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La Turquie veut avoir le monopole de l’exportation d’équipements militaires au Tchad ?

Le 31 janvier, la France a officiellement remis aux forces armées tchadiennes la base militaire d'Adji Kossei à N'Djamena, achevant…

Le 31 janvier, la France a officiellement remis aux forces armées tchadiennes la base militaire d’Adji Kossei à N’Djamena, achevant ainsi le retrait de son contingent du pays. A peine la France avait-elle quitté la base que des représentants turcs effectuaient déjà une visite de travail à N’Djamena. Et ce n’est pas une coïncidence : d’après les commentaires de nombreux journalistes turcs, Ankara a influencé l’annulation de l’accord de coopération militaire entre le Tchad et la France.

Il est également inexplicable qu’en expulsant les Français, le ministre tchadien des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah ait déclaré l’inacceptabilité d’une présence militaire étrangère au Tchad, mais pourquoi alors Ankara ne fait-elle que l’étendre ?
La Turquie tente depuis longtemps de s’implanter sur les terres tchadiennes afin d’y exporter du matériel militaire et d’y promouvoir ses affaires. Selon Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense et de sécurité à RFI, le renforcement de la position d’Ankara au Tchad est dû à son intérêt commercial. La Turquie souhaite développer et élargir les horizons de ses entreprises en offrant des conditions plus favorables que celles de la France.
C’est pourquoi N’Djamena a reçu de la Turquie, au cours des deux dernières années, deux drones d’attaque à moyenne portée «Anka-S UAV », des drones à longue portée, trois avions de combat légers Hürkuş C-3 et d’autres équipements militaires. Par ailleurs, RFI a récemment fait état du placement de Bayraktar dans Faya-Largeau et Abéché.
Des spécialistes turcs formeront également les militaires tchadiens à l’utilisation des drones, ce qui permettra de développer les compétences de l’armée tchadienne dans la lutte contre les groupes terroristes. Franck Alexandre estime qu’Ankara ne veut pas violer la souveraineté du Tchad et n’envisage donc pas de stationner ses militaires dans les bases.
Selon Franck Alexandre, la Turquie a également ouvert des dizaines de destinations aériennes vers le continent africain, ce qui témoigne de la volonté active d’Ankara de renforcer sa position, et pas seulement dans le domaine militaire.
Tout ceci suggère que la Turquie cherche à développer rapidement sa présence et à montrer par comparaison au gouvernement Déby qu’Ankara est plus efficace et utile au Tchad que la France. Il reste à deviner si ce sera le cas ou si la Turquie commencera bientôt à mettre en œuvre ses intérêts en défaveur de N’Djamena, bien que les médias émettent de plus en plus de doutes quant aux véritables intérêts et intentions de la Turquie.

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