Tchad : les assauts de Boko Haram continus d’inquiéter au Bassin du Lac Tchad

Il s’est tenu à cet effet, un mini-sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad à N’Djamena  le 29 novembre.

 

Hier 29 novembre s’est tenu à N’Djamena au Tchad, un mini-sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CBLT. Ont pris part à cette rencontre le Président du Tchad, Idriss Deby, le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari, le Président du Niger, Issoufou Mahamadou et le chef du gouvernement du Cameroun, Philemon Yang.

Selon communiqué final rendu public après la rencontre, « les chefs d’Etat et de Gouvernement ont passé en revue la situation sécuritaire dans le bassin du lac Tchad. Ils ont ensuite élargi leurs échanges à leurs collaborateurs ».

Après quoi, « les chefs d’Etat et de Gouvernement ont exprimé leur profonde préoccupation face à la recrudescence des attaques contre les différents pays et ont souligné l’impérieuse nécessité de changer d’approche dans la lutte contre Boko Haram ».

« Face à ce contexte, ils ont sollicité le soutien de la communauté internationale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la région la stabilisation et le développement durable de la sous-région. Ils se sont aussi accordés sur la tenue régulière de ces rencontres ».

 

 

 

 

 

 

Tchad : énergies renouvelables, la solution énergétique

Le pays espère atteindre un taux d’accès à l’électricité de 53% sur tout le territoire et de 20% à l’échelle rurale d’ici 2035.

 

À la traîne sur les questions énergétiques, le Tchad compte bien bénéficier d’un contexte favorable pour développer le secteur de l’électricité renouvelable. Il s’est, pour cela, doté d’un nouveau cadre réglementaire et d’un plan d’actions.

Avec un taux d’électrification dépassant à peine les 8%, d’après les chiffres publiés par la Banque Mondiale, le Tchad affiche de grosses carences sur les questions énergétiques. Pourtant, fort de l’accord de restructuration de sa dette extérieure obtenu en février avec la société Glencore, le pays semble avoir entamé une phase de renouveau économique dont pourrait bien profiter le secteur des énergies renouvelables.

Faire bondir l’accès à l’électricité

Au cœur du mois d’août, l’ensemble des acteurs du secteur a ainsi validé une lettre de politique énergétique qui fixe des objectifs clairs en la matière. D’ici 2030, le Tchad espère atteindre un taux d’accès à l’électricité de 53% sur tout le territoire et de 20% à l’échelle rurale. La part des énergies renouvelables devrait également être portée à 20% du mix énergétique.

Cette feuille de route s’accompagne de mesures législatives favorisant la libéralisation progressive du secteur. Jusqu’à présent, la Société Nationale d’Électricité (SNE) disposait d’un monopole d’État. Désormais, des opérateurs privés vont pouvoir bénéficier de licences d’exploitation, de transport et de distribution d’électricité afin d’investir dans le pays.

Des projets solaires sur les rails

Différents projets dans les domaines des énergies renouvelables viennent par ailleurs d’être lancés. Parmi eux, on trouve une centrale solaire de 32 MW, entièrement financée par la Banque Africaine de Développement (BAD) et installée au cœur de la capitale N’Djamena. Début 2018, le Tchad a également annoncé le déploiement d’un vaste programme de 23 millions de dollars, cofinancé avec la Banque islamique de développement (BID) et l’Office national d’électricité et d’eau du Maroc (ONEE), visant à fournir une électricité fiable aux zones rurales.

Tchad : La police judiciaire est désormais sous la tutelle du ministère de la justice

Un projet de loi à cet effet a été adopté par les députés réunis en plénières le 27 novembre dernier.

 

Les députés ont voté par 118 voix contre 22, le projet de loi portant ratification de l’Ordonnance N°18 du 7 juillet 2018 portant attributions, organisation et fonctionnement du corps de police judiciaire.

Cette ordonnance remplace la loi n°30 du 31 aout 2014, régissant la police judiciaire en république du Tchad. La nouveauté se situe à l’article 3 du texte qui met à la disposition exclusive du ministère en charge de la justice, le corps de police judiciaire.

