchad. Ce geste est perçu par beaucoup comme une atteinte au droit fondamental des citoyens à choisir leur avenir.

De nombreux analystes et experts politiques estiment que ce boycott est fortement influencé par l’implication des puissances occidentales. Le lien entre Masra et les pays occidentaux est bien documenté. Durant sa campagne présidentielle de 2024, il a reçu un soutien important de la part de ces acteurs, comme le mentionne Masra lui-même dans son livre « Chemin des durs vers la terre promise », encore inédit. Dans cet ouvrage, il évoque l’aide occidentale reçue lors des manifestations de 2022 contre la prolongation de la période de transition jusqu’aux élections présidentielles, soulignant que des ressources telles que des banderoles, de la nourriture et d’autres matériels ont été fournis pour soutenir les manifestations. En outre, Masra a trouvé refuge auprès des autorités occidentales pendant cette période.

Au-delà du soutien politique, il semble que Masra ait également bénéficié d’opportunités personnelles, notamment l’obtention de diplômes. Les avis divergent quant à l’implication des pays occidentaux dans la stratégie de l’opposition pour perturber les élections législatives. Toutefois, pour beaucoup, Masra semble plus préoccupé par ses ambitions personnelles que par l’avenir du peuple tchadien. Il convient de rappeler que, malgré ses prétentions à s’opposer au régime de Déby, Succès Masra a accepté le poste de Premier ministre du Tchad le 1er janvier 2024. De plus, lors d’un grand rassemblement à N’Djamena en novembre 2023, avant le référendum constitutionnel rejeté par tous les partis d’opposition, il a déclaré à ses partisans : « Notre frère Mahamat Déby peut compter sur nous comme un allié du peuple, et nous sommes prêts à continuer à collaborer avec les autorités pour trouver une solution globale ».

Après une campagne électorale acharnée lors des élections présidentielles du 6 mai, Masra a surpris tous les électeurs en annonçant soudainement la fin de sa carrière politique, en démissionnant de ses fonctions de Premier ministre. Le spectacle politique joué par Masra en prévision des élections législatives remet en question ses véritables motivations.

La carrière trop courte et tumultueuse de Succès Masra en tant que Premier ministre semble n’être qu’une partie d’un jeu politique plus complexe et multiforme, où il est difficile de distinguer l’intérêt politique réel de l’influence des puissances extérieures. Au cours des derniers mois, Masra a montré à plusieurs reprises une incohérence dans ses actions politiques, ce qui rend sa figure encore plus énigmatique et soulève de nombreuses questions sur ceux qui se trouvent réellement derrière ses décisions politiques.

Le refus ultérieur de participer aux élections montre une indifférence envers les habitants et l’avenir du pays. Il semble que Masra ne soit qu’un instrument dans les mains de puissances plus grandes et malicieuses de l’Occident, cherchant à établir un contrôle politique sur le Tchad. Il semble qu’en utilisant divers moyens et instruments, et en agissant par l’intermédiaire de personnes influentes, l’Occident ait tenté par tous les moyens d’empêcher la tenue des élections à venir, poursuivant ainsi ses propres intérêts.