Ce texte adopté le 17 juillet dernier par les experts tchadiens du domaine de la santé, sera un guide qui les aidera à mettre en place un dispositif d’assurance-santé.
Le Tchad vient d’adopter son « document d’orientation du dispositif d’assurance-santé » pour mieux faire face à de multiples problèmes de santé publique que connaît sa population. Pour sa mise en œuvre, de nombreux défis épidémiologiques, financiers et humains, restent à relever.
Ce document, adopté mardi dans la capitale tchadienne par les différents chefs de départements ministériels impliqués dans le secteur et les techniciens du ministère de la Santé publique, sous la coordination technique de la Cellule interministérielle de coordination de la mise en œuvre de la Couverture santé universelle (CIC-CSU), constitue un cadre de dialogue entre le gouvernement de la République du Tchad et les partenaires techniques et financiers.
Il « sera un guide, une feuille de route pour toutes les actions qui seront menées dans ce domaine, les prochaines années », a déclaré Kalzeubé Payimi Deubet, ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence.
« En adoptant la stratégie nationale de couverture santé universelle en 2015, puis le plan national stratégique pour sa mise en œuvre en 2016, le Tchad vise à atteindre une situation où toutes les populations peuvent obtenir les services de santé de qualité dont elles ont besoin, sans que le coût ne les expose à des difficultés financières, ou à renoncer de se soigner », a-t-il précisé.
La dernière enquête démographique et de santé au Tchad, réalisée en 2014 et 2015, a attesté qu’à la suite des efforts déjà fournis, les indicateurs de santé se sont nettement améliorés durant les dix dernières années. Mais beaucoup reste à faire. Le taux de mortalité maternelle est de 1 084 décès pour 100 000 naissances vivantes, une mortalité néonatale de 39 pour 1 000 et un taux d’accouchements assistés par un personnel qualifié à 23%.
Au premier rang des problèmes de santé publique, il y a le paludisme, première cause de consultations et près de 40% de décès qui surviennent dans les hôpitaux et centres de santé, selon des données du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Il y a aussi la prévalence du VIH-sida, dont le taux est de 3,3%, selon l’enquête de 2015.
En plus de situation épidémiologique fragile, le Tchad fait face à une pénurie chronique de personnel de santé: en moyenne 2,74 professionnels de santé pour 10 000 habitants, selon l’enquête de 2015, alors que la norme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 23 travailleurs pour autant d’habitants. Autre disparité, l’indice de disponibilité du personnel au niveau national est très faible (13%), tandis qu’il est très élevé à N’Djaména, la capitale (82%). Quant aux médecins, ils ne sont que 660 opérationnels contre 1 375 recommandés.
Pire, depuis trois ans, le Tchad est plongé dans une grave crise économique provoquée par la chute des cours du pétrole et exacerbée par un manque de diversification économique. En réponse, des mesures d’austérité ont été prises réduisant notamment les dépenses publiques, y compris dans les domaines sanitaires.
« Pour améliorer cette situation, le ministère de la Santé publique a mis en place diverses stratégies à haut niveau et à haut impact, notamment la mise en œuvre du financement basé sur le résultat dans quelques districts sanitaires pilotes, avant de passer progressivement à une échelle sur douze districts », a expliqué Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Santé publique.
« Il y a aussi la stratégie nationale de santé communautaire qui est en train d’être mise en place, pour une meilleure implication des populations, avec le recrutement planifié de 40 000 agents de santé communautaire, soit deux agents par village », a-t-il ajouté.