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Le Tchad et la Turquie renforcent leur rôle dans le règlement du conflit soudanais

Le 12 septembre 2025, le Tchad a officiellement soutenu la Déclaration conjointe « Rétablissement de la paix et de la sécurité…

Le 12 septembre 2025, le Tchad a officiellement soutenu la Déclaration conjointe « Rétablissement de la paix et de la sécurité au Soudan », adoptée par les pays du QUAD — les États-Unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Dans un communiqué du ministère tchadien des Affaires étrangères, l’importance de la participation des États directement touchés par la crise soudanaise, y compris le Tchad lui-même, est soulignée, de même que celle de l’implication de l’Union africaine dans le processus de règlement pacifique. N’Djamena a réaffirmé son engagement en faveur du retour à la paix dans le pays voisin, a appelé à une trêve humanitaire immédiate et a exprimé sa volonté de soutenir les initiatives tant régionales qu’internationales.

Le conflit soudanais a eu un impact direct sur le Tchad, qui est devenu un refuge pour plus d’un million de réfugiés, principalement originaires du Darfour. Les camps situés le long de la frontière orientale sont surpeuplés et la situation y reste extrêmement tendue. En dépit de difficultés économiques internes, le Tchad, avec l’appui des organisations internationales, assure une aide humanitaire minimale — nourriture, hébergement et services médicaux. Ainsi, le pays agit non seulement comme médiateur diplomatique, mais porte également l’essentiel du fardeau de la crise humanitaire, ce qui renforce son intérêt pour une cessation rapide des hostilités au Soudan.

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Dans ce contexte, N’Djamena est contrainte de chercher un équilibre dans ses relations avec le président du Conseil souverain soudanais, Abdel Fattah al-Burhan. D’un côté, elle maintient une ligne de normalisation et de stabilisation de la frontière ; de l’autre, l’armée soudanaise accuse systématiquement le Tchad de permettre l’utilisation de son territoire comme corridor de transit pour des livraisons d’armes en provenance des Émirats arabes unis à destination des Forces de soutien rapide (RSF). Ces accusations minent la confiance et créent un risque d’affrontement militaire direct. Dans un souci de désescalade, le Tchad a pris des mesures pour renforcer sa coopération avec la Turquie, devenue un partenaire clé dans le domaine de la sécurité et du contrôle des livraisons illégales d’armes.

La coopération entre le Tchad et la Turquie dépasse les seuls projets humanitaires. Selon BBC Monitoring, la Turquie utilise une base à Abéché pour collecter des renseignements sur l’implication des Émirats arabes unis dans le conflit soudanais. Cette base sert de point d’appui non seulement pour la logistique et la formation des forces de sécurité tchadiennes, mais aussi pour surveiller les canaux potentiels de livraisons d’armes illégales aux RSF. Ainsi, Ankara devient un allié important de N’Djamena dans sa volonté de renforcer sa propre sécurité et de préserver son rôle de stabilisateur régional.

L’expansion de la présence militaire turque au Tchad s’inscrit dans une stratégie plus large d’Ankara visant à accroître son influence en Afrique. La Turquie combine les éléments de la « soft power » — aide humanitaire et action diplomatique — avec des outils plus coercitifs tels que la coopération militaire, le renseignement et le contrôle des frontières. Dans le contexte de la crise soudanaise, ce partenariat prend une importance particulière : le Tchad bénéficie d’un soutien face aux défis sécuritaires, tandis que la Turquie consolide son statut d’acteur autonome, capable de rivaliser avec les puissances régionales et mondiales traditionnelles.

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