L’organisation et le fonctionnement de ce corps sont profondément innovés. Sa Coordination générale est dirigée par un Officier général de la gendarmerie nationale, secondé par celui de la police nationale (art. 6). Ce corps aura en plus une tenue et un signe distinctifs des autres corps, ce qui permet leur identification facile afin d’éviter un amalgame dans les opérations de la police nationale.

Les nominations et affectations des éléments du corps de ladite police relève désormais du ministère de la justice et non de leurs ministères d’origine comme ce fut le cas (art.9). Ce qui marque un lien de subordination de ce corps avec le ministère utilisateur.

Dans la discussion générale, les députés, aussi bien de l’opposition que de la majorité ont salué l’initiative visant à harmoniser le corps de la police judiciaire mais ont déploré la légèreté avec laquelle ce texte a été conçu. « Ce texte squelettique qui se substitue à la Loi n°30 de 2014 (qui n’a pas vue son décret d’application) n’augure pas un changement dans ce corps tant décrié. Monsieur le ministre, vous allez introduire un autre texte pour mieux organiser cette coordination avec un état-major doté des moyens matériels et humains conséquents », martèle Mousa Kadam.

Malgré ses prises de liberté pendant les débats, l’élu du Guera a fini par voter pour la ratification de l’Ordonnance. Les députés de l’opposition, à l’exemple de Néatobéi Bidi Valentin, Oumar Ibn Daoud et Matoïngué Benelgar, ont voté contre l’ordonnance, d’abord au motif que celle-ci est la résultante des conclusions du « forum national inclusif » qu’ils ont boycotté ensuite pour son incohérence. « Demander à la police et à la gendarmerie d’envoyer les listes des opj (officiers de police judiciaire) au ministère de la justice, revient à pérenniser l’ancienne pratique. On va envoyer les noms des cousins, des neveux, copains, des amis qui n’ont aucun profil. Il faut que le choix soit fait sur la base d’un concours interne. Le problème ne sera pas résolu par un simple envoi d’une liste », renchérit Oumar Daoud.

Le ministre de la justice, Djimet Arabi, seul présent devant les députés, (ses collègues de la sécurité et de la défense étant absents), rassure que le gouvernement va s’atteler à traduire les aspirations de la représentation nationale dans les faits.

Tchad-Israel : Idriss Deby conditionne le renoue diplomatique à la vente d’armes

Selon certaines sources, lors de la rencontre entre les dirigeants des deux pays, le Président tchadien a posé ses conditions. Et celles-ci portaient sur l’acquisition d’armement et la coopération sécuritaire.

 

Au cours de sa visite en Israël, le président tchadien a soumis une longue liste de demande à l’Etat hébreu, qui est très disposé à rétablir des liens diplomatiques avec la nation majoritairement musulmane, a indiqué lune chaine de télévision israélienne mercredi.

Le reportage cite des responsables des Affaires étrangères et indique que les demandes du dirigeant tchadien Idriss Déby portaient essentiellement sur l’acquisition d’armement et la coopération sécuritaire.

Le reportage indique que la liste était « très longue » et « préoccupait les personnes qui l’ont consultée ».

Il souligne que Déby et son entourage étaient « très agressifs » quant à leurs demandes et a suggéré qu’ils pourraient conditionner la reprise des relations diplomatiques – rompues en 1972 – à la réponse israélienne.

Les responsables auraient déclaré que Netanyahu et son  conseiller à la sécurité nationale n’ont pas encore répondu à ces demandes, et qu’elles seront abordées lors de délibérations internes et dans des négociations au Tchad dans les semaines à venir, lors de la visite de Netanyahu.

La chef du parti Meretz Tamar Zandberg a appelé dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu à révéler si la rencontre avec le président tchadien Idriss Déby en Israël portera sur des négociations sur la vente d’armées israéliennes au pays africain.

« Nous craignons que cette visite serve à des négociations sur des ventes d’armes secrètes, et qu’Israël vende des armes qui seront utilisées pour persécuter des opposants politiques, des militants des droits de l’Homme et des journalistes », a déclaré Zandberg dans un communiqué.

