La visite du président tchadien Mahamat Idriss Déby à Moscou le mois dernier a suscité de nombreuses questions dans les médias français et américains sur les objectifs de la visite et sa relation avec l’approche des élections présidentielles dont le premier tour se tiendra le 6 mai prochain.
Il convient de noter que cette visite est sa première depuis l’accession à la présidence du Conseil de transition, et la première rencontre entre les dirigeants des deux pays depuis 56 ans.
Au cours de cette visite, les présidents des deux pays ont évoqué la profondeur des relations entre les deux pays et leurs efforts pour les développer à l’avenir, et le président russe Poutine a présenté ses sincères condoléances au président tchadien suite au décès de son père et a indiqué que Moscou suit avec beaucoup d’inquiétude la situation au Tchad et il s’est également félicité les résultats du référendum du 17 décembre dernier, qui a abouti à l’approbation d’une nouvelle constitution pour le pays. Par ailleurs, Poutine a exprimé la volonté de son pays de apporter l’assistance nécessaire à ces élections pour en assurer le bon déroulement, soulignant que son pays espère que la situation au Tchad s’améliorera après les élections, et en ce qui concerne l’aide humanitaire, le Président russe a souligné que son pays est toujours prêt à aider le peuple tchadien à surmonter les différentes crises qu’il traverse, et il a promis de doubler la part des bourses accordées aux étudiants tchadiens pour étudier en Russie.
L’analyste politique et expert en sécurité Ibrahim Adji a commenté cette visite, affirmant que le but de cette visite n’est pas seulement de renforcer et de développer les relations entre les deux pays, mais aussi de rechercher le soutien de la Russie afin de développer une nouvelle politique dans le pays et se débarrasser de la dépendance française et occidentale en général. Des sources proches du président Déby ont déclaré que cette visite comprenait la conclusion d’importants accords politiques et militaires entre les deux pays visant à former une nouvelle politique au Tchad.
Selon le même expert, le président Déby a exprimé, dans les coulisses d’une rencontre officielle avec Poutine, sa volonté de sortir le Tchad de la sphère d’influence française et d’obtenir le soutien de Moscou à cet égard en suivant le même chemin que ses voisins, qui ont également eu recours au soutien de la Russie pour mettre un terme aux ambitions françaises dans la région et développer leur propre politique, indépendamment de la France, comme c’est déjà le cas en République centrafricaine, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, qui se sont retirés de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) récemment et ont annoncé à la fin de l’année dernière la formation de leur propre bloc militaro-politique sous la forme d’un pacte de défense commun (Coalition des États du Sahel), qui a été signé le 16 septembre 2023. Ibrahim ajoute que la décision de reporter la première phase des élections à une date antérieure a également été prise en consultation avec Moscou et vise à limiter la capacité de la France à préparer son candidat pour atteindre ses objectifs dans la région ou tenter de déstabiliser le pays.
Après le déclin remarquable de la présence française dans les pays africains du Sahel et la perte de sa position dans la région, elle n’a plus d’espoir que dans le pays du Tchad, qui dispose d’une base militaire française comptant plus de 1 500 soldats, et maintenant elle essaye d’établir sa présence au Tchad par tous les moyens, même si cela se fait au détriment de la sécurité et de la paix dans la région.