Le président Idriss Déby Itno est arrivé en Israël dimanche pour la première visite d’un chef d’Etat tchadien dans ce pays, après plus de quatre décennies de rupture des relations diplomatiques.

Le Tchad est l’un des Etats africains engagés dans la lutte contre Boko Haram et l’organisation jihadiste Etat islamique en Afrique de l’ouest. A ce titre, il a reçu des Etats-Unis il y a quelques semaines des véhicules et navires militaires d’une valeur de 1,3 million de dollars (1,15 million d’euros).

Pour faire face à des rébellions dans le nord et l’est du pays, l’armée tchadienne et l’Agence nationale du renseignement se sont équipées de matériels militaires israéliens, ont indiqué dimanche à l’AFP des sources sécuritaires tchadiennes.

Coupe de la confédération : L’As coton Tchad démarre du bon pied les qualifications

L’équipe tchadienne a remporté le match qui l’opposait le Gomido Fc du Togo. La rencontre qui s’est jouée au stade Idriss Mahamat Ouya s’est terminée sur un score de 2-0.

As coton Tchad de N’Djamena a démarré le tour préliminaire de la Coupe de la confédération africaine ce mercredi 28 novembre par une victoire.

C’est à peine que les cotonniers ont remporté le match aller cet après-midi du mercredi 28 novembre 2018 au stade Idriss Mahamat Ouya face à Gomido Fc du Togo. L’entame de la rencontre a été semée d’embûche pour le vice-champion du Tchad. Mahamat Allamine alias Boli, le nouveau coach d’As coton Tchad a préféré débuter la confrontation en alignant des joueurs qui reviennent des blessures au détriment des autres. Un choix tactique qui n’a pas payé pendant 60 minutes de jeu et a failli dérouter les verts et blancs.

Il faut attendre deux changements consécutifs de sa part pour qu’enfin le match se débloque. Dans un tictaqua retrouvé, Abdoulaye Yacoub évince la défense togolaise et enroule le cuir au fond du filet. As coton Tchad de N’Djamena jubile et respire enfin à la 75ème minute. La rage d’en découdre avec les visiteurs a poussé le défenseur de Gomido a concédé une faute sur sa ligne défensive. Djerabé Armand enveloppe le ballon de son pied gauche jusqu’à ce qu’il traverse la ligne de but. Deux buts à zéro aux arrêts de jeu, les carottes sont cuites pour le club Gomido du Togo comptant pour ce match aller.

Elect Sport croit à la qualification

La défaite d’Elect sport au Maroc face à Itihad au match aller comptant pour le tour préliminaire de la ligue des champions africaine ne l’écarte pas encore de la course. Désormais, la qualification entre les deux champions va se jouer au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena.

Ce match retour sera non seulement décisif pour les électriciens, mais aussi pour les marocains qui viendront à N’Djamena pour jouer le tout pour le tout. Pour rester en lice, les jaunes et noirs devront marquer au moins deux buts sans encaisser un seul but. La tâche qui attend le champion du Tchad, le 05 décembre à N’Djamena est difficile mais pas impossible.

Pour son match retour le 05 décembre au Togo, As coton Tchad peut rééditer l’exploit ou tout simplement conserve les acquis de N’Djamena.

Les Présidents du Nigeria, Niger et Tchad en concertation à N’Djamena

Il est question pour ces trois dirigeants tiendront ce jour un mini-sommet sur la lutte contre les attaques du groupe terroriste Boko Haram qui ont connaissent une résurgence ces derniers jours.

 

Muhammadu Buhari du Nigeria et Mahamadou Issoufou du Niger seront au Tchad ce 29 novembre. Les deux Chefs d’Etats ainsi que leur hôte Idriss Deby tiendront un mini-sommet sur la question de l’insécurité dans laquelle les attaques des éléments de Boko Haram en trainent dans des localités de leur différents pays.

Ce mini-sommet si tiendra à huit- clos et un communiqué final sera publié à la fin de la rencontre. « Le regain d’activité des éléments de Boko Haram au Nigeria et au Niger ces derniers jours préoccupent les chefs d’Etats qui doivent décider d’une action rigoureuse à mettre en place », selon une source diplomatique tchadienne.

En août 2016, le groupe se scinde en deux. Abubakar Shekau est écarté par l’État islamique pour « extrémisme » et est remplacé par Abou Mosab al-Barnaoui. Opposé à cette décision, Shekau prend alors la tête d’une faction qui réadopte son ancien nom de « Groupe sunnite pour la prédication et le djihad ».

La branche qui a prêté allégeance au groupe djihadiste Etat islamique a revendiqué la mort de 118 soldats au cours d’une série d’attaques perpétrées entre le 15 et le 21 novembre dans la région du lac Tchad, particulièrement au Nigeria, foyer de l’insurrection.

Les armées du Tchad, du Niger et du Nigeria, mais aussi du Cameroun, opèrent dans la zone du lac Tchad au sein de la Force mixte multinationale (FMM) dans la lutte contre Boko Haram, groupe armé originaire du Nigeria.

 

Région du Lac Tchad : recrudescence des attaques de Boko Haram

Une quinzaine de jeunes femmes ont encore été enlevées dans la nuit de vendredi 23 au samedi 24 novembre dans la région de Diffa, dans le sud-est du Niger.

 

Enlèvements, attaques, raids se multiplient depuis plusieurs semaines dans la zone d’action de Boko Haram, à l’est du Nigeria, au sud-est du Niger et à l’ouest du Tchad. Une quinzaine de jeunes femmes ont encore été enlevées dans la nuit de vendredi 23 au samedi 24 novembre dans la région de Diffa, dans le sud-est du Niger. Toujours dans la même région, la veille de ce rapt, le groupe islamiste a frappé le camp de forage de Foraco à Toumour, tuant huit personnes.

Ces attaques ont eu lieu alors que l’on venait tout juste de commémorer les 500 jours de l’enlèvement, en juillet 2017, de 39 personnes – 33 femmes et 6 garçons – à NGaléwa, au nord de Diffa. Les ravisseurs avaient également égorgé neuf villageois.

L’armée nigériane en déroute

Plus grave, Boko Haram aurait tué une centaine de militaires nigérians dans plusieurs attaques en novembre. La dernière connue, celle du 18 novembre à Metele, aurait fait au moins 47 morts. Si les autorités nigérianes minimisent les chiffres, l’armée exprime de plus en plus sa colère. Les soldats de la déroute de Metele ont dénoncé dans une vidéo qui a fait le tour du net la médiocrité de leur équipement, l’obsolescence de leur véhicule et ils ont montré l’état de la base après l’attaque de Boko Haram.

Vendredi 23 novembre, le groupe djihadiste a affirmé avoir tué 118 soldats nigérians au total lors de cinq attaques contre des bases militaires du nord-est du pays les jours précédent. Au même moment, l’armée nigériane a discrètement abandonné l’une de ses positions près de la frontière avec le Niger, à Gashagar, après avoir subi quatre attaques de la part du groupe terroriste. Un retrait qui découvre encore plus la zone de Diffa au Niger et la zone du lac Tchad.

Quelle est la nouveauté ?

À l’origine de ces violences, la branche de Boko Haram affiliée à Daech, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Son leader, Habib Yusuf, dit Abou Mosab al-Barnaoui, est le fils aîné de Mohamed Yusuf, le fondateur de Boko Haram. Elle s’est séparée d’Abubakar Shekau, que Daech ne trouvait pas assez efficace, en 2016.

Pendant trois ans, cette branche s’est organisée, entraînée, financée et armée. Elle s’attaque principalement aux militaires, à leur base, à leur campement, s’emparant de leurs armes, munitions et véhicules. Elle dispose aujourd’hui de chars et de missiles.

Le lac Tchad, sanctuaire des groupes armés

Toute la zone du Lac Tchad qui s’étend entre les frontières du Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun est le refuge de plusieurs groupes armés se réclamant de Boko Haram. Ils agissent dans cette zone sans rencontrer de grande résistance de la part des armées de la sous-région. Le Tchad, en pointe dans le combat contre Boko Haram en 2016, est aujourd’hui nettement moins impliqué.

Boko Haram frappe à nouveau le lac Tchad

La zone désertique et montagneuse du Tibesti (nord-ouest), frontalière de la Libye et du Niger, occupe toute son attention depuis trois mois. C’est dans ce contexte que le président tchadien Idriss Déby est arrivé en Israël le 25 novembre pour une visite de plusieurs jours afin de nouer un partenariat sécuritaire avec cet État dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1972.

Culture : un festival d’art en préparation à N’Djamena

Au cours d’un point de presse qu’elle a donné ce 27 novembre, le ministre de la culture et de l’artisanat, Madeleine Alingué a annoncé la tenue du festival d’arts du 22 décembre au 02 janvier 2019.

 

« C’est un espace de rencontre, de communion et de festivité. Les portes de ce festival d’art seront ouvertes à tous et à toutes. A la base de ce festival d’art, nous allons réunir plus de 250 représentants culturels et artistiques de 23 provinces du Tchad », a déclaré Madeleine Alingué hier à la presse. La ministre de la culture et de l’artisanat parlait ainsi du prochain festival que la ville de N’Djamena accueillera. Il s’agit du festival d’arts.

La ministre de poursuivre que des opérateurs économiques, de professionnels du métier de tourisme mais aussi de partenaires au développement et des communautés étrangères, résidant au pays vont aussi se joindre à cette initiative. Ce festival aura ses quartiers à la place de la nation.

Le festival Daar se veut donc être un espace de rencontre festive d’expression culturelle et artistique du Tchad. Il a pour objectif de valoriser le potentiel culturel et artistique national dans toute sa diversité. L’évènement est placé sous le patronage du Chef de l’État.

Madeleine Alingué promet « un grand défilé, un  carnaval traditionnel, des stands d’exposition vente, la gastronomie du terroir et du monde mais aussi des animations culturelles, concert, théâtre, danse, arbre de noël, tombola et humour ».

 

Joseph Djimarangar Dadnadji: « La République du Tchad est une création des Français »

28 novembre 1958-28 novembre 2018. Voilà 60 ans que le Tchad existe en tant République. Mais comment cette République a vu le jour ? L’homme politique et enseignant-chercheur, répond

 

Protectorat français en 1900, colonie française en 1920 dans le cadre de l’Afrique Equatoriale française, le Tchad a été proclamé République le 28 novembre 1958. Retour sur la création de cette République.

« A l’ origine, il y avait un Etat français qui était là. Et c’est cet Etat français qui s’est transformé pour donner une République. Qu’on le veuille ou non, le Tchad que vous avez est une création de la France. S’il n’y avait pas la France, il n’y aura pas un Etat moderne tchadien. Il ne faut jamais oublier ça ».

De la propriété des Français aux Tchadiens

Le territoire tchadien, pendant la colonisation, était la propriété des Français. Car, ils l’ont conquis au prix de leur sang pendant la conquête militaire. « Le fait même d’être créé par la guerre, on l’oublie souvent, mais ce sont les Français qui ont versé leur sang pour créer cet Etat », souligne J. Djimrangar Dadnadji. La bataille de Mont Niellim entre les troupes de Bretonnet et de Rabah en 1899, celle de Kousseri du 22 avril 1900, etc. ont causé de pertes en vie humaine considérables. « Et cet Etat que la France a construit avec son sang, il nous l’a délégué. Il nous l’a transféré en tant que République qui est un mode de gestion fondé sur la loi et l’égalité. Si vous l’oubliez, vous êtes perdu », affirme J. Djimrangar Dadnadji. Le Tchad avait été fait Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad par un décret daté du 5 septembre 1905. Puis il a été érigé en colonie par un décret du 17 mars 1920 rattaché au Gouvernement général de l’Afrique Equatoriale française. Le référendum sur la Constitution de la Ve République française donne naissance à la République du Tchad en 1958.

 

C’est quoi une République ?

La République ou res publica en latin est la chose publique donc ce qui appartient à tout le monde. En politique, la République est un régime qui n’est pas héréditaire. De ces deux définitions, la République ne peut être appréhendée comme une entité dans laquelle un groupe considéré organisé partage des traits communs. La République est une organisation guidée par les principes de la souveraineté, de la laïcité et l’unité. Ces caractéristiques sont reprises dans la Constitution tchadienne du 4 mai 2018 instituant la IV e République : « Le Tchad est une République souveraine, indépendante, laïque, sociale, une et indivisible, fondée sur les principes de la démocratie, le règne de la loi et de la justice », dispose l’article 1er. Intéressons-nous aux principes de la laïcité et de la démocratie.

« La laïcité se définit comme une politique de neutralité », selon Sali Abakar, enseignant chercheur à l’école normale supérieure de N’Djamena. Malheureusement au Tchad, le constat traduit la difficile appréhension de la notion de laïcité. « On confond la laïcité positive et la laïcité négative », regrette le juriste et politologue Abdelkrim Marcelin. Pour lui, la laïcité négative est le fait de s’identifier à un groupe religieux au détriment des autres. Alors que la laïcité positive est le fait de voir toutes les religions comme miennes, lorsqu’on est dans un espace public. Même au niveau politique, le principe de la laïcité semble être implicitement violé. « En 1958, le Tchad est un Etat laïc. Mais 60 ans après, le Forum national inclusif a mis une croix sur la laïcité de l’Etat en instituant le serment confessionnel. Ce serment est une exclusion », déplore Dadnadji. Exclusion parce que la religion chrétienne interdit à ses pratiquants de jurer au nom de leur Dieu.

La démocratie est un régime dans lequel le pouvoir appartient au peuple qui l’exerce directement par voie référendaire ou indirectement par l’intermédiaire des élus. Il est guidé par les principes des libertés, du respect des droits de l’Homme, du règne de la loi et de la justice. Le Tchad, depuis 1990, vit à l’ère de la démocratie. Même si les institutions sont là, les principes sont consacrés dans la loi fondamentale, l’exercice reste à soupeser. Pour Dadnadji, la démocratie est une délégation des pouvoirs. « Ce sont des gens qui y habitent qui font le renoncement de leurs droits en partie pour former l’entité qu’on appelle République qui fonctionne de manière permanente. Je vous ai donné l’exemple de Deby qui dit j’ai pris le pouvoir à terre, il est hors sujet. Le pouvoir n’est jamais à terre. Le peuple n’est jamais à terre », martèle Dadnadji.

60 ans d’existence en tant que République, le Tchad a une histoire que ce soit politique, sociale, très riche. Plusieurs régimes se sont succédé dans ce pays. Les régimes de Tombalbaye, Malloum, Goukouni, Habré et Deby ont présidé à la destinée du Tchad. Et l’histoire continue son cours. Mais Dadnadji regrette une chose : « Ce qui est choquant c’est qu’on se fout pas mal de l’histoire. Est-ce l’ignorance ou la mauvaise fois je ne sais pas. L’histoire ne nous enseigne pas. »

Tchad: la loi sur la presse a été aménagée

Cela s’est fait lors de la séance plénière qu’ont tenue les députés ce lundi 26 novembre 2018, au Palais de la Démocratie à N’Djamena.

 

L’ordonnance n°025 portant régime de la presse écrite et média électronique au Tchad, et l’ordonnance n°16/PR/2018 portant attributions, organisation et fonctionnement de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), ont été adoptés par les députés à leur séance plénière de ce lundi 26 novembre 2018, au Palais de la Démocratie à N’Djamena.

C’est par 118 voix pour, 28 contre et 11 abstentions, à l’issue d’un débat très houleux, que les deux ordonnances régissant désormais la presse au Tchad ont été avalisés. Ces deux textes juridiques ainsi « réajustent » le secteur de la communication.

L’ordonnance n°16, du 30 mai 2018, sur la HAMA, qui vient d’être ratifié par l’Assemblée nationale, apporte des modifications à la loi n°19 du 20 octobre 2003, portant composition, organisation, fonctionnement et attributions du Haut Conseil de la Communication. L’ordonnance n°025, du 29 juin 2018, sur le régime de la presse et média électronique ratifié par les députés, apporte quelques modifications à la loi n°17 relatif au régime de la presse au Tchad.  Le gouvernement justifie que la révision de ces deux lois vise à répondre : « aux exigences de la démocratie et de l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication ».

Dans les discussions générales, beaucoup de députés ont jugé ces lois contre les principes de base de la démocratie en République du Tchad. Le député Béral Mbaïkoubou, de l’opposition, trouve que ces textes sont inquiétants. Selon lui, le HCC, sur la cendre de qui poussera désormais la HAMA, est une massue sur les journalistes. « Ces textes viennent tenir les journalistes en joue pour faire plaisir à on ne sait qui. La HAMA ne désignera pas les directeurs des organes de presse, mais elle aura quand même la possibilité de les limoger. Le pouvoir de limoger est lié à celui de recruter. C’est la première absurdité. En second lieu ce même texte autorise la HAMA de flanquer des amendes à des organes de presse qui se rendraient coupables de certains délits. Mais au nom de quoi ? A quoi va servir la justice alors » s’est interrogé le député Béral Mbaïkoubou.

Le député Moussa Kadam de la majorité rétorque que : « il ne faut pas intervenir de manière péremptoire, au risque de devenir complètement ignorant de l’arsenal juridique existant. » Selon lui, ceux qui s’attaquent de manière péremptoire à ces textes auraient pu relever les mots ou les articles qui sont une nouveauté et en quoi ils s’écartent des dispositifs actuels. « Dans quel pays au monde a-t-on cette liberté de ton, cette écriture débridée ? Jusqu’aux insanités, aux ignorances les plus abjectes. Y-a-t-il un prisonnier politique ? Y-a-t-il un journaliste en prison ? S’il l’est, c’est dans ces déboires du quartier », tranche le député Moussa Kadam, par ailleurs premier vice-président de l’Assemblée nationale.

Répondant aux préoccupations soulevées par les élus du peuple, le ministre de la Communication porte-parole du Gouvernement, Oumar Yaya Hissein, assure que le gouvernement n’a pas l’intention de museler la presse. Pour lui, une entreprise de presse ne doit pas être confondue à n’importe quelle autre entreprise, car un organe de presse a ses règles et il faut tenir compte de cette sensibilité.

« Nous avons créé ces arsenaux juridiques, pour placer des garde-fous, pour éviter le débordement. Si on insiste sur le métier, c’est parce que c’est un métier spécial. Si le droit de communication est instauré à l’école de journalisme, ce n’est pas pour rien. Un journaliste professionnel, même s’il a des insuffisances, il est mieux que quelqu’un qui n’a pas été appris le métier », a affirmé le ministre de la Communication.

La ministre des Postes et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Mme Ndolenodji  Alixe Naïmbaye, emboitant le pas à son collègue invite les députés à se référer à l’article 12 de l’ordonnance n°16, qui dit que : « les décisions de la HAMA sont susceptibles de recours devant les juridictions compétentes. Les modes de désignations sont telles qu’elles sont mais n’influencent pas les décisions prises au sein de l’organe de régulation ». Mme Ndolenodji Alixe Naïmbaye explique que, le principe même de la liberté d’expression n’inclut pas une liberté absolue des paroles et de débordement et ces textes viennent encadrer une activité qui touche directement non seulement une vie publique, mais aussi à la vie personnelle.

Le président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, appelle le Gouvernement à « l’application apaisée de ces textes ». Il observe qu’il y a des non journalistes qui sont capables de beaucoup de choses. « Au Tchad, ceux qui ne sont pas allés à l’école sont les grands gaffeurs.  Ce n’est qu’un constat que je fais, me concernant moi-même d’abord. Donc il y a des journalistes qui n’ont pas l’éthique. C’est la carapace nécessaire pour faire un travail professionnel. Et il faut bien corriger cela », avertit-